On était à
Main Square 2022, la colonie de vacances des grandes stars internationales

Après deux ans de silence dans la Citadelle d’Arras, nous y sommes retournés prioritairement pour la programmation musicale proposant certaines exclusivités internationales et des habitués du premier festival du Nord de France. 

Jour 1. Jeudi 30 juin. 22h37, à l’heure américaine

Ce soir, nous la retrouvons sur la Main Stage et près de 25 000 spectateurs capuchés à l’abri de la pluie fine qui s’abat depuis plusieurs heures. Angèle livre un show millimétré avec plusieurs changements de tenues en moins d’1h30. On sent clairement l’influence de l’école américaine dans ses chorégraphies et dans l’énergie qu’elle transmet au public. Seul bémol, avec les intempéries, le sol de la Citadelle s’est mué en gigantesque mare de boue. Heureusement, nous avions opté pour un imperméable et un pantalon…désormais bon pour une machine. 

23h42, aux armes !

On profite du concert de SCH pour se restaurer : aligot saucisses pour les uns, burger frites pour les autres, on est servi assez rapidement par les restaurateurs très heureux de nous retrouver après trois ans d’une pause forcée. Alors que l'un préfère déposer les armes, l'autre, couteau entre les dents, part s'arrachee la tête devant le début du concert où Dj Snake enchaîne les bangers. Le Main Square prend feu et les premières nuques se brisent sous les acclamations d’un public bien décidé à en découdre. La légende fait monter sur scène une jeune fille, apparemment très émue, et enchaîne ses tubes latino : « Taki Taki, Loco Contigo »… On rendra nos dernières forces lors du désormais traditionnel "mur de la mort" où sont achevées les dernières âmes sous les confettis. 

Jour 2. Vendredi 1er juillet. 18h53, c'est la fête au village

Sous un beau soleil, Feu! Chatterton emmène le public dans un très grand avion. Le profil des festivaliers a beaucoup changé par rapport à la veille, il a pris en maturité. La programmation du jour (LP, Marcel et son orchestre, Sting) peut l'expliquer pour partie. 

Direction le Bastion, troisième scène du festival excentrée et à proximité du village associations. Le spot est sympa, un peu en hauteur avec une belle parcelle de verdure pour se poser tranquillement et parfaire son bronzage. Le lieu propose une offre de restauration allant du simple sandwich au poke bowl en passant par la friterie de Momo rendue célèbre par le film « Bienvenue chez les Ch’tis ». On opte pour un pain perdu avant de nous amusons avec les jeux picards nous ramenant à notre enfance. Dans la partie animations, plusieurs candidats s’affrontent au lancer de bouée sur humain afin de gagner un tee-shirt du festival.

Marcel Et Son Orchestre entre en scène vêtu de costumes de carnaval pour une heure de concert qui sera totalement insolite. Slams de la foule, déguisements, chansons grivoises on a l’impression d’être à une fête de village. Emportés par une chenille, nous arrivons devant la scène avant de porter deux courageux festivaliers ayant pour objectif de fendre la foule à bord de canot gonflables. Des fées rejoignent les trublions et plusieurs jeunes femmes sont invitées à monter sur scène. On comprend pas toujours ce qui se passe mais on s’amuse avec ce groupe local finalement très attendu du public du Main Square. 

23h14, un très grand monsieur

Nous voilà face à Sting et ses talentueux musiciens, dont son fils et un joueur d’harmonica. Le chanteur de The Police revient pendant près d’1h30 sur sa collection extraordinaire de hits comme. Jeunes et moins jeunes, les festivaliers reprennent en chœur ces chansons iconiques bien que l’atmosphère se rafraîchit progressivement et qu’on tombe sous la barre des 15°C. On remet une petite veste qu’on ne gardera finalement pas longtemps devant la prestation d’Henri PFR qui dévoile un remix exceptionnel du dernier morceau de Stromae : « L’enfer ».

Après le concert de Sting, le festival s’est bien vidé pour assister aux joutes verbales successives de Tiakola, Gazo et Niska. On termine pour notre part la soirée devant le show d'Alan Walker qu’on attendait de pied ferme mais qui nous a finalement déçu avec des transitions un peu bricolées et des changements de styles musicaux pas toujours maîtrisés malgré une scénographie très aboutie. 

Jour 3. Samedi 2 juillet. 20h02, « Vous allez me faire chialer ! »

Le spectre de la pandémie plane sur le Main Square. Plusieurs artistes ont été obligés d’annuler  à la dernière minute. Parmi eux, Pixies remplacés au pied levé par le duo The Inspector Cluzo qui fait un passage remarqué. Autoproduit, il prouve qu’il n’est pas nécessaire de se vendre aux majors ou labels pour avoir une carrière internationale. Ces gentlemen farmers originaires de Mont-de-Marsan, interpellent le public sur le réchauffement climatique et sur l’urgence d’adapter nos modes de productions. La foule est au rendez-vous et le Main Square ne tarde pas à afficher complet.

Déterminés à tout donner sur Vald nous nous engouffrons dans la première brèche du pogo sur les premières notes d’ « Eurotrap ». Accompagné de son fidèle backeur Suikon Blaz AD, Vald fait turn-up les festivaliers. Nous ne quitterons plus le devant de scène jusqu’au titre final. Dans un joyeux bazar et un beau nuage de poussière sur « Annunaki », Vald ému par l’accueil reçu annonce que la suite de son album « V » sortira d’ici la fin de l’année. 

21h39, l'inflation du sans alcool

Pendant que Gambi ambiance le public sur la Greenroom, on fait le tour des points des restauration pour finalement nous retrouver entre les deux scènes où les tables de pique-nique sont prises d’assaut. On opte pour un plat de pâtes carbonara supplément emmental râpé avec un tiramisu, et on s’en tire pour 13€. Mais côté boissons, autant pour une pinte de bière on tourne autour de 7-8€, autant concernant les softs on est frappés par la bouteille d’eau à 3€ et le soda à 4€.

-M- régale le public avec son riche répertoire et cette fois, la fosse est pleine à craquer. Pourtant, comparé à 2019, la circulation est plus fluide et notre expérience est bien plus agréable. Peut-être une baisse de la jauge ? 

23h55, ombres et lumières

Alors que la foule converge vers la Greenroom pour applaudir La Femme, nous allons à contre-courant pour... une pause technique. On tente d’abord notre chance à l’endroit où la plupart des toilettes sont concentrées. Peine perdue, il y’a beaucoup trop de monde. Dans les hauteurs de la citadelle, le deuxième spot est plus accessible. Pour les hommes, les urinoirs permettant un flux rapide et en moins de cinq minutes nous sommes soulagés. A contrario, l’attente pour les femmes atteint le quart d’heure...

Nous sommes au premier rang pour profiter de Madeon. Pour sa première date en festival depuis 2015 au même endroit, Hugo ramène son show « Good Faith Forever » aperçu pour la première fois sur les plus grandes scènes des festivals américains et c’est une masterclass.Le travail réalisé sur les projections et sur la gestion des ombres est monumental. Plein d’énergie, il prouve son étiquette de star internationale. 

Jour 4. Dimanche 4 juillet. 14h52, les locaux enflamment le dimanche

Il fait chaud en ce dernier jour sur la Citadelle d’Arras. Les jets d’eau posés sur les crash-barriers de la Main Stage devraient enfin servir. Arrivés dès l’ouverture des portes du festival, nous profitons, tranquillement assis dans l’herbe, du set de Betical. Pour ce dimanche, le public est résolument plus rock comme le veut la tradition du Main Square qui mise cette année sur l’exclusivité Twenty Øne Piløts. On voit aussi beaucoup de tee-shirts Sum 41 et de maquillages gothiques.

Sur la Main Stage Mat Bastard de Skip The Use, très heureux d’être de retour à la maison, parcourt la Main Stage de droite à gauche jusqu’à aller danser sur le préfabriqué attenant à la scène. Jaloux du mur de la mort de Dj Snake qu’il a vu passer sur les réseaux sociaux, il demande au public de réitérer l’expérience. Communiant avec le public, le leader du groupe est rejoint au chant par sa femme ayant fait spécialement le déplacement depuis les États-Unis, ses enfants et Youv dee qui l’accompagne sur le titre « Call Me ». Pour la première fois depuis le début du festival des slammeurs parviennent à rejoindre le devant de scène portés par la foule. En fin de concert, les premiers circle pits se forment. 

20h42, en boîte 

Dans l’une des cabanes de Greenroom, la programmation est assurée par le label Noir sur Blanc. Amateurs de musique électronique, on se délecte des sets de Castnowski et de Koos. Serrés comme des sardines, nous faisons trembler la cabane à chaque drop. On arrive plus à sortir de cette mini-boîte qui retient les festivaliers les plus chauds du dimanche. 

Nous terminons notre session électro sur la terrasse Greenroom devant Purple Disco Machine. En fosse, un groupe entame un madison géant, d’autres tentent une chenille et un festivalier sorti de nulle part émerge de la foule avec un extincteur. Cela a pour effet direct de mobiliser la sécurité qui n’apprécie pas tellement la blague. Une sécurité particulièrement mobilisée pour l’ultime concert de la soirée en Main Stage : Twenty One Pilots. Pour leur seule date de l’été en France, le duo cagoulé fait face à un Main Square sold-out. Les Américains réalisent un concert exceptionnel qui ravit les fans de rock. Le chanteur est dans le public et le batteur torse nu joue également sur les festivaliers, des coups de canon sont tirés et dans un dernier élan de folie, le chanteur monte sur l'échafaudage. Pour un dimanche, c'est plutôt explosif.

La sortie du festival s’avère toutefois un peu difficile avec des incompréhensions entre agents de sécurité sur les sorties ouvertes ou non. En fait, comme nous, ils semblent éprouvés par les 4 jours du festival...

Bilan 

Côté concerts

Le guerrier
Dj Snake, comme en 2019 il a fait trembler la Citadelle et les cœurs avec son mur de la mort

Ambiance carnaval
Marcel et son orchestre, un grand bazar, des chenilles, des déguisements

Intergénérationnels
Sting et M, des grands messieurs au répertoire rempli de tubes qui ont conquis les festivaliers avec un show inédit.

A ne pas rater
Madeon, le Nantais fait son retour en festival en France avec un live exceptionnel

Ceux sur qui on peut compter
The Inspector Cluzo, ils n’ont pas hésité à faire 900km pour remplacer Pixies touché par un cas Covid

Côté festival

On a aimé : 

- Les cabanes Greenroom et la programmation du dimanche proposée par Noir sur Blanc
- L’ajout d’un espace restauration du côté de la troisième scène 
- Une meilleure facilité de circulation entre les scènes principales
- La programmation artistique avec des têtes d’affiche internationales

On a moins aimé : 

- Les incivilités environnementales des festivaliers alors que de nombreuses poubelles sont présentes
- Le prix des consommations en légère augmentation
- Le spectre du covid qui a plané sur le festival avec l’annulation de plusieurs artistes
- La difficulté de trouver une place de parking libre en soirée

Infos pratiques

Prix des boissons :

- Bière : entre 7 et 9€
- Cocktail : 10€
- Soft : 4€
- Eau : 3€

Prix de la nourriture :
- 11 € en moyenne, présence de nombreux foodtrucks (burgers, pizzas, pâtes, poulet, aligot, sandwiches, pain perdu, bonbons, crêpes et gaufres…)

Prix du festival :

Pass 3 jours sans camping : 129€

Transports :

En train : Gare SNCF d’Arras, trains spéciaux pour repartir vers Lille après les concerts
En navette : Navettes-bus gratuites entre la gare et la Citadelle 

Conclusion

Comme à son habitude, le Main Square arrive à réunir une programmation nationale et internationale exceptionnelle. Les 150 000 festivaliers de la région et même des pays limitrophes viennent principalement pour profiter de celle-ci. En effet, en dehors des concerts sur les trois scènes et dans les cabanes Greenroom, d’un maigre village des associations et de petites animations comme une tyrolienne, les occupations ne sont pas nombreuses. Ce n’est pas non plus ce qu’on vient chercher en se rendant au Main Square qui continue, après 2 ans de silence, de séduire le public. Cette année, la circulation entre les scènes s’est avérée beaucoup plus fluide peut-être grâce à une jauge réduite. Se restaurer était également plus simple avec des stands bien répartis et un nouvel espace du côté de la troisième scène. On regrette toutefois la légère augmentation des prix des consommations et le fait de devoir payer 3€ pour une bouteille d’eau...

Récit : Alban Sauty
Photos : Terry Juttier et Alban Sauty