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Un dispositif anti-harcèlement dans le festival tunisien Les Dunes Électroniques

Le troisième weekend de novembre accueillait dans la ville-oasis de Nefta en Tunisie, le festival les Dunes Électroniques. La dernière édition datait de 2015 et c'est dans une dynamique de réveil de la culture et de l'économie touristique du pays que le festival renaît de ses cendres. Au milieu de cette parcelle du Sahara et au cœur du festival tunisien, un dispositif anti-harcèlement mené par l'association Aswat Nissa a fait parler de lui. 

L'organisation du festival estime avoir acceuilli 5000 personnes. Ali Patrick El Ouerghi, le co-fondateur du festival souligne à l'antenne de Mosaïque FM que c'est près de 1000 agents de sécurité qui ont été déployé sur la région pendant la durée de l'évènement. Le festival est un facteur économique et touristique majeur du pays, c'est aussi une vitrine qui vise à donner une autre image de la Tunisie que celle diffusée par les medias suite aux multiples attentats terroristes. Ainsi le festival reçoit le soutient du Ministère de l'Intérieur et du Tourisme. Le site d'Ong Jmal a accueilli le tournage de Star Wars et le festival s'en revendique de plus en plus : cette année une projection des volets 7 et 8 est organisée et un circuit Star Wars devrait se développer dans les prochaines années, invitant les musiques éléctroniques dans l'univers de George Lucas. Cependant ce n'est pas pour cette extension cinématographique que le festival a le plus fait parler de lui ces derniers temps, mais pour un dispositif anti-harcèlement, installé par l'association Aswat Nissa (ndlr : "la voix des femmes"). 

 

Le dispositif installé prenait plusieurs formes. Tout d'abord un sifflet a été distribué aux femmes sur le site. Nawref Ellafi, membre de l'association souligne que l'objet fonctionne « à la fois symboliquement pour continuer à faire du bruit sur ce sujet, et pour protester en cas d’agression », une manière de dire que les femmes sont partie intégrante de la société tunisienne, et qu'elles y sont en sécurité. Un lieu d'écoute a aussi été installé dans une des tentes du site, ainsi que des patrouilles de sécurité. Des mesures qui ressemblent beaucoup à celles mises en place en France dans une certain nombre de festivals grâce au collectif "Ici c'est cool". Nawref Ellafi explique, « c’est la première fois qu’on monte un stand sur un festival. Ce sont des événements où l’on peut se sentir plus facilement en danger ». L'ONG créée en 2011, a plusieurs fers de lance, toujours autour de la fin des discriminations de genre, notamment dans l'inclusion des femmes dans la vie politique. La sensibilisation aux violences faites aux femmes et au harcèlement sexuel est un combat vivace dans la société tunisienne. En 1973, l'avortement est dépénalisé et s'ensuivent plusieurs mesures inclusives pour les femmes. En 2017 est votée une loi contre les violences faites aux femmes - toutes les violences et dans tous les espaces de vie - qui vient renforcer leur protection et pénaliser les agresseurs, elle veut aussi sensibiliser les populations en instaurant des programmes pédagogiques. Dernièrement, en octobre l'équivalent du #MeToo, le #EnaZeda, a fait surface. Si la Tunisie est un état ouvertement progressiste, en comparaison à ses voisins (et même à la France, si on regarde bien), 47% des femmes entre 18 et 67 ans sont victimes de violences selon une étude de "l'ONU femmes". Le dispositif anti-harcèlement de l'ONG Aswat Nissa est donc loin d'être superflu. 

Crédit photo : Jridi Production