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Down the Rabbit Hole, un voyage au Pays des Merveilles

“Down the Rabbit Hole, where you are who you are when no one can see you”. En Français, “Au fond du terrier, où vous êtes la personne que vous êtes quand personne ne peut vous voir”. Cette formule est bien connue à la fois des amateurs de littérature anglophone et des psychonautes en herbe ; on peut employer cette formule indifféremment pour parler d’un gros trip au LSD ou du gros trip d’Alice dans le livre de Lewis Caroll. Immersion dans un des festivals les plus hippie des Pays-Bas.

Ah, la Hollande. Rien que pour visiter les terres de Paul Estak et des New Kids Turbo, ça vaut le coup de faire son sac pour aller écouter du Gabber et se prendre des coups de mulet dans le pif. Enfin, de mulet… Au Québec, on appelle ça la Coupe Longueuil. Pourquoi ? Parce qu’à Longueuil, les hommes portent tous un mulet. Voilà.

The War on Drugs, Andrew Bird, Patti Smith, Damien Rice, Leftfield : franchement, pour un festival qui se dit au fond du trou, leur line-up plane plus haut qu’un 747. Il faudrait voir à arrêter de grignoter la pelouse, d’une ça a sûrement servi d’urinoir avant de servir de repas, et de deux, le système digestif humain n’est pas conçu pour dissoudre de la cellulose. Après, pour un truc de hippies, ça tatane un peu quand même. Entre le live monstrueux de Clark ou les prestations un peu plus festives de Che Sudaka, on a de quoi bouger frénétiquement la tête. On ne résiste pas à la programmation en 2015 de Birth Of Joy ou Flying Lotus, et on pense très fort à Ben Howard, qui dans ce cadre idyllique pourrait faire un truc encore plus taré qu’en concert.

Des plantes dans la bouche, des nuages dans la tête

De plus, un festival européen qui programme tUnE-yArDs et qui en plus en fait la promo dans son aftermovie, déjà ça nous ôte de la bouche tout ce qu’on pourrait dire de mal sur l’évènement. L’édition 2014 a également vu Foals passer, ce groupe dont on est toujours pas remis depuis qu’on les a vu retourner entièrement le public et nous avec à la Route du Rock 2008. Bref, la programmation est sensée, pensée, certes résolument orientée pop aérienne mais avec son lot de surprises noise-rock ou dance-punk, comme Death From Above 1979 qui s’est fait une place sur l’édition 2015.

Quand on dit DTRH, en France ça fait vite penser à la Direction Territoriale des Ressources Humaines. Rangez vos cauchemars, mollo sur le café, on respire : le Down the Rabbit Hole ne vous poursuivra pas dans les couloirs pour une histoire de viol de photocopieuse - si vous vous reconnaissez, parlez-en quand même à votre psy -, mais vous procurera joie, paix et amour dans un environnement eco-friendly, respectueux, et souriant. Très souriant.

Défense de fumer les bégonias

Trop souriant ! C’est vrai, dans toutes les photos qu’on a regardées il n’y a personne qui tire la gueule, c’est à croire qu’ils ont embauché des acteurs : sérieusement, même pas un gamin en bad après avoir trop levé le bras ? Allez, on est en Hollande quoi, on sait très bien que tout le public est passé à Amsterdam avant de venir, et puis bon, le chat tout violet d’Alice avec les yeux qui partent en sucette, on se doute bien qu’il ne tourne pas qu’au Père Benoît ! On ne fait généralement pas référence à Lewis Caroll sans avoir de sérieuses racines dans la Beat Generation et tous ses dégénérés notables, comme entre autres William Burroughs devenu veuf après avoir joué à Guillaume Tell avec sa femme. Bref, au Down The Rabbit Hole, on fait attention à la nature.


Ca fait deux fois qu’on rencontre des militaires en goguette. La première fois, un ex-soldat du 3ème RIMA ayant quitté l’armée au retour de son premier festival en Suède. La deuxième fois, un artilleur en week-end. Du coup, on s’est décidé à glisser un petit mot pour vous, les mecs. Si vous voulez vous payer des vacances au Down The Rabbit Hole, le plus simple c’est de vous préparer comme pour le front. Le treillis reste la meilleure protection contre le froid, la pluie et le vomi ; les rangers c’est parfait pour pas saigner après avoir marché sur du bris de verre. On oublie juste le FAMAS, le couteau de combat et l’arme de poing, mais sinon : gourde, montre étanche, téléphone satellite, jumelles, lunettes infra-rouge, boussole, lampe de poche, casque si vous aimez les pogo, c’est tout à fait ok. Evitez juste de dire bonjour en mode garde-à-vous, ça peut faire jaser les pacifistes. A la place, contentez-vous d’un “- Salut !” façon Armée du Salut.

Sinon, le reste marche comme à la maison, une tireuse, des jolies filles, de la musique, des potes. On ne va pas réinventer la roue, faites comme chez vous et mettez-vous bien.

Deux, c’est le nombre d’éditions du festival. Ce festival est présenté comme le petit frère du Lowlands et comme le concurrent direct du Best Kept Secret, qui lui en est à sa troisième édition et affiche une esthétique plus moderne que le DTRH, avec des noms comme Alt-J ou Badbadnotgood.

Et, pour un festival aussi jeune, on est impressionné par la déco, les structures, l’esthétique, mais surtout par la pertinence de la programmation musicale. Pendant que pas mal de festivals ont tendance à produire une affiche pot-pourri, représentant pêle-mêle une palanquée de cultures différentes sans qu’on ait le temps de tout retenir avant de terminer le pack de Lager, d’autres, comme celui-ci, procurent à leur public une affiche léchée jusque dans le fond du yaourt, de celles qui racontent une histoire et produisent une atmosphère bien particulière. La nourriture semble acceptable sans être merveilleuse, mais d’après Incubate, il y en a pour tous les goûts et tous les régimes. Peu importe votre alimentation préférée donc, vous pourrez vous sustenter.

Côté monnaie, si vous pensiez prendre le départ en juin prochain, votre portefeuille ne sera pas amputé d’une manière irrémédiable : cette année, il fallait compter 125 euros pour trois jours. Pensez juste à prendre du Camembert si vous ne voulez pas tourner au Gouda pendant tout le festoche !

Infos & Réservations : http://downtherabbithole.nl/
Photos : Maartje Brockbernd, Bart Heemskerk