On était à
Printemps de Bourges, festival bourgeonnant de talents

L’effervesence musicale et festive qui traverse Bouges pendant le Printemps donnait envie de s’y repointer. Un coup d’auto et nous voilà à pérégriner entre toutes ces promesses de musiques heureuses et étincelantes. On vous raconte notre balade ensoleillée le temps d’un week-end bien trop court.
 

Jour 1. 16h12, sous le soleil évidemment

C’est sous un soleil exquis que nous garons facilement notre voiture à deux pas du centre-ville de Bourges. On pose nos quelques affaires chez Evelyne, notre hôte du week-end, chez qui nous avons loué une chambre à 50€ la nuit via une asso du coin. Pas de camping à Bourges, question de place... et de météo. Ni une, ni deux, on décampe vers le festival, à 10 minutes à pied. Trois ans après, nous voici de retour au Printemps de Bourges. On retrouve vite nos marques : de grandes allées à l’accès gratuit mêlent scènes, stands, boutiques, foodtrucks et bars. Côté payant :  plusieurs salles et lieux historiques enchaînent spectacles uniques, plateaux découverte, spectacle unique et soirées à thème depuis mardi (22, Auditorium...) tandis que le festival s’apprête à dévoiler son cœur avec les nuits Happy Friday et Rock’n Beat entre le W et le Palais d’Auron. Un vaste programme où chacun peut aller picorer au fil de ses envies.
 

17h04, ça mousse pas fort

Notre premier concert est orchestré par Arnaud Rebotini, avec l’interprétation en live de la bande originale du très beau 120 battements par minute du côté de l’Auditorium. Au milieu de ses synthétiseurs, entouré d’une harpe, d’un violon ou encore d’un xylophone, il enchaîne méticuleusement chaque morceau. L’émotion n’atteint pas la puissance du film mais on se permet quelques délicieux frissons à l’écoute de la profondeur des compositions. De retour à l’extérieur, l’instant « première bière » sera vite un désenchantement qui se prolongera tout au long du week end : Kro, 1664 blanche, Skoll, Grim... et c’est tout. Même si le prix est plutôt doux, on ne conçoit pas vraiment qu’un festival de cet ampleur puisse laisser un monopole total à Kronenbourg sans laisser la place à quelques réjouissances locales et artisanales.
 

19h34, joyeux vendredi

Au son de la scène du Berry, on se délecte d’un hot dog au foodtruck Yellow Corner en guise d’apéro, saucisses porc ou tofu au choix s’il vous plaît. Avec quelques morceaux d’oignons frits dans les dents et après 30 minutes d’attente, on arrive dans l’enceinte de l’Happy Friday. Inuit lance le bal sous l’énorme chapiteau W déjà bien rempli, avec une belle énergie pop tribale et dansante pour une sympathique mise en jambe. Jeanne Added (photo) prendra la suite : elle impose très vite sa voix lumineuse et ses ondes combatives, telle une boxeuse sur le ring. Sans grande surprise pour nous, l’ayant déjà croisée, mais toujours un agréable moment.
 

21H42, le palais des délices

Autour du chapiteau, les festivités se prolongent sur un parterre bétonné illuminé par les enseignes Kronenbourg, qui ne nous empêchent pas de festoyer et s’abreuver sous des températures agréables. L’offre culinaire est ici moins attrayante et beaucoup plus classique que dans la zone gratuite, entre les sacro-saints kebabs et autres tartiflettes. La suite se trouve au Palais d’Auron, l’autre salle de la soirée, avec l’iconoclaste Flavien Berger (photo). Grâce à sa nonchalance heureuse et son univers à 15 000 lieues au-dessus de la stratosphère, on accroche avec euphorie à sa musique à la fois planante et transcendante. Et on danse, sourire perché. Vingt minutes plus tard, c’est Clara Luciani qui prend le contrôle de la scène, avec classe, rock et prestance : on restera pour quelques chansons plus qu’entrainantes. En sortant, on s’aperçoit que de nombreuses personnes attendent pour entrer au Palais d’Auron.
 

23h18, un taxi pour l’ivresse

Le W explose à l’arrivée de Thérapie Taxi (photo). La jouissance bestiale du groupe donne envie de se lâcher, de se déhancher, de s’embrasser. A coup de distribution de rhum-coca et de punchline « sales », on entre vite en osmose avec la chaleur humaine et la débauche festive envoyées. La recette peut paraître facile, mais il n’est jamais chose simple de faire bouger tout un public en festival. Dans la joie et l’ivresse. Après Jeanne, Flavien, Clara, en attendant Cléa, Corinne ou encore Thylacine, la « nouvelle » scène française est plus que vibrante et attrayante à Bourges. Les premiers mix d’Ofenbach ne sauront pas nous convaincre, nous revoilà à l’extérieur du Happy Friday. Toute sortie est définitive, aucun retour en arrière possible.
 

00h45, du gras qu’on aime

On ère dans les allées dépeuplées à la recherche d’une croûte à casser. On avait entendu parler d’un burger version locale venu poser ses valises : grande joie pour nous, le Tacot est encore ouvert. Produits frais, Frites maison, sauce au poivre, rien ne pouvait nous rendre si heureux à cette heure-ci. On file au 22 pour terminer notre soirée avec les punks de Idles. Avec Lady Bird, Lysistrata, Rendez-Vous, la salle proposait cette soirée pour 15 €. Le festivalier a du lui faire un choix entre le Happy Friday et le 22, le Printemps ne proposant pas de billets rassemblant les deux événements. Premiers pas dans la salle, la chaleur moite envahit nos vêtements, accompagnée des beuglements et des riffs du groupe. Un son crade, un son punk quoi. On retourne dans Bourges vers 2h, pendant que les festivaliers s’enivrent dans les bars.
 

Jour 2. 11h35, farniente historique

Pause historique et champêtre pour attaquer notre samedi. Les rues se réveillent tout doucement alors qu’on se dirige après avoir traversé les rues pavées piétonnes de Bourges vers les marais proches du centre-ville. Parmi les chemins longeant un cour d’eau, on entend seulement le coassement de quelques habitants en phase d’accouplement, portés par l’ivresse du Printemps. Une parenthèse amoureuse avant les décibels de la nuit. Après un passage sous l’immense cathédrale gothique, on échoue dans un transat sur le parvis voisin, installé pour le festival. A l’ombre d’un séquoia plus que centenaire, un DJ lance quelques musiques envoûtantes laissant fermer nos yeux quelques instants.
 

14h45, 22, v’là l’avenir

Le ventre plein, direction le 22 pour les Inouïs, le plateau découverte du Printemps de Bourges. Depuis mardi, plusieurs groupes se sont enchainés pour défier la critique. Il y a trois ans, c’est Last Train et Roméo Elvis qui avaient remporté les faveurs du jury. Cette année, nous avons le temps de croiser seulement deux DJ pour la session électro. D’abord Rrobin, pour des mouvements entrainants, sympa et rythmés. Puis arrivera Calling Marian : on distingue peu la DJ dans la pénombre de son set, mais la puissance de son mix marque très vite le coup. Entre distorsions de sons futuristes et animation 3D, dans la lignée d’un Thylacine, elle s’impose comme une vraie révélation avec une forte personnalité musicale. On apprendra le lendemain qu’elle sera Prix du Jury du tremplin.
 

16H02, au cœur de la ville

La pluie orageuse qui s'est abattue sur le Festival en milieu d'après-midi nous a rappelé que nous étions bien au Printemps de Bourges. Un timing parfait pour trouver refuge au Palais Jacques Coeur et écouter Thomas Enhco : la salle des festins a offert un formidable écrin au talent du compositeur et à son répertoire alliant jazz et classique. Dans une ambiance intimiste, le pianiste a "joué pour les anges", avec beaucoup d'émotions, pour un joli moment suspendu hors du temps. Dehors, le soleil a fait son come-back. Des festivaliers à l’haleine de pastis bien prononcé croisent des enfants portant des ballons licornes. On se promène avec notre délicieux punch maison à la main. Au détour d'une rue animée par un cover band de Led Zeppelin garanti d'époque, on se retrouve dans un showcase de Cléa Vincent à la Fnac, avant de la retrouver plus tard au 22 pour la soirée 100% french pop.
 

20h12, Saturday night fever

Une kro agrémentée de picon et un wrap végétarien plus tard, on se repointe au W pour la soirée Rock’n Beat. Corinne et sa chevelure grandiloquente eut l'honneur et la lourde tâche de chauffer les tout premiers festivaliers : on bouge notre popotin sur de la disco-rétro efficace qui a parfaitement rempli son rôle avec le très à propos "il fait chaud", et ce malgré un public plutôt circonspect pendant quelques minutes. Il faut dire que la moyenne d'âge avait baissé d'un cran depuis la veille. On passera une tête ensuite au Palais d’Auron pour découvrir l’ovni Ho99o9, allant de la rage d’un headbanging à la folie d’un Prodigy. On n’était clairement pas prêt.
 

21h49, W ou le souvenir d’une soirée réussie

Une bouche géante et du love nous attendait sur la grande scène du W avec Kiddy Smile. Chorégraphie osée et sonorité ultra pop, ça se dandine sérieusement. Le ton monte d’un cran avec les délurés Salut C’est Cool (photo), venus comme à leur habitude juxtaposer grosse techno et paroles débiles dans une ambiance proche de la divine surexcitation.  Après des « nachos fromage » pour lesquels le Mexique aurait eu raison de nous intenter un procès pour diffamation, on retourne sous le chapiteau pour Thylacine. Celui que l’on a vu éclore quelques années de là est aujourd’hui grand, confirmant son talent à faire danser les foules au travers d’un son travaillé, profond et efficace. Après un passage non abouti sur Sentimental Rave, on terminera notre soirée avec le pape du genre, Paul K, pour un W plein à craquer.
 

Jour 3. 12h12, Born to Berry Alive

On quitte le charmant appartement d’Evelyne pour les heures de festival qui nous restent. On arrive du côté de la rue de Séraucourt pour notre dernier repas : on avait repéré la veille un espace proposant des produits régionaux. Chèvre frais, verre de Reuilly, escargot ail et persil, galette de pomme de terre, salade de lentilles, le Berry rend nos papilles joyeuses. En guise de dessert, on plonge notre cuillère dans la douceur acidulée du duo Grande sur la scène Séraucourt, Une personnalité affirmée, une alchimie rare voix, guitare et violon pour ce groupe gagnant d’un tremplin régional. Un café, l’addition, et retour à la maison.
 

Le Bilan
 

Côté concert

La débauche furieuse

Thérapie Taxi, un magnifique lâcher-prise juvénile

La nonchalance heureuse

Flavien Berger, des instants enchanteurs  

Le petit devenu grand

Thylacine, désormais prêt à faire lever les foules

Le futur

Calling Marian, qu’on devrait revoir très vite pour chauffer nos soirées
 

Côté festival

On a aimé :

-       Un grand choix de nourriture souvent de qualité dans la partie gratuite du festival.

-       Une programmation riche, éclectique, où chacun peut venir trouver ce qu’il cherche

-       L’effervescence dans le cœur historique de Bourges tout au long du week-end, entre patrimoine historique et punch maison.

-       La place belle aux découvertes, grâce aux Inouis, scènes tremplins et régionales.

-       Sur toutes les scènes, une sono parfaitement réglée. C’est assez rare pour le souligner.

On a moins aimé :

-       Pas une bière non labellisée Kronenbourg sur l’ensemble du festival. Carton rouge.

-       Le manque de déco et d’espace agréable pour poser ses fesses dans l’enceinte du festival payant, tout comme la dégringolade de la qualité culinaire.
 

Infos pratiques :

Prix de la bière

5,5€ la pinte de Kronenbourg (6€ dans le festival payant), 7€ 1664 Blanche / Skoll / Grimbergen ambrée + 1€ de consigne.

Prix des repas

Junk food basique jusqu’à street food qualitative, pour tous les goûts et les portes monnaies.

Prix des concerts

Pass week-end Happy Friday + Rock‘N’beat 69€ (+5€ avec iNOUïS), 39€ les soirées Happy Friday et Rock’n Beat, 22€ les soirées, 10€ l’après-midi iNOUïS, 25€ les concerts à l’Auditorium. Réduction 10% pour 3 concerts

Transports

Centre-ville piéton, Tout se fait à pied, à plus ou moins 20 minutes. Quelques parkings gratuits aux alentours. Gare SNCF à 15 minutes à pied du festival.
 

Conclusion

A Bourges, chacun vit le Printemps à son rythme. D’un morceau de piano dans le Palais Jacques Cœur jusqu’à un mix animal sous le chapiteau du W, nos oreilles voyagent et palpitent dans l’effervescence d’une ville tournée vers son festival. Avec le soleil en guest star, on ne pouvait rêver mieux comme week-end. A l’année prochaine pour un bain de Printemps … une « bonne » bière à la main ?   

Récit : Morgan Canda et Arthur Emile.

Photos : Morgan Canda