On était à
Beauregard, 3 jours dans la cour d'un chateau

Le 5e épisode de Beauregard, au fin fond de la campagne Normande, s'est déroulé sous le signe du soleil et des cris d'enfants. Un weekend en famille avec une programmation very anglo-saxonne et une bonne humeur sans faille !

Une première journée sous le signe de la détente

Il fait beau ce weekend à Hérouville Saint-Clair, et ça c'est une super nouvelle. Après les épisodes boueux de l'année dernière, on ne pouvait espérer mieux en ce début du mois de juillet. L'accueil est chaleureux, les bénévoles sont au rendez-vous souriants et efficaces et l'organisation générale paraît plutôt « under control ». On commence le festival avec le concert sympathique et entraînant des londoniens The Vaccines. Ils ont de l’énergie à revendre, le public a droit à un bon coach pour son échauffement ! Sur la scène B suivent les jeunes californiens Local Natives qui sont pour nous une belle découverte afropop. Une musique dynamique et chaleureuse mais visiblement le groupe ne semble pas trop à l’aise sur scène, par manque d’experience probablement. Une affaire à suivre en tout cas.

Mais en ce premier jour de festival tout se joue sur le concert suivant, le grand nom international de la journée, j'ai nommé New Order. Nous avons le privilège de discuter avec Bernard Sumner et Tom Chapman​ avant leur show et ils nous ont tout dit sur leurs festoches préférés. Pour Tom Chapman​ c'est "indéniablement le Festival Number 6 au Pays de Galles". De son côté Sumner avoue qu'il n'a jamais assisté à un festival sans y jouer. Il a commencé les tournées à l'âge de 19 ans, l'âge où, selon lui, "on commence à faire des festivals". Il ajoute tout de même "avoir pris énormément de plaisir à jouer au Corona Capital Festival au Mexique l'année dernière". Leur performance est quant à elle un peu plus décevante. Le rythme est lent, on est très loin de Joy Division. Les musiques s'enchaînent sans que l'on comprenne réellement les transitions. 

Le passage de New Order à Alt-J est violent. Alors que sur la scène A, les anciens de Joy Division jouent les derniers accords pour un public déjà bien mûr. Sur la scène B se regroupe peu à peu une foule toute jeune, fraîche et qui n'a peut-être même pas le bac en poche. Nous nous retrouvons face à la mission d'éviter les jeunes filles en fleurs qui braillent à 140 décibels pour pouvoir nous laisser emporter par notre coup de cœur « Slow Dre », un mash-up cover transcendant de Dr Dre et Kylie Minogue du groupe indé de Leeds. Joe Newman, le chanteur guitariste, prend soin de présenter quelques-unes de leurs chansons, comme Matilda ce tube inspiré du film Léon de notre Luc Besson national.


Alt-J au festival Beauregard

La scène se vide de son public avant la fin de la performance. Normal, c'est -M- qui va bientôt arborer un costume à paillettes sur la grande scène. Bien loin d'être des amateurs du Mojo, nous bondissons lorsque le groupe reprend des classiques de Daft Punk à la guitare... pour mieux nous diriger vers le camion Desperados où quelques pèlerins comme nous se trémoussent au son funk/hip-hop du DJ occupé à instagramer des selfies.

On ne regrettera pas d'avoir assisté au grand moment que fut le concert de Jon Spencer Blues Explosion. Un gros bordel mixant tous les genres musicaux possibles et imaginables dans la même chanson, un chanteur qui se dégage les voies nasales comme s'il était sur un terrain de foot, le batteur équipé d'une chemise très flamenco, des rockeurs quinquagénaires qui n'ont plus rien à perdre. Bref, un talent incompris. 


Jon Spencer Blues Explosion au festival Beauregard

Un deuxième jour bon enfant

Lorsque nous arrivons à Hérouville pour la deuxième journée du festival, nous entendons bourdonner la guitare du français Rover au loin. Sur la grande scène, Oxmo Puccino entame une heure de leçons pour son (très) jeune public. Un esprit un peu trop « Oxmo le Grand Frère » un point agaçant cependant. Il n'empêche que la voix suave et les métaphores lyriques du cactus de Sibérie donne également des leçons de rap français à l'ancienne et nous cloue le bec avec son mythique « J'ai mal au mic » dont on ne se lassera sûrement jamais.  

Pendant un court passage dans l'espace presse Orlando Weeks, Hugo et Felix White aka The Maccabees partageront avec nous leurs meilleures expériences en festival avant d'envoûter les familles posées tranquillement sur la pelouse ensoleillée de la Scène B avec leur poprock anglais. Les frères White optent pour le Lowlands Festival et les Reading and Leeds Festivals alors que Orlando Weeks nous raconte sa dernière expérience Glastonbury : « Je ne suis pas allé voir les Rolling Stones sur la scène principale parce qu'il y avait beaucoup trop de monde. J'ai choisi d'aller voir Public Enemy et ce qui était génial c'est de savoir que tous les gens qui y assistaient étaient là pour la même raison ».

Après avoir signé d'innombrables autographes en backstage, le minet britannique de 19 ans Jake Bugg nous montre qu'il sait déjà bien occuper une scène et charmer les filles avec sa guitare et sa voix de grand rockeur. Une jolie découverte, qui ne fait certes pas trop partie de notre répertoire musical mais qui tout compte fait a été très appréciée ! 

L'enchainement avec The Lumineers est parfait. Le groupe offre un spectacle auquel personne ne s'attendait. Une très bonne ambiance, un groupe qui occupe tout l'espace de la scène et qui n'hésite pas non plus à descendre sur la pelouse pour jouer entouré du public ou perché sur le toit de la régie... Le public ne connaît en réalité qu'une de leurs chansons mais se laisse volontiers emporter par tout le répertoire. On en irait presque jusqu'à en redemander encore et encore, mais difficile de faire très long avec un suel album. Nous attendrons donc le prochain avec grande impatience !

Le performance de Bloc Party reste pour nous le meilleur concert du festival. Ça envoie, ça bouge, ça danse, ça jump. Et juste quand on a cru qu'ils allaient nous priver du légendaire Helicopter, le groupe nous fait toucher le 7e ciel en jouant le morceau en dernier, histoire de nous laisser en jouissance totale. Félicitations du jury.


Bloc Party sur la scène de Beauregard

Nous restons un peu sur notre faim en fin de soirée. Les Smashing Pumpkins un peu trop vieux, certainement trop mous, désespérément trop 80's. Notre refuge, le camion Despe est lui ce soir à l'inverse trop jeune, trop teen, trop springbreak. On décide finalement de se joindre aux âmes perdues comme nous qui font un sitting devant la scène B en attendant Miles Kane dont les chansons un peu trop répétitives et un manque de communication avec le public finissent par nous saouler (et pas littéralement, malheureusement).

Pour finir ce deuxième jour, Vitalic, le grand français de la musique électronique, offre un spectacle impressionnant de son et lumière. Certes, la musique est « boum boum » mais les effets entraîneront les survivants du public dans une danse déchaînée jusqu'à une heure tardive. 

Troisième jours : la journée des Djeun's


De jeunes bacheliers assoiffés !

Sous le soleil cuisant, nos chouchous frenchies, les Juveniles, qui portent bien leur nom, sont tous sourires, et le public, bien qu'un peu restreint, est conquis. Les belges de Balthazar accompagnent nos coups de soleil avec de bons morceaux tout droit sortis de leur nouvel album Rats. On n'était pas encore assez affamés pour les crêpes aux champignons d'Olivia Ruiz qui nous paraissaient en manque de cuisson et nous en profitons pour faire un tour des stands de « merch » et saliver devant les magnifiques t-shirts de C2C mis en place.

Comme si nous n'étions pas déjà surchauffés, les mariachis mégalos suédois des Hives qui ont déjà pas moins de six albums au compteur, nous font transpirer dans une danse interminable et survoltée. Du crowdsurfing à gogo autant parmi le public que chez les artistes que nous perdons parfois de vue, engloutis par la foule dans laquelle ils n'hésitent pas à se jeter. Howlin' Pelle Almqvist mène le jeu dans un français excellent bien qu'on n'arrive toujours pas à prononcer son nom (et ce n'est pas faute d'avoir essayé).


Les Hives ont mis le feu !

Usés et comblés par ces derniers, nous ne trouvons pas la force pour aller au concert de Skip The Use qui gronde depuis la scène B. Nick Cave accompagné de ses Bad Seeds ne sait toujours pas où il se trouve ni quelle chanson il va jouer, comme à son habitude. C'est mystique et trop barré pour nous. Du pur Nick Cave en somme.

Les C2C clôtureront ces 3 chouettes journées avec une bonne humeur appréciée. Dans le public, quelques vieilles branches qui commencent le concert en exprimant fort leur incompréhension sur les véritables prouesses musicales du scratch et du, on cite, « je-fais-de-la-musique-les-mains-levés », finiront tout de même par se trémousser au son de Happy et F-U-Y-A en laissant même échapper un « Très bon ce son ! ». C'est officiel, les 4 jeunes Djs auront même conquis les durs à cuire. Le spectacle est, de plus, boosté par les effets de lumière adaptés à la perfection. La surprise du set, le mix qui leur a valu le titre de vice-champions à la DMC de 2005. Oui, oui, celui qui comprend la musique des Aristochats... un délice.


C2C à Beauregard 2013

C'est dans la bonne humeur générale mais exténués que nous quittons Beauregard et son fameux John que l'on espère retrouver l'année prochaine pour de nouvelles aventures aussi chouettes que l'édition 2013 !

 

Côté concerts

La découverte :
The Lumineers : du djeun's, du pep's, du bonheur !

La confirmation :
Bloc Party : indétrônables.

Les bêtes de scène :
The Hives : Vi älskar Sverige !

La décéption :
The Smashing Pumpkins : older than old.

La marrade :
Jon Spencer and the Blues Explosions : pas tout compris mais a bien rigolé.

Côté  festival

On a aimé :

- Un accueil très chaleureux et la propreté des lieux
- L'ambiance familiale et bon enfant
- Les verres consignés que nous ne rendrons jamais
- Les toilettes dans lesquelles quelqu'un a ENFIN pensé à mettre des lumières de Noël. Efficacité et ambiance, que demande le peuple !

On a moins aimé

- La queue interminable pour la banque à tickets et le prix des boissons quelque peu exorbitant : 3€ le Coca, autant dire que la déshydratation était de mise.
- Une programmation du samedi un peu décevante comparée au reste 

La conclusion

En famille réunie, le bac dans la poche, le conseil de classe réussi... Tout le monde à Beauregard pour un bon début de vacances !