On était à
Jazz à Vienne 2021, un voyage dans l'ère post-covid

2021 : une année particulièrement mouvementée au Théâtre Antique de Vienne. L’équipe organisatrice du festival Jazz à Vienne s’est battue tour à tour avec des annulations, des reports, des couvre-feux, des réglementations sanitaires constamment changeantes, des jauges variantes... Notre propre aventure devait initialement commencer le 23 juin, mais c’était sans compter sur les quarantaines et restrictions covid imposées aux britanniques entrant en France qui ont poussé à l’annulation du concert de Jamie Cullum. Nous avons donc dû composer avec notre impatience trois jours supplémentaires. Spoiler : ça valait le coup. 

Jour 1. 26 juin 2021. 19h03, le retour en terre promise

Les gars… On s’apprête à aller voir un concert ! On peine nous-même à y croire après tous ces mois de pénurie culturelle. Pour nous rendre à la deuxième soirée du festival Jazz à Vienne, placée sous le signe du Brésil, on prend le train au départ de Lyon. 7 euros et 27 minutes plus tard, nous voilà dans la cité antique, à 10 min à pieds de son magnifique théâtre teinté ce soir des plus belles couleurs du coucher du soleil estival, à l'occasion de nos grandes retrouvailles. 

Au deuxième niveau du théâtre, un bénévole nous tend un grand carré rouge en plastique souple. Il nous indique de placer cet objet “génération Covid” à côté de nous afin de faire une séparation avec le groupe mitoyen. C'est ingénieux et simple, mais 50% du public de ce soir n'aura pas compris l'utilité de cet objet démoniaque. Certains s’assoient dessus, d'autres les placent en bout de rangée … des moments divertissants, idéaux pour nous faire patienter avant le premier concert.

20h30, la douceur du Brésil

Il est l'heure, la musique va commencer devant un théâtre qui n'est rempli qu’à moitié alors que quelques retardataires cherchent encore des places au milieu de notre belle mosaïque de carrés de couleurs. Benjamin Tanguy, directeur artistique du festival, prend la parole avant le concert pour présenter la soirée, en n'oubliant pas de préciser que Seu Jorge, initialement tête d’affiche ce soir-là a annulé l’ensemble sa tournée européenne au profit d’un tournage Netflix. Beau test de puissance vocale du public qui siffle fort ce choix contestable.

Lucas Santtana lance la soirée, seul en scène avec sa guitare. Extrêmement sympathique et charismatique, le brésilien communique énormément avec son public et dès la deuxième chanson il fera chanter en chœur le théâtre. A travers son discours et ses chansons engagés il n’oubliera pas de s’opposer au président brésilien, et sa guitare habillée d'un autocollant « This Machine heals fascists » pose d’emblée le personnage. Il terminera le concert sur une chanson inédite en français, dotée d’un message écolo puissant : « La biosphère, c'est la nouvelle ère » que le public entonnera à pleins poumons dans un moment très émouvant. 

22h24, está na hora de dançar 

La deuxième partie de la soirée ne va pas tarder et on se dépêche d’aller faire une petite pause technique. Un peu déboussolés devant la fluidité des queues aux toilettes, on va peut-être bien finir par s'habituer aux petites jauges qui ont aussi leurs avantages.

Chico César entre en scène pour remplacer au pied levé Seu Jorge. Terminé les ballades guillerettes, on met les pieds dans un rythme plus dansant avec un groupe guitare, basse, batterie. Il aura fallu au groupe tout juste 5 minutes pour faire lever l’ensemble du théâtre et pour faire déplacer la communauté brésilienne au devant de la scène. Le chanteur tombe des nues devant ce nombre de ses compatriotes présents ce soir, et nous aussi. On découvre un personnage folklorique et un peu barré qui ne lâche rien et motive la foule. Il mettra une ambiance de feu jusqu'à la chanson finale où un grand nombre de danseurs survoltés le rejoindront aux côtés de Lucas Santtana, sur scène, et tant pis pour les festivals ‘assis’ !

Jour 2. Lundi 28 juin. 20h34, l’équipe suisse mène à Vienne

Ce soir, un choix cornélien s’imposait à nous : passer notre soirée dans un bar à regarder le match France-Suisse ou bien retrouver la ferveur des concerts en live. Le choix est vite fait pour les mélomanes que nous sommes, mais on suivra tout de même le match grâce à quelques coups d'œil jetés sur le téléphone de notre voisin de devant branché sur le stream, avant de rapporter le score à nos voisins de derrière.

La soirée au théâtre antique s’annonce de haut niveau : en première mi-temps on a le droit au trompettiste franco-suisse (vous allez pas nous faire croire que c’est une coïncidence...) Éric Truffaz, qui entre sur scène accompagné de ses 3 musiciens synthé, basse, batterie. Dès les premières notes, il annonce la couleur : avec lui, on va voyager. Entre un sample hip-hop qui vient s’ajouter au jeu des musiciens, des synthés à la sauce psychédélique et les ambiances de vieux polar des années 60, il dépeint déjà bien ce dont il est capable. Chaque musicien aura le droit à son solo avec une mention spéciale pour celui du batteur d’un niveau impressionnant. 

Son premier invité, le chanteur et beat-boxeur Sly Johnson, ancien du Saïan Supa Crew, entame une conversation chant et trompette, enchaîne avec un solo beat box-batterie à faire groover tout le théâtre antique. Clairement on se dit que Truffaz qui est pourtant sur le circuit depuis longtemps n’a rien à envier à la nouvelle scène jazz UK qui, comme lui, amène des genres plus actuels dans le jazz.

22h12, Ibrahim Maalouf, bien plus que deux étoiles

Mi-temps à Jazz à Vienne, égalisation de Benzema, cris de joie et applaudissements. Certains tentent même de lancer une ola, avant l’arrivée du showman de la soirée, Ibrahim Maalouf, présent pour une deuxième soirée consécutive pour jouer son projet “Sens” et entouré d’un groupe impressionnant d’une quinzaine de musiciens. On est vite pris dans son ambiance aux tendances latino-américaines qui se marient parfaitement avec ses musiques les plus populaires. Il passe de la trompette au piano et interagit sans cesse avec le public qu’il fait danser, chanter et peut-être bien même frissonner. Mais il n’est jamais aussi bon que dans les moments où il reste quasi seul sur scène avec sa trompette pour nous rappeler qu’il est avant tout un surdoué de son instrument.

Jour 3. Vendredi 2 juillet. 20h38, vol direct La Havane - Yaoundé

Ce soir, pour la soirée cubaine, le soleil a respecté le dress-code et berce doucement les primo-arrivants sur les pierres brûlantes. Un beau prétexte pour nous, qui sommes arrivés en avance, pour prendre un apéro rafraîchissant. Au bar, pas de queue. Des bénévoles passent directement dans la file d’attente pour prendre les commandes et encaisser le public qui peut aller chercher sa consommation sans attendre au guichet. Encore un système astucieux de l’ère covid qui, nous espérons, sera conservé pour les éditions futures. 

Dans les gradins, les premières notes du concert de Richard Bona, le bassiste camerounais, et Alfredo Rodriguez, le pianiste cubain, résonnent à peine que notre envie de danser se réveille déjà, mais le public de ce soir est bien plus sage que celui que nous avions découvert en début de festival. Seul un “déssoiffeur” met l’ambiance dans la fosse, avec ses gobelets en l’air et la banane aux lèvres. S’en suit une magnifique conversation basse-piano-voix entre les deux artistes et une traversée de l’Atlantique rythmée et dépaysante aux côtés du trompettiste Carlos Sarduy, du tromboniste Denis Cuni, du percussionniste José Montana et du batteur Ludwig Afonso

22h29, ah ah de Cuba yo soy

C’est un autre virtuose de terre cubaine qui viendra mener la soirée à son apogée. Derrière ses airs un peu sévères au premier abord, on découvre très vite un Roberto Fonseca blagueur et très proche de son public. Son doigté, qu’il semble maîtriser avec une simplicité déconcertante, est totalement hypnotisant et on se laisse facilement aller à une transe pianesque enivrante. Il impressionnera également par ses invités : le saxophoniste américain en vogue Ben Wendel, qui remplace Kenny Garret ce soir, et la chanteuse cubaine Omara Portuondo, la grande diva du Buena Vista Social Club, 90 ans, qui est aussi éblouissante et époustouflante que touchante, et qui nous arrachera presque quelques larmichettes. Elle remplace ce soir la chanteuse de R&B cubain Danay Suárez. Un remplacement pour le moins brillant.

Fin de concert, mais pas de panique pour rentrer cette fois-ci, même pour nous qui habitons à Lyon. Un train spécial est mis en place pendant toute la durée de Jazz à Vienne en fin de soirée, en partenariat avec SNCF et avec un tarif spécial pour les détenteurs du billet du jour. Habile !

Jour 4. Dimanche 4 juillet. 20h15, le fin gratin de Manu Katché

Le 4 juillet à Vienne est décidément une soirée à part. Une soirée “à part” tout d’abord car la tête d’affiche Marcus Miller a décidé d’annuler sa tournée européenne à la dernière minute. “A part” également car une carte blanche est accordée au batteur français, Manu Katché. Pour s’adapter à l’annulation de la star américaine, le festival a décidé de changer son programme, une fois de plus.
Le batteur vient présenter sur scène une version live de son émission “One Shot Not” diffusée sur Arte de 2008 à 2011. Considérée par beaucoup comme l’émission musicale de référence du PAF, elle accueillait les plus grands artistes autour d’un principe de bœuf géant où les artistes de tous horizons se mélangeaient et jouaient ensemble.
Ce soir, pour le retour exceptionnel de l’émission sur la scène du Théâtre Antique, une flopée de stars ont répondu à l’appel : Michel Jonasz, Sophie Hunger, Jazzy Bazz, Célia Kameni et Raul Midón. Dans une ambiance feutrée de plateau télé, les artistes s'enchaînent : la voix de Sophie Hunger, le flow de Jazzy Bazz, la prestance de la jeune lyonnaise Célia Kaméni, le retour sur scène de Raul Midon après avoir assuré la première partie et bien évidemment, l’artiste annoncé le plus attendu : Michel Jonasz. Après “Du Blues”, “Super Nanas” et “Lucille”, ses classiques, le chanteur a le droit à une standing-ovation. Difficile pour Manu Katché, bien que parfait MC, d'enchaîner et il peine à en placer une face à un public qui hurle le retour de Michel Jonasz. Pourtant, Manu a un invité surprise à présenter...

22h49, quand ton invité surprise est en fait... une star mondiale

La rumeur a couru pendant la journée et certains l'avaient aperçu à Vienne la veille vers son lieu de répétition. C’est bien Sting l’invité surprise de cette soirée. De quoi calmer le public, resté bouche bée face à la star britannique. L’ambiance monte encore d’un cran aux premières notes de “Shape of my heart” et le public restera debout pour les 5 morceaux joués par le chanteur de Police. Certains hallucinés restent scotchés, d’autres filment chaque instant pendant que la plupart chante et danse en cœur avec l’artiste, accompagné évidemment par son ami Manu Katché à la batterie. Pour ses 40 ans, le festival a préparé bien des surprises, mais celle-ci restera gravée dans l’histoire du festival comme l’un de ses plus beaux concerts.

Jour 5. Lundi 5 juillet, 20h32, quand le jazz drague le rock

Un énième test antigénique en poche et la fouille passée, nous nous dirigeons d’entrée de jeu vers le seul stand de nourriture du festival. Au programme : des sandwiches et quelques quiches. Uniquement. Et bien qu’il y ait du choix en termes de saveurs, et que l’ensemble des produits viennent de circuit-court, et que le packaging est totalement compostable et transformable, le prix de 8€ pour un sandwich végétarien très très peu garni, laisse une saveur amère. Et ce n'est pas à cause de ses trois radis. 

A peine le temps de se poser au-dessus de la régie (les vrais savent) que Vincent Peirani arrive sur scène avec son accordéon pour une carte blanche, accompagné du violoncelliste Vincent Segal, du guitariste et chanteur folk Piers Faccini mais aussi d’un groupe clarinette, batterie, basse, synthé. Le groupe est rejoint rapidement par des élèves du conservatoire de Lyon aux bois et aux cuivres, qui donnent une énorme ampleur à la musique. Après quelques minutes de set, le groupe nous balance du jazz progressif avec un solo de clarinette comme on en avait encore jamais vu, avec une gestuelle proche de celle d’un guitariste de rock. Cette énergie on va la retrouver tout au long du concert et notamment quand le groupe nous sort une réinterprétation de Kashmir et de Stairway to Heaven de Led Zeppelin.

22h08, la transe Cohen

La musique d’Avishai Cohen (le contrebassiste) est très intimiste et on se sent tout de suite envoûté. Sur scène on découvre un trio contrebasse-piano-batterie et on sent qu’on est face à trois musiciens en osmose parfaite. La contrebasse et le piano se répondent à coup de solos et de montées en puissance, pendant que la batteuse nous montre toute l’étendue de sa technique. On sent Avishai Cohen comme possédé par son instrument, avec ou sans son archet et on rentre volontiers en transe avec lui. Après avoir salué le public une première fois, il revient sur scène seul pour quelques musiques dont une reprise de Nana Mouskouri en contrebasse chant impressionnante de puissance. Le public est conquis et en redemande. Avishai Cohen ne semble pas pressé de quitter la scène et c’est tant mieux. 

Jour 6. Jeudi 7 juillet. 19h45, soirée girl power    

La nouvelle est tombée le jour-même : Arlo Parks ne pourra honorer sa présence sur le festival du fait des restrictions sanitaires. C’est un coup de massue supplémentaire qui s’abat sur l’organisation du festival et on est très agacé de cette décision prise très tardivement par l’artiste. Les mesures sanitaires sont en vigueur depuis un an, quand on ne souhaite pas les respecter, on ne s’engage pas.  

Elle sera remplacée par Maë Defays qui est déjà sur scène à notre arrivée et semble ravie d’être là aux côtés de son groupe. Ensemble, elles dégagent une bonne énergie positive qui capte bien le public, qu’on note plus jeune que les soirs précédents. On aura un peu plus de mal à accrocher pour notre part, et on part s’installer en hauteur et profiter de nos sandwiches… faits maison et bien garnis ce coup-ci !

20h44, Lianne arrête le temps

Lianne La Havas arrive seule sur scène accompagnée uniquement de sa guitare électrique et de sa superbe tenue seventies. Dès les premières notes on sent qu’elle n’a besoin de rien de plus que de sa voix pour remplir l’espace sonore du théâtre antique. Pour profiter du spectacle, on décide de descendre en fosse. Quel plaisir de pouvoir à nouveau être aussi proche de la scène, debout, à partager le concert avec des inconnus !

Pendant près d’1h15 la britannique nous propose un mélange entre soul et RnB acoustique qui met parfaitement en valeur sa voix magnifique. Le temps semble un peu s’arrêter et on aimerait que ça continue des heures. Ce qui n’est pas le cas d’une bonne partie public visiblement venu pour voir Imany et qui nous paraît plutôt distrait. Dommage pour eux, nous on a pris notre pied.

22h07, et une, et deux, et trois reprises

Imany, quant à elle, a clairement mis le paquet sur la scénographie. Lumières rouges et sombres, elle entre en scène accompagnée de 8 violoncellistes tout de couleurs sombres vêtue et avec un arborant un grand chapeau qui cache son visage. Elle commence par chanter une marche funèbre a capella, puis vient s’asseoir au milieu de la scène sur un immense siège en forme de trône et enchaîne par une superbe chanson gospel. Entre sa voix rauque et le décor de la scène, son entrée est clairement réussie. Malheureusement, on ne pourra pas en dire autant du reste du concert. Son live est basé sur des reprises de chansons qu’elle apprécie particulièrement et qui ne sont, à notre avis, pas toujours adaptées à sa splendide voix. Certaines chansons trop pop ou trop dansantes nous ont carrément semblé hors de propos. On décidera de partir avant la fin, au moins comme ça, on évitera les bouchons.

Jour 7. Samedi 10 juillet, 19h30, And All Night Jazz

Ce soir le festival touche à sa fin, et comme tous les ans, c’est avec des concerts jusqu’au petit matin que nous allons nous dire “à l’année prochaine”. Alors que la météo annonçait orages et damnation, le temps sera plutôt clément, à l’exception de quelques gouttelettes qui viendront nous rafraîchir par moments. C’est le groupe Léon Phal Quintet, lauréat du tremplin RéZZo Jazz à Vienne 2019, qui ouvre les festivités ce soir. Le public est encore éparse en ce début de soirée mais prêt à en découdre et même si le genre proposé est plutôt doux, certains font déjà démonstration de leur meilleurs pas de danse dans la fosse. 

22h03, Hey, soul makoosa !

Cheick Tidiane Seck présente ce soir un hommage au virtuose pianiste de Brooklyn, Randy Weston. Il est accompagné d’un fin gratin pan-africain : le saxophoniste ivoirien Yizih Yodé, le percussionniste burkinabé Adama Bilorou Dembele, le batteur américain Marque Gilmore et le bassiste Momo Hafsi. Le musicien malien invitera également sur scène le marocain Majid Bekkas et son guembri pour plusieurs chansons pour une symbiose africaine sans frontières. Sénégal, Maroc, Côte d’Ivoire, Algérie, le fin melting pot musical célèbre un magnifique mariage entre le jazz et les musiques africaines et les sourires intenses des musiciens sur scène contaminent l'ensemble du public.

23h36, en choeur avec Ayo

Si on nous demande notre avis (non.), on aurait probablement fait passer Ayo, en début de soirée. Même si la douceur et l’extrême gratitude de la chanteuse nous remplissent le cœur d’un million de paillettes, couplés à sa voix magique qui nous fait frissonner, c’est un peu les montagnes russe de l’ambiance. Mais qu’importe, la chanteuse germano-nigeriane, qui fête ses 40 ans cette année tout comme le festival, réussit à nous faire chanter du RnB comme des grosses brêles, ce qui la fait marrer et ce qui nous réjouit à notre tour : “ça fait longtemps, qu’est-ce que ça fait du bien !” - on te le fait pas dire !

02h05, Ya rayah !

Avec Hakim Hamadouche en MC, l’Armée Mexicaine de Rachid Taha prend possession des lieux et soudain raï, techno, rock, punk et new wave se mêlent dans un joyeux bordel qui nous fera perdre tous nos moyens et la maîtrise des mouvements de nos jambes. Côté invités, pléthore de talents : Sofiane Saidi, Julien Jacob, Yebga Likoba, Habib Farroukh, Rodolphe Burger, Hamza Bencherif, Amina… Une partie du public a dû quitter les lieux dès la deuxième chanson pour aller courir après le dernier train de la soirée, Cheick Tidiane Seck et son orchestre ayant joué 30 min de plus qu’il n’était initialement prévu. Les survivants ont eu raison, c’est de toute évidence la meilleure ambiance du festival qu’on vit dans cette fosse du théâtre antique couronnée par un "Rock el casbah" explosif en fin de setlist.

04h45, j’ai beau être matinal, j’ai mal

Une transition aux petits oignons avec le cubain Cimafunk et son groupe qui mêle funk et afro-cubain et arbore surtout les paillettes et les pattes d’eph' comme plus personne de notre siècle et qui nous donne envie de continuer à nous dépenser malgré le marathon qu’on vient de subir lors du concert précédent. 

On nous avait chuchoté que l’homme orchestre excentrique Mezerg jouerait au cœur du public dans le théâtre ce soir. Mais il n’en est rien finalement et le dernier artiste de la soirée déboule comme tous les autres sur scène… mais en short de bain. Très rapidement il sera rejoint par le violoniste Emilio Castiello mais aussi un grand nombre de festivaliers qui transforment la scène en dancefloor géant. Après le voyage autour du monde qu’on a vécu ce soir, on a dû mal à atterrir sur cette planète électro-techno débridée. On se rue plutôt sur le stand de viennoiseries et café offerts par les bénévoles du festival et on laisse les plus dynamiques bambocher à notre place. 

On quitte les lieux remplis d’émotions et de souvenirs, vides d’énergie et… d’idées de que faire de nos corps pendant les 2h30 qui nous séparent du départ du premier train pour Lyon. Et si on faisait le récap’ ?

Bilan 

Côté concerts 

La valeur sûre
Lianne La Havas, tel Ulysse devant les Sirènes, tu tomberas en hypnose devant son talent 

La découverte
Vincent Peirani, des passages musicaux qui allient à la perfection puissance et douceur et une atmosphère magique

La bamboche retrouvée
L’orchestre mexicain de Rachid Taha, aucun être sensé ne peut résister à l'appel de la danse avec cette formation

Le magicien de service
Manu Katché, qui te sort Sting de son chapeau sans prévenir

Le gars avec qui on veut aller boire des coups
Lucas Santtana, avec ses blagues, ses convictions, son sourire

La déception
Imany, une voix envoûtante et ténébreuse qu’on aurait aimé retrouver dans son répertoire d’origine

Côté festival 

On a aimé : 

- Retrouver les concerts, au soleil et sous la lune… tout simplement.
- Retrouver les fosses, la danse, chanter (faux) à tue-tête
- Des bénévoles toujours au taquet, souriants, prêts à aider et à guider
- Pas de files d’attente : ni à l'entrée, ni au bar, ni aux toilettes. 
- Les poubelles de tri ludiques et même une poubelle biodéchets en vue de produire de l'énergie !

On a moins aimé : 

- L’offre alimentaire très pauvre, et plutôt coûteuse. On demande le retour du stand de burgers.
- Poireauter de 5h à 8h à Vienne suite à la All Night, avant le premier train de la matinée.
- Le public qui vient voir qu’un seul artiste dans la soirée et passe le reste des concerts à papoter. Un big up spécial à la dame qui nous a appris la recette du mojito au Thermomix… à notre insu.

Infos pratiques

- Prix des boissons : 5,50€ la pinte de blonde, 6,50€ la pinte de blanche, 4€ le verre de vin
- Prix de la nourriture : sandwich végétarien à 8€
- Prix du festival : 1 soirée : 37€ / pass 7 soirées : 190€ / pass intégral : 350€
- Trains depuis Lyon Jean Macé et Lyon Part Dieu : 17min

Conclusion

17 jours de festival dont 7 pour nous : autant dire qu’après une année sans culture, on a pu refaire le stock d’émotions et d’énergie comme il se doit. En cette période encore très limitée par l’omniprésence du Covid-19, le festival Jazz à Vienne reste la meilleure façon de s’évader au bout du monde, du Brésil au Mali, de Cuba à Londres, du Liban jusqu’au Maroc. 

Récit : Anja Dimitrijevic, Alexis Gonnord, Thomas Lafond
Photos : Anja Dimitrijevic, Eva Sanchez