On était à
Cabaret Vert 2022 : un festival ambitieux aux couleurs de l’espérance

Le Cabaret Vert nous a tellement manqué ces deux dernières années. C’est notre tout premier festival, celui qu'on attend tous les ans à la fin du mois d’août. Bien plus qu’une amourette de vacances, c'est une relation qui dure depuis 2009 : à l'époque, nous étions jeunes, aujourd’hui on a la trentaine bien tassée alors que le festival ardennais entame sa 16ème année. Mais on sait qu’il peut nous surprendre encore ! Le CAB (le petit nom qu’on lui donne parfois) c’est aussi de la créativité et de l’audace : en passant de 4 à 5 jours pour cette édition 2022 avec une programmation XXL le festival affiche d’ailleurs clairement de grandes ambitions. Alors c’était réussi ?

 Jour 1. Mercredi 17 août. 19h39, il est venu le Temps des Cerises et des retrouvailles

Première grande nouveauté cette année : l'arrivée des bracelets cashless. Adieu les bons vieux bayards que l'on troquait aux différents stands et que l’on pouvait parfois ramasser par terre quand il tombait de la poche d’un festivalier (par mégarde ou par ébriété, au choix). Le Cabaret Vert a fini par succomber à ce système, après tout, si ça peut fluidifier les files d'attente, pourquoi pas ? Pour boire une binouze, il faut donc recharger ce cashless, récupéré à l’entrée, sur un stand ou en ligne, comme nous l’avons fait car ça permet de gagner du temps. À entendre certains festivaliers il y a eu de légers couacs mais c'est le démarrage, il faut que ça se rode. Nous n'avons eu aucun mal à avoir nos bières au Temps des Cerises, l'un de nos spots préférés du CAB. On s’y pose quelques minutes pour siroter nos breuvages et écouter les morceaux aux sonorités eighties mixés par Paleophone (photo), pas de doute on est exactement là où l’on devait être.

23h14, formidable Stromae !

On a tellement de choses à se dire après deux années de disette. Vald tente bien de s'immiscer dans nos conversations avec son concert sur la grande scène Zanzibar mais il y a des sujets bien plus intéressant, comme l'histoire de la fameuse danse du crabe géante sur la Scène des Illuminations en 2014 ou le jet d’oeuf sur Edouard Philippe lors de sa venue en 2018 (tout est véridique). Il n'y a bien que Stromae pour stopper nos discussions. Inutile de préciser que c'est l'artiste incontournable de ce mercredi, d’ailleurs le reste de la programmation de cette soirée s’est construite autour de lui, et de nombreux festivaliers se pressent devant la grande scène Zanzibar, agrandie cette année. Il faut bien ça pour accueillir la star qui nous livre une sacrée masterclass, aussi bien au niveau de l'interprétation que de la scénographie. Il y a de gigantesques panneaux lumineux qui se modulent en fonction des morceaux, ça nous laisse bouche bée ! (photo)

00h42, ivres de joie

On est passés par tous les états avec le Maestro, ses tubes oscillant entre danse, joie et déprime totale… sa chanson sur le cancer nous a complètement plombé. On part vite prendre une dose de douceur en dégustant une barbapapa, faut au moins ça pour s'en remettre, puis on passe d'une célébrité belge à plusieurs autres en allant s'enquiller des Chouffe et des Vedett IPA au Bateau Ivre, bar proposant des spécialités houblonnées du plat pays. Quel plaisir de voir que certaines choses ne changent pas après tant d’éditions, notamment au niveau des bières : il y en a 58 sur tout le festival, toutes issues de brasseries indépendantes et/ou locales, on en pleure presque de joie. D’ailleurs nous ne sommes pas les seuls, notre euphorie semble contaminer toutes les personnes autour de nous, à moins que cela soit l’inverse. (photo)

 Jour 2. Jeudi 18 août. 19h46, mais qui cela peut-il bien être ? 

Pas de camping pour nous cette année, du coup quand on décolle pour le Square Bayard, on est en forme, autant que les Pixies sur la Zanzibar. On en est à la moitié du concert et on trouve en effet, que le chanteur Frank Black a meilleure mine que lorsqu'on l'avait vu aux Vieilles Charrues en 2016. Soyons clair, c’est pas non plus la folie, le groupe reste très statique mais il y a du mieux. Et puis au-delà d’écouter de la bonne musique on a aussi tout le loisir d’observer la foule autour de nous : vestes en jean trouée, t-shirts noirs,masques horrifiques, bracelet et colliers à pointes, tatouages de barlou, cheveux longs ténébreux (photo). On dirait qu’on tente de nous faire deviner le nom du prochain groupe, est-ce Véronique Sanson ? Impossible, elle ne vient que dimanche…

22h08, le show dantesque de Slipknot

Bien évidemment, c'est Slipknot la grande tête d’affiche de ce jeudi soir. Et quelle claque ! Le show est vraiment monstrueux… sans mauvais jeux de mots ! (photo) Alors oui, le chanteur leader Corey Taylor, caresse les festivaliers dans le sens du poil en arguant que la France est le meilleur pays concernant le Rock-Metal et en utilisant deux-trois mots français, mais sa joie est communicative et semble sincère. Les 9 membres masqués sont heureux d’être là. Quand les lumières se rallument sur Zanzibar, on se rend compte que la machinerie du spectacle est titanesque, notamment en voyant le nombre de techniciens et de bénévoles s’activer pour tout remballer.

00h23, on marche sur la Meuse

Quand on voit l’aménagement et les décorations bien spécifiques à chaque espace du festival, ainsi que leur propreté, on ne peut que s’incliner. La nouvelle disposition du Green Floor cette année est particulièrement impressionnante. Il faut d’abord passer devant un portrait de Tupac et traverser une passerelle flottant sur la Meuse avant d’accéder à la scène entièrement dédiée à l'Électro et au Hip-Hop (photo).

Jour 3. Vendredi 19 août. 16h37, de retour sur le Green Floor

Hier, on a fini avec Asher Selector au Temps des Cerises qui nous a permis de nous coucher sur une bonne note et des good vibes. Au réveil, on ouvre l’application du CAB (bien foutue) et on prend le temps de se faire notre petit programme de la journée. Ce vendredi on décide de partir tôt, direction le concert de San-Nom, rappeur programmé sur le Green Floor (photo). Au-delà de l’artiste rémois, plutôt bon showman, on découvre la nouvelle disposition de la scène de jour. C’est arboré et toujours aussi beau même si à notre sens, elle prend davantage d’ampleur la nuit avec tous les éclairages disséminés un peu partout. 

21h28, Little Simz in the rain

On regarde nos montres, Alyona Alyona devrait être là depuis un moment mais aucun son n’est émis de la grande scène. On continue notre apéro et on attend… en vain. Le SMS d’un copain nous avertit qu’elle est déplacée sur le Green Floor plus tard dans la soirée. Bon, ben on a le temps d’aller voir Little Simz, une autre rappeuse, britannique cette fois-ci. C’est une très bonne surprise même si la musicienne doit composer avec la pluie en featuring (photo). Côté festivaliers, ce n’est pas quelques gouttes qui vont les abattre. Au contraire, une fois le concert terminé, des concours de glissade dans la boue s’organisent vers les Illuminations. 

23h01, Orelsan c’est du propre

En cherchant à s’abriter on a complètement zappé le concert de l’ukrainienne, et on se retrouve avec plein d’autres festivaliers, entassés à l’Idéal, un grand gymnase accueillant divers organismes et associations prônant l’écologie et le développement durable. C’est blindé alors on essaie de s’asseoir où l’on peut afin de savourer notre truffade à la tomme des Ardennes et au jambon encore bien chaude. C’est réconfortant, on jubile… puis on tourne la tête pour s’apercevoir que l’on est juste à côté du stand L214.

Le site est particulièrement bien rempli ce soir, Orelsan prévu d’ici quelques minutes ne doit pas y être pour rien. On connaît bien le rappeur caennais, c’est l’artiste que l’on a certainement le plus vu en live, aussi bien en salle qu’en festival et ici, à Charleville-Mézières c’est la 4ème fois qu’il joue, autant dire qu’il est presque comme à la maison (photo). Le spectacle est généreux et propre, même s’il n’en fallait pas beaucoup pour que le public, très hétéroclite, soit acquis à sa cause. Après son concert, le Square Bayard se vide, la plupart des festivaliers repartent et les autres se répartissent sur les différentes scènes. 

01h57, KAS:ST illuminent la fin de soirée

On aurait aimé voir SCH sur la Zanzibar mais il a annulé sa venue pour raisons de santé, il est remplacé par Freeze Corleone… un rappeur technique mais c’est moins notre tasse de thé. Et puis on a quand même vu beaucoup de hip-hop aujourd’hui alors on décide de changer de style. On a le choix entre de l’électro avec Sama’ Abdulhadi sur le Green Floor ou… de l’électro sur la Scène des Illuminations où se produit le duo de DJ français KAS:ST, sur lequel se portera notre choix. C’est de la techno de qualité, revisitée, pas trop bourrine non plus, bref c’est parfait pour finir la soirée ! (photo)

Jour 4.  Samedi 20 août. 18h02, papilles, papilles, papilles chulo

On se lève tard ce samedi, faut dire qu’on a bien joué les prolongations au camping hier soir. On regarde vite le programme du jour, le programme culinaire évidemment. La nourriture fait véritablement partie de l’ADN du festival : kebab, burger, falafel, bagels, pizza, crêpe, croque-maroille, tartine, poutine, plats végés, raclette, fromage, charcuterie, salade au lard, cacasse à cul nu, truffade à la tomme ardennaise (photo)... il y a plus d’une centaine de plats proposés, qui plus est, élaborés avec des produits locaux dans la très grande majorité et dont la qualité n’a jamais failli en douze éditions du Cabaret Vert. On en a l’eau à la bouche.

22h04, Madness and Freaks on fire

Direction le Groin Groin pour une escale gourmande à base de (succulents) ribs avant d'atterrir devant Madness. Le groupe de Ska a connu son heure de gloire dans les années 80 en produisant pas mal de hits qui camouflent une grande carrière. Une heure de show plus tard, l’ambiance est au beau fixe et les vieux briscards anglais vont laisser leur place sur la Grande Scène à une autre star britannique au tempérament bien plus sulfureux. On ouvre tout de suite les paris : Liam Gallagher, qui rappelons le, a largement écourté son concert au Festival Beauregard il y a un peu plus d’un mois, va t-il réitérer cet exploit ou chanter plus de 20 minutes ? Pour patienter durant l’installation du plateau, on fait quelques pas jusqu’au Temps des Freaks, là où se produisent les arts de rue, pour admirer l’installation de feu monumentale réalisée par la Compagnie Carabosse, c’est de toute beauté ! (photo).

00h43, Everything is Electric except Liam

Oui, Liam Gallagher a fait son concert en entier ! Bon ça nous arrange pas car on avait prévu d’aller au cinéma de l’Idéal pour mater du porno féministe, mais c’est pas tous les jours qu’on peut voir l’ex-membre d’Oasis chanter dans les Ardennes. Musicalement c’est irréprochable, au niveau de la présence sur scène c’est pas la même limonade. La rockstar, visiblement blasée, garde son bob vissé sur la tête, ne communique quasiment jamais avec son public et quand il le fait c’est avec son accent de Manchester à couper au couteau. Hormis donc un léger sursaut avec le titre Wonderwall à la fin, la foule (pas si nombreuse que ça d’ailleurs) est inerte.

L’ambiance, par la suite, sera toutefois plus électrique avec Wargasm (photo) sur Razorback, la scène 100% rock du CAB. L’alliage entre metal et électro fait mouche auprès des festivaliers et on ne compte plus les pogos et slams durant ce concert qui est un véritable concentré d’énergie de 40 minutes. Court mais suffisamment intense pour nous permettre de nous déhancher jusqu’au bout de la soirée avec Sherelle et le Bad Boys Chiller Crew, qui conclut ce samedi soir, sur le Green Floor et la Scène des Illuminations.

Jour 5. Dimanche 21 août. 15h49, les Freaks c’est chic !

Le dimanche la balade aux Temps des Freak, est devenue l'une de nos nombreuses traditions, à l’instar des films coquins du samedi, ou de la poutine dévorée dès le premier soir du festival. C’est le coin rêvé pour se poser entre deux concerts. L’atmosphère est très différente d’hier soir : finie la pyrotechnie, place au cirque avec la Compagnie Señor Stets (photo). Le spectacle est amusant et fait rire petits et grands, car le dernier jour du Cabaret est dédié avant tout aux famille. Juste à côté il y a l’espace BD, qui comme le Temps des Freaks, est présent depuis la création du festival en 2005. On y trouve de célèbres dessinateurs en dédicace, des revendeurs de bandes dessinées neuves ou d’occasion, une buvette et même un salon de tatouage à proximité. La bière aidant, on a songé pendant un moment a se faire tatouer un petit logo du Cabaret Vert… mais on a pas trouvé le modèle que l’on voulait (Dieu merci).

19h14, on accepte par erreur l’invitation de Gaëtan Roussel

Une petite conférence à l’Idéal plus tard et c’est déjà la fin d’après-midi. Mais il y a encore de quoi faire avant que le rideau ne se baisse chez les carolomacériens, comme par exemple Sopico et sa fusion rock et rap, qui est une proposition intéressante et surtout Partiboi69 sur le Greenfloor, qui va nous donner une dernière lampée de techno pour la route. Le concert de ce dernier débute pendant celui de Gaëtan Roussel qu'on a déjà vu au Festival du Bout du Monde. On décide quand même d'écouter les premiers morceaux… et puis on reste finalement jusqu’au bout, le chanteur de Louise Attaque nous a littéralement happé. Si sa prestation au BDM était déjà pas mal, là son énergie est décuplée. Il a dû prendre une boisson énergisante bio au Bar Ethnik… en tous cas les festivaliers, de tous âges, sont aux anges (photo).

20h10, pas que de l’eau pour Véronique Sanson

On parvient quand même à se déhancher une demi-heure sur les rythmes décalés de Partiboi69, (photo) c’est l’occasion d’aller une ultime fois du côté du Green Floor, qui est sans conteste, une des plus grandes réussites de cette édition, mais on passe aussi faire un coucou à Véronique Sanson. Rien que de l’eau est l’un de ses titres les plus marquants et malgré tout le respect qu’on lui doit, on a la nette impression que la chanteuse n’a pas sucé que de la glace. Démarche laborieuse, oubli des paroles, envolées délirantes entre deux morceaux… les festivaliers ne s’y trompent pas et ils sont nombreux à s’éclipser avant la fin pour rejoindre Eddy de Pretto qui conclut l’édition sur la Scène des Illuminations. Nous on avoue avoir un peu de peine pour celle qui demeure une très grande dame de la chanson française, même si cela n’entache en aucun cas nos 5 jours dans la cité ardennaise.

Bilan

Côté concerts

La bête de scène

Stromae, le belge n’a pas volé sa réputation de showman

Les monstres sacrés

Slipknot, concert monstrueux, peut-être un des meilleurs vus au Cabaret Vert

Le rappeur pétillant

San-Nom, rappeur rémois prometteur, venu retourner les Ardennes le temps d’un concert

Le sale gosse

Liam Gallagher, talentueux mais aimable comme un chardon

Le duo qui dépoussière le rock

Wargasm, des rockers britanniques, qui EUX se donnent à fond sur scène

L’inattendu

Gaëtan Roussel, en termes de communion avec le public, il est chaud bouillant

Les dénicheurs de pépites

Paleophone et Asher Selector, et globalement tous les DJ’s présents au Temps des Cerises

Côté festival

On a aimé 

- La nouvelle scène du Green Floor au milieu des arbres et la passerelle flottante enjambant la Meuse, magique, surtout quand les décos s’illuminent la nuit tombée
- Les valeurs écologiques, l’ancrage local et la promotion du développement durable, toujours au cœur du Festival
- Les activités en dehors des concerts : cinéma, arts de rue, BD, conférences, il y a toujours quelque chose à faire
- La propreté globale du site, merci aux bénévoles et aux festivaliers responsables
- La fluidité au niveau des stands et de la circulation entre les différentes zones. Hormis le mercredi un peu plus encombré, pas de difficultés à déplorer
- L’application du festival, très pratique pour suivre la programmation ou recharger son cashless
- L’identité du Cabaret Vert toujours aussi marquée à l’image des ardennais, aussi bien en termes d’ambiance, de déco, de nourriture, de boissons ou de proposition musicale

On a moins aimé 

- Même si c’est un style que l’on affectionne beaucoup, la programmation est un poil trop axée hip-hop à notre goût
- Pourquoi n’avoir ouvert que certaines parties du festival le mercredi ? Au vu du prix du ticket cela aurait été plus juste de pouvoir accéder à tout le site
- Certaines personnes venues voir un ou deux groupes en tête d’affiche, un peu détachés de l’esprit festif du festival et d’autres sont venues simplement avec de mauvaises intentions

Infos pratiques

Prix de la bière : entre 6 et 8 euros la pinte 

Prix de la nourriture : 9 euros le burger ardennais avec les frites, 8 euros la truffade, 7 euros les ribs, 8 euros la poutine...

Prix du festival : pass 5 jours (Mer-Jeu-Ven-Sam-Dim) : 179 euros en prévente et 193 euros sur place / Pass 4 jours (Jeu-Ven-Sam-Dim) : 139 euros en prévente et 150 euros sur place / Pass 3 jours (Ven-Sam-Dim) : 99 euros en prévente et 107 euros sur place / Pass 1 jour : 49 euros en prévente et 55 euros sur place / Pass 1 jour dimanche : 19 euros

Camping : 19 euros

Transports : A 1h de Reims, 1h de Charleroi, 2h de Lille, 2h de Metz, 2h30 de Paris

Conclusion

En passant à 5 jours, le Cabaret Vert devait logiquement battre son record d’affluence. Et c’est le cas : 125 000 festivaliers sont venus festoyer en terres ardennaises, le pari de revenir plus grand, plus fort, avec de nouvelles propositions et après 2 ans de Covid est donc réussi. Pour notre part, ce fut encore une fois une expérience unique, une véritable parenthèse enchantée dans la dure réalité. Le Cabaret, c’est vraiment à part.

Mais après la fête ? 

Comment le festival peut-il continuer à grandir, en générant forcément plus de pollution, tout en prônant des valeurs vertes ? Quelles sont les limites ? Faut-il revoir notre manière de faire la fête ? Ce sont des vraies questions, plus que d’actualité, que se posent les organisateurs et auxquelles les artistes, les jeunes et nous-mêmes festivaliers maintenant expérimentés, devons être sensibilisés davantage. Comme a pu dire le Responsable Développement Durable du Cabaret Vert : “Il n’y a plus de place pour la transition, c’est maintenant que ça se passe”.

Récit et photos de Josselin Thomas et Fanny Frémy