On était à
Nuits Sonores 2021, l'édition du monde d'après

Il aura fallu que l’on passe officiellement les portes des Nuits Sonores pour y croire : le désormais cultissime festival électro lyonnais aura bien son édition 2021. L’équipe organisatrice d'Arty Farty a fait le pari d’une édition exceptionnelle du 20 au 25 juillet 2021, jonglant habilement avec les mesures sanitaires actuelles. Attachez vos ceintures, c’est le récit de nos retrouvailles avec les Nuits Sonores, l’édition du monde d’après.

Jour 1. Mardi 20 juillet, 18h30, Fagor mon Amour

Pour ce premier soir de festival, on décide d’arriver tôt aux anciennes usines Fagor-Brandt, lieu culte des Nuits Sonores. Pour prendre le temps d’explorer notre terrain de jeu pour les trois nuits à venir, et aussi parce que la hâte n’était plus soutenable avouons-le. L’entrée se fait facilement malgré la nouvelle étape incontournable des events : la vérification du pass sanitaire. Le masque, bien que recommandé, n’est pas obligatoire une fois sur le site. 

Le site Fagor-Brandt ne vole pas sa réputation : que ce soit intérieur, extérieur ou même dans les lieux de passage, chaque espace a été pensé pour accompagner l’expérience du festivalier. Côté dancefloors, les volumes sont impressionnants et l’ambiance néo-industrielle colorée. Côté chill, les espaces extérieurs permettent de profiter de l’ambiance tout en étant à l’air frais, sur des transats ou de grandes tablées en bois, conviviales comme on les aime. La signalétique efficace permet de se repérer très facilement dans les différents espaces. Plusieurs points de curiosité, comme un mur musical, un Home Studio ou encore le Brain Performance Mix sont à explorer tout au long du festival. La belle surprise : l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite a été optimisée au maximum. On constate rapidement les rampes, WC adaptés et la plateforme PMR devant la scène 1.

Assoiffées après cette découverte des lieux, nous passons par l’espace cashless et faisons très facilement le plein pour la soirée sur notre petite carte. On est agréablement surprises par la possibilité de recharger la carte directement sur le site des NS, on ne repassera donc plus par le guichet cashless. 

20h15, on fait connaissance avec les scènes

Après avoir vu les premiers festivaliers arriver et l’ambiance s’échauffer, on part à la découverte des deux scènes et des premiers artistes. Chaque scène propose une expérience unique au public. Dans le hall 1, on trouve la première scène live industrielle classique, avec un sound system efficace, un lightning énervé et beaucoup d’espaces pour danser. Dans le hall 2, on découvre une scène entourée d’un écran à 360°. Créée sur mesure pour l’occasion, l’installation audiovisuelle est impressionnante, elle immerge les artistes et le public dans une nouvelle expérience live. 

Notre arrivée à la scène 360° est marquée par le début de la performance “VORTEX” présentée par Dasha Rush en collaboration avec Julius Horsthuis.  L’objectif de la performance : plonger le public dans un vortex sonore et visuel. Entre les visuels surréalistes et les fréquences reproduisant l’effet sonore des tourbillons, on est totalement renversées par l’expérience. Seul point négatif : les basses extrêmement fortes qui font vibrer nos tympans au-delà du raisonnable.

La faim commençant à se faire sentir, on se décide à faire connaissance avec la cantine de nuit. Très bien accueillies par les bénévoles sur place, on est agréablement surprises par le menu végétarien et varié. Petit bémol cependant, la mention de la présence d’allergènes dans la quasi-totalité des plats, sans savoir s’il s’agit de traces éventuelles ou de réels ingrédients à part entière dans la recette. On se laissera tenter par la pita falafel et un dahi bhalla qui nous apportent toute la fraîcheur et l’énergie dont on avait besoin.

Le ventre plein, on découvre The Paradox sur la scène live pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Jeff Mills, le géant de la techno de Détroit y collabore avec le claviériste Jean-Phi Dary pour un live mêlant le jazz à la musique électronique. Les deux artistes en osmose nous partagent le fruit de cette collaboration d’exeption.

22h30, la colorimétrie d’un rêve doucement halluciné

La nuit est tombée, laissant découvrir le visage nocturne du festival. Nous apprécions particulièrement le travail effectué sur les lumières d’ambiance dans les différents lieux du festival. Les néons roses, verts, bleus dans les espaces extérieurs nous transportent dans l’idée qu’on se ferait du paradis moderne, tandis que les lumières chaudes et tamisées dans les espaces chill intérieurs, comme à la cantine de nuit, permettent une transition agréable avec les espaces de fête. Mention spéciale pour la boule à facette qui habille à elle seule tout le hall du bar intérieur d’une vibe disco. 

On sent soudain quelque chose monter en nous… C’est la fameuse anxiété des toilettes de festival. Après une année de vide événementiel, on s’est habituées au luxe d’y avoir accès sans attendre. On snipe 3 espaces réservés aux festivaliers, contenant à chaque fois des cabines en grand nombre. Relativement propres pour le contexte, elles nous offrent surtout un délai d’attente réduit voir inexistant à certains moments de la soirée (non vous ne rêvez pas mesdames). Nos âmes remplies de joie et rassurées s’en vont donc au son.

On finit la soirée à la scène live avec Ma Gda pour un set oscillant entre musique pop, basses profondes et ambiance dark, puis avec Mézigue qui nous fait taper du pied sur un closing bien énervé.

Jour 2. Mercredi 21 juillet, 20h, retour dans les good vibes

On débute cette deuxième soirée avec un premier ravitaillement : burger végé qui saurait surprendre les viandards et pinte de blonde, à déguster aux grandes tables sous la fraîcheur des arbres pour un total de 17€ par personne.

On enchaîne directement avec des allers-retours entre les deux scènes, pour un début de soirée plus énergique que la soirée précédente. Flore & WSK nous embarquent notamment sur la scène 360° dans un live puissant où le son et l’image se répondent sur des sonorités mêlant techno et bass music. On profite d’un moment un peu plus calme du côté de la scène live avec Chloé & Vassilena Serafimova et leur mélange de synthés dark et de marimba qui offrent un contraste très intéressant. 

22h, bienvenue dans le futur de la création musicale

Avec ses technologies interactives et intuitives, cette édition 2021 nous a portées dans le futur. Au fil de nos déambulations dans les différents espaces on tombe sur un mur sonore laissant la possibilité au public de faire de la musique. Le principe : passer les mains à différents endroits du mur pour produire différents sons. On se retrouve alors à tenter de composer un son, ce qui attise la curiosité de deux inconnus, qui se joindront naturellement à nous. Nous voilà en train d'improviser à 8 mains, unis par le feeling de l’instant. 

Juste à côté, on retrouve un conteneur rose et violet, c’est le Brain Performance Mix. Faire de la musique avec sa pensée, c’est désormais possible si l’on utilise la technologie proposée par The Absolute Company Creation. Pour tester cette technologie innovante, il suffisait de s’inscrire via un lien accessible sur le site du festival. 

Enfin, un petit détail que nous retenons particulièrement, c’est l’importance de faire des festivals des safes spaces pour tous. Des affiches rappelant avec bienveillance les règles du consentement sont accrochées en grand nombre sur tout le site. Au stand de prévention, accessible à tout moment de la soirée, on trouve une équipe à l’écoute et rassurante. La volonté de faire un festival safe pour tous est très claire, et on l’a ressenti tout au long de notre expérience.

23h30, tassage des sols

L’appel du son nous habite. On trace tout droit vers la scène live pour retrouver la reine de la techno parisienne, Anetha. Son closing sombre et puissant, oscillant entre l’acid et la techno mélodique, a fait trembler la terre sous les pieds des festivaliers ravis. C’est le cœur encore battant au rythme des kicks puissants que l’on rentre se reposer avant une dernière journée de festivités.

Jour 3. Jeudi 22 juillet, 18h, apéro au soleil, vent entre les orteils

En cette dernière soirée, on veut profiter des lumières de fin de journée et de l’ambiance before sur nos transats préférés, le tout accompagné d’une pinte de blonde bien fraîche. On regarde les festivaliers arriver doucement et l’ambiance se mettre en place heure par heure. Le public des Nuits Sonores exaltait, porté par un sentiment fougueux de vie retrouvée. Sur les dancefloors, on échangeait des pas de danse et des sourires avec des festivaliers de tout âge, de tout style. C’était peut être même le public le plus éclectique qu’on ait vu aux NS, et c’était magnifique. Nous étions tous tournés vers les autres, vers les rencontres, vers la reconnaissance de la chance qu’on avait d'être là ce soir, ensemble. 

20h, I’m not crying, you’re crying

On débute notre exploration musicale du jour par un live original, repensant la relation entre jeu vidéo et musique avec Zone W / O People (Oklou X Krampf). Oklou joue à un jeu vidéo projeté sur la scène à 360, chaque action produisant un son modifié à la source par Krampf. 

On enchaîne directement avec la performance de Sébastien Tellier sur la scène live, qui nous offre un concert pop et doux durant lequel il n’hésitera pas à partager sa joie avec son public. Oui, il a joué La Ritournelle, et oui ça aura fini de nous achever dans l’émoi. Peu de mots, beaucoup de sentiments. Il quittera la scène en nous envoyant des bisous, et nos coeurs étaient remplis de bonheur.

On profite du temps de préparation de la scène live pour découvrir le Home Studio mis à disposition du public par We are Europe. Il nous permet de tester synthétiseurs et boîtes à rythmes pour créer diverses boucles et samples, utilisables par la suite par les artistes de We are Europe.

22h45, tapage de pied, dernier acte

Remises de nos émotions douces, on est prêtes à salement taper du pied sur le set enflammé d’Ascendant Vierge sur la scène live. La foule est entraînée sans ménagement par les kicks surpuissants de Paul Seul et par la voix et la pop dark de Mathilde Fernandez. Les festivaliers chanteront d’ailleurs à pleine voix dès les premières notes de Faire et refaire, un de leur titres phares. Qu’il était beau de voir toutes ces mains en l’air, cette foule déchaînée qui propulsait une énergie oubliée. Comme si danser était devenu la seule évidence, notre seul besoin. 

On finira cette dernière soirée de festival en crescendo, par un tapage de pied intensif sur le set d’Umwelt qui profitera de la scène à 360° pour nous immerger dans des visuels abstraits accompagnant à la perfection une techno industrielle puissante. Le hall 2 des anciennes usines Fagor-Brandt n’était définitivement plus à Lyon, Umwelt l’a propulsé en orbite.

Bilan :

Côté concerts :

Le moment douceur
Sébastien Tellier pour sa capacité à partager la douceur de vivre avec le public et pour la poésie de sa musique

Celui qui a mis tout le monde d’accord
Ascendant Vierge, qui nous aura fait hurler leurs paroles à plein poumons

Le cathartique 
Anetha pour son closing à magnitude 8 sur l’échelle de Richter

Celui qui nous a emmené dans une autre dimension
Dasha Rush B2B Julius Horsthuis, et leur proposition pour faire entrer la musique live dans une nouvelle ère

Côté festival :

On a aimé : 
 - la nourriture végé
- le cashless tellement simple
- la full accessibilité PMR

On a moins aimé : 
- les allergènes (arachides notamment) présents dans quasiment tous les plats
- l’absence de navette pour quitter le festival (plus desservi par TCL, les transports lyonnais)
- un son parfois mal réglé et au volume trop élevé 

Infos pratiques : 

- Prix des bières : 7€
- Prix de la nourriture : entre 7€ et 11€
- Prix du festival : 1 soirée : 30€ plein tarif, 25€ tarif réduit / pass 5 soirées : 120€
- Transports : accessible en transports en commun

Conclusion :

Cette édition exceptionnelle des Nuits Sonores nous aura offert les plus belles retrouvailles avec le monde de la musique live. On félicite l'organisation et les bénévoles pour leurs diverses initiatives et leur bienveillance, qui auront permis à tous de fêter dans un environnement safe et accueillant. 
Malgré des annulations tardives et des difficultés d’organisation dues au contexte sanitaire difficile, la programmation a su tenir ses promesses. Entre expérimentations audiovisuelles et musicales et mise en lumière de la scène électronique féminine, Arty Farty confirme le statut des Nuits Sonores comme un festival de référence dans son domaine, avec une forte capacité à évoluer avec son temps.

Récit et photos : Sanam Aleboyeh et Léa Perez