On était à
Main Square Festival 2023, le piège de la routine

17ème édition du festival et pourtant le Main Square semble immuable. Toujours la même recette mais qui commence à s’essouffler et nécessite des améliorations pour retrouver la splendeur d’un évènement néanmoins toujours très couru des festivaliers français. On vous raconte notre Main Square 2023.

Jour 1. Vendredi 30 juin, 18h45, ciel nuageux mais public heureux

Après un an de sommeil, la Citadelle d'Arras se réveille. Nous arrivons sous le chant pop et mélancolique de Calum Scott se produisant sur la scène de Green Room. Les spectateurs continuent d’affluer et de remplir le site tandis que nous commençons le tour des différents stands et bars. Quand le concert d’Izïa débute, l’ambiance monte d’un cran grâce à sa voix pleine de fougue. Après s’être produit en 2015 sur la Green Room, cette fois, Izïa a conquis la grande scène sans difficultés.

Tandis que les files s’allongent de minutes en minutes aux différents stands, burgers, pâtes, pizzas, poulet, gyros ou encore poutine et diverses sucreries, on optera pour le traditionnel aligot saucisse que nous accompagnons d’une bière. Nous profitons du début de concert d’Anna Calvi, devant la terrasse du bar à bière tandis qu’une ambiance chaleureuse s’installe sur la Green Room avec des airs de pop anglaise. 

21h15, de bons conseils

Une fois restaurés et hydratés nous voilà de retour au milieu de la foule d’une Main Stage pleine à craquer. Le public est présent pour la seule date du groupe californien Maroon 5 en festival sur le territoire hexagonal. Les 1h30 de show s’enchaînent rapidement sur les classiques du groupe, « Payphone », « Memories », « Animals » et bien entendu « Sugar » en rappel. Adam Levine se montre proche du public et peu avant la fin du concert il aperçoit une pancarte d’un jeune couple avec écrit "Nous nous marions demain". Il en profite donc pour donner un conseil au futur marié : "sache qu'elle aura toujours raison ! Même quand elle aura tort, elle aura raison !" puis enchaîne avec le titre « She Will Be Loved ».

22h45, immersion totale

Nous profitons d'une petite pause lors pour aller chercher une bière (photo). Comme chaque année, on retrouve de la Desperados Lime, de la Heineken Silver au choix et en plus une Pélican blonde de retour pour un prix d’environ 8€.

A 23h45 Damso démarre son show devant un public jeune et plein d’énergie, prêt à en découdre à coup de pogos. Il nous joue une grande partie de son dernier album QALF ainsi que de nombreux classiques et collaborations comme « Mwaka Moon »  ou « Dégaine ». Mention particulière pour le retour vidéo sur scène pris par un drone FPV tournant autour de l’artiste comme si nous étions acteurs d’un clip.

Nous profitons du dernier concert de la soirée du jeune DJ toulonnais Kungs, de retour aujourd’hui avec un show plus complet et abouti qu'en 2017, composé de remixes et titres phares et accompagné d’une mise en scène colorée et festive nous fera danser jusqu’à 2h du matin. Nous avons bien mérité un peu de repos pour tenir la suite du festival ! 

Jour 2. Samedi 1er juillet. 19h39, les problèmes

Nous commençons notre soirée par un goûter avec un cornet de churros (6€) que nous dégustons en parcourant le festival. Il y a peu de monde comparé à la veille, le gros du public n’arrivera finalement que pour le concert d'Orelsan. Toutefois, quelques familles se sont massées pour applaudir Aya Nakamura. Accompagnée de choristes, danseurs et d’excellents musiciens, la Queen tente d’amener le public dans sa pop écoutée dans le monde entier mais mis à part sur quelques sons comme « Comportement » ou « Dégaine », l’audience ne réagit que peu et elle n’est pas aidée par la régie son qui semble avoir mal réglé son micro. Un problème qui persistera malheureusement tout au long du week-end sur cette scène.

Le concert de Hamza ne nous emballera pas plus. Fatigués de l’utilisation de l’auto-tune nous quittons la Green Room au bout de 30 minutes. Nous regrettons aussi la non réflexion du public qui préfère s’entasser en bord de scène et donc bloquer les allées de circulation alors qu’en faisant le tour il y’a un grand espace pour se poser devant le concert. 

22h34, euphorie

Cette année, les concerts ne se chevauchent plus mais s’enchaînent. Une évolution qu’on attendait depuis plusieurs années mais qui n’a pas changé grand chose en termes de gestion des flux. Placés en milieu de fosse, nous sommes prêts à accueillir la tête d’affiche du soir : Orelsan. Nous qui avons eu la chance de le voir l’an dernier, nous craignons d’assister au même concert mais dès le début du live, nous observons un changement de scéno avec la fin de l’écran incurvé. Des enfants sur les épaules de leurs parents reprennent les paroles de « L’odeur de l’essence » signe d’une génération alerte sur les problématiques sociétales. Pour marquer une pause dans cette euphorie, Orelsan choisit deux jeunes filles pour s’affronter sur une partie de son jeu « Civilisation Fighters ». Le public est coupé en deux et prend parti pour l’une des deux gameuses du soir pour gagner des tee-shirt. 

Devant la Greenroom, nous nous postons pour découvrir le live d’Apashe. Le canadien d’adoption se produit désormais avec un ensemble de cuivres. Alliant classique avec bass et trap, il retourne Arras avec une prestation inédite. Des pogos se forment chez les plus avertis et nous plongeons dedans pleine tête. Grâce à des visuels reprenant des tableaux célèbres. Apashe émerveille le Main Square. Si vous avez l’occasion de le voir dans cet été, foncez ! 

00h34, boucles électroniques 

Le Main Square s’est bien vidé de ses fêtards après Orelsan. Devant la chapelle de la Citadelle, l’ambiance est bon enfant pour Lost Frequencies. Derrière un dj booth épuré de blanc immaculé, il reprend les sons de son live avec musiciens mais ses transitions sont trop cutées et sans les effets pyrotechniques, même si le public est plutôt satisfait. La venue surprise d’Orelsan pour valider le remix de « Jour meilleur » est très appréciée. La prestation se termine avec le nouveau titre du Dj intitulé « Feeling On ». D’inspiration du style du duo Ofenbach, ce morceau à la guitare qui chante est idéal pour terminer la soirée sous les confettis qui avaient manqué jusqu’alors lors des autres concerts.

01h15, remboursez notre compost !

Avec cet enchaînement de concerts, nous en aurions presque oublié de manger. A cette heure-ci, on se demande si on sera encore servi. Heureusement, sur les hauteurs du festival, la tente aligot/saucisse(s) vient nous sauver (photo). Un supplément donné (4€) pour une saucisse supplémentaire (oui on avait très faim) et nous voilà rassasiés. Le plat est servi dans une assiette recyclable qu’il faudra retourner à l’un des points de déconsigne avant de quitter le site. Cette assiette est donc facturée (2€) en sus de la nourriture mais au moment de la rendre la personne à la déconsigne ne nous crédite notre bracelet que de 1,5€. Si l’idée d’avoir une vaisselle recyclable est excellente dans le cadre de l’évolution écologique du festival, il est important que les coûts qu’elle représente ne soit pas tous répercutés sur les festivaliers à notre sens.

Nous montons sur les tables devant le Beer Bar pour profiter du show de Vitalic. Comme chaque année pour cet ultime concert de la journée, le son est beaucoup trop fort. On se demande si ce n’est pas une volonté des organisateurs pour faire sortir le public plus rapidement ou si dans leur esprit techno rime forcément avec +130 décibels. 

Jour 3. Dimanche 2 juillet. 13h15, rafraîchissement et déhanchement

A l’extrémité du festival du côté des animations des partenaires, nous faisons un premier arrêt sur le stand spritz. Dans de jolis gobelets qui montrent le dosage de chaque ingrédient pour ce breuvage, nous apprécions la fraîcheur du liquide orangé. Sur l’espace de restauration central, nous optons pour des tenders avec frites (11€) que nous partons déguster devant la Main Stage à la rencontre des festivaliers du premier rang pour savoir quels artistes les motivent de rester plusieurs heures sans bouger pour certains sans ravitaillement. Sans surprise, les têtes d’affiche Macklemore mais surtout David Guetta sont la justification de cette attente en plein soleil...

Les programmateurs artistiques ont joué un joli coup en misant sur Joé Dwèt Filé en milieu d’après-midi. Avec ses quatre danseuses et son Dj, le chanteur nous fait digérer notre déjeuner sur des rythmes afro-caribéens. Bien que l’affluence ne soit pas énorme, les festivaliers sont ravis d’apprendre comment danser le kompa, danse sensuelle originaire d’Haïti qui est remise au goût du jour par l’artiste. 

Le festival se poursuit avec un autre type de danse puisque nous retrouvons avec bonheur Suzane. Pour une première au Main Square, elle conquis les festivaliers  et notamment les jeunes femmes juste devant nous qui sont à fond pendant tout le concert. Côté tracklist pas beaucoup de changement comparé aux années précédentes si ce n’est « A la casa » un titre de son dernier album qui parle de la famille et de l’importance qu'elle revêt pour tout à chacun. 

18h47, palabres et prises de risques

Nous papotons avec des festivaliers sur les fauteuils et poufs de la zone chill : nos observations se rejoignent et soulignent le manque de tête d’affiche internationale de la veille et l’impression que le Main Square est en perte de vitalité. En effet, en dehors des concerts cela fait plusieurs années que nous nous ennuyons un peu.

Devat le bar de la Main Stage, tout d’un coup, tout le monde semble avoir le regard tourné vers nous. En réalité, le public lève les yeux au ciel pour voir le chanteur de Fever 333 escalader torse nu et sans protection la tour de la régie devant une sécurité médusée. La folie de celui-ci nous saisit et on le regarde donner ce qu’il lui reste d’énergie. Pendant un temps, on se croirait transportés à Clisson sur les plaines du Hellfest.

De l’autre côté, changement radical d’ambiance avec l’indie rock de Spoon qui amène quelques curieux mais certainement pas assez. Le reste du public étant resté en Main Stage pour attendre Macklemore. Le concert du groupe originaire du Texas se fait donc dans une ambiance assez intimiste qui n’est pas pour déplaire aux fans qui se retrouve donc proches du quatuor. 

20h59, à l’américaine

Macklemore est très heureux d’être de retour au Main Square et propose un concert plein d’énergie où il s’aventure régulièrement sur le container sur le côté de scène. Nous vibrons sur le touchant et vibrant « Chant » qui est un hymne à la résilience. Ce que nous aimons chez cet artiste, c’est qu’il peut être très sérieux durant un son qui défend une cause qui l’anime comme la lutte contre l’homophobie et le titre d’après le voilà grimé en Sir Raven Bowie avec une grande cape pailletée et une perruque blonde pour « And we danced ». 

Nous avons dû jouer des coudes pour garder notre place en face de la scène. « Il y’a mon frère devant, mon amie est celle avec le chapeau… » et autres prétextes plus ou moins valables pour nous passer devant ne nous ont pas facilité la tâche. Le public n’est pourtant pas nerveux mais plutôt très heureux de voir David Guetta qui nous présente en exclusivité une scénographie pensée pour sa tournée estivale, composée d’une énorme tour d’écrans, de lyres et de lasers. Notre voisin malgré la cinquante passée est bondissant, preuve s’il en est que David Guetta parle toujours à toutes les générations. Sa setlist est aussi un bon exemple de son aura qui touche les 5 à 60 ans : « Memories », « Love don’t let me go », « Love is Gone », « Sexy Bitch » ou encore  « Dangerous » et « Titanium » sont playlistés. Le show se termine en apothéose peu après minuit, le temps juste de récupérer un pot de carbonara (10€) pour affronter la route jusque chez nous le ventre plein. 

Bilan : 

Côté concerts 

Le boss :
David Guetta, on se demande quelle est la recette pour faire danser toutes les générations et remporter un tel succès populaire au point que certains attendent plus de 7h pour l'applaudir 

Celle qui a pourtant tout tenté :
Aya Nakamura, des morceaux entraînants et une envie de partager avec le public mais ce samedi soir là ça n’a pas pris. 

Le bon choix :
Joé Dwèt Filé, avec ses rythmes chaloupés, il nous a fait découvrir un style et une danse qu’on ne demande plus qu’à pratiquer.

Douceur brutale :
Apashe, derrière ses airs de musique classique et son ensemble de cuivres se cache des drops à en faire tomber de sa chaise Beethoven ou Mozart. 

Côté festival

On a aimé : 

- La fin de la superposition des concerts
- Trouver sur plusieurs jours du merch des artistes programmés sur le festival
- La vue panoramique sur la Main Stage depuis le stand Samsung
- L’agrandissement du village avec l’ajout d’une nouvelle petite scène
- Le début de l'engagement écologique du festival

On a moins aimé : 

- La constante augmentation des prix des boissons d’une année sur l’autre
- Les consignes parfois un peu trompeuses
- Le problème de son pour le micros de la Main Stage
- La mentalité de certains spectateurs qui oublient qu’être en festival c’est profiter et penser à autre chose le temps d’un week-end
- Trop peu d’animations, en dehors des concerts on a tendance à s’ennuyer 

Infos pratiques

Prix des boissons :
- Desperados Lime : 7,8€
- Heineken 7,3€
- Mojito : 10€
- Spritz : 9,5€
- Soft (sodas, citronnade) : 4€

Prix de la nourriture :
- 10€ en moyenne, présence de nombreux foodtrucks (burgers, pizzas, pâtes, poulet, aligot, sandwiches, bonbons, crêpes et gaufres…)

Prix du festival :

- Pass 3 jours sans camping : 155€
- Pass 1 jour sans camping : 69€ le vendredi, 65€ le samedi et le dimanche
- Pass camping 1 nuit : 10€

Transports :
En voiture : A1 en direction de Lille ou Paris 
En train : Gare SNCF d’Arras, trains spéciaux pour repartir vers Lille après les concerts
En navette : Navettes-bus gratuites entre la gare et la Citadelle 

Conclusion : 

Cette 17ème édition du Main Square festival dans la Citadelle d’Arras nous laisse un souvenir particulier. Si le retour au format trois jours a été apprécié, nous avons trouvé que la programmation était légèrement en-dessous d’autres éditions pour un prix en nette hausse (+26€ le pass 3 jours). La venue d’artistes ayant des cachets élevés et l’augmentation des coûts de production peut justifier en partie celle-ci mais le peu d’animations pour occuper le public en dehors des concerts aura eu raison de certains. Le festival a toutefois réuni 126 000 personnes qui sont reparties avec le sourire aux lèvres. L’an prochain, le Main Square fêtera ses 20 ans. S’il est toujours bien installé dans le paysage des festivals, nous espérons quelques améliorations qui lui feront passer un nouveau cap et lui permettront de retrouver la vitalité qui a fait les grandes heures de ce rendez-vous.

Récit et photos : Terry Juttier et Alban Sauty