On était à
Pitchfork Festival, univers musical parallèle

Ce week-end se tenait dans la Grande Halle de la Villette à Paris le Pitchfork Festival. Pitchfork. com, c’est le site américain de critiques musicales pointu et prescripteur qui a son propre festival d’artistes indé depuis 2006. Disclosure, le lieu et les belles affiches nous donnaient envie depuis longtemps. A 50€ la soirée, pas envie d’en perdre un instant. On vous raconte nos deux soirées de festivaliers à “Hipsterland”.

Jour 1. 21h12, Moustache obligatoire à l’entrée

On arrive en début de soirée, le festival a ouvert ses portes tôt, à 16h. Première étape, convertir ses billets en jetons. Sauf qu’avec 10 jetons pour 20 euros, n’espérez pas plus qu’une bière, un burger et des frites. Les stands de nourriture nous aguiche dès l’entrée : le Pitchfork a mis les petits plats dans les grands, avec un stand boulangerie assez merveilleux, de bons gros hotdog, et même du “pot-au-feu” pour nos amis étrangers.  Anglais, Espagnol, Autrichien, Hongrois, ils sont venus nombreux de toute l’Europe. Paris attire enfin au-delà des frontières. On constate vite que le dresscode hipster est lui universel. C’est le défilé des pulls de grand-mère, des vestes de chasseurs et des bonnets de ski. La moustache est de circonstance.

21h25. La nonchalance de Mount Kimbie 

Les deux anglais de Mount Kimbie restent têtes baissées sur leurs machines. Leurs lents morceaux dubstep ne nous font pas décoller. Ils enregistrent des bruits de la vie quotidienne et y incluent de la guitare et de la basse. Résultat : malgré notre bonne volonté, on a du mal à trouver une musicalité à l’ensemble. Des titres plus pop de leur deuxième album finissent par faire remuer la foule, qui commence à se cailler sous cet immense hall. 

22h10. Du côté obscur de Darkside

Darkside, c’est la collaboration entre le compositeur Nicolas Jaar et le guitariste Dave Harrington. On les a découvert avec leur version puissante du Random Access Memories des Daft Punk. On s’attendait à un live époustouflant, ils ne nous ont pas déçu. Le groupe commence dans la pénombre (au point de ne pas vous ramener une photo décente). Des riffs de guitare et des sons de synthés épurés se mêlent pour nous faire frémir. Sur scène, un croissant de lune vient défier l’obscurité. Les basses partent au bon moment pour faire bouger le public. Pour l’occasion, les deux maestros donnent une version plus dancefloor à leur musique. On bascule du côté obscur. 

23h07. Tout pour rendre un hipster heureux

Difficile d’enchaîner après ça. Pour faire une pause, on part explorer les mezzanines. On découvre un bar à vin. 4 euros le verre de Chardonay que l’on peut accompagner de planches de charcuteries et de fromages et même d’huîtres. Et oui ! Les huîtres, c’est pas réservé à la fête de l’Huma. On trouve vraiment de tout à ce Pitchfork festival. Un marché de petits créateurs est ouvert toute la nuit. En cas de besoin, on peut s’y approvisionner en sac en laine tricotée, t-shirt imprimés, robes vintage et jolis bijoux bizarres. 

00h05. The Knife coupe notre élan

Fumées blanches, hurlements des loups et capuches noires …une entrée de scène parfaite pour cette soirée d’Halloween. Les suédois de The Knife nous plonge dans une ambiance chamanique inquiétante. Leur son électro-pop est supposé mettre en transe. Ils sont à fond, nous on a du mal à entrer dans la tribu. A dix sur scène, ils se lancent dans des chorés en tenue complète bleu fluo digne d’Eiffel 65 pour un final disco, hommage à un spectateur d’ABBA qui aurait pris trop de champi. On a eu notre dose d’avant-gardisme pour la journée.

Jour 2. 19h30, Une soirée en cresendo

On reprend très fort avec la performance de Colin Stetson. Seul sur scène, avec son saxophane basse, il propose une gamme incroyable de sonorités. Ses joues se gonflent à exploser. On est captivé par la performance … un moment. Puis on a besoin d’un peu d’air. Dehors, on en croit pas nos yeux : une joyeuse bande de hipsters se dandinent sur des tubes de Rihanna et Beyonce. Ca s’amuse beaucoup plus ici qu’à l’intérieur, bande d’imposteurs ! On décide de ne pas les brûler. 

21h10, Direction l’Australie avec Jagwar ma 

Les deux mecs de Sydney sont de ces découvertes qui ravissent autant les têtes que les corps. Duo bob et bonnet sur scène, Jagwar mar est à l’image des festivaliers. Leur rock psychédélique lance notre soirée. Même si la balance son n’est pas au top, tout le public est happé par l’euphorie de leur musique. Dimanche on écoutera au calme leur album Howlin, sorti cet été. La suite, c’est avec Connan Mockasin : on les écoute de loin sans trop de conviction, un verre à la main. 

23h06, Enfin du hip-hop au Pitchfork 

Après toutes ces expériences musicales déroutantes, le bon vieux son hip-hop du MC de Danny Brown est un régal pour nos oreilles. Dentition trouée, t-shirt trop serré, la nouvelle star du rap US a une drôle d’allure. Son rap lui est impéccable. Ses titres entraînants font bouger la foule de la Villette, même si l’on ne comprend pas bien ce qu’il nous raconte, si ce n’est quelques “pussy”. On est chaud pour le final avec Disclosure.

00h13, On garde le meilleur pour la fin

Les deux frangins de Disclosure sont la tête d’affiche de ce festival et ça se voit : le public se masse très tôt devant la scène. Artistes prometteurs des deux éditions précédentes, ils ont connu depuis la tête des charts outre-Manche avec leur premier album Settle. Les garçons d’à peine 20 ans commencent à jouer sous les cris de joie. Leur house old school additionnée à des des refrains pop transforme enfin le festival en un véritable dancefloor. On est heureux de  découvrir en live When the fire start to burn et You & me.  Dommage, à 1h15, la fête est déjà terminée.

On n’a pas pu assister à la dernière journée. Malheureusement, on loupe les performance d’Omar Souleyman et d’ A-Trak.

Côté concert

La confirmation:
Disclosure, tout simplement

La découverte:
Jagwar Ma, ces australiens sont des machines à tubes

La déception:
The Knife, leurs délires disco-futuriste-chamanique ne nous ont pas séduit.

Côté festival

On a aimé :

- Enfin un festival avec beaucoup d'étrangers en France !
- Le meilleur du meilleur de la street food
- Très bonne organisation. On ne fait jamais la queue.

On a moins aimé : 

- Le prix excessif de tout : entrée, bières, nourriture
- L’ambiance globale très peu festive. On a jamais vu autant de gens assis par terre et/ou le nez dans leur portable.
- Des soirées qui se terminent à 1h15 le jeudi et le vendredi. Des afters sont organisés au Trabendo juste à côté mais il faut encore payer son entrée...

Conclusion

Pour sa 3ème édition parisienne, le Pitchfork réussit son pari international. Un programme très recherché, avec des artistes peu connus en France, qui ne nous ont pas toujours séduit d’ailleurs. Le lieu était superbe, et les organisateurs n’ont pas manqué d’originalité pour le remplir. Peut-être un peu cher pour s’amuser, mais ce festival ne reçoit aucune subvention et se finance tout seul. 

Récit et photos : Morgan Canda et Céline Martel