On était à
Le Cabaret Vert, toujours sur la bonne pente !

Le Cabaret Vert et nous, c’est une grande histoire d’amour. Dernier grand rendez-vous avant la rentrée, c'est un événement écolo à l’identité propre, porté par de nombreux bénévoles que l’on ne manquerait pour rien au monde. Nous avons donc pris tout notre barda, direction les Ardennes afin de voir ce cru 2018 et bien entendu, une fois n’est pas coutume, on vous raconte tout.

Jour 1. 18h01, le changement c’est maintenant.

Il est environ 15h quand nous débarquons à Charleville-Mézières. Généralement nous venons la veille des hostilités pour planter notre tente afin d’éviter la cohue. Notre crainte que le camping du Dormeur du Val soit blindé est toutefois vite dissipée car à première vue, il y a moins de monde par rapport à l’année précédente à cette heure-ci. Nous rejoignons donc sans encombres notre emplacement habituel, tel Jacky Lepic, et c’est seulement après un ou deux apéros avec nos camarades que nous nous retrouvons sur le site du Cabaret Vert. Toujours situé à deux pas du camping, le festival a fait peau neuve (photo). La scène des Illuminations, désormais couverte par un énorme Chapiteau est déplacée, tout comme le bar du Temps des Cerises et les iconiques lettres du Cabaret Vert qui cachent l'une des nouvelles scènes du festival : le Green Floor, scène entièrement dédiée à l’électro que l’on est impatient d’aller découvrir.

22h32, DJ Snake et ses mélodies sifflent dans nos têtes

Avant d’entreprendre quoi que ce soit, nous décidons de troquer nos euros contre des Bayards, seule monnaie valable sur le festival. Cette année, bye bye le plastique, les jetons sont en aluminium et s’inscrivent dans la logique de développement durable prônée par les organisateurs, bien que l’on doute fortement que les Bayards “durent” longtemps dans nos poches tant l’offre de bières locales proposées sur le festival est conséquente. Nous passons une bonne partie de la soirée à boire des coups avec les copains. On se rattrapera devant DJ Snake, la grosse tête d’affiche de ce jeudi soir qui se produit sur la grande scène Zanzibar. Que l’on aime ou pas, force est de constater que le DJ donne tout ce qu’il a sur scène, alternant tubes planétaires et trap violente, le tout accompagné de gros effets scéniques (photo). Rien à redire, ça comble les attentes des fêtards, même si on voit bien qu’il est très épuisé par sa tournée. D’ailleurs il ne cache pas son état de santé au public : “Je suis venu parce que je joue à domicile [...] J’allais pas annuler cette putain de date, vous êtes oufs ou quoi ? Même en chaise roulante je serais venu”.

00h36, la Belgique championne... de la fête !

Nous passons faire un petit coucou à Dillon Francis sur la scène des Illuminations avant de retourner voir Travis Scott. Nous ne sommes pas vraiment conquis par le rappeur américain, et à sa trap music, on préfère de loin la bière trappiste. On embarque donc sur le Bâteau Ivre, le bar spécialisé dans les bières belges, pour se délecter d’une bonne Chimay. À défaut d’être champions du monde de foot, les belges sont les champions de la bière, c’est incontestable ! Cependant on ne brasse pas que de la boisson houblonnée chez nos voisins, on brasse aussi pas mal de talents musicaux. Preuve en est avec la techno pure et dure d’Amélie Lens sur le Green Floor. La jeune belge prend complètement possession de cette nouvelle scène électro, idéalement située, entre les arbres et aux bords de la Meuse (photo) et nous flanque une bonne avoine. C’est parfait pour conclure la soirée. Avant de repartir sur le camping, nous jetons un oeil au Temps des Cerises réaménagé juste à côté de la scène, et qui retrouve un peu de sa splendeur d’antan avec l’atmosphère sauvage et végétale qui pouvait lui manquer lors des éditions précédentes.

2h14, le camping des endormis du Val

Si nous sortons du site aisément, pour rentrer sur le camping c’est une autre histoire. La sécurité procède à une fouille plus que minutieuse et la file est longue... très longue. Nous décidons de ne pas nous presser et de nous installer sur le côté en attendant que ça se passe tout en discutant avec d’autres festivaliers (photo). De mémoire nous n’avons jamais vu ça au Cabaret Vert, mais après presque 1h d’attente nous réussissons tout de même à rentrer au Dormeur du Val avec l’envie de faire la fête. Malheureusement l’ambiance n’est clairement pas aussi folle que l’année dernière. C’est calme. Trop calme. S’ajoute à ça la multiplication des marchands de bonheur venus refourguer dragibus et autres poudres de perlimpinpin aux festivaliers. Bref, quelques heures plus tard à scruter le camping, il ne reste plus qu’à nous coucher avec la désagréable sensation d’être devenus des vieux cons. La fête est finie.

Jour 2. 17h04, à la recherche du temps perdu chez les freaks

À notre réveil, on constate que le camping n’est pas beaucoup plus rempli que la veille. Cela s’explique peut-être par la programmation, décevante pour un certain nombre de festivaliers, ou bien par l’ouverture d’un troisième camping, proche du centre-ville de Charleville ? Quoi qu’il en soit c’est sûr que l’on ne se marche pas dessus. Nous rentrons en début d’après-midi sur le festival, c’est tôt mais malheureusement trop tard pour voir le groupe de power metal Dragon Force dont on peut entendre le dernier morceau au loin sur la scène Zanzibar. Dommage pour nous, nous savons que nous méritons le pire des châtiments pour avoir manqué ça. On se console tout de même en se baladant au Temps des Freaks (photo), l’espace dédié aux arts de rue, réaménagé lui aussi cette année. Ambiance guinguette et foraine avec guirlandes de lumières, jeux de force, caravanes et d’étranges plantes mécaniques disséminées un peu partout, qui s’animent quand les passants s’approchent d’elles. Il y a surtout pas mal de spectacles comme celui de la compagnie Les Goulus : "Techno Circus" un numéro de cirque complètement barré dont nous ne sommes pas ressorti complètement indemne mentalement.

18h02, c'est l'retour du Svink et c'est carrément bandard !

L’heure de l’apéro coïncide avec le grand retour des Svinkels (photo) sur la scène Zanzibar, 10 ans après leur dernier passage au Cabaret Vert. Le groupe de rap à l’esprit rock, potache et festif, qui s’était mis en pause pendant un long moment, écume de nouveau les salles et les festivals, pour le plus grand plaisir des fans que nous sommes. Pendant près d’une heure Gérard Baste, Nikus Pokus et Mr Xavier éructent des “textes orduriers”, sublimés par les instrus d’un DJ Pone en très grande forme. Si le public semble un peu mou et ne pas adhérer d’emblée à l’univers décalé du groupe, la sauce prend petit à petit et le dernier morceau parvient à réveiller le punk qui est en nous. Le Svink reste chic, le Svink reste choc et le Svink reste chou. En tous cas c’est une excellente mise en jambe avant les concerts qui nous attendent plus tard dans la soirée.

19h36, Groin-Groin Fury Road

Après le concert des Svinkels, nous convergeons vers le Groin-Groin (photo). Avec un décor tout droit sorti d’un film Mad Max, ce bar est un de nos points de chute préférés, sachant qu’en plus le Cabaret a décidé de transformer l’essai de l’année dernière en le dotant d’une véritable scène, nommée Razorback, destinée exclusivement aux groupes de rock. Une très bonne idée à notre sens, qui permet aussi de clouer un peu le groin à certaines personnes doutant de la présence de rock dans la programmation du festival. Nous en profitons donc pour regarder une partie du concert de Dirty Wolfgang avant de rejoindre la grande scène pour Seasick Steve. On ne connaît pas vraiment le vieux bluesman, mais en tous cas on est assez admiratif de ce qu’il fait sur scène, particulièrement quand il sort un instrument fait-maison, une sorte de guitare assemblée à partir d’un bidon d’essence et ornée d’une plaque d’immatriculation américaine. Ca en jette ! Hasard total nous apercevons le premier ministre Edouard Philippe au balcon VIP en train d’assister au concert.

21h43, le Cabaret c’est de la bombe baby !

On l’imagine tellement bien secouer la tête sur les hits du Suprême NTM, l'un des groupes que l’on attend le plus du week-end. Quand les deux légendes du hip-hop français finissent par s’élancer sur la grande scène, nous avons les poils tout hérissés. Alors oui, comme lors du concert à Bercy, tout n’est pas parfait : Kool Shen et Joeystarr n’ont plus le même souffle ni la même gnaque qu’il y a 30 ans, mais bon dieu que ça fait du bien ! La liste des guests est impressionnante : Big Red, Daddy Mory, Busta Flex, Zoxea, Lord Kossity...c’est toute une génération qui est présente sur la scène Zanzibar. La foule, un brin mollassonne au début, est très variée : des familles, des vieux lascars, des trentenaires nostalgiques comme nous ou des jeunes curieux venus voir ce que donne le rap de papa avant d'enchaîner avec Damso et son rap “sale” sur cette même scène. Le show fini, nous flânons sur le site sans être réellement convaincus par les artistes proposés, il faut dire que NTM a mis la barre très haute. Rapatriement donc sur le camping, qui, malgré la (faible) pluie, semble avoir retrouvé l’ambiance chaleureuse qui a fait ses grandes heures lors des éditions passés. On déplore cependant le comportement de personnes s’amusant à sauter sur les tentes et tipi, au risque de les casser et de gâcher la fête à certains festivaliers.

Jour 3. 11h34, ambiance détente au camping

À peine levés, nous nous rendons au coin animations, situé à l’entrée du camping. L’espace est plus grand, mieux conçu avec pas mal de zones d’ombre et propose tout un tas d’activités : concours de cuisine, jeux de sociétés, jeux en bois, ping-pong, balle au prisonnier ou loup-garou géant. Les festivaliers qui veulent se détourner de l’apéro ont de quoi s’occuper, bien qu’il y ait un bar pour s’abreuver et même un sound system fonctionnant à l’énergie solaire (photo), original et écolo. On file peu de temps après sur le festival pour recevoir des good vibes du Raspect Crew sur le Green Floor puis à l’espace BD que l’on avait un peu négligé jusque là. Ici aussi il y a du changement, une grande terrasse proposant une multitude de services a été mise en place, le tout dans une ambiance 50’s : achats de bd d’occasions, dédicaces d’auteurs, coin lecture, restauration, bar et plus surprenant encore la présence d’un barbier et d’un tatoueur. Les festivaliers éméchés vont enfin pouvoir venir se faire tatouer sur un coup de tête et regretter leur choix le lendemain et ça, ça nous fait bien marrer !

17h22, des Illuminations au Green Floor

Direction maintenant la Scène des Illuminations. Si nous étions un peu décontenancé par la nouvelle disposition de celle-ci et par le fait qu’elle soit désormais abritée par un gigantesque chapiteau, ça ne nous empêche nullement de nous enjailler sur Kikesa (photo). Le jeune artiste venu de Nancy, très prolifique sur Youtube est une des valeurs montante de la scène rap actuelle et le Cabaret Vert se trouve être l’une de ses premières grosses dates de sa tournée de festivals. Et on doit dire qu’il a plutôt assuré, les morceaux sont variés passant aussi bien du banger violent, à une ôde à sa ville et à des sons plus intimistes. Pour nous c’est une bonne découverte, tout comme Arnaud Rebotini, récemment césarisé pour la musique du film 120 battements par minute, qui joue sur le Green Floor et qui précède un artiste que l’on est pressés de retrouver : Vladimir Cauchemar. Le DJ à la tête de mort parsème ses sonorités hip-hop et house sur une foule électrisée complètement acquise à sa cause. Nous sommes convaincus une fois de plus, le Green Floor apportant une dimension supplémentaire à son set d’1h10 que l’on trouve un brin trop court.

22h08, émerveillement des papilles au plus beau cabaret du monde

Nous ne sommes pas plus chaud que ça à l’idée de voir Phoenix sur la grande scène et on préfère largement faire le tour des stands de nourriture très nombreux sur le festival. Quelques nouveaux stands pour cette édition : Plaza Pizza, la Papille Verte et ses spécialités véganes, la Papinette et ses petites douceurs sur la terrasse BD ou encore celui des kebabs ardennais (que l’on trouve très peu garnis d’ailleurs). Notre choix se porte finalement sur une valeur sûre : la Poutine du Mother Road (qui bénéficie d’ailleurs d’un stand beaucoup plus important qu’auparavant). S’ajoutent à ça quelques ribs de porc de la Bar Back. Nous repensons alors à la conférence sur le véganisme à laquelle nous avons assisté un peu plus tôt à l’Idéal, le village associatif du festival et nous culpabilisons... environ 5 secondes... avant de dévorer goulument nos denrées. Installés sur une table du Square Garden nous admirons une nouvelle fois la décoration du site (photo). Les organisateurs et les bénévoles se sont encore une fois surpassés pour rendre cet endroit magnifique. Des lumières sont disséminées un peu partout pour mettre en valeur la végétation présente dans tous les recoins du festival et beaucoup d’espaces sont mis à disposition pour que les festivaliers puissent se poser tranquillement entre deux concerts.

00h01, les Monkeys envahissent Zanzibar

On se rince (un peu) l’oeil et on rigole (beaucoup) en visionnant les films coquins projetés à l’Idéal Cinéma, lieu que l’on avait un peu zappé en 2017 mais qui propose divers clips, courts/moyens ou longs métrages au cours des 4 jours de festivités. On écourte cependant la séance car voici l’entrée en scène des remplaçants de Booba : Shaka Ponk (photo). Si l'auto proclamé Duc de Boulogne était loin de faire l’unanimité dans nos rangs, ce n’est pas le cas du groupe d’électro-rock que l’on a déjà vu deux fois au Cab’. Le chanteur/leader Frah ne tient pas en place : il court, parle, saute et fait des slams dans le public, parfois en fait trop mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas faire le taff. Au passage les Shakas livrent certainement un des plus beaux shows visuels de cette édition. Nous sommes par ailleurs étonné de ne pas voir davantage de festivaliers devant la scène Zanzibar, certes il y a du monde mais la foule semble clairsemée. Avant de repartir sur le camping, nous décidons de nous faire un dernier kiff sur la scène des Illuminations pour profiter pleinement du reggae de Jahneration mais aussi de la chaleur humaine (et des odeurs d’herbes de Provence) émanant des festivaliers, car depuis vendredi les températures sont en chute libre et dire qu’on se les gèle est un doux euphémisme. C’est notre dernière nuit sur le camping et nous nous couchons plus tôt que les autres soirs, satisfaits de notre festival mais un peu résignés face au manque de folie des festivaliers de cette année. Et c’est précisément à ce moment là qu’un campeur décide d’allumer un feu d’artifices à quelques encablures de notre campement. Vous voyez quand vous voulez !

Bilan

Côté concert

Les bêtes de scène
NTM, 30 ans de hip-hop, plus de 100 ans à eux deux et toujours au top

Les pouët-pouët maudits du rap français
Svinkels, comme souvent présents à l’heure de l’apéro

Le capitaine qui n’abandonne jamais le navire
DJ Snake, même sur les rotules il aurait fini son concert

Le crâneur
Vladimir Cauchemar et son beau masque de tête de mort

Les jokers de luxe
Shaka Ponk, merci Booba !

Ceux qui font un tabac
Jahneration, ils dépoussièrent un peu le reggae à papa

La bonne vibe lorraine
Kikesa, un rappeur nancéien dont on a pas fini d’entendre parler

La belge qui gagne
Amélie Lens, plus efficace que Lukaku pour mettre une avoine

Côté festival

On a aimé 

- La déco de dingue et les nouveaux aménagements faits sur l’ensemble du festival
- Les deux nouvelles scènes que sont le Green Floor dédiée à l’électro et la scène Razorback dédiée au rock
- Le développement durable qui reste toujours au coeur du projet du Cabaret Vert
- Toutes les activités mises en place en dehors des concerts : cinéma, art de rue, BD, conférence... on a l’embarras du choix
- Les bénévoles : sympas, efficaces, souriants, un grand merci à eux !
- La très grande offre de boissons et de nourriture 100% locale.

On a moins aimé 

- Les portions de nourriture peu garnies sur certains stands
- Le manque de folie global des festivaliers sur le camping et même l’ensemble du festival
- La programmation des têtes d’affiche : si on excepte Shaka Ponk qui est venu en remplacement de Booba, il manque un gros nom rock qui porte haut les valeurs du Cabaret Vert.
- Le thème de cette année : comme lors des 2 éditions précédentes on cherche mais on ne comprend pas bien où le festival veut en venir...

Infos pratiques

Prix de la bière
Entre 5 et 7 euros la pinte (et c’est de la bonne)

Prix de la nourriture
8 euros le burger ardennais avec les frites, 6 euros la poutine...

Prix de festival
Pass 4 jours à 79 euros en prévente et 99 euros en plein tarif

Camping
10 euros en prévente et 15 euros en plein tarif

Transports
A 1h de Reims, 1h de Charleroi, 2h de Lille, 2h de Metz, 2h30 de Paris
La SNCF propose des retours à 1 euro depuis Charleville-Mézières dans n’importe quelle gare de Champagne-Ardenne, sous présentation du billet aller et de la place de concert.

Conclusion

Pas de record d’affluence en vue pour le festival ardennais cette année. “Seulement” 94 000 festivaliers, c’est 4000 de moins que l’an dernier. En revanche les nombreux réaménagements entrepris sur le site, qui auraient pu décontenancer les vieux habitués que nous sommes, sont réussis. Cela affiche une nouvelle fois les grandes ambitions des organisateurs consistant à faire du Cabaret Vert un événement incontournable sur la carte des festivals français, voire européens. Reste à espérer que la nouvelle génération de festivaliers qui se profile saura rester fidèle aux valeurs respectueuses et écologiques prônées le Cabaret Vert. Pour notre part, c’est déjà le cas, et peu importe la programmation, c’est surtout l’état d’esprit du festival qui nous plait. On a encore passé notre dernier week-end d’août de la plus belle des manières ! À l’année prochaine !

Récit et photos de Josselin Thomas et Fanny Frémy