On était à
Festival Reperkusound, une dixième en orbite

C’est presque une habitude, depuis plusieurs années on passe le weekend de Pâques du côté de Lyon pour le Reperkusound. Année anniversaire, le festival a fêté ses 10 ans pendant 3 jours aux rythmes électro, drum and bass, trance et rock. Retour sur un weekend pascal où nos journées démarrent rarement avant 20h !

Jour 1. 23h00, L’apéro tramway

Commençons par situer le Reperkusound. Le festival se déroule au Double Mixte, un complexe de salles d’examens au milieu du campus de la Doua à Villeurbanne. C’est donc en tramway (photo) depuis le centre de Lyon qu’on s’y rend. Et comme les autres festivaliers, on y termine notre apéro dans une ambiance conviviale de pré-festival, bières et mélanges à la main. A l’entrée de la salle aucune attente. Tout est fluide comparé aux éditions précédentes et on se retrouve rapidement devant Kadebostany. Habitués des festivals les Suisses font le boulot. Rap, électro, fanfare… ils sont inclassables. Parfait pour entrer dans le vif du sujet.

00h55, Joris Delacroix lance les hostilités

Les allées se remplissent doucement, le public est encore peu nombreux mais le set de Joris Delacroix (photo) dans la salle du haut, salle principale, attire les foules. C’est la valeur sûre ce soir, ses sets ne déçoivent quasiment jamais. Les amateurs de deep house sont sous le charme, le set est pointu mais reste accessible. Sauf qu’à une heure tardive on en veut plus et c’est dans la salle du bas qu’on trouve la dose de “violence” qu’on recherche. Cyberpunkers, masqués sur scène, font dans l’électro trash/ electro punk à l'italienne comme leurs compatriotes des Bloody Beetroots. Le public est bien plus dynamique ici, certains tentent même des pogos… “Violence” on a dit !

02h35, déambulation spatiale

Le Double Mixte n’a rien de sexy pour accueillir un festival, mais chaque année l’organisation s’efforce de “personnaliser” ce grand espace froid et métallique. Pour les dix ans l’objectif était de “propulser le public dans une autre dimension”. Challenge pas complètement réussi malgré ce “portique spatial” (photo) qui nous amène devant la Galerie des Curiosités Smicarts dans la salle du haut, un espace animé par des artistes tout le weekend (graph, peintures…). Le tour est rapide, l'espace n'est pas grand. Très vite on rejoint le rez-de-chaussée, le titre Djon Maya Maï de Synapson nous attire devant la scène. Comme nous une bonne partie du public se retrouve devant le dj set des deux Parisiens, la salle est remplie.

04h40, Un dernier Jean Tonique pour la route

Ça sent la fin de soirée et on s’essaie devant I Am un Chien. Machine et guitare sur scène, leur heavy électro est bien trop violente et métallique à cette heure tardive. En bas c’est Jean Tonique (photo) qui ambiance le Double Mixte avec un set électro disco des plus survoltés ! On entend ses productions comme Singin’ a Song ou Dynomite mais c’est définitivement la mythique ligne de basse d’ Intro d’Alan Braxe & Fred Falke qui résonnera encore dans notre tête au petit matin.

Jour 2. 23h20, La Yegros en guise d’échauffement

Le deuxième jour démarre comme le premier, sauf qu’aujourd’hui c’est La Yegros (photo) qui nous chauffe. Beaucoup de djs au programme ce weekend, on se voit ravi de commencer cette soirée avec la charmante chanteuse argentine. Le mélange cumbia et électro dépote sur scène, le groupe déborde d’énergie avec un set festif. On est encore peu nombreux devant la scène et c’est bien dommage. Quoiqu’il en soit on découvre ce groupe punchy dansant, et world, c’est idéal pour se remettre en jambe une bière à la main, et pas n'importe laquelle, une Grihete, une bière artisanale de la Drôme.

01h10, décolage avec Amon Tobin

Le festival avait annoncé sur les réseaux sociaux une déco exceptionnelle, et force est de constater que jusque-là on est déçu. Mais à l’arrivée d’Amon Tobin le festival, qui avait préparé le coup, sort le grand jeu. Les sirènes raisonnent, le compte à rebours démarre, les confettis explosent sur le public (photo) et des drôles de formes descendent du plafond transformant la salle en univers à la Stargate. Autant dire qu'après ça le public est bouillant, et il ne faut pas longtemps au dj brésilien pour s'en emparer. En un peu plus d'une heure il balaye tout le spectre de la bass music, terminant avec une session drum efficace devant des spectateurs survoltés.

03h00, Noisia “Lyon how do you feel ?”

Habituellement 3, seul Thijs De Vlieger, prononcez-le comme vous pouvez, arrive derrière les platines micro à la main en lâchant un “Lyon faites du bruit” en guise d'intro. Le Néerlandais séduit le public tout de suite et envoie sans demi-mesure de la grosse drum & bass qui tâche. On danse et s’exclame à chaque montée, le set parfaitement maîtrisé nous ravit pendant 1h30. Le remix de Smack My Bitch Up repris par toute la salle nous met sur un petit nuage jusqu'à la fin du set ! Bravo Noisia.

Difficile de se remettre de la perfection du set de Noisia, mais on reste quand même devant IPhaze, une des belles surprises de notre soirée ! Le duo clavier-batterie fait preuve d'une efficacité radicale et continue dans la lignée des sets précédent. Le live drum and bass est visuellement agréable et nous fait une nouvelle fois rester jusqu'à la fermeture. Le dimanche de repos ne sera pas de trop avant d’attaquer la dernière ligne droite.

Jour 3. 00h50, Les tontons flingueurs

L’arrivée est encore plus tardive pour ce troisième et dernier jour qui affiche complet. On prend un sacré coup de vieux à notre arrivée, la moyenne d'âge a pris dix ans en 24h ! Fini les débuts de soirée avec instruments et ambiance fanfare ou cumbia, ce soir c’est devant Superdiscount 3 qu’on démarre. Les “tontons” de la French Touch, Etienne de Crécy en tête, n’ont plus rien à prouver mais font clairement comprendre au public lyonnais que c’est eux les patrons ! Funk, électro, house, techno… tout y passe dont les deux derniers morceaux du groupe “Hashtag my ass” et “Cut the crap”.

01h30, la techno folle de Boris Brejcha

Depuis les Trans Musicales de Rennes, il y a un set qu’on attend particulièrement c’est celui de Boris Brejcha. Le dj allemand caché derrière son masque vénitien est une véritable machine sur scène. Il enchaîne les morceaux techno avec justesse et perfection ne laissant pas une seconde de répit au public toujours en mouvement. L’aller-retour à Berlin s’est fait en moins d’une heure. Sans aucun doute l’un des meilleurs sets du festival.

03h10, Infected Mushroom en a trop pris

Rares sont les groupes de trance qui peuvent se vanter d’être des références mondiales même chez les non initiés. C’est le cas d’Infected Mushroom, parmi les têtes d’affiche du festival cette année. Sans être des amateurs du style on se presse quand même pour découvrir le groupe israëlien. Tout comme avant le set d’Amon Tobin la veille, les confettis explosent sur le public à l'arrivée du groupe et c’est bien la seule chose qui explosera pendant le set. On se retrouve là, face à un duo où un seul des deux membres joue, le second passant son temps à… ne rien faire (photo) ! On quitte le set rapidement déçu par cette farce scénique trop proche des show EDM qu’on essaie d’éviter pour se rattraper sur un vrai live.

04h35, Rich Aucoin au courage


Quelle surprise de voir Rich Aucoin clôturer la salle du bas ! Mal placé sur le planning, en face d’artistes trance, le Canadien qu’on a déjà eu l’occasion de croiser montre une fois de plus tout son talent. Plutôt que de dérouler son live habituel il s’adapte, démarre par un quart d’heure de dj set techno pour attraper le public et raccourcit son live pour ne garder que les passages dynamiques. On est peu nombreux mais peu importe, l’ambiance est bien présente. Comme d’habitude Rich passe une bonne partie du concert dans la foule (photo), sortant son célèbre parachute et entraînant tout le public dessous pour sauter et chanter avec lui ! Le Canadien nous achève et malgré notre court passage devant P4nz3r c’est bien Rich Aucoin et son "We are undead" qui nous reste dans la tête pendant notre trajet retour. Quel final !

Coté concert

La maîtrise
Noisia, communicatif avec un set parfait, c’est la recette qu’on préfère !

L'excellence allemande
Boris Brejcha, comme la porte d’une Volkswagen, ça claque à la perfection.

La bête de scène
Rich Aucoin prouve que chacune de ses prestations est unique en s’adaptant parfaitement au festival.

La déception
Infected Mushroom, qui a réussi à nous faire partir après moins de 30 minutes.

Coté festival

On a aimé

- L’ambiance pendant le trajet
La gestion du flux à l’entrée, de mieux en mieux chaque année
Le son bien réglé dans un endroit peu adapté à des concerts
Le tweet wall
- La présence d'un vestiaire

On a moins aimé

- La déco pas si imposante qu’on se l’était imaginé
Le maigre choix en restauration

Conclusion

Dans une salle difficile à s’approprier le Reperkusound a fêté dignement sa dixième édition avec un programme de qualité balayant les musiques électroniques au sens large. L’essentiel de notre festival se passe devant les concerts et c’est le point négatif de l’événement : il manque au festival une vraie proposition hors scène permettant d'appuyer son identité. Quoiqu’il en soit sur scène les artistes font parfaitement le job et le public est toujours au rendez-vous. On prend déjà date, on cherchera encore nos œufs de Pâques à Lyon en 2016.