On était à
Papillons de Nuit : 3 jours dans un cocon

Le coeur de la campagne Normande accueillait les 15 ans de Papillons de Nuit. Programmation éclectique pour un public inter-générationnel sur trois jours. Une fois n’est pas coutume dans le coin, le soleil en aura fait rougir plus d’un.

Jour 1. 20h18, Débarquement en Normandie

Après avoir traversé des plaines verdoyantes, on débarque à Saint-Laurent de Cuves pour la 15ème édition du festival Papillons de Nuit, petite bourgade Normande d’à peine 500 habitants et autant de vaches. Installation rapide au camping puis direction le site pour entamer les premiers concerts, une dernière ballade avec Benjamin Clémentine et des airs reggae adoucis pour Selah Sue. On retrouve nos marques de papillons, avec l’ajout d’un point de contrôle supplémentaire à l’entrée qui fluidifie l’arrivée des festivaliers. La disposition du site est spéciale : deux grandes scènes côte à côte pour une plaine en cuvette (photo) qui permet d’apprécier chaque concert tout en étant au bar ou au milieu de la fosse.

21h36, P2N innove avec la Pay&Play

C’est le 1er festival français à tester ce système de paiement. On a hâte de voir ce que cela donne. Exit jetons, monnaie, carte bancaire pendant 3 jours on laisse place à la carte de paiement Pay&Play (photo). Une fois notre carte créditée aux banques du festival on peut l’utiliser sur toutes les buvettes et points de restauration du site. Festivaliers et bénévoles ont l’air conquis par ce moyen de paiement bien plus rapide et plus facile que les jetons des années précédentes. Les légers problèmes du vendredi soir liés à une connexion wifi insuffisante seront vite réglés, nous prouvant ainsi que la carte Pay&Play a bien fait ses preuves.

22h42, Les pap’s dansent le mia

Les festivaliers sont venus en nombre pour accueillir les rappeurs d’IAM (photo) qui enchaînent leurs tubes Petit frère, Nés sous la même étoile, Je danse le mia, dans un enthousiasme survolté. Après un passage à la buvette, avec pinte à 5€, on se déploie sur l’autre scène pour la sensation électro-pop du moment: Christine & The Queens. Un show théâtral réglé au millimètre qui réussit à mêler à merveille vidéo, lumière, danse et chant. En plus de sa voix remarquable, Héloise Letessier nous prouve qu’elle est bien une danseuse hors pair. On termine cette première journée par The Avener avec la mauvaise impression d’être à Ibiza, pas vraiment l’esprit Papillons. On découvrira le rock psyché de Drone Project avant de partir finir notre soirée vers le camping.

Jour 2: 12h58, le rendez-vous du Papillon

Douche prise, on se rend dans le bourg de Saint-Laurent de Cuves pour se désaltérer dans l’unique commerce du village : le bar nommé Le Papillon (photo). Ouvert dès 8h00 pour les lève-tôt ou les couche-tard, c’est un lieu devenu symbolique pour chaque campeur du festival, toujours plus nombreux pour venir pousser la chansonnette ou lancer des "allez les bleus" aux gendarmes qui passent. Les grandes tables sont de sortie pour une vraie belle convivialité.

15h17, Ambiance caliente sur le camping

Retour au camping : ambiance folle de jour comme de nuit, il est un élément emblématique de Papillons de Nuit où l'on passe vite la plupart de notre temps. Chacun trouvera son bonheur dans les nombreuses activités présentes sur le camping, que ce soit le jeu de palets, le molkky, le stand jeux de société, la danse sur poubelle et les mythiques glissades sur bâche (photo). Dernière innovation, pour 10€ le hipster peut s'offrir la dernière coupe à la mode avec le barbier ambulant.

18h07, Izia déchaîne la foule

On débute la deuxième journée par le groupe pop Saint-Motel, bande son de la programmation qui donne le ton à la folle soirée qui s’annonce. Changement d’ambiance, Izia (photo) retourne les Papillons avec ses titres So much trouble et Let me alone sous un soleil de plomb. On apprécie les jets d’eau pour rafraîchir tout ce beau monde. Pour notre repas, on se laissera tenter par le sandwich hot-dog, au prix piquant mais à la saucisse savoureuse. Ce qui suivra sera tout aussi savoureux sur la petite scène : d’abord avec les deux soeurs d’Ibeyi, puis avec la présence et la force musicale de Faada Freddy et ses musiciens.  

23h14, Froideur de Placebo

Déception de la soirée avec Placebo, 1h30 de concert c’est long quand il n’y a aucun partage avec le public. Au fur et à mesure des morceaux, l’ambiance fait baisser la température. Mention spéciale néanmoins pour la coiffure à la professeur Rogue (photo). La soirée est bien commencée, et la plupart du public a la tête à l’ivresse. Retour à la maison pour Fakear qui fait voler la poussière avec ses rythmes orientaux. On est séduit par sa formule live où il est accompagné de quatre musicien : violoncelle, batterie, basse, batterie. Info ou intox, le jeune normand aurait bien profité de sa fin de soirée au camping ...

Jour 3: 15h38, soleil et marinière

Dernier jour à P2N, avec un soleil enfin à son zénith. La 15ème édition aura été marquée par l'invasion de marinières (photo) sur le dos des 1300 bénévoles présents pour le bon fonctionnement du festival. Une chose est sûre, l’implication des villageois de Saint-Laurent de Cuves montre bien l’ampleur de l’événement pour cette commune. Comme tous les ans bonne humeur et sourire sont de rigueur.

16h16, Black M ou l'école du micro en or

Étonnant de voir 80 personnes sur scène pour la création originale de Lewis Evans & The Orchestra of Love, une bonne surprise musicale avec une chorale de 15 collégiens et un orchestre issus du département. On prend la route pour Black M (photo) qui nous a sorti sa plus belle tenue pour ambiancer un jeune public venu pour l'occasion, casquettes Wati B sur la tête. Pas vraiment notre credo, on se lassera vite de ce karaoké géant.

19h07, l’instant produit du terroir

On part pour se restaurer avec des produits régionaux,  une des nouveautés de cette année. Au menu on ne manque pas de choix, assiette de charcuterie, de fromages, d'huîtres. On opte pour l’assiette de canard à 8€ avec magret, poêlée d’oignons, gratin de pommes de terre et salade cuisinés sur place. Caché dans un coin on tombe sur le Bar à Tripes (photo), innovant même si l'on a du mal à croire qu’un festivalier apprécie ce met particulier.

20h39,  la Diva Lauryn Hill

Après s’être fait attendre pendant près d’une heure Ms Lauryn Hill (photo) arrive enfin sur scène, sans un bonjour ni une excuse. On a l’amère impression d’assister aux balances d'un concert avec une chanteuse pas en accord avec ses musiciens. Entre colère et incompréhension, le public se vide peu à peu pour aller voir les jeunes toulousains Big Flo & Oli. Ils réussissent à nous faire oublier la déception précédente. Les deux frangins sont sans aucun doute la relève du rap français. On enchaîne avec Electro Deluxe qui nous garde bien au chaud dans l’ambiance.

23h07, Yannick Noah s’absente de Roland Garros

L’ancien tennisman revient aux Papillons dix ans plus tard et réussit à conquérir le coeur du public avec son célèbre twerk. On pourra répondre à la question que tout le monde se pose, Yannick Noah (photo) a bien fait son entrée sur scène pieds nus. On souligne la proximité avec le public qui crée une ambiance chaleureuse. On finit le festival par La Fine Équipe qui régale nos oreilles avec leur boulangerie. Une clôture en beauté avec des sons électro hip-hop qui font danser la foule une dernière fois.

Côté concert

La confirmation
Big Flo & Oli qui assure la relève.

L’erreur de casting
Black M, on ne comprend toujours pas ce qu’il est venu faire là.

Le coup de gueule
MS Lauryn Hill, qui se la joue trop princesse.

Le voyage électronique
Fakear, qui nous transporte en Orient.

Côté festival

Ce qu’on a aimé

- La disposition du site en cuvette
Le nouveau système de paiement par carte
Une vraie ambiance de camping
Les vendeurs de bières ambulants devant les scènes
La programmation de la scène découverte

Ce qu’on a moins aimé

- Le voisin de camping et son mégaphone
L’odeur qui vacille entre purin et toilette
La dernière casquette de Black M

Conclusion

Même avec une programmation moins fédératrice, P2N s’impose comme l’une des références sur la scène festival en France. 15 années d’existance et une organisation bien réglée, une vraie volonté d’aller de l’avant et de se renouveler, pour une ambiance festive et chaleureuse comme on les aime. Un festival à noter dans son agenda pour l’année prochaine.

 
Photos: Morgan Canda. Yannick Noah: Camille Meligne