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Papillons de Nuit, 20 ans que tout un village s'active

Papillons de Nuit, c'est un grand village qui s’inscrit à l’intérieur du petit village de Saint-Laurent-de-Cuves de 480 habitants. Le grand village lui, voit 75 000 villageois prendre part à la fête pendant 3 jours, mais pour qu'il puisse se reconstruire tous les ans, le festival fait appel à la générosité de nombreux bénévoles, malgré la concurrence sur le marché de l’entertainment de plus en plus cruel. 

Une initiative locale

Crédit photo : Elodie Le Gall

Le festival naît, comme c'est souvent le cas pour de grands projets sur lesquels on aurait pas misé un kopeck, d’un groupe de potes qui souhaitent animer leur région avec des concerts. L’un d’eux, Rémi James, avait tiqué en entendant un jour son fils lui dire "Papa, y’a plus rien ici, je m’en vais !" Ce jour-là il s'est promis de ramener la culture dans leur village. Des concerts commencent à être organisés dans la salle des fêtes qui, bien vite, devient trop petite. Alors quatre associations locales se serrent les coudes et sortent un chèque de 10 000 francs pour que la volonté de cette bande de potes puisse donner vie à la première édition du festival Papillons de Nuit en 2001. Ce serait peu dire que cette première édition fut un franc succès, puisque dès la fin de cette première exploitation il est urgent de trouver quelque chose de plus grand que la place du village de Saint-Laurent-de-Cuves pour accueillir en bonne et due forme les 10 000 festivaliers qui risquent d'affluer l’année suivante. Le succès immédiat qu’à eu le festival dès sa première édition, Pierre-Olivier Madelaine, en charge de l'administration et de la production, l'explique grâce à la chance dans le déroulé des évènements et une demande forte de divertissement dans la région plutôt en friche culturellement. C’est aussi et surtout « l’esprit de clocher » qui a participé à son rayonnement. 

 "L'esprit de clocher"

Crédit photo : Aurèle Bossan 

L’esprit de clocher, pour Pierre-Olivier Madelaine, c’est la mobilisation de toute une communauté, ici le village et ses alentours. C’est cette énergie communautaire qui permet au festival de s’auto-financer à 98% aujourd’hui, malgré la concurrence des groupes privés, du coût des cachets et des frais de sécurité très importants qu’on doit à la tenace circulaire Collomb. Aujourd’hui, si des professionnels interviennent tout de même pour soutenir les bénévoles, ce sont des familles - parfois 3 générations - qui aident le festival à exister. Ils sont 1400 bénévoles de 15 à 90 ans à mettre la main à la pâte. Chaque bénévole travaille entre 3 et 6 heures durant les 3 jours d’exploitation, et 12 commissions sont en charge de mettre sur pied et de ranger le festival 6 semaines avant et après les festivités. Les 26 administrateurs, noyau du festival, consacrent leur temps libre, tout au long de l’année, à l’organisation du festival en parallèle de leur travail - ils sont agriculteurs, ouvriers, cadres, retraités ou instituteurs. Papillons de Nuit est et a toujours été un évènement public riche de ses bénévoles et de toutes les personnes qui lui permettent de voler plus haut pour proposer à chacun une expérience unique. 

La pollinisation de la Manche

Crédit photo : Nicolas Patault

Le festival est un lieu de brassage économique non négligeable pour le département et la région. En effet, l’organisation fait attention à travailler au maximum avec des entreprises et des fournisseurs locaux, jusque dans la restauration des artistes qui est assurée par les élèves du lycée hôtelier de Granville. Non seulement le festival dépense environ la moitié de son budget localement, soit 1,5 millions d’euros, mais il participe aussi grandement au tourisme et donc à l’attractivité et à la vie commerciale de La Manche. Selon Pierre-Olivier, c'est entre 3 et 5 millions d'euros qui sont dépensés par le public de P2N tous les ans pendant la semaine de l’exploitation du festival dont 10 000 nuités en chambres d’hôtes ou hôtels. Une association d’intérêt général ? Difficile de ne pas le reconnaitre dans une région en voie de désertification rurale. 

La surprise comme poumon du festival 

Crédit photo : Nico M

Dans une constante volonté de renouvellement, le festival a toujours cherché à surprendre ses festivaliers. On note en 2007 une troisième scène réservée aux artistes régionaux, puis en 2017 une quatrième pour les artistes locaux. Cette même année, le festival fait aussi sensation avec sa Tour Eiffel "miniature", suivie l’année d’après une grande roue qui en plus d’avoir un effet sensationnel permet de découvrir la campagne environnante. Parce que oui, Saint-Laurent-De-Cuves, c’est d’abord de la campagne et des vaches. En 2019, aux côtés de la roue on voit apparaitre un aquaboggan géant, de rigueur avec le réchauffement ambiant, qui vient remplacer les aquaglisses homemade qu’on a l’habitude de croiser sur les campings de festivals. Et cette année, on a l’autorisation de vous spoiler l’arrivée d’une tyrolienne de 200m de long. Le festival étant installé sur un espace vallonné, il prend la forme d’une cuvette et la tyrolienne permettra aux festivaliers de survoler le public pour atterrir derrière la régie de la scène Vulcain. Cette année un effort très particulier est aussi fait sur les décors et les scénographies. Un documentaire sur l'engagement des bénévoles et de tout un territoire, "les Vents Porteurs", 100% normand est en préparation et sera diffusé sur France 3 et France 3 Normandie

Crédit photo : Orelsan @ P2N 2019 by Nicolas Patault