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C’était il y a 18 ans, la première des 3 Eléphants

Vous vous en souvenez ? Jeff Foulon, le directeur artistique du festival Les 3 Eléphants vous raconte les premiers pas du festival les 7 et 8 août 1998. Premières réussites, premiers couacs, premiers artistes, les premières fois de festival sont souvent inoubliables.

L’aventure du festival Les 3 Eléphants a commencé de manière presque banale. Il y a dix-huit ans, Jeff Foulon et Frank Crison, deux potes de la vingtaine aux intérêts complémentaires, la musique et les arts de la rue, avaient « envie de dynamiser leur territoire et de faire bouger les choses », raconte Jeff Foulon, le directeur artistique du festival. A l’époque, les manifestations du genre n’existaient pas du tout dans le département de la Mayenne. Alors ils parcouraient 150 bornes pour aller à la Route du Rock, à Saint Malo. « Et puis, pourquoi pas chez nous, à Lassay-les-Chateaux ? »

Musique éclectique, arts de rue et travail de scénographie

Ni une, ni deux, ils montent une association en 1997, ASDA, et organisent quelques concerts. Passionnés et insatiables, ils créent Les 3 Eléphants, un festival sur deux jours. Au programme de la première du 7 et 8 août 1998 : musique éclectique, arts de la rue et travail de scénographie et de décoration. C’est autour de ce triptyque que se fonde le festival que l’on connaît aujourd’hui.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

Le projet est ambitieux. Pour le réaliser, Jeff a pu compter sur l’aide de 150 bénévoles. Mais l’aide financière pose plus de difficultés. La ville leur octroie une subvention de 2000 francs. Une somme dérisoire. « C’était rien du tout. Il a donc fallu convaincre tout le monde de partir sans acompte, que ce soit les tourneurs des groupes avec qui on travaillait pour la première fois, tous les fournisseurs de matériel, de boissons, bref, tous ceux qui rendent un festival viable, pour que ça marche. On avait zéro trésorerie. Les quelques concerts organisés auparavant nous avaient permis d’avoir un peu d’avance, mais c’était ridicule. »

Avec un budget total de 360 000 francs, soit 70 000 euros, ils étaient loin du compte. Mais ils ne se laissent pas abattre, bien au contraire. Malgré le peu de billets vendus à l’avance « alors qu’une com’ de dingue avait été faite à 100 kilomètres alentours », et le manque de sommeil qui se ressentait depuis au moins 10 jours avant l’ouverture des portes, la première a été un succès.

Une dizaine d'artistes et un festival presque complet

2500 personnes ont foulé la cour de l’ancien couvent où s’était installé le festival qui affichait presque sold out. La nouveauté et la programmation ont su attirer la foule. Une dizaine d’artistes venue d’un peu partout en France a cru au projet de Jeff et de sa bande : Ekova, Gnawa Diffusion, Virago, Zenzile, Cornu, Orange Blosson, Shebab Rai, Odete’s Tips et Mezues se sont partagés les deux scènes du festival. L’ambition de ce festival était déjà annoncée.

Côté ambiance, la bonne humeur était au rendez-vous. « Il y avait un état d’esprit tellement détendu, tellement bon enfant, les gens étaient vraiment là pour s’amuser, pour faire la fête, que tout s’est vraiment bien passé », raconte Jeff, avant d’ajouter avec le sourire, « mais on a couru tout le temps partout, on n’était pas des professionnels. L’organisation nous a donné du fil à retordre. Pas non plus de problème particulier avec les quelques 1500 habitants de Lassay-les-Chateaux, même si certains  ne voyaient pas d’un bon œil l’arrivée de « hordes de punks assoiffés de bière dans leur ville ».  Plusieurs commerçants de la ville avaient fermer boutique par précaution. Un a priori qui a disparu dès la fin du weekend.

De 2500 festivaliers à 35 000 en 2014

Depuis, le festival a déménagé et a bien évolué. En 2014, ils étaient plus de 35 000 à déambuler dans les rues de Laval, où le festival a posé ses valises en 2009. La dix-septième édition s’était ouverte à guichets fermés. Il y a désormais trois scènes payantes et toujours beaucoup d’animations gratuites dans les rues. En tout 78 spectacles et concerts avaient été organisés l’an passé, parmi lesquels 58 étaient gratuits.

Si selon la légende, trois éléphants d’or sont cachés dans les souterrains qui relaient les trois châteaux de la ville d’origine du festival, Jeff & co ont, eux, réussi à instaurer un trésor culturel en Mayenne.

Première Edition #6, une chronique réalisée par Louise Bonte