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« Ici c'est cool » : les festivals français s'engagent dans la lutte contre le harcèlement

25 festivals et lieux culturels des Pays de la Loire ont lancé une campagne pour prévenir les violences à caractère sexuel, sexiste, raciste et homophobe lors des concerts par des actions de sensibilisation.

Le harcèlement sexuel ainsi que le racisme et l'homophobie ne sont pas nouveaux dans le paysage des festivals. Une étude britannique publiée en juillet 2018 montrait que 43 % des festivalières ont déjà subi des comportements sexuels non-consentis. Pour lutter contres ces phénomènes trop récurrents, une première expérience de communication avait été mise en place l'an dernier avec quelques festivals (Les Escales, La Nuit de l’Erdre, Hip Opsession, Dub Camp, les Z’Eclectiques, Les 3 Éléphants).

Le mercredi 26 juin, 25 festivals dont Au Foin de la Rue, le Hellfest, Paco Tyson ou Un Singe en Été ont uni leurs forces dans le cadre de la campagne « Ici c'est cool ». Huit affiches affublées du slogan « Ne laissons pas la violence pourrir l'ambiance » ont été créées par l'agence nantaise Adamytes et l'artiste Marine Bouvier, qui travaille sur le thème de l'insulte depuis quelques années déjà en utilisant le bodypainting. « Quand on s’est réuni entre chargés de communication pour écrire le cahier des charges de la campagne, on voulait quelque chose de choc, qui impacte et qui marque les esprits », explique Gabriel Massei, responsable de la communication du festival La Nuit de l’Erdre. Pendant ces événements, on pourra observer ces affiches disposées à des points stratégiques. « Les festivals sont ni plus ni moins des « villes éphémères ». Il est donc important de bien préparer son festival et notamment de penser l'aménagement du site, de créer des espaces et stands d’expression, de prévention, d'écoute, d’essayer de mettre en place des dispositifs spéciaux en fonction du type de public accueilli. Il y a des outils déjà imaginés (stickers à ongles décoratifs qui changent de couleur au contact du GHB, maraudes…) et qu’une instance de régulation soit opérationnelle, en lien avec les autorités. » allègue Yann Bieuzent, coordinateur de la campagne.

Les retours ont quant à eux été très bons : « La campagne rencontre un vrai engouement auprès des équipes et du public. Dès le départ, les bénévoles de l'association ont été emballés par l'idée. Lorsqu'ils ont vu le projet fini, ils y ont totalement adhéré. Durant le festival, les retours des festivaliers étaient très bons aussi, lorsqu'ils voyaient défiler le spot vidéo sur les écrans géants. Certains nous ont félicité de mettre en avant ces sujets ! », s'enthousiasme Gabriel Massei.

Et au delà de cette opération de sensibilisation, de véritables actions sont menées pour lutter concrètement contre ces problèmes qui touchent les festivals. « Cette année, l'association SIS Animation, membre du collectif Take Care, anime un atelier en mixité ouvert à tou.te.s pour discuter du consentement le vendredi 12 juillet 2019 de 18h30 à 20h. Comment définis-tu le consentement ? Comment savoir que l’autre a envie ? Comment savoir ce que moi j’ai envie ? Le consentement avec les drogues et l’alcool ? C’est quoi la zone grise du consentement ? », explique Mélanie Noyer, chargée de communication pour Dub Camp.

D'autres festivals comme le Festival Interceltique de Lorient ont rejoint l'initiative, qui ne compte pas se cantonner aux Pays de la Loire. « Les organisateurs de concerts (hors festivals) qui souhaitent s’associer à la démarche sont bien sûr invités à le faire », ajoute également Gérald Chabaud qui est à la tête du VIP à St-Nazaire. En effet, « Ici c'est cool » ne compte pas s'en arrêter là et prévoit, non seulement d'améliorer ses formations, mais aussi de les disperser sur l'ensemble du territoire. Et la campagne ne se limitera pas à ces premières affiches : « il y a l’envie de décliner la campagne sous d’autres formats et de la diffuser plus largement encore. Plus il y aura d’événements qui prendront part à cette campagne et plus on parlera de ces sujets primordiaux que sont le respect de l'autre et la bienveillance », conclut Yann Bieuzent. Affaire à suivre, donc !

Par ailleurs, deux plaintes pour viol ont été déposées à Belfort, le weekend dernier, alors que se déroulait le festival les Eurockéennes. Les victimes sont deux femmes, dont une mineure. Si la première plainte a trouvé son suspect, que ce dernier a rapidement reconnu les faits et qui sera jugé pour agression sexuelle, aucune information supplémentaire n'a été donnée concernant la deuxième attaque. Le festival avait réuni quelques 130 000 festivaliers au bord du lac de Malsaucy pour profiter des concerts de Nekfeu, Kompromat ou encore Christine and the Queens.

Crédit photo : United States of Paris