On était à
4 jours à Charleville dans le plus vert des cabarets

75000 personnes, un programme éclectique et surtout de qualité, le Cabaret vert fêtait ses 9 ans sous le soleil (et la pluie) des Ardennes… Passé à 4 jours l’an dernier, l’équipe a renouvelé la formule pour notre plus grand plaisir !

On se souvient de notre arrivée et des premiers pas dans le camping l’an dernier. Beaucoup de queue et un espace de campement trop restreint comparé au nombre de personnes. Cette année les organisateurs ne se sont pas laissés surprendre : une entrée améliorée, un camping plus grand, les deux défauts majeurs de l’an dernier sont donc effacés !

La folie de l’ouverture

Pour la première journée, c’est Carbon qui ouvre le bal. Un son brut, des rifs de guitares violents, pas de doute, c’est du métal ! Avant un des premiers grands moments du weekend (le concert d’Alt-J), on  fait un passage sur les Américains d’Eels dont on ne connaissait que « Novocaine for the Soul ». Un live en oscillation entre morceau pop et passage très rock. A 20h, c’est au tour des anglais de Alt-J de monter sur la scène des illuminations. Révélation de l’an dernier c’est un vrai groupe de scène, qui en plus de partager le show avec le public, le fait en français ! Les tubes y passent, repris en cœur par le public : « Matilda » « Breezeblocks » ou encore « Fitzpleasure ». Avant de partir sur Deftones, on s’accorde un break pour découvrir les bières qui se vendent sur place : on se croirait en Belgique ! Quel luxe de se boire une Chimay après un concert ! Après tout la frontière n’est pas si loin, ils auraient tort de s’en priver !

En arrivant devant Deftones, on se rend compte que le groupe est attendu, la plupart des festivaliers sont devant la scène. Il faut avouer que Deftones tourne maintenant depuis pas mal d’années, et que le show est rodé. Comme la semaine passée à Pukkelpop c’est un bon moment mais pas non plus une révélation pour le métal. Idem pour le rap (en live) d’A$ap Rocky. Malgré un bon début de show, on se rend vite compte que le rappeur manque de flow comparé à son MC  (ça devient une habitude dans le rap US?) caché en régie (oui, on t’a vu avec ton t-shirt 06 !). Le rappeur n’est pas une bête de scène… On peut quand même s’estimer heureux de sa venue (quand on connaît les raisons de son annulation à Rock en Seine) et de ses 15 petites minutes de retard ! Après le concert vu de loin d’Asaf Avidan (oui on peut de temps en temps s’allonger dans l’herbe, c’est ça aussi le Cabaret !) on suit le mouvement de foule vers Major Lazer.

On ne va pas réécrire le show comme on l’a vu à Pukkelpop la semaine passée, car c’est globalement identique : efficace et ravageur. 2 changements notables : le set de Diplo intercalé dans le show varie en fonction des dates (on est bien content d’ailleurs !) ce qui nous permet d’entendre le dernier morceau de Stromae accompagné d’un « i love this tune » de Diplo, et la distribution de sifflets au public pour faire encore un peu plus de bruit ! Encore un grand show des Major Lazer, ou « get free » raisonne encore dans nos têtes. Pour terminer la soirée, le Dj set d’Amon Tobin. Le Brésilien a gardé les derniers survivants de Major Lazer en vie (et ils étaient nombreux !!) jusqu’à plus de 2h avec un set alliant basses lourdes et beat hip-hop ! Il est bon cet Amon !

21 000 personnes pour The Offspring

Le vendredi, le réveil se fait tôt grâce (à cause ?) au soleil qui transforme notre tente en sauna sur le coup des 10h… Heureusement le Cabaret Vert pense à tout : un petit déjeuner complet pour seulement 4€ ! Au menu, 3 tranches de pain, un verre de jus de fruit frais, confiture, boisson chaude… le tout avec des produits régionaux. On adhère ! De quoi mettre tout le monde en forme avant un deuxième jour marqué par le rock ! Le rock garage des Bass Drum of Death sur la scène Zanzibar juste après l’ouverture pop des français de Den House. Le rock de Outside Inc et surtout les punk de Sick of it All (où on aura pu voir des enfants de 6 ans pogoter devant la scène ! et ça, ça n’a pas de prix !) et The Bronx avant un des shows attendus de la journée : Skip the Use. Toujours à fond, Mat Bastard le chanteur a littéralement mis le feu au Stade Bayard, retournant le public avec « antislavery » en ouverture, « People in the Shadow », « Ghost » ou encore « Can be Late ». Un véritable show rock avec en bonus un hommage à leur pote Shakaponk. Un vrai grand et bon concert où Skip the Use a une nouvelle fois prouvé son talent sur scène.

Avant The Offspring, l’affiche de la soirée, JC Satan avait la lourde de tâche de remplacer Beady eye. Mission accomplie pour ce jeune groupe bordelais qui malheureusement n’aura pas joué devant grand monde, le public se dirigeant déjà vers la scène Zanzibard pour The Offspring. Un son sorti tout droit des années 90, des coupes de cheveux mode punk, une veste de costard old school pour le chanteur, The Offspring est bel et bien là ! On pouvait s’attendre au pire (les groupes de punk ne vieillissent pas toujours bien), mais la surprise fût bonne ! Un medley des meilleurs tubes: « You’re gonna go far kid », « Hit That » ou encore “Come out and play”.  Le stade est simplement bondé. Pour preuve, le Cabaret, en accueillant 21 000 personnes ce vendredi, a simplement battu son record de fréquentation sur un jour !

Après le rock… l’électro ! En guise de transition : Crystal Castles avec leur son brut et sombre accompagné par un jeu de lumière puissant et violent (dans le bon sens du terme !). Un show à la hauteur de ce qu’on attendait. On ne peut que vous le conseiller ! On continue sur l’électro, à quelques pas de là, Boys Noize commence son show sur la grande scène. Perché sur sa tête de mort, entouré d’écrans, l’allemand a encore prouvé son talent de Dj. « This is what you want », « X tc » et le célèbre « Down » ont fait danser tout le public, transformant pendant une heure le festival en dancefloor géant. Pour terminer cette soirée qui restera dans les plus belles du festival, on passe d’un très bon live à … un très bon live ! Netsky a clôturé la journée accompagné de ses musiciens. Le Belge déroule son concert parfaitement avec en point d’orgue « Puppy » et  «  Everyday » ! Une grosse claque comme à son habitude !

Samedi : Une journée Rock, une nuit électro

Le samedi, mauvaise surprise, la pluie est de la partie… Mais elle n’a pas empêché les festivaliers d’être présents et de rester sur le camping pour naviguer ensuite vers le site. Car malgré de fortes averses sur certains concerts (H-burns en particulier) le public est venu assez tôt flâner dans les allées du festival, notamment dans le salon de la BD et dans le village des associations (non ce n’est pas parce que c’était à l’abri !).

Côté concert, 2 belles surprises dont on ne connaissait rien (ça arrive, mais les festivals sont là pour ça !). Bomba Estero tout d’abord, avec la chanteuse Li Saumet en tête. Le groupe colombien se classe parmi ces groupes, comme Skip&Die, qui sont capables de réveiller n’importe quel public par n’importe quel temps ! Mélange de musique colombienne et d’électro, le concert est punchy et entrainant, on est ravi de braver la pluie en compagnie de cette belle découverte. Autre découverte, Royal Republic. La comparaison avec The Hives est facile (ils sont suédois), mais elle semble tellement évidente quand on voit la prestance que dégage ce groupe. Un vrai show rock participatif avec des bras en l’air et un public qui saute, on est à la limite des crampes à la fin du concert ! Toujours côté rock, après le concert des Two Doors Cinema Club, Hanni El Khatib a joué son dernier album, avec des mentions particulières pour « Penny » et « Family » qui prennent un sens pur et accrocheur en live, même si on regrette le manque de communication de l’américain avec le public…

Vient ensuite LE concert attendu. Devant une grande scène pleine à craquer (un peu moins que la veille mais une fois dedans l’effet est le même), le Wu-Tang Clan a lâché un rap puissant et énergique malgré l’âge des rappeurs ! Strict minimum sur scène, le plateau est finalement habillé par le groupe qui bouge de droite à gauche, toujours proche du public, jusqu’à nous offrir du champagne ! Même si  le concert n’est pas le show rap de l’année, le Wu-Tang a fait le boulot et le public a apprécié la prestation. De quoi chauffer la foule pour tout le reste de la soirée avec notamment l’electro brute de Gesaffelstein, la basse surpuissante des déjantés Bloody beetroots​ et la techno pointue de Brodinski. 3 claques consécutives, pour terminer, comme une habitude au Temps des Cerises avec une dernière bière spéciale, et où, la veille, on avait pu voir Gerard Baste et sa Qhuit Partizzz complétement folle ! Un samedi réussi en somme !

Dimanche : la journée familiale

C’est souvent le cas dans les festivals, le dimanche est la journée famille. Ici ça se confirme encore plus avec un billet dimanche à 5€ et une programmation moins « trash » ou électro. Commencé avec Mila Marina, voix envoutante accompagnée de sa harpe, le dimanche a continué avec le reggae de The Skints, Night Bush City Rockers et le concert des Heymoonshakers.

Une journée familiale tout en douceur où les enfants courent dans l’herbe de la grande scène pendant que Valérie Junes joue sur la Scène Zanzibar et que The Moodhunters chauffe la scène des Illuminations… avant Keziah Jones et son concert soûl envoutant et rythmé. Le public est bien venu pour lui. En ce dimanche, le soleil fait de nouveau son apparition pour la fin de journée et le stade Bayard semble une nouvelle fois bien rempli, une habitude ce weekend ! Pour clôturer cette escapade à Charleville, Keny Arkana a déroulé le dernier show de sa tournée. C’est avec curiosité qu’on se rend à son concert avant de prendre la route. Un show énergique, un vrai échange avec le public, beaucoup de remerciements… on est finalement agréablement surpris par la rappeuse et par son crew ! Un beau final !

Les Bonus du Cabaret

Les stands de nourritures : Un vrai régal, de la boulangerie bio au kebab de sanglier en passant par la tartiflette royale, la barquette de poulet rôti pomme de terre, le stand des spécialités ardennaises ou les stands de glaces italiennes et de fruits à croquer, le Cabaret propose une vrai diversité de produits locaux, chose assez rare en festival pour être soulignée ! 4 jours ne suffisent pas pour tout gouter, le mieux est de prévoir une session dégustation dès l’an prochain !

Les bières : Bien loin de la kronenbourg coupée à l’eau, le Cabaret innove là aussi avec une sélection de bières… belges ! Quelle plaisir de s’accorder une Chimay entre deux concerts, ou de terminer la soirée avec une bonne bière spéciale à 9°. Un plaisir.

Côté concerts :

La Découverte :
Bomba Estereo, ça bouge ça danse, ça sent l’été même quand il pleut !

La surprise :
Royal Republic, si The Hives n’était plus de ce monde, on dirait d’eux que ce sont leur successeurs !

Le dj du weekend :
Boys Noize, show maitrisé, techno puissante, une vraie claque from Berlin.

La claque :
Skip The Use, pour leur premier passage au Cabaret, ils ont mis le feu !

Le show américain du weekend :
The Offspring, on a préféré au show moins dynamique des Wu-Tang

La déception :
Hanni El Khatib, qui semblait jouer plus pour lui que pour nous

Côté festival

On a aimé :

- L’ambiance : festival petit par la taille, l’ambiance y est vraiment sympathique
- Le petit déjeuner à 4€ sur le camping.
- Le bar et la restauration sur le camping
- La Gazette : drôle et décalé, ce petit journal quotidien est un vrai bonus
- Les bars à eau (dont un tenu par une équipe du Chien à Plumes !), un endroit très pratique !
- Le chapiteau aux images (salle de cinéma) et le festival de Bd

On a moins aimé :

- Le son pas toujours au top et bien souvent trop fort
- La fermeture à 3h, on resterait bien jusqu’à  4 ou 5h au Temps des Cerises !

La conclusion

Comment faire encore mieux qu’en 2012 ? Voilà la question qu’on se posait avant de vivre cette édition. A croire que pour le Cabaret Vert, c’est simple ! Une programmation de qualité avec de belles surprises, une organisation à la perfection, un accueil très sympathique, des bénévoles souriants et dispos : voilà la recette du Cabaret Vert pour s’imposer parmi les plus beaux festivals français. Une chose est sûre, le festival n’a vraiment rien à envier aux plus gros ! On reviendra sans aucun doute l’an prochain, goûter encore plus de spécialités ardennaises, et profiter des bières belges ! Un festival humain où on espère de belles surprises pour les 10 ans !


Crédit photo : DarkRoom - Cabaret Vert 2013 - www.assodarkroom.fr