Festival emblématique Français dans sa catégorie, le Reggae Sun Ska annonçait pour sa 16ème édition un panel d’artistes hauts en couleur. Avec des têtes d’affiche telles que Gentleman, Tryo ou encore Levy Barrington et Dub Inc., les adeptes du reggae ont été nombreux cette année encore à se rassembler en Gironde près de Bordeaux pour l’occasion.
Après un succès considérable l’année dernière en partie dû à la présence de Damian Marley (qui avait d’ailleurs été très décevant de par le retard et la durée de son concert), l’édition 2013 a choisi de voir plus grand en installant notamment deux nouvelles scènes (soit 5 scènes en tout). Pas moins de 90 000 entrées sur trois jours de concerts intensifs étaient d’ailleurs attendues. Retour sur notre weekend au Reggae Sun Ska !
Le vendredi soir annulé !
On peut dire que la météo locale n’a pas facilité l’organisation et le bon déroulement du festival. Pour commencer, de violents orages survenus quelques jours avant le lancement du Reggae Sun Ska ont fait d’importants dégâts sur le site (destruction partielle des structures en place et arbres arrachés). L’aide de nombreux bénévoles a été nécessaire pour remettre le site en état et permettre aux personnes munies d’un pass 3 jours d’accéder au camping dès le jeudi après-midi.
Les parkings étant situés à une distance importante de l’entrée, un système de navette gratuite a été mis en place. On regrettera d’ailleurs le comportement lamentable et irrespectueux de certains qui ont caillassé l’une d’entre elles le samedi soir, stoppant le service et obligeant les festivaliers à faire parfois plus de 4kms pour rejoindre leur voiture…
On se réconforte néanmoins grâce à Mungo's Hifi feat Charlie P sur la scène du sound system, qui nous fait oublier les déconvenues de la soirée avec du gros son qui déchaîne les festivaliers déjà présents. La chaleur de ce jeudi soir, l'atmosphère sonore et ennivrante de la soirée ainsi que les basses profondes nous bercent jusqu'au petit matin… Matin qui, pour une fois, n'a pas lieu sous un soleil accablant, ce qui aurait pu nous permettre de profiter d'une reposante grasse matinée, mais c’est sans compter sur les puissants appels à l'apéro provenant de tous les coins du campement. Nous sommes prêts à entamer les hostilités de cette vraie première journée, aidés par une légère brise qui nous rafraichit tout l'après-midi sous un soleil radieux.
14h00, la nouvelle tombe : alerte météo orange, un arrêté préfectoral annonce l'annulation de la totalité des concerts et l'évacuation des zones à risques, soit tous les campings à cause de la présence d'arbres. Notre confortable campement si bien préparé doit être démonté. L'annonce ne parvient seulement aux extrémités des campings qu'à partir de 17H00. L'évacuation se déroule sous des protestations, et les plus récalcitrants ne migreront qu'à 200m sur une esplanade en béton "dénuée de danger" selon les autorités compétentes. Mais on peut que comprendre l'organisation au vu de la violence des éléments et des dégâts engendrés la semaine précédente, l'organisation a préféré assurer.
Les campeurs sont autorisés à rejoindre leurs habitations dès 22H00, heure à partir de laquelle des sound systems sauvages se lancent jusqu'au bout de la nuit dans les campings. Les points infos donneront dès le lendemain matin les modalités pour se faire rembourser la soirée.
Ska P enflamme la soirée du samedi
Dès le samedi matin, les organisateurs du festival remontaient toutes les installations techniques pour les concerts de la journée. Dans l’après-midi, le soleil est de retour pour le plus grand plaisir des campeurs qui ont pu se reposer au frais dans leur tente et se réveillent plus motivés que jamais pour cette première "vraie" journée très chargée. Entre prendre l’apéro au camping où règne une ambiance joyeuse et festive, et aller écouter et apprécier le Sound System des Mungo’s Hifi présents sur toute la durée du festival de 12h à 19h et de 1h à 4h, le choix est difficile mais chacun y trouve rapidement son compte.
18h il est temps de rejoindre le "in" afin d'y écouter les mélodies de lover de Tairo. Ça plait aux filles, le son est bon, les paroles moins (c’est sûr que ce n’est pas du texte engagé !) mais son rappel enflamme les gens déjà sur place : « ce soir y’aura d’la bonne weed » ! On a juste à tourner la tête (les deux scènes sont accolées) et c’est Little Roy qui enchaîne. On est surpris à quel point les musiques de Nirvana résonnent mieux en version reggae. C’est posé (nous aussi d’ailleurs) et bien sympa. La soirée continue (toujours en ne tournant que la tête) avec Turbulence puis IJahman. Le site se remplit, la foule y bouge de plus en plus, le son est vraiment bon.
Puis c’est au tour de Ska P de prendre place. Le légendaire groupe espagnol survolte le public et nous donne parfaitement le « ska » du Reggae Sun Ska que l’on attend. On subit le mouvement mais profitons du moment. En effet, l’espace se resserre autour de nous et c’est au moment de rejoindre le bar que l'on se rend compte qu’il faut bien 5 bonnes minutes pour traverser la foule compacte.
Même s’il est difficile de reprendre derrière une telle prestation, Raggasonic s’en charge à merveille en venant nous présenter les morceaux de son dernier album. Bien sûr, le groupe nous jouera également ses sons mythiques / classiques tels que « aiguisé comme une lame », « faut pas me prendre pour un âne », « bleu blanc rouge » … On en attendait pas moins d’eux !
Pour finir cette sympathique soirée de concerts, Barrington Levy a su faire bouger la foule qui l’attendait avec impatience. C’est avec sa voix si particulière que la légende du reggae nous enverra tout droit en Jamaïque : un talent fou. Les plus « passionnés » resteront devant les enceintes de Mungo Hifi sur le trajet du camping jusqu’à 4h.
Une conclusion en beauté !
Dès 14H00, Telldem Community envoie un dub massif en ce début journée qui s'annonce ensoleillée (forcément, après de tels évènements on fait attention à la météo). Seul bémol : la foule qui n'est pas venue en nombre apprécier le groupe...
17h, grosse hésitation : Broussai d’un côté et le duo Papa Style – Soom T de l’autre … On choisit Broussai, une valeur sûre, d’autant plus qu’on a envie de découvrir leur dernier album « Kingston Town », album enregistré en Jamaïque. Aussi, on se dit qu’on pourra profiter de la fin de l’autre concert durant 30min de plus. Broussaï nous chante son répertoire et on est comme porté par leur musique. « Funambule », « le manège tourne », et « liberté » des morceaux toujours aussi bons en live. Fin du concert, on se dirige vers la scène Rebel music afin d’écouter trente minutes de son qui suffiront largement pour nous convaincre que le duo Papa Style - Soom T est merveilleux. La voix parfaite de la chanteuse et le flot du Papa font fureur... La prochaine fois ce sera le concert intégral !
A 19h, Gentleman continue cette journée en entrainant la foule avec ses classiques, le public est là et la foule se densifie, l'ambiance commence à monter. Kymani Marley garde le rythme, on regrettera juste le manque d'originalité et de personnalité, en effet la quasi-totalité de sa prestation est constituée de reprises de son père. 21h30 Dub inc. : le gros son arrive, la fosse est remplie et la foule est brulante. On peut admirer les mouvements de la foule qui oscillent au rythme de leur musique, on se laisse facilement entraîner et tout le monde se met à danser, malgré les innombrables fois où l'on a pu les entendre, c'est toujours un plaisir.
Le festival prenait fin avec Sinsemilia. Le groupe était présent pour la première édition du festival et nous remarquerons dès leur arrivée sur scène que la foule s’est agrandie depuis. Eux aussi ont changé et justement on attendait de savoir ce qu’ils nous joueraient pour l’occasion. On n’a pas été déçus, bien que quelques titres de leur dernier album n’aient pas enflammé les foules. Par contre des medleys bien pensés de leurs premiers albums (« première récolte », « tout c’qu’on a », « résistance ») ont fait bouger et chanter des festivaliers jusqu'à perte de vue.
Côté concerts :
La claque :
Ska P, excellents sur scène et une très grosse ambiance.
Les bêtes de scène :
Dub Inc, toujours aussi forts sur scène, peu de groupes arrivent à faire bouger les foules comme ils le font.
La surprise :
Papa Style et Soom T ensemble, c'est assez rare de voir ces deux gros artistes partager la même scène !
Le gros qui assure :
Sinsemilia. Même si leur dernier album fait moins applaudir / crier les foules, les remix / medley des anciens albums enflamment toujours les festivaliers. On aura également apprécié qu’ils invitent les chanteurs de dub Inc pour finir en beauté cette 16ème édition !
La découverte :
TelDem Com'unity. Dommage qu’ils aient été programmés si tôt (13h30) car leur dub aurait pu faire vibrer bien plus de gens !
La déception :
Le vendredi soir. On a raté Black Uhuru, U Roy, Seeed, Busy Signal ou Tryo.
Côté festival :
On a aimé :
- Le peu d’attente dans le festival.
- La programmation
- L'organisation
- La disposition des scènes : les deux nouvelles scènes à l’extérieur du « in » permettent aux festivaliers de profiter soit d’un sound system soit des découvertes sans trop s’éloigner du camping.
- Les bénévoles toujours sympas et donnant de bons conseils sur le recyclage des déchets !
- La sécurité de l'organisation en ne prenant aucun risque pour vendredi soir
On a moins aimé :
- Le camping, peu d’éclairage...
- Les sanitaires : pas assez de toilettes ! Peu de douches (payantes en plus !) et donc une durée d’attente asse longue
- L’espace du « in » trop petit, facilitant les mouvements de foule
- L’arrêté préfectoral…
La Conclusion
Comme chaque année, le Reggae Sun Ska a vu défiler des grands noms du reggae. Une programmation soignée qui a mobilisé les foules, avec des têtes d’affiche comme Steel Pulse, le grand retour de Ska-P, Sinsemilia, mais aussi des pointures comme Barrington Levy. Grâce à son ambiance festive comme on les aime, son staff qui a su garder le sourire malgré les mauvais tours de la météo et surtout du bon son roots pour rythmer le tout, le Reggae Sun Ska confirme une fois encore son statut de référence dans son genre musical.
Cette seizième édition, agitée, tire sa révérence, laissant en suspens les conséquences qu’auront les caprices de la météo sur l’avenir du festival...