On était à
Main Square, la machine à tubes

Des milliers de festivaliers et une citadelle : tel est le combo gagnant du Main Square pour cette nouvelle édition. Ce week-end de juillet à Arras, tous étaient prêts à en découdre face à une programmation éclectique à la hauteur de l'événement, sans aucun répit et sous un soleil ardent. On vous raconte nos trois jours de live endiablés. 

Jeudi 5 juillet. Jour 0. 17h02 Un petit before pour patienter ?

Pour nous faire patienter, quelle meilleure idée que de proposer des concerts gratuits dans le centre ville d’Arras ? Sur la place des Héros, à dix minutes à pieds seulement de la citadelle, il est possible de retirer son pass trois jours et de charger son cashless en cette veille de festival. Et ce ne sont pas les 30 degrés qui vont effrayer les festivaliers. Nous sommes comme des enfants à qui on donnerait leurs cadeaux en avance. Tout est prêt, il n'y a plus qu'à attendre sagement le lendemain. Nous décidons de patienter au bar le Couleur. Bracelet du festival au poignet, le son des concerts nous fait sautiller sur nos chaises. Un homme assis à la table d’à côté nous confie : « je vais pas payer je ne sais combien pour des concerts alors qu'il y en a ici ! ». A 129 euros le pass trois jours, on peut comprendre !

Jour 1. 18h00, et 1 et 2-0 !

Main Square oui, mais foot aussi ! Le rendez-vous est pris dans les nombreux bars d'Arras pour soutenir les Bleus. Le match fini il est temps de profiter des concerts. Le week-end ne fait que commencer et la fête se fait sentir en ville à coups de klaxons, drapeaux sortis et cris de bonheur. En moins de dix minutes nous quittons le centre ville pour que les choses sérieuses commencent : direction la Citadelle. Et rien de telle qu'une victoire de la France pour nous mettre encore plus de bonne humeur.

19h10, Marley au soleil

C'est un peu avant 19h que nous franchissons les portes de la citadelle d'Arras. La Main Stage se dresse devant nous presque dès l’entrée comme chaque année, où Damian Marley est déjà en train de reprendre ses plus grands classiques. Une femme derrière nous comprend « Do you love Barry White ? » au lieu d'un « Do you love marijuana ? ». Tant d'innocence en festival nous fait fondre. Nous avons toute la place que nous voulons pour danser. Le soleil est bien présent en ce premier jour de festival. Il fait assez lourd, gare à la déshydratation !

20h05, la Belgique au rendez-vous

La moitié ne me connaît pas, ils sont là pour Pleymo”. D’humeur taquine, Romeo Elvis nous attend déjà sur la deuxième scène du festival, la Greenroom. Ce concert est une véritable découverte pour nous. Loin d’être expertes dans le rap game Romeo Elvis arrive à nous amener dans un univers bien à lui. Pas de doute, Bruxelles arrive sur le Main Square. Le public reprend en coeur J’ai vu, et remplace parfaitement Angèle pour donner la réplique. Toujours un oeil rivé sur le score, on apprend de la bouche du rappeur que la Belgique a battu le Brésil : “Les Français si vous gagnez contre nous restez humbles.” La rivalité, ou plutôt ici l’amitié France-Belgique fait plaisir à voir. La programmation de ce premier jour ne nous laisse pas une seconde de répit, place à la suite. Juste avant de filer à nouveau sur l'autre scène une jeune festivalière fait un « câlin gratuit » à l’une d’entre nous, car fan de Paul K. Le T-Shirt Paul Kalkbrenner fait son effet ... efficace non ? Les câlins gratuits, on aime.

21h00, mélange explosif

Pour la suite, c’est un marathon rock et metal qui s’offre à nous. Nous voilà déterminés à enchaîner les aller-retours entre les deux scènes. Pour commencer, Gojira propose un show à base de pyrotechnie et de pogos à la française. Moins de monde mais tout autant d’ambiance et de danse sur la scène Greenroom pour Pleymo, répondant aux riffs de guitare entêtants et envoûtants de Queens of the Stone Age, pour des titres que l’on reprend avec passion en coeur. Un festivalier nous a même proposé pour deux euros de traduire toutes les chansons du groupe américain. Vu son anglais approximatif, nous avons gentiment refusé. La soirée n’est pas fini, et il est temps de nous rafraîchir et de reprendre des forces : la joie retombe rapidement quand notre bracelet cashless passe de 20 à moins de 2 euros, deux demi et une pinte de bière plus tard.

01h05, en apesanteur

Direction la Greenroom. Nous profitons d’une accalmie pour acheter une petite frite à un stand bien sympathique. A trois euros nous sommes bien servies, puisque même à deux nous ne la finirons pas. C’est au tour de Paul Kalkbrenner de conclure cette première journée de festival. Nous nous faufilons dans les premiers rangs facilement pour ne rien louper du spectacle. Le set dure plus d’une heure, et le DJ allemand ne compte pas rendre les platines aussi facilement. Le public en profite jusqu’à la fin où retentissent les sons les plus mythiques comme "Sky and Sand". Transportées, nous sommes obligées de donner de la voix et c’était bien le but recherché ! Fin de journée en apothéose.

Jour 2. 20h10, vue sur l’Oasis

Le festival et la musique reprennent tambour battant. Il faut être organisés pour voir tous les groupes pour lesquels nous sommes venus, car tout s’enchaine sans répit. Les fans d'Oasis sont eux ravis : Liam Gallagher les attend sur la Main Stage pour reprendre Wonderwall à tue tête. Les frissons nous montent déjà dans le corps quand le chanteur reprend les tubes du groupe star anglais, comme Whatever, mais aussi sur certains des titres de son dernier album solo. Certains voisins profitent eux du spectacle depuis leurs fenêtres, c’est aussi ça le Main Square. Conquises, nous décidons d’aller voir Oscar and The Wolf sur l’autre scène : ils nous régalent par leurs musiques entraînantes et leur sens de la danse. C’est communicatif, alors on s’y met aussi, avec plus ou moins de succès. 

21h45, Depeche mode ; un mélange générationnel pas toujours gagnant

Comme pour chaque gros nom du Main Square c'est rapidement la cohue : Depeche Mode se prépare en face. Nous optons pour la technique du petit train pour percer vers l’avant : il faudrait que les gens du premier rang nous livrent leur secret, à croire qu'ils ont dormi là. Nous croisons un autre train de festivaliers qui arrive dans l'autre sens. On dirait le fameux chassé-croisé de l’été : « faites gaffe y'a un barrage de vieux là-bas !”. Sobriquets et insultes courtoises ne nous feront pas dévier de notre route, et nous trouvons une place sur le côté droit de la scène. Nous sommes dans l’entre-deux scènes mais même d’ici nous pouvons voir le déhanché du chanteur. Quand se fait entendre "Personal Jesus" des festivaliers montent sur des pneus qui servaient de bancs. D’autres courent pour tenter de gagner quelques précieux mètres. Au premier rang ou beaucoup plus loin, nous profitons tout aussi bien de l’instant, et ça, c’est fort.

23h40, tremblement de terre à la citadelle

Nous laissons le début du concert de The Blaze pour Feder sur la Main Stage. La programmation est cruelle et force à faire des choix. Les écrans de la Main Stage affichent un retard de 15 minutes, ce qui déclenche les huées du public. Un public impatient mais qui aura bien fait d’attendre : au bout de cinq minutes, le sol de la citadelle tremble et la poussière omniprésente. Le DJ est bouillant face à ce joyeux bazar, et la foule transportée. Nous ne nous attentions pas à cela ! Les pogos s’enchaînent sans aucune interruption : l’ambiance est amicale et c’est à celui qui sautera le plus haut. C’est sans doute l’un de nos meilleurs concerts au Main Square. Chauffées à bloc c’est devant Boris Brechja que nous finissons cette deuxième journée intensive.

Jour 3. 17h30, L’ultime abordage

Des concerts ont lieu dans le centre ville d'Arras à l'occasion du Main Square festival. Nous buvons une bière à un bar de la place des Héros pour recharger les batteries. Le dernier jour de festival est toujours le plus dur et les courbatures se font déjà sentir. Le soleil nous brûle le dos mais c’est sans compter sur les serveurs du Couleur Café, toujours présents pour arroser les clients à coup de pistolet à eau. Rien de tel pour repartir en forme à la conquête de la citadelle pour une dernière soirée.

19h02, dansons le Mia

Cette dernière journée s’annonce plus calme que les précédentes. Nous nous rendons tranquillement à la Main Stage pour le concert d'IAM. Et ce n’est pas leur première au Main Square. Novices du rap, nous arrivons à chanter aux côtés des fans de la première heure : “on n’est pas nés sous la même étoile”. Les morceaux s’enchaînent et nous sommes comme des poissons dans l’eau. C’est une première réussie ! Alors que le public danse aux sons des plus grands succès d’IAM deux bagarres manquent d'éclater à droite de la scène où nous nous trouvons. Nous ne pensions pas que danser le Mia échaufferait à ce point les esprits. La sécurité est forcée d'intervenir. Carton rouge pour les « festivaliers ». Le problème est réglé en quelques minutes, et c’est avant tout la bonne humeur qui persiste. Les crampes dans les bras à force de les bouger dans tous les sens ne se font pas attendre. C’est la preuve d’un bon concert ! 

21h30, une bière et ça repart

Direction la Main Stage où Portugal the Man apporte un vent de fraîcheur. Les festivaliers dansent au son de "Feel it still" et ça, ça met du baume au coeur. Il faut avoir vécu dans une grotte pour n’avoir jamais entendu ce titre. En ce dernier jour de festival, certaines courbatures ont raison de nous. Mais cela ne nous empêche pas de profiter du concert. Nous sommes assis dans l’herbe, une Desperados Lime à 7 euros. Dommage que l’une d’elle ait fini par terre quelques secondes plus tard… À ce prix, ça fait mal.

22h30, avez-vous les bases ?

La nuit tombe. Justice enflamme dès les premières minutes la Citadelle. Le duo jongle à la perfection entre drops endiablés et breaks bien posés. Ascenseur émotionnel garanti. Une réussite pour Justice qui finit par un bain de foule, pour une fin de set en apothéose dans un cadre intimiste puisqu'une grande partie des festivaliers est déjà sur la Main Stage pour Orelsan. Chauffés à bloc nous prendrions bien une dose de bases avec Orelsan ! Mais difficile d'avancer dans cette fourmilière. Nous profitons un peu du spectacle depuis l'entre-deux scènes avant d'abandonner. Des festivaliers à notre droite établissent une stratégie pour percer la foule, en vain. Nous assistons malgré tout à quelques chansons. Mais nous réviserons nos bases une prochaine fois. Frustrant.

Le bilan

Côté concert

Met tout le monde d'accord
Depeche Mode, toutes générations confondues

Le déclencheur de séisme
Feder, jamais la citadelle n’avait tremblé à ce point !

L'ascenseur émotionnel
Justice, un break puis un drop puis un break…

Le bon pote
Roméo Elvis, celui avec qui on partagerait bien une bière

Côté festival

On a aimé :
- Une programmation variée et intensive.
- Le tuyau d’arrosage accroché à un arbre pour rafraîchir les festivaliers : pratique.
- Le cadre de la citadelle.
- La rapidité de la sécurité qui a permis d’éviter les queues.

On a moins aimé :
- les prix des bières qui restent toujours élevés
- Devoir payer trois euros pour recharger son téléphone une heure…
- La mentalité de certains festivaliers devant les concerts.
- L’accès difficile aux plus gros concerts comme Orelsan ou Depeche Mode.

Infos pratiques

Prix de la boisson
7 euros pour une bière de 50 cl.

Prix de la petite frite
3 euros.

Prix du pass
129 euros le pass trois jours. 54 euros pour un pass une journée.

Transports
Des navettes gratuites étaient mises à disposition des festivaliers dès la sortie de la citadelle. Le centre ville est à 5 minutes. 

Conclusion

Plus que la citadelle, c’est toute la ville d’Arras qui est en fête à l’occasion du Main Square. Cette édition 2018 nous a fait vibrer : programmation riche et variée, pour des concerts où il fallait faire des choix et ne laissaient pas beaucoup de temps à l’oisiveté.  Malgré quelques cohues, nous ne retiendrons qu’une bonne humeur générale sous un soleil de plomb, le tout dans un cadre agréable.

Récit et photos de Lorena Caniaux