On était à
A Bourges, le festival se joue dans la ville

Pendant le Printemps de Bourges, toutes les rues de la ville se transforment et vivent au rythme des concerts et apéros. Ce n’était pas dans les salles qu’il fallait être pour vivre son festival.

Dès la sortie de la Gare de Bourges, pas besoin de plan pour trouver l’endroit où tout se joue : il suffit de suivre la foule et les odeurs de merguez. Il est 15h et déjà les premiers festivaliers ont le verre en main, le visage encore un peu marqué par la soirée de la veille.

Concerts gratuits et rencontres sur le tas

Dans la ville, ambiance Fête de l’Huma avec des stands en tout genre : lunettes de soleil, bijoux, vêtement, petits chiens à piles qui aboient, andouillettes et bières… Faites votre choix ! Des poussettes croisent des groupes de jeunes déguisés en Super Mario et autres costumes en tout genre. Le Festival du Printemps de Bourges se joue avant tout dans la ville. Toute la journée des petits concerts gratuits sont organisés un peu partout dans les bars et les restaurants.

Au détour d’une petite rue pavée, le groupe Théo (photo) reprend les plus grands tubes du rock français. Une cinquantaine de personnes apprécie le spectacle. Cinq mecs sont posés là, un peu marqués par la fatigue mais bouteille de Picon et pack de bières à côté du sac, prêts à être dégainés : « On ne se connaissait pas la veille, on est voisins de camping ! », explique l’un d’entre eux, babacool d’une trentaine d’année, « je suis venu avec mon collègue de boulot de Moulins et eux ils viennent de Rouen. C’est une histoire de chargeur de portable qui nous a fait sympathiser, depuis on ne se quitte plus ! ». Ils on d’ailleurs prévu de se revoir à Rouen d’ici deux semaines … Le coup de foudre !

Cela fait déjà cinq ans qu’ils viennent chaque année. Et ce n’est pas le fait de dormir dans leur voiture qui va les empêcher de revenir encore et encore. Mais s’ils comptent revenir l’année prochaine, ce n’est pas pour la programmation officielle… « Avant on les faisait ces concerts, maintenant c’est devenu trop cher, alors on fait le festival dans la ville, c’est comme un vrai festival ! », précise Momo, l’un des rouannais, en se grattant le bouc, « les habitants sont sympas », ajoute-t-il, en remettant ses lunettes de soleil Kronembourg sur le nez.

“Tant qu’on ne pourra pas passer la grande porte, on jouera devant !”

La ballade sonore se poursuit dans les rues de Bourges. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y en a pour tous les goûts ! Du bobo-hypster - pantalon retroussé et chaussettes à fleurs de lys apparentes - à la petite mamie du coin, en passant par des sosies de Bob Marley, c’est un vrai melting-pot. Sur une petite place pavée entourée de maisons à colombage, plus de 200 personnes sont agglutinées devant une scène. Les enfants dansent devant et les adultes se dandinent. Le groupe qui met l’ambiance ce sont les Fuzzy Vox, un groupe nourri au rock 60’s et au punk anglais. « C’est de la vitamine à l’état pur ! » s’exclame une dame d’une cinquantaine d’années, cheveux longs grisonnants retenus par une barrette.

Ils sont trois garçons dans un groupe formé il y a deux ans. Leur look : costar-cravate noir et blanc. Ils ont déjà une petite tournée européenne dans les jambes, pas mal de dates en France, et sept représentations dans les bars de Bourges.  « On candidate chaque année pour être dans la prog’ du festival, mais ils nous recalent tous les ans, nous explique le chanteur du groupe Hugo, clope au bec. La mode c’est l’éléctro, mais tant qu’on ne pourra pas passer la grande porte on jouera devant ! ». Récemment, ils ont appris qu’une de leur chanson a été reprise pour la nouvelle pub d’une célèbre marque de chewing-gum, qui sera diffusée lors de la prochaine Coupe du Monde de football. Autant dire qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’eux !

C’est aussi ça le Printemps dans la ville, découvrir de nouveaux talents. Qui sait, peut être que l’année prochaine on les retrouvera à l’affiche du festival. Comme les autres festivaliers, les Fuzzy Vox comptent bien finir leur soirée, « à l’arrache et torchés ! ». Mieux vaut donc se doter d’une bonne couverture de survie et rester dans les rues de Bourges pour être sûr de ne rien manquer du spectacle.