On était à
Cabaret Vert: dix ans et tout d'un grand !

4 jours complets, 94000 spectateurs, un camping plein à craquer : pour l’anniversaire des 10 ans, le Cabaret Vert a battu tous ses records ! Ambiance, concert et bières belges, retour sur quatre jours dans les Ardennes !

Jour 1. 16h50, La file c’est vraiment au bout de la rue ?

Comme souvent en festival, c’est ici que tout commence : dans la queue pour récupérer le précieux bracelet. Après plusieurs éditions du Cabaret Vert, on n’a jamais vu autant de monde. La file d’attente est très longue, certains auront mis plus d’une heure trente à se faire poser le morceau de tissu mais cela n’enlève pas la bonne humeur des festivaliers qui nous entourent. Le camping est comme prévu blindé et les tentes sont entassées, nous étions plus de 14000 au camping cette année.

19h10, Metronomy, apéro à Zanzibar

Premiers pas sur le site du festival (collé au camping), premiers concerts. Metronomy (photo) commence le show sur la scène Zanzibar, grande scène du Cabaret. Les retardataires remplissent le stade au compte goutte. A l’heure de l’apéro, on découvre comme l’an passé la diversité des choix de bières locales. 100% des bières proviennent de brasseries situées à moins de 200 km du festival. Une chouffe à la main, le live de Metronomy est millimétré mais pas toujours juste vocalement. L’heure parait un peu courte, on danse et chante devant la scène dans une foule pas encore compact.

20h23, Ambiance festive au temps des cerises

Entre les deux grandes scènes du festival, le Temps des Cerises. Endroit hors du temps au milieu des sapins, on s’y arrête pour quelques minutes raggae / dub sur le son du collectif Raspect Crew sur la petite scène en bois. On y ressent bien l’ambiance conviviale et décomplexée du festival, les festivaliers déguisés défilent (photo).

21h00, L'avant dernière de M

M et son énergie live fait tomber la nuit sans mal ! La foule danse et chante comme à chaque fois avec le guitariste prodige. Un petit manque de lumière sur Zanzibar à notre gout mais l’attention du show est bien là. Pour son avant dernier concert de sa tournée (qui dure depuis deux ans !), Matthieu Chedid donne tout comme lui seul sait le faire. Le stade est plein mais la foule reste encore aérée devant la scène, c’est un confort que l’on a souvent sur les festivals de taille moyenne. Moins respirable, les allées du festival. Les concerts s’enchainant à tour de rôle sur les deux scènes principales, les mouvements de foule sont nombreux, et la circulation est chaotique en ce premier jour, particulièrement avant l’arrivée sur scène des têtes d’affiche de la soirée : Placebo (photo). Malgré le changement de set comparé à notre semaine Hongroise, le groupe de Brian Molko assure devant le public ardennais terminant avant le rappel avec Song to Say Goodbye et Special K et assurant le concert en français !

01h10, I want to be a Ninja

Après la découverte du Hip Hop de Joey Bada$$ sur la scène des Illuminations, Die Antwoord (photo) entre sur la grande scène devant des fans survoltés et des curieux stupéfaits. "Bonsoir nous venons d' Afrique du Sud", les Sud Af’ implosent le public en enchainant les  tubes des albums précédents (Rich Bitch, Baby's on Fire, Fatty Boom Boom) dès le début du set. Une heure de show avec les perles de leur dernier album -Pitbull Terrier, Cookie Thumper- et un joli rappel ponctué par Enter the Ninja, le show est complet et déjanté grâce à la folie de Ninja et Yolandi. Programmé en même temps que Die Antwoord, l’ambiance est nettement plus posée pour les dernières minutes de la prestation de Flume, mais la chaleur humaine est bien là. Les mélodies propres à l’australien se succèdent et les visuels nous prennent, parfait pour clôturer cette première soirée.

Jour 2. 11h25, un café s'il vous plaît !

Les concerts ne finissent pas tard au cabaret, mais cela n’empêche pas d’avoir ce petit mal de tête bien trop souvent familier après quelques bières de trop…Heureusement, les stands du camping proposent une formule petit déjeuner à 4€ avec tartines, café, jus d’orange et pains, parfait pour se remettre sur pied ! En prime, des jeux de sociétés, set de ping-pong et échec géant sont disponible pour s’amuser après ce petit remontant ! Seul petit bémol, la queue pour les toilettes et les douches, trop peu nombreuses pour un camping sold out. Mais après tout, qui a dit qu’on avait besoin d’une douche en festival ?

18h10, The Struts baby

On ne connaissait pas du tout The Struts (photo) et il faut dire qu’on a été surpris ! Aux allures de Steven Tyler dans sa jeunesse, le chanteur est à bloc et ultra communiquant. On frappe dans nos mains dès la première chanson: du bon rock qui tache pour l’après midi ! On n'est pas étonné d'apprendre que le groupe a fait la première partie des Rolling Stones au Stade de France cet été.

19h30, Perdu dans les stands

Apres la première mise en bouche musicale de la journée, on décide de faire un tour du côté des stands du festival au fond de la grande scène. On y trouve des stands pour tous les goûts : crêpes, kebabs, poulets, burgers, croutes ardennaises, fruits, bières, vins, soupes… la richesse des propositions fait partie intégrante de l’identité du festival et participe au côté « vert », tous les stands proposent des produits locaux. Comme les années précédentes, des bars à eau distribuent de l’eau au verre évitant ainsi le gâchis d’eau potable au robinet.

20h00, Flow efficace

La deuxième soirée commence avec Gringe, Orelsan et Dj Pone qui investissent la grande scène en déroulant l’album des Casseurs Flowters (photo) et en sautant aux quatre coins de la scène. On les avaient vu à l’occasion du premier concert de la tournée à Europavox et aux Eurockéennes début juillet, le show est similaire mais toujours aussi efficace. Dj Pone aux platines nous fait même honneur d’un solo dévastateur comme lui seul à le secret, se mettant dans la poche un public chaud bouillant qui en redemande.

21h13, Repas tradi devant The Editors

Sous quelques averses, The Editors chauffe le public pour le groupe le plus attendu de la journée : The Prodigy. Le rock des Anglais ambiance la scène Zanzibar, même si le concert est loin d’être le plus bougeant du weekend. Attrapé par les odeurs des stands à quelques dizaines de mètres de la régie, on s’accorde un break traditionnel. On optera pour la Cacasse à Cul Nu (photo), préparation culinaire des Ardennes à base de pommes de terre oignons et saucisses. Les dizaines de tables installées permettent, en plus de se donner rendez-vous en groupe après avoir commandé chacun un plat différent, de se poser pour déguster, et c’est assez rare en festival pour le souligner !

00h00, Prodigy au cabaret vert, ça c’est fait !

Pas de doutes, ce soir le public est venu pour voir The Prodigy (photo). Dès les premières basses, le public du stade saute et danse accompagné par les barmans des stands voisins ! Comme à chaque concert, les furieux britanniques sont là pour retourner le public et c’est sans difficulté qu’ils y arrivent au son de Invaders Must Die, Vodoo People, Poison ou Take Me To The Hospital. On ne voit pas passer les 80 minutes de show jusqu’à Smack My Bitch Up et un jump du public après s’être assis sous la demande de Maxim et Keith. La déception viendra du son où des rappels vers la régie n’aurait pas été de trop pour faire profiter au public éloigné du son rave des stars britanniques et faire monter d’un cran l’ambiance, survolté devant, un peu moins derrière. Difficile de passer après The Prodigy, c’est donc à chanter des chansons douteuses accompagnées de voisins Belges au bar Groin Groin qu’on terminera cette journée en voyant au loin le live (ou set, lui seul le sait) de Kavinsky.

Jour 3. 16h25, Promenade au square Bayard

C’est pour profiter des autres attractions du festival qu’on se rend plus tôt sur le site. Autour de  l’espace art de rue avec sa programmation burlesque, on retrouve la dixième édition du festival de la BD avec sa programmation d’auteurs et de dessinateurs, le chapiteau aux images et ses trois salles de projections de courts métrages et le temps des freaks, espace forain alternatif où se mélangent théâtre de rue, spectacle de marionnettes, jeux et attractions en tous genre. C’est un peu par hasard qu’on tombe sur les demi-frères Grumaux, cascadeurs un peu loufoques mêlant fouet, moto et tronçonneuse au milieu d’un public de petits et de grands hilares mais un poil stressé.

18h35, Airbourne fait monter la temperature

Volbeat remplacé par Triggerfinger, Airbourne  prend place plus tard que prévu, ce qui nous laisse le temps de découvrir les cinq Touaregs Maliens de Tinariwen. Guitares électriques, bass et djembé, l’ambiance festive est assurée, le public frappe des mains et tourne en rond, ces cinq là savent faire voyager ! La suite est beaucoup plus brute, Airbourne (photo) livre un gros show en s’offrant dès la deuxième chanson un bain de foule et un solo de guitare sur la plateforme PMR. Les amplis sont dans le rouge, c’est le groupe de Hard Rock qu’il fallait pour démarrer la soirée ! Protection d’oreilles obligatoires !

20h40, On a testé le Sanglier

Comment passer à côté ? Tradition oblige, on ne partira pas du Cabaret sans manger de sanglier. C’est dont devant l’excellent flow de Schoolboy Q qu’on s’installe pour notre portion de sanglier annuelle accompagnée de quelques pommes de terre. Pour 7 Bayards (monnaie du festival à taux de change plutôt simple : 1€ = 1 Bayard) la portion est relativement garnie et le goût est au rendez-vous.

21h30, Fauve et Parov Stelar en dessert

La nuit tombée, les silhouettes de Fauve produisent un très bon live tout en communication avec le public. Le groupe est content d’être sur scène et ne manque de le faire savoir. Plus adepte du swing de Parov Stelar (photo) que du parlé des parisiens, c’est donc vers le groupe de l’Autrichien que l’on se dirige. Accompagné de son band (chanteuse, cuivres et batteur) le groupe a la recette idéale pour exploser le dance floor du samedi soir ! Les tubes du dernier album font danser la scène des Illuminations qui semble bien petite pour le groupe qui aurait largement mérité la grande scène.

23h50, Salut C’est Cool met le bordel

L’intro de Shaka Ponk se fait entendre dès la fin de Parov Stelar. La scène Zanzibar est full mais l’ambiance n’est pas aussi chaude que sur les autres prestations que l’on a pu voir du groupe. Après quelques minutes c’est donc vers Salut C’est Cool que l’on décide de continuer la soirée. Programmé au Temps Des Cerises la veille, les 4 geeks remettent le couvert avec un set différent mais sans changer méthode : déguisement immonde des années 90, coupe mulet, danses ridicules, feuilles et branches d’arbre sur scène. Au bout de 30 min, une trentaine de personnes sont invitées sur scène (photo) pour un final de 10min dans un bordel sans nom. Plié en 40 petites minutes, le show est bien trop court: on en redemande !

Jour 4. 17h30, journée familliale 

Le dimanche, les concerts finissent tôt et la programmation se veut familiale. Certains festivaliers détenteurs de pass partent d’ailleurs sans profiter des concerts, ce qui rend le site bien plus aéré. Côté concert justement on attaque par le rock psychédélique de Thee Oh Sees, émouvant mais parfois trop criard en façade, en enchainant avec la soul de St Paul & Broken Bones, qui sera parmi nos belles découvertes de cette édition. En cette fin d’après-midi ensoleillée c’est un véritable plaisir qu’on prend à écouter le groupe. La prestation du chanteur et de ses musiciens est de qualité, ce groupe risque bien de faire parler de lui dans les années à venir !

18h20, aussi vert qu’en 2013 !

Centre de tri, produits locaux, toilettes sèches, bar à eau tout est pensé pour que le Cabaret Vert soit le plus écolo des festivals. Fier et un des rares à avoir cette ligne de conduite aussi poussée, le pari est encore une fois réussi. En 10 ans d’existence, le cabaret a réussi à éduquer son public en communiquant sans relâche sur l’importance d’un festival à faible empreinte écologique. Le site est resté propre grâce au GIS, groupe d’intervention spécial composé de bénévole qui ont pour mission de trier les déchets. Véritable décharge l’an dernier, le camping a su lui aussi resté propre grâce au groupe d’intervention et à la sensibilisation des festivaliers.

19h30, Ça sent la fin

La scène Zanzibar est moins remplie pour ses derniers concerts mais l’ambiance est toujours là. Avec une énergie débordante, Kaiser Chiefs a livré un live détonnant aidé par un chanteur monté sur ressort qui s’est même offert une ascension de la structure scénique avant que tout le monde ne reprenne en cœur le célèbre « Ruby Ruby Rubyyyyyyyyyyyy ». En remplacement de Gaetan Roussel, c’est Patrice (photo) qui a eu la tâche de clôturer la dixième édition du festival. Mission accomplie, les programmateurs ont misé sur le bon cheval pour ce remplacement. En forme et souriant, Patrice est acclamé par la foule dès les premières musiques. Tout comme Ricky Wilson de Kaiser Chiefs, Patrice s’offre lui aussi sa minute d’escalade sur les structures de la scène, pouvant ainsi admirer la foule venue en nombre pour ce concert final. Un vrai beau live qui marquera lui aussi l’histoire du Cabaret Vert.

Coté scène :

La claque
Die antwoord, tous simplement gangsta affrikaans;

La bête de scène
M, même après 2 ans de tournée il n’est pas fatigué;

La découverte
St Paul & Broken Bones, charismatique;

La déception
Shaka Ponk, le show manquait un peu de folie

Le bordel
Salut C'est Cool, dans une cabane en bois ou sur scène, dans tous les cas c’est n’importe quoi;

Le craquage d’ampli
Airbourne joue vraiment fort mais c’est rock' n' roll !

Le finish
Patrice, des étoiles dans les yeux.

Coté festival :

On a aimé :

- Les 1400 sourires des bénévoles. Le festival informe beaucoup les festivaliers de l’immense travail qu’ils fournissent. On le sait, merci à eux!
- La line up éclectique à la fois rap, reggae, rock et électro;
- La diversité de la bière. Boire une triple à 9° ça n’a pas de prix;
- La diversité des stands, on mange local et de qualité;
- La gazette quotidienne du festival. A lire allongé dans l’herbe avant les concert, parfait pour en savoir un peu plus sur les chiffres, les coulisses et ce qu’on a loupé la veille;
- Le camping, comme aux Eurockeenes, on rentre tous (à part les piquets de parasol…)
- L’attitude du personnel de sécurité. Souriant et arrangeant, le personnel est de loin un des plus sympathiques qu’on ait rencontré;
- Les toilettes sèches toujours propres.

On a moins aimé :

- La gestion des flux dans les escaliers entre la grande et la petite scène le jeudi;
- Flume programmé en même temps que Die Antwoord;
- Les portions de nourriture parfois trop petite pour le prix;
- Le manque de son en rappel sur la grande scène;
- Pas d’écrans sur la grande scène;
- La queue à l’arrivé du festival.

Conclusion :

Pour sa dixième édition le Cabaret Vert a battu tous les records et a probablement dépassé les espérances de l’équipe du festival. 94.000 festivaliers pour quatre jours complets, un parfait mélange entre têtes d’affiche internationales et artistes français, les chiffres sont impressionnants pour un festival qui ne fait pas parti des grosses machines de l’hexagone. Cette année aura aussi montré les limites du festival dans un lieu arrivé à saturation lorsque la fréquentation bat son plein. Le Cabaret Vert se retrouve désormais face un défi de taille : continuer de grandir tout en restant fidèle à son identité si singulière.

 

 

Récit de David Beltramelli et Quentin Thomé
Crédits photos: DarkRoom - Cabaret Vert: Placebo, Airbourn (D.Coatleven), Die Antwoord (L.Noblet), The Prodigy (H.Dapremont). Autres photos: David Beltramelli