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Le bilan des festivals de l’année 2019

Pour la quatrième année consécutive, l’équipe Tous les Festivals revient avec le bilan des festivals de l’année. Fréquentation totale et moyenne par jour, chiffres clés… Analyse des 100 festivals français attirant plus de 15 000 personnes en 2019.

Retour sur cette saison 2019 et sur la centaine de festivals les plus importants en France qui ont réuni à eux seuls plus de 7.500.000 festivaliers : plus de 12% des français sont allés en festival cette année !

Méthodologie du bilan

Encore une fois, il est important de bien déterminer la méthodologie en amont de l'étude pour ne pas faire dire aux chiffres ce que l'on veut. Pour que ce bilan de fréquentation des festivals reste pertinent, sa méthodologie doit être claire et son contenu transparent. Une fois n'est pas coutume, tout comme pour les bilans des festivals publiés en 2016, 2017 et 2018, l'équipe Tous Les Festivals a choisi de faire des choix en fonction des évolutions, bien que dans un souci d'efficacité, pour comparer les chiffres et mettre les progressions en exergue il semble nécessaire de garder les mêmes critères. En 2019, nous avons pris le parti de la continuité, en définissant des critères de durée et de fréquentation pour éviter de se perdre dans un classement avec un nombre trop important de festivals qui rendrait cette étude illisible. Ce classement est établi sur l'année civile 2019.

Les festivals figurant dans le bilan ci-dessous répondent donc aux critères suivants :
- L'événement est considéré comme un festival de musiques actuelles
- L'événement s'est déroulé entre le 1e janvier 2019 et le 31 décembre 2019 (des mises à jour seront faites)
- L'événement a accueilli au minimum 15.000 personnes sur toute sa durée
- La durée de l'événement ne dépasse pas les 20 jours maximum
- Ne sont pas pris en compte les événéments intégralement gratuits

Il est important de noter que la totalité des chiffres proviennent des festivals eux-mêmes. Le média ne remet en aucun cas en cause les chiffres annoncés par les organisateurs. Il n'existe à ce jour aucune obligations d'harmonisation des moyens de calculs, chaque festival suit sa propre méthodologie et annonce les chiffres qui lui paraissent les plus justes.

Fréquentation : 7.500.000 festivaliers en 2019

 

12% des français en festival, soit un français sur neuf 

L'an dernier nous soulignions un record de fréquentation avec plus de 7,2 millions de festivaliers recensés. 2019 n'échappe pas à la croissance de ces dernières années, puisque ce sont pas moins de 7.500.000 festivaliers qui se sont retrouvés dans la centaine de plus grands festivals de l'Hexagone. Ainsi, c'est l'équivalent de 12% de la population française qui a parcouru les festivals de musique cet été, soit presque 1 français sur 9. Une augmentation non négligeaable puisque la fréquentation des 100 plus grands festivals a augmenté de 5% par rapport à 2018 et de 10% depuis 2017.

Les plus grands festivals attirent toujours plus de monde

Et ces augmentations sont en grande partie dues à un facteur commun : les événements les plus importants ne cessent de grossir. Le meilleur exemple est celui du Festival Interceltique de Lorient qui accueille le plus grand nombre de festivaliers au total, soit 800 000 et 80 000 par jour. Les têtes des charts sont bien ancrées, on retrouve cette année encore dans les 13 festivals qui dépassent les 150 000 festivaliers : le Festival Interceltique, La Fête de L'Humanité, Les Vieilles Charrues, Jazz in Marciac, Jazz à Vienne, Solidays, le Hellfest, Electrobeach Music Festival, le Festival du Chant du Marin et les Francofofolies de la Rochelle. Mais ces noms sont rejoints par GarorockLa Foire aux Vins d'Alsace et le Printemps de Bourges qui entrent dans la catégorie des festivals qui accueillent plus de 150.000 festivaliers en 2019. De nouveaux festivals se sont eux-aussi bien installés cette année, à l'instar de Tomorrowland Winter (25.000 festivaliers), V&B Fest (36.000 festivaliers et une première édition complète), ou encore le festival itinérant Knotfest qui comptabilise pour son unique édition à Clisson plus de 37.000 festivaliers. Idem pour VYV Les Solidarités, le nouveau festival dijonnais qui a accueilli 20.000 personnes. Même si la concurrence est rude, on a aussi la sensation que les festivals "historiques" passent mieux ces années, et augmentent même leur fréquentation, comme Rock en Seine (110.000 festivaliers), Le Cabaret Vert (102.000 personnes), Beauregard (108.000 personnes), Jazz Sous Les Pommiers (85.000), We Love Green (80.000), Art Rock (78.000), Papillons de Nuit (75.000), Les Déferlantes (70.000), Pause Guitare (84.000), Ardèche Aluna Festival (65.000), le Festival du Bout du Monde (60.000), Fête du Bruit dans Landerneau (55.000), Musicalarue (54.000), La Nuit de l'Erdre (54.000), les Nuit Secrètes (54.000) ou le Worldwide festival (53.500). A l'inverse, Les Nuits Sonores (131.000 festivaliers), les Eurockéennes de Belfort (128.000), le Main Square (115.000), Nancy Jazz Pulsations (80.000), Rio Loco et les Trans Musicales de Rennes ont eux perdu entre 5 et 8% de fréquentations totale, mais attirent touours plus de 50.000 festivaliers chaque année. Enfin, toujours côté mastodontes, l'Américan Tours Festival et Lollapalooza Paris perdent tous les deux plus de 20% de fréquentation, soit un quart de moins comparé à 2018. Ainsi, 39 festivals réunissent 75% des festivaliers des plus grands événements français. 

 

Les inégalités se creusent

A l'inverse les festivals qui bénéficient d'une fréquentation moins importante semblent être en difficulté, voire s'écroulent. Sur les quinze festivals qui sortent du classement, 6 n'ont pu perdurer cette année pour des raisons financières : The City Trucks, le festival Couvre Feu et le Festival Démon d'Or sont en liquidation judiciaire. Certaines annulations indiquent la précarité de certains festivals; le Nordik Impakt a pour exemple suspendu son édition de 2019 pour trouver un format plus adapté en 2020. Il ne faut cependant pas être alarmiste, la plupart des festivals accueillant entre 15.000 et 45.000 festivaliers en 2018 sont encore là en 2019, comme Les Escales de Saint-Nazaire et le Festival du Roi Arthur (45.000 festivaliers chacun), le No Logo (42.000), Terres du Son (42.000), Ecaussystème (36.000), Les 3 Eléphants, Europavox, Au Fil du Son, Free Music, Foreztival et Woodstower qui accueillent tous entre 34.000 et 35.000 personnes, Marsatac (30.000), Décibulles (28.000), Reggae Sun Ska (27.500), La Route du Rock (25.000), le Festival de la Paille (25.000), Au Pont du Rock (23.000), Art Sonic (21.000) ou le Festival du Chien à Plumes qui a accueilli 15.000 festivaliers, autant que lors de la précédente édition. 

19 ans d'âge moyen pour les festivals

On note également que parmi la centaine des plus grands festivals de musiques actuelles français, 40% sont des événements qui ont plus de 20 ans et on été créés avant 1999. Une belle longévité, surtout quand on y ajoute les festivals dont la première édition à eu lieu il y a plus de 10 ans (avant 2009), puisque ce chiffre monte à 72%. Il y a cependant un grand écart d'âge à noter : la Fête de l'Humanité, le plus vieux festival du classement a été créé en 1936 alors que les benjamins Tommorowland Winter et V&B Fest, se sont tenu en 2019 pour la première fois.

 

La différentiation, un argument pour attirer le public

Une orientation semble se dessiner d'année en année : la différentiation et la spécialisation des festivals attirent le public. Le Festival Interceltique de Lorient, le Hellfest, le Motocultor, les festivals de jazz (Vienne, Marciac, Coutances, Nice, Nancy, Marseille, Sète, Juan, Jazz en Baie), les festivals de musiques électroniques (Electrobeach, Tommorowland, Nuits Sonores, Plages Electroniques, Marvellous Island, la Peacock Society, Panoramas Festival, Crossover, Worldwide...), les festivals de reggae (No Logo, Dub Camp...) pour ne citer qu'eux, sont des festivals avec des spécialités musicales. On observe ici que plus d'un festival sur 3 (37%) est un festival avec une "thématique" musicale clairement définie et fiérement arborée.

Et ce chiffre augmente si l'on y ajoute les festivals avec des thématiques autres que les spécialisations musicales (9% des événements, passant le taux des festivals à "thème" au sens large à 46%). Car la spécificités des événements français réside également dans leurs engagements, qu'ils soit écologiques (Climax Festival, Terres du Son, Cabaret Vert, We Love Green, Woodstower...), solidaires (Vyv Les Solidarités, Solidays...) ou politiques (Fête de l'Humanité...). Ils utilisent leur notoriété pour sensibiliser les festivaliers à des causes, et sont de plus en plus nombreux à proposer en marge du programme musical des conférences, des talks, des rencontres avec des personnalités externes au monde de la musique. Sans oublier les festivals qui se font ambassadeurs des artistes émergents, comme le Printemps de Bourges et son programme Les Inouïs, les Francofolies et leur Chantier des Francos, les Trans Musicales ou encore les nombreux festivals français qui proposent des tremplins (Rock en Seine, Nuit de l'Erdre, Jazz à Vienne, Chorus Festival...).

Une véritable valeur ajoutée dans l'expérience proposée aux festivaliers qui semble plus que jamais fonctionner. Pas certain que la diversité de la carte des festivals soit aussi riche chez nos voisins.

Vers une harmonisation des calculs de fréquentation ?

Même si grâce à la frequentation moyenne le classement est nuancé (tableaux ci-dessus), il reste difficile de comparer des événements par essence incomparables. Comme expliqué en introduction, chaque événement a sa propre méthode de calcul, et celles-ci peuvent évoluer d'une année à l'autre. Un exemple marquant, le Printemps de Bourges qui a communiqué en 2018 sur 80.000 festivaliers et ne comptabilisait que les personnes présentes sur ces événements à billetterie a fait le choix cette année de communiquer sur la totalité des festivaliers présents en ville. Le festival passe ainsi à 200.000 festivaliers, une augmentation de 150%.

Ainsi se pose la question d'une harmonisation du comptage des festivaliers. Là aussi le sujet est délicat : quels critères sont à retenir pour garder une pertinence optimale ? Plusieurs interrogations se posent : 

- Doit-on parler de visiteurs uniques ?
- Un détenteur de forfait 3 jours doit-il compter pour 3 visiteurs ?
- Doit-on inclure dans le comptage les "équipes", à savoir les bénévoles, saisonniers, techniciens qui participent à l'événement ?
- Sur les événements en partie en accès libre et sans billetterie, comment doit-on procéder au comptage ?
Et même si une méthodologie commune venait à exister, elle resterait probablement difficile à appliquer à l'ensemble des festivals de notre territoire, chacun ayant ses contraintes propres, ses spécificités, ses enjeux de communication et ses moyen à allouer à ce comptage. Une fois de plus, c'est aussi ça la force de notre pays : une offre riche diversifiée, éclatée et non aseptisée, qui laisse le choix aux spectateurs.

 

Informations sur la fréquentation issues des communiqués de presse et bilans relayés par les festivals ou annonces publiées sur leurs sites web et réseaux sociaux. Les festivals n’ayant pas communiqué officiellement sur leur fréquentation ne sont pas pris en compte dans le classement.
Dernière mise à jour: 19/12/2019