On était à
Main Square 2019, la Citadelle prise d'assaut

Il est une institution que nous ne manquerons pour rien au monde dans la partie nord de la France début juillet : le Main Square festival. Niché au cœur de la citadelle d'Arras, le festival fêtait cette année sa quinzième édition. Pas les derniers quand il s'agit de célébrer nous nous sommes invités à sa fête d'anniversaire tout comme 125 000 autres festivaliers pendant trois jours. 

21h07, un combat acharné 

Trouver une place de parking près de la citadelle relève du miracle et c'est suite à plusieurs rondes que nous trouvons enfin notre bonheur. Une péripétie vite écourtée dès notre entrée sur le site du festival. Comme les années précédentes on retrouve deux scènes espacées de quelques mètres : la scène Greeenroom et la Main Stage. C'est vers cette dernière que nous nous dirigeons pour applaudir Damso (photo). L'artiste est surpris du tel engouement de la foule pour ses morceaux et celle-ci implose sur les premières notes de "Macarena". 

23h14, deuxième round 

Emportés par la foule, nous déambulons dans les allées du Main Square et découvrons tour à tour une bière à la main, la troisième scène, Le Bastion, ainsi que les nombreux bars et stands de restaurations. On laisse Angèle "balancer son quoi" en quittant la fosse de la Greenroom d'où nous apercevons à peine l'artiste récompensée aux Victoires de la Musique, pour grimper sur les remparts (photo). Là-haut, nous apprécions le panorama et la scénographie travaillée de la jeune belge. Un concert plein d'énergie mais trop court d'autant que nous avions raté quinze minutes du show. Dommage tant son talent est indéniable. 

00h10, Cypress Hill and the Queens

Bercés par la pop de Christine and the Queens entremêlée au rap West Coast de Cypress Hill nous patientons pour nous offrir un burger périgourdin (au foie gras s’il vous plaît !) tandis que la foule se masse pour se restaurer (photo). Encore une fois, le chevauchement des deux concerts est problématique puisque nous avons parfois l’impression d’écouter deux chansons en même temps. Qu’importe, l’ambiance est là et une fois le ventre bien rempli nous partons en quête d’une place devant la régie de la Main Stage ce qui nous laisse quelques minutes pour admirer Chris et ses multiples danseurs. Un show taillé pour les grosses scènes puisqu’il est inspiré du concert donné par l’interprète de « Chaleur humaine » à Coachella. 

1h40, orgie dévastatrice 

Les apparitions de celui que l'on surnomme le serpent se font rares en France et le voir apparaître dans un nuage de fumée sur la Main Stage nous remplit de joie et d'excitation. DJ Snake (photo) livre un set puissant et agressif qui se conclut en beauté avec deux walls of death d'anthologie laissant place à un épais nuage de poussière. Mis à part ce moment épique, du concert, nous retiendrons aussi ce fabuleux moment où le Dj rend hommage à son compatriote Philippe Zdar, moitié de Cassius, disparu tragiquement quelques semaines auparavant. 

On épuise nos dernières forces devant Charlotte de Witte mais au fil du set les basses arrivent petit à petit à un point de rupture. Notre corps est dans la même situation et nous demande de rentrer nous coucher pour être d'attaque pour la deuxième mi-temps le lendemain. Nous quittons paisiblement la citadelle tandis qu'au loin résonnent les BPM. 

Jour 2. 11h05, festivaliers recherchent douche... désespérément

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner pris sur le pouce, nous partons en quête d'une douche. La mission va s'avérer plus périlleuse que ce que l'on pensait puisqu'après avoir fait le tour des piscines, gymnases et même hôtels à la recherche d'une salle de bain, nous atterrissons finalement au camping (photo). On pense pouvoir enfin nous débarrasser des poussières de la veille mais une file d'attente d'une longueur interminable se dresse devant nous. Qu'importe nous attendrons jusqu'à ce que nous soyons tout propres, tout neufs. Quant tout à coup un responsable vient nous voir et nous annonce une terrible nouvelle : il n'y a une pénurie d'eau et l'attente risque d'être longue, très longue... Finalement nous improvisons une salle de bains avec une palette, quelques bouteilles d'eau et du savon, non loin du camping.

16h18, un moshpit, en guide d'introduction

Decouvert grâce à son featuring avec Roméo Elvis, Todie-fort nous livre un set electro aux influences hip-hop très marquées. Le public est déchaîné alors que nous sommes seulement en début d'après-midi. Pour participer à la cohésion de groupe on décide de l'accompagner pour un pogo final sur "Signals" bien évidemment. 

Afin de se remettre de ces bousculades, nous nous lançons pour une petite marche arpentant les moindres recoins du festival. L'occasion de découvrir Cayman Kings sur la scène Le Bastion : un rock Californien très pêchu. Avec la grande roue en arrière plan le groupe permet de redescendre en pression avant les shows du soir. Un petit tour du côté du point d’eau pour nous rafraîchir et nous quittons cette zone fort sympathique. 

20h20, "Le NPDC est une région belle et éternelle !" 

De retour sur la Main Stage pleine à craquer avec un bol de pâtes à la carbonara et une bière à la main, on assiste au come-back de Skip The Use. Comme à son habitude Mat Bastard embrase la scène et le public. Le chanteur est chez lui et ça se voit. Avec une prestance exceptionnelle tant en termes d’énergie que de qualité, il transmet avec sa musique un message de tolérance et de vivre-ensemble que le public reçoit en plein coeur (photo). Le concert se conclut dans une ambiance digne des grands stades et même pourtant pas très rock, Skip The Use aura réussi à nous emporter dans son univers. 

23h40, 1000 degrés dans la soirée et personne peut nous stopper

Alors là, on a un problème : comment évoquer le concert magistral de Macklemore mais aussi celui tout autant fabuleux de Lomepal ? Des images valent parfois mieux que des mots et on ne peut que vous conseiller d’aller voir en replay sur Culturebox le show unique de l’interprète de Can’t Hold Us. Quant au rappeur français, la difficulté à se frayer un chemin pour accéder à la Greenroom témoigne, tout comme la veille pour Angèle, de l’engouement et de la qualité du concert proposé. Avec une scénographie récréant un skate-park sur scène, on prend plaisir à entonner les paroles de toutes les chansons révisées dans la voiture avant d’arriver au festival. On se régale à la fin du show où seuls les vrais fans de l’artiste restent et l’on prend part à un pogo géant.

00h55, 1,2,3, jump !

Arrivés sur Animals, on comprend très vite que rester jusqu’à la fin de Lomepal nous aura fait manquer la prestation de Macklemore qui accompagne Martin Garrix sur scène pour Summer Days. Aussi, nous parvenons à nous frayer un chemin jusqu’au milieu de la fosse. Nous n’irons pas plus loin. De toute façon cela ne servirait à rien puisque nous arrivons à contempler toute la scène de là où nous sommes. Martin Garrix, sur un pied mais bondissant,  propose un show fidèle à ce que l’on connaît. Les novices du style apprécieront la pyrotechnie, les lasers et le mapping sur la croix disposée derrière le DJ (photo). Les connaisseurs regretteront le manque d’originalité du set du producteur de « Virus ». Malgré tout le job est fait et nous pouvons saluer Martin Garrix pour avoir assuré son show tout en étant en convalescence. Nous décidons d’en rester là pour aujourd’hui malgré le show toujours très efficace d’Arnaud Rebotini que l’on vous conseille d’aller voir au moins une fois. 

Jour 3. 16h30, la fatigue prend le dessus

Pourtant levés à 12h30, c’est fatigués que nous commençons ce troisième et dernier jour de festival. Les jambes sont lourdes et les concerts chill de Jonathan Wilson et John Butler Trio ne font que conforter cette volonté de nous poser pour une petite sieste. On avale une boîte de pâtes au pesto et un cocktail fruité puis on part rejoindre le dernier espace du festival que nous n’avions pas exploré : le Square. Après une visite du stand d’arcades (photo) et une tentative de partie de Tetris on retourne vers les scènes pour suivre le reste de la programmation.

18h07, Bring Me The Horizon réveille le Main Square… et nous aussi 

Quelques jours auparavant, on avait entendu parler du groupe Bring Me The Horizon mais c’est véritablement une grosse claque : comme celle qu'on se prend le matin, au réveil quand quelqu'un nous braque une lumière sur nos petits yeux encore endormis. Leur show est explosif dans tous les sens du terme. On a le droit aux lance-flamme, circle pits, confettis... tout est réuni pour faire plaisir aux nombreux fans (photo). Le chanteur n’hésite d’ailleurs pas à descendre à leur rencontre. Quant au reste du groupe, habillés en tenues de graffeurs, ils électrisent la fosse déjà bien remplie en ce début de soirée. 

20h18, « Ici, Ici c’est le Main Square »

Ces mots deviennent rapidement le gimmick du concert de BigFlo & Oli. Ceux-ci livrent un show très attendu par le public qui s’est rajeuni en l’espace d’une heure. On retiendra un concert très abouti mais un horaire de programmation qui n’est pas adapté comme nous le signale le duo toulousain qui aurait préféré être programmé la nuit. Une volonté plutôt logique notamment lorsqu’une lune géante fait son apparition dans le public. Pour une première fois au Main Square, les deux frères ont assuré d’une main de maître leur prestation. Espérons juste que ce n’était pas la dernière fois.

21h22, la fête de trop 

Partis sur la fin du show de Big Flo & Oli, nous arrivons assez facilement devant la Greenroom. La raison : un peu moins de monde en ce dimanche et donc une circulation plus fluide dans le festival. C’est devant Eddy de Pretto et ses rimes tranchantes et bien placées que nous nous posons. Mention spéciale au synthétiseur analogique; il est rare de voir des artistes en utiliser et ici il est parfaitement intégré au concert. Finalement c’est la fête de trop pour notre corps et au vu de la route qu'il nous reste à faire pour rentrer chez nous, on décide de finir notre Main Square 2019 sur les dernières notes du morceau du Kid.

Bilan 

Côté concert 

La superproduction
Macklemore, un concert calibré et complétement dingue à l’image des tenues extravagantes du rappeur américain. 

La claque
Bring Me The Horizon, le groupe nous as mis une claque dont nous ne sommes toujours pas remis. 

La fierté locale
Skip The Use, Mat Bastard s’installe chez lui et fait trembler la citadelle

Le zbeul
Dj Snake, Le serpent a mis un bordel sur la Main Stage comme longtemps nous n’avions pas vu au Main Square.

Côté festival

On a aimé :

- La troisième scène avec la grande roue en arrière plan
- Les points d’eaux, agréables en ces temps caniculaires
- La programmation musicale diversifiée avec des artistes francophones et internationaux
- La sécurité aux abords du festival, la citadelle se révèle être une véritable forteresse.

On a moins aimé :

- L’organisation générale du site, plus assez adaptée pour accueillir autant de monde. Passer de la Main Stage à la Greenroom ou inversement relève parfois d’un véritable défi.
- Les basses pendant Charotte de Witte à rendre sourd... un sourd.
- Les concerts qui finissent trop tôt le samedi soir.
- L’attitude des festivaliers qui préfèrent vivre le Main Square par procuration sur leur smartphone.
- L’accès PMR sur certains concerts complets, les personnes en situation de handicap se retrouvent donc en fosse...

Infos pratiques

Prix des boissons

Desperados Lime : 6,5 €
Pelforth Blonde 6,5 €
Soft (sodas, tropico, citronnade) 4 €
Eau : Gratuit

Prix de la nourriture :

11 € en moyenne, présence de nombreux foodtrucks (burgers, pizzas, pâtes, poulet, aligot,…)

Prix du festival :

Pass 3 jours avec camping : 129 €

Transports :

En voiture : A1 en direction de Lille ou Paris selon l’endroit de départ
En train : Gare SNCF d’Arras
En avion : Aéroport Lille-Lesquin à 45 km d’Arras

Conclusion

Pour ses quinze ans, le Main Square Festival fait fort avec une programmation musicale de haute volée. Que l’on aime le rap, l’éléctro ou le rock, il y’en a pour tous les goûts et les artistes francophones et internationaux se pressent pour être à l’affiche  du festival. Seulement, voilà, le site, pourtant exceptionnel, ne semble plus en mesure d'accueillir autant de monde comme en témoignent les soirées du vendredi et du samedi. De même, il est dommage d’avoir à choisir entre deux concerts et l’idée du chevauchement pourtant intéressant au départ pour désengorger une scène, n’est aujourd’hui plus possible au risque de mettre en danger la sécurité des festivaliers qui se pressent pour admirer leurs artistes favoris. Aussi, l’idée d’une troisième scène apparaît comme une solution, encore aurait-il fallu programmer des noms « plus grands » pour équilibrer les trois scènes. Pour autant, le Main Square est et restera un incontournable de l’été et des étés à venir. Nul doute que l’année prochaine, sur un nouveau lieu ou pas, on sera de la partie.

Récit : Alban Sauty 
Photos : Terry Juttier, François Greuez (Photo 4), Alban Sauty (couv et photo 9)