On était à
Rock dans tous ses Etats : la Normandie en ébullition

Une programmation éclectique, de la boue jusqu’en haut des bottes en caoutchouc et de la peinture plein les cheveux …nous sommes bien en région normande pour l'un des rendez-vous musical de l'été, Le Rock Dans Tous Ses États !

Jour 1. 19h55, Débarquement risqué en Normandie.

Quand nous arrivons un peu déboussolé à la Gare d’Évreux Normandie, la navette gratuite du festival est déjà là pour nous emmener à l’Hippodrome mais c’est une fois au beau milieu de nul part que les galères commencent. Pas d'indication, on se retrouve à traverser des stades et des champs chargés comme des mules pendant trois plombes. Arrivés sur place, première surprise : le camping est payant, avec un prix symbolique de 5€ par personne et par nuit. On doit par la suite faire une deuxième queue pour obtenir nos pass puis une troisième avant d’accéder au camping ! C’est là qu’on est dépouillés de tous nos vivres liquides prévus pour l’apéro par la sécurité visiblement très stricte au Rock Dans Tous Ses États. Ça promet …

21h05, « Drugstore Evreux ».

Après avoir payé pas moins de 15 euros pour deux pintes (les consignes à 1€50, ça fait mal, même pour de jolis verres !) on arrive enfin devant la grande scène pour profiter du concert de nos chouchous, les Sarah W. Papsun (photo). Il n’y a pas encore beaucoup de monde mais un color festival explose au-devant de la scène dès le retentissement des premiers riffs de guitare du groupe. D’ailleurs, tous les jeunes festivaliers qui nous entourent sont déjà bien roses. On suspecte la bataille de poudre colorée en notre absence ! Nous connaissons déjà tout le répertoire des six parisiens depuis notre coup de foudre au Chorus Festival à Paris, alors on n’hésite pas à se trémousser avec la foule comme des petites groupies. 

22h00, le post-hardcore, et pourquoi pas ?

La programmation du RDTSE est tellement variée qu’on passe véritablement d’un monde à l’autre en parcourant les 50 mètres qui séparent les scènes A et B. Nous voici donc devant le groupe post-hardcore The Dillinger Escape Plan (photo) : le chanteur n’est pas loin d’engloutir le micro avec ses screams pourtant très bien maîtrisés et il y a de la grosse performance niveau bass. Ça mériterait bien un petit Doliprane mais ça envoie du pâté dans son genre. On n’y comprend pas grand-chose mais le guitariste est en train de slammer et le monsieur à côté de nous headbang tellement fort qu’on pense que les yeux lui en tomberont jusqu’au moment où les enceintes finissent par lâcher!

22h40, Des enfers aux chamallows

Après cet interlude étonnant qui aura pour nous eu un goût de rattrapge au Hellfest, c’est MGMT (photo) qui prend la grande scène. Un live mou, mollason, plein de mièvrerie. Des lumières roses et des guitares qui ne portent pas, tant qu’à faire dans la mie on va plutôt se faire en attendant un « Croc’Mie » du côté des stands de ravitaillement.

23h35, On reviendra moustachu !

On est aux premières loges pour Deluxe (photo) dont on avait entendu beaucoup de bons échos. On ne sera pas déçu ce soir. Les moustachus envoient la sauce et nous font jumper sans arrêt pendant près d’une heure. Une scène chouette, un set motivant, des personnages sympathiques, on est conquis et on a la banane aux lèvres ! On sort de ce pur moment de bonheur trempés jusqu’aux os, avec 5 kilos en moins et quelques centaines de centilitres de bières renversées un peu partout sur notre corps. Il nous reste encore un peu de force pour aller chanter un petit Shoot The Runner du côté de la grande scène où Kasabian a déjà commencé son concert. C’est propre, brut, très british mais pas forcément très stimulant. Nous profitons tout de même de ce passage au RDTSE pour découvrir leur dernier album 48:12.

02h20, Fritz l'enchanteur

Ahhh ... Comment passer à côté de la famille Kalkbrenner ? On arrive sur le set de Fritz Kalkbrenner (photo) et dès les premières notes, on est complètement porté par sa techno pleine de peps et de bonne humeur ! Pas besoin de substances illicites pour taper des pieds, le DJ allemand au crâne dégarni est contagieux de bonne humeur. Nous voilà au pays des bisounours berlinois pendant 1h15, un set qui se termine en beauté sur Sky and Sand. A vrai dire, on aurait voulu l'avoir au moins 2 heures de plus ! On regagne le camping des ampoules plein les pieds. Du côté des tentes en revanche, aucune ambiance. Quelques pèlerins se promènent et font des blagounettes douteuses mais étant donné l’embargo sur les potions de joie, ça se couchera relativement tôt, dans une ambiance de cimetière ce soir.

Jour 2. 18h23, le soleil a plié bagage

Au RDTSE, il ne se passe tellement rien au camping qu'on peut aisément faire la grasse matinée. Après avoir fait le tour du monde pour trouver à manger dans l'après-midi, le camping ne proposant qu'un seul et unique plat qui n'était pas pour nous ravir, nous passons le reste de la journée à siester sous la pisse de vache normande. On est réveillé par le début du concert de Trempolene qu'on avait hâte de découvrir. Mais étant donné la fermeture de l'accès direct du camping au festival ce soir-là pour des raisons mystérieuses, on doit se retaper tout le tour de l'hippodrome, et l'on arrive seulement sur les dernières notes de leur concert.

19h12, trois lettres rallument le soleil

Déçus mais pas trop longtemps, car c'est Alb (photo) qui s'installe sur la Scène B. Les talentueux et sympathiques rémois remettent un peu de soleil … dans nos cœurs cependant, parce qu'en réalité on assiste plutôt à un temps brittanique par excellence. La pluie développe par ailleurs un certain sens de créativité vestimentaire à Evreux. C'est ainsi qu'on croise un ensemble bottes en caoutchouc, boardshort à fleurs et chemise de bûcheron. La Fashion Week s'est exportée ce weekend !

19h55, un mélange de styles qui bouge

En ce début de deuxième soirée, les bons noms s'enchaînent sur la programmation du RDTSE. Nous reprenons une dose d'énergie avec Blake Worrell (photo) et leur hip-hop très surprenant qui ne manque pas de solliciter l'accompagnement symphonique du public. On vire du gros hip-hop ricain, au trip-hop rythmé en passant par la dubstep stimulante. Avec un son qui a un petit air de Cypress Hill, les américains font jumper la fosse. Le chanteur est très théâtral et en sait quelque chose sur le foutage d'ambiance. Puis c'est au tour des reggaeman français de Dub Inc de nous faire groover. Y'a de la joie devant la grande scène du RDTSE et les artistes ne manqueront pas de payer un hommage aux intermittents du spectacle en grève avant d'enchaîner très judicieusement sur Dos à Dos. C'est ici qu'on retrouve la meilleure ambiance du festival jusqu'à présent !

21h05, La découverte normande

Mais tant pis pour le dancehall, on a d'autres chats à fouetter. On ne voulait surtout pas rater le concert des petits nouveaux de la scène pop-rock frenchy, For the Hackers (photo)sur la scène Ricard Live. Ils sont chez eux les Dieppois et ils débordent d'énergie sur scène. On sent qu'ils ont déjà tourné avec pas mal de groupes affirmés car c'est déjà de bon showmen. On est un peu réticent sur les comparaisons faites avec les BB Brunes, les normands sont moins niais, plus punchy et plus proches du public. On sent qu'on risque de les croiser sur des scènes plus grandes à l'avenir et ils le méritent bien.

21h45, Interlude apaisant

C'est sous l'averse qu'on poursuit notre aventure musicale avec le groupe belge Girls in Hawaii. C'est un bien moins énergique et le son n'est pas vraiment bien réglé mais l'ambiance se marie bien à l'arc-en-ciel qui se déploie au-dessus de nous. Ce sont les géants du rock indie américain, Interpol (photo) qui poursuivent la soirée un peu moins pluvieuse. C'est rock, c'est propre mais ce n'est pas forcément très enjaillant. Il y a quand même des mecs dans la fosse qui se débrouillent pour pogoter sur la ballade NYC alors qu'on se laisse pour notre part plutôt bercer par la voix de Paul Banks. Va savoir …

23h55, Et tu jumpes, et tu jumpes …

Derrière le stand de bières-frites, on voit dépasser un mulet arc-en-ciel. Vite ! Les tarrés de Salut C'est Cool vont bientôt entamer leur spectacle haut en couleurs sous le signe des métaux et des minéraux. On sent que ce groupe décalé évolue ; alors qu'on avait l'habitude qu'ils passent des sons techno les uns après les autres en chantant par-dessus, ils ont désormais apprivoisé l'art du mixage et c'est pas plus mal. Dans la foule, soit des connaisseurs, soit des gens qui découvrent avec grand bonheur qu'il y ait encore des gens qui fassent ce genre de musique. Une musique qui rendra le public totalement euphorique et enclin aux câlins et aux bisous. Un très bon moment, comme toujours, et un défoulement de haut niveau.

01h04, des moules, du son et de la bière nom de Dieu !

Étant donné qu'on est des grands romantiques dans l'âme, et un peu fatigués d'avoir sautillé comme les plus acharnés des Beliebers, on va se prendre des barquettes de moules et on se pose dans l'herbe devant le live de Massive Attack. Des saveurs gustatives et musicales, on se laisse transporter par la douceur du son. Mais ce moment de plaisir est gâché par des problèmes techniques sur la scène et une interruption prématurée du live du groupe britannique. Dommage, une si sympathique soirée achevée avec une telle déception.

Côté scène

La découverte
For the Hackers, des jeunes qui envoient et qui ont la pêche. Affaire à suivre.

La claque
Blake Worrell, un hip-hop frais et débordant de peps qui ambiancerait toutes les foules.

La confirmation
Deluxe, les moustachus sont là pour rester !

La déception
MGMT, des artistes effacés, un live sans goût...

Côté festival

On a aimé :

- Un line-up digne des plus grands festivals
- La programmation affichée un peu partout sur place, histoire de ne pas louper une seconde du spectacle !
- On capte la 3 et même … la 4G ! On n'en n'avait plus l'habitude !
- Un lieu soigné et propre

On a moins aimé :

- Des problèmes techniques récurrents, on ne compte pas le nombre de fois où les enceintes ont lâché pendant un des lives
- Les tarifs sur place, entre le camping à 5€, la consigne à 1,50 et la bière à 6€, le RDTSE demande un budget conséquent
- Un camping sous surveillance permanente. Des agents de sécurité, des secouristes … C'est un peu le bal du 14 juillet et ça casse pas mal l'ambiance.

Conclusion

Le Rock Dans Tous Ses États est un festival qui joue dans la cour des grands. 23 000 visiteurs pour cette 31ème édition du festival normand sous le signe des averses et des terrains glissants. On regrette un peu de ne pas avoir découvert une ambiance de festival déjantée, désordonnée et joyeuse comme on les aime mais le line-up glorieux rattrape un peu ce manque.