On était à
Nuits Sonores: soleil et techno à Confluence

Cela fait maintenant douze ans que l’équipe des Nuits-Sonores investit la ville de Lyon le weekend de l’ascension. Après les Usines Brossettes, les Nuits du festival retournent en 2014 au marché de gros pour une édition entièrement dédiée au nouveau quartier Lyonnais : Confluence. NS Days à la Sucrière, Apero Glasgow à la maison de la Confluence et European Lab à l’hôtel de région, c’est donc au sud de la presqu’île que la grande partie de notre festival se déroule cette année. Parcours à travers Lyon pour quatre jours de festival urbain.

Jeudi 29 mai. 16h00, Apero Glasgow : notre premier apéro du weekend

Après une première Nuit au Marché de Gros la vieille, à laquelle nous avons décidé de passer notre tour, et à en croire le public croisé et les excuses du festival sur les réseaux sociaux, nous avons probablement évité une mini émeute, nous attaquons notre festival sous le soleil Lyonnais au sud de la presqu’île pour l’Apéro Glasgow. Généralement lieu de folie et habitué aux endroits improbables, ce premier apéro est notre première déception du weekend. Fouille à l’entrée, stands des sponsors, monnaie officielle du festival, le lieu est trop organisé et le côté underground des Nuits-Sonores qu’on aime tant est inexistant. Le public est néanmoins nombreux à danser une bière à la main, lunettes de soleil sur le nez sur le son des djs programmés par le festival Heart of Glass, Hearth of Gold.

18h45, Ciné Glasgow: la surprise de l’apéro

Au détour du grand bâtiment désaffecté abritant le bar, en faisant un tour du propriétaire, on suit une poignée de personnes se dirigeant vers une drôle de porte gardée par un vigile. Mobilier old-school tout droit sorti d’un film des années 30 (canapé à gros motif, tables basses en bois et lampe avec abat-jour en velours), on entre dans le hall d’entrée du cinéma éphémère. La salle n’est autre qu’une ancienne salle de vente aux enchères rappelant les vieux amphithéâtres de faculté. Sur l’écran tiré devant les gradins on regarde des clips de groupes écossais, casque vissé sur la tête comme pour une silent party. Beau concept, une jolie pause au milieu des basses !

02h30, Nuit 2: Le Circuit où comment traverser Lyon de haut en bas

Le jeudi soir est la soirée la plus compliquée des Nuits-Sonores et cela depuis notre première édition. Le circuit proposé dans la ville sur treize lieux par les collectifs et associations locales permet à tout le monde d’avoir accès aux Nuits pour 3€ par soirée. Mais c’est toujours à ce moment-là du weekend que les choses se gâtent. Difficulté pour choisir le lieu, tentative avorter de retrouver ses amis, long trajet pour rejoindre une étape… Sans compter les étapes complètes, notre jeudi soir n’aura pas été une réussite. Après avoir [à peine] essayé de rejoindre l’Ancien Garage Citroën pour la soirée Errors, qui s’annonçait depuis plusieurs semaines comme la soirée événement de ce Circuit, c’est vers le Ninkasi que notre chemin aura pris fin.  Avec trois scènes en tout, à l’extérieur, au bar et dans la salle principale le Kao,  le lieu est bondé et la soirée « Destructuré ».

Vendredi 30 mai. 15h00, Street Fighter et techno

Ce qui est bien avec les Extras, c’est qu’il y en a partout (et donc ailleurs que dans le quartier Confluence), et pour tous les goûts. Pendant que certains se font des moules-frites sur une péniche en bord de Rhône, on décide de se faire une session geek 90’ dans un magasin de jeu vidéo. Grosse techno, une trentaine de geeks devant des écrans, on est devant le premier championnat du monde de Lyon de Street Fighter !

16h00, crêpes et techno !

Pas d’Apéro Glasgow aujourd’hui, on est à la recherche d’événements moins conventionnels avant de faire un tour à NS Days. En parcourant l’appli mobile, très bien faite au passage, on géo localise un événement aux airs de Bretagne dans le 7è arrondissement. Phare breton, crêpes, bateau et dj habillés en marinière avec chapeau à pompom rouge, bienvenue à St-Malo ! Les djs s’enchainent, l’ambiance est bonne, les bières se sirotent à la canette ou au gobelet, on retrouve là les apéros qu’on a laissé l’an dernier ! C’est dans ce genre de petits événements qu’on retrouve un peu de Berlin dans Lyon, le temps d’un weekend.

18h00, NS Days: bord de Saône, soleil… le cool des Nuits sont la journée

Premier pas aux NS Days. Seuls événements payants non complets, on tombe tout de suite sous le charme du lieu. Le cadre de bord de Saône est magnifique, des espaces détente sont disponibles un peu partout sous le soleil et les salles sont assez lumineuses pour ne pas ressentir l’effet d’enfermement. C’est à ce moment que la bière fraiche prend toute sa saveur, malgré son prix (3€50 le demi) qui aurait pu nous couper la soif.

19h00, NS Days: Rich Aucoin nous retourne

Notre première claque musicale arrive ce vendredi 30 mai dans la salle 1960. Le Canadien déjanté Rich Aucoin entre sur scène devant un public épars. Le duo met moins d’une chanson à mettre le feu en demandant au public, à travers de petits films d’intro, de répéter un refrain et en invitant les spectateurs à donner un maximum de réactivité au show. Dès le troisième chanson, le chanteur est dans la foule et le reste du concert ne sera qu’allers et retours entre scène et fosse pour être au plus près du public jusqu’à l’apothéose: la jetée d’un immense drap sur le public pour un morceau en dessous. Rich Aucoin nous a fait sauter, bouger et danser pendant une heure, c’est notre première claque du festival ! La tâche revient ensuite à Gold Panda de clôturer de ce NS Days avec un live tout en puissance et un finish en beauté avec « You ».

23h30, Nuit 3: Marché de Gros version 4

On l’avait quitté il y a trois ans pour s’installer pour deux éditions aux Usines Brossettes. 2014 marque le retour au Marché de Gros. Rien à voir avec notre dernière visite, le lieu a été en grande partie détruit et seuls quelques bâtiments sont encore présents pour un site bien plus petit qu’en 2011. Même si l’entrée se fait sans encombre, comparée à ce qu’on a pu entendre de la nuit 1, incitant d’ailleurs l’organisation à s’excuser comme en 2009 (l’histoire se répète…), une fois sur le site il devient bien difficile de circuler entre les scènes. Les allées sont serrées et l’entonnoir se serre sur la route du Hall 2 vers le stand de restauration. Malgré l’espace devant les scènes (point agréable) le site n’est pas fait pour accueillir autant de monde hors des scènes, la version 2011 large et aménagée n’est plus qu’un lointain souvenir.

01h00, 4 groupes au milieu du public

Mais qu’est ce qui se passe sur cette scène ? Une scène, il n’y en a pas ! On arrive au milieu de quatre groupes en vis-à-vis , deux à droite, deux à gauche avec chacun un système son. On apprendra plus tard que c’est le regroupement de quatre groupes de Noise : Marvin, Pneu, Electric Electric et Papier Tigre qui constitue ce dispositif original, La colonie de vacances ! Ça joue fort, les musiciens se cherchent du regard à travers la salle pour s’assurer d’être en mesure, on adore et on navigue entre chaque groupe pour vivre la performance !

02h10, Lumières sur le Hall 2

Après être passé devant les trente dernières secondes de Fuck Buttons, on se dirige devant Four Tet, visiblement le dj le plus attendu de cette nuit! On s’attendait à un mix similaire à sa dernière boiler room mais c’est un set moins contrasté que l’Anglais nous a servi. Le rythme des bass et des  faisceaux de lumière nous plonge dans la frise d’écran du Hall 2 en nous laissant rêveur le temps d’un set. Paradoxalement, la scénographie du hall 2 est nettement mieux réussie que la décoration presque inexistante du Hall 1, grâce à deux énormes murs d’écrans continus et des parts de lumières servant à éclairer le public.

04h30, pas de dernière bière

Après la tranquillité relative du set de Four Tet, c’est Rustie qui prend le relais avec un set bien plus énervé entre bass music et hip-hop. On aurait bien aimé conclure cette soirée en dansant une bière à la main, mais les bars stoppent la vente d’alcool après 4h, sage décision, la route du retour est longue. 

Samedi 31 mai. 16h00: Pouet pouet camion

Les longues journées s’enchainent et à la différence d’un festival « classique », Nuits-Sonores nous promène partout dans la ville, passant beaucoup de temps à marcher, pédaler ou à prendre les transports en commun. L’accumulation de la fatigue nous impose donc à nous limiter avant la dernière nuit du festival. Séchant une fois de plus l’apéro Glasgow (et NS Days par la même occasion), c’est non loin de là qu’on passe une après-midi ensoleillée, au plus grand rassemblement de food truck jamais organisé à Lyon. Une dizaine de camions, des stands d’accessoires de mode, un camion Red Bull diffusant de la musique, le tout dans le Square Delfosse à deux pas de la Saône. Coupsde soleil et bières plus ou moins fraiches ont rythmé notre après-midi. Reposant et rafraichissant !

00h00, Nuit 4 : last but not least

Metro blindé, tramway plein à craquer, c’est, comme plusieurs centaines de personnes, à pieds qu’on se dirige vers le marché de Gros pour notre dernière nuit. La rue est pavée de cadavres de bouteilles, chacun se met dans l’ambiance à sa façon, car une fois dedans le prix des consommations n’est pas cadeau, et la queue pour les tokens (jeton boisson) est longue. Les allées sont remplies, ce soir aussi la nuit est complète, et vu le programme on comprend pourquoi !

01h00 : le live de la soirée par Trentemoller

On comprend pourquoi car après avoir attaqué la soirée dans le Hall 2 devant Efdemin (désolé Brian Jonestown Massacre!), c’est vers Trentemoller qu’on court dans le Hall 1. Devant une salle bondée, le dj Danois accompagné de son groupe (6 sur scène) a mis le feu ! Poussant le show jusqu’à des chorégraphies old-school et rétro, le concert est rock et vitaminé ! Le public saute sur les basses de « Silver Surfer Ghost Rider Go », les filles du groupe mettent l’ambiance, on est dedans du début à la fin. Merci !

02h20 : Agoria le local de l’étape

Comment passer à côté d'Agoria ? Probablement le dj le plus connu de la ville de Lyon, Agoria est plus qu'un habitué puisqu'on le voit tout les ans, un peu comme Laurent Garnier. Une valeur sûre qui frappe fort dans le Hall 2 avant de laisser place à Rodhad pour un enchainement parfait dans la continuité du programme de la scène: puissant, violent mais jamais déplaisant.

Dimanche 1er juin.  17h00, tous au parc pour le final

Toujours agréable de profiter du soleil en fin de week-end surtout si la musique l’accompagne. Apres avoir repris pour la trentième fois le métro (ou 40 on ne compte plus) on arrive au milieu de la foule pour le dernier Apéro de l’édition 2014. Le cadre est parfait pour clôturer le festival. On y retrouve les salons et canapés des année 30 de l’Apéros Glasgow, les bambins participent aux activités coloriages et pour les plus grands des jeux de sociétés sont mis à disposition. Pas de places, pas de Kraftwerk, c’est dans une ambiance  tropicale-funk-électro que l’on profite de ces derniers instants, oubliant presque qu’une fois endormi, demain on est déjà lundi.

Côté concert

La valeure sure
Gold Panda, le public ne s'est pas trompé, il a fait parti des grands noms de l'édition

La surprise
Trentemoller, avec son live survitaminé c'est probablement un des plus beau show nocturne du festival

La découverte
La Colonie de Vacances et leur concept original

La claque
Rich Aucoin, ce Canadien a retourné le public. On ne doute pas une seconde que ce type remplira des grandes scènes dans les années à venir

La déception
Les djs qui s’enchainent anonymement au Hall 2 et à la Salle 1930 comme dans un club

Côté festival

On a aimé :

- Le lieu des NS Days
- Les Extra! gratuits toujours aussi originaux
- La décoration du Hall 2 digne d’une Boiler à Pukkelpop
- L'aménagement du quartier Confluence dynamisé par le festival

On a moins aimé :

- L'Apéro Glasgow sans personnalité
- Le flux des nuits: à la limite du respirable dans un site bien trop petit (sans parler de la gestion des entrées le mercredi soir)
- L’unique stand de restauration lors des Nuits
- Le prix des consommations
- La décoration nettemment réduite sur le site des Nuits.

Conclusion

Pendant cinq jours une partie de la ville a vécu au rythme des Nuits-Sonores. Centralisé pour l'occasion au sud de Lyon, à Confluence, nouveau quartier en développement, le festival a fait le plein sur les Nuits dans un ancien marché de gros trop étroit mais à la décoration surprenante, même si on à déjà été habitué à mieux. Bien plus confortable, les NS Days auront été source de découvertes avec un programme de haute volée, bien que la formule "après-midi" payant dans un lieu- "soir" payant dans un autre ne nous rejouit pas forcément. Véritable poumon des Nuits-Sonores, les Extra! ont une fois de plus montré toute la créativité des collectifs et associations Lyonnaises proposant une alternative fun, décalée, toujours surprenante et surtout gratuite au payant. Après ce retour au marché de gros, lieu de nos plus belles nuits entre 2009 et 2011, on attend maintenant avec impatience de découvrir le lieu de l'édition 2015 en espérant un festival moins centralisé. Le pari est en tout cas réussi pour l'équipe du festival, et pour la mairie de Lyon: le quartier Confluence n'aura jamais vu autant de monde que ces cinq derniers jours.