Si l'été consacre la plus belle période des festivals, il coïncide également avec la trêve des championnats européens de football. Une pause bien méritée face au matraquage médiatique des stars au poil impeccable, même si pour brasser du vent, les diverses rédactions sportives peuvent encore spéculer sur la période des transferts. Mais il semblerait que cela ne suffise pas à nos confrères de So foot. Non contents de ne plus pouvoir courir après les joueurs qui courent après la baballe, voilà qu'on nous fait un procès à deux balles. Nous organisons donc à travers cet article une contre-attaque rapide, œil pour œil, dent pour dent, onze contre onze.
Muscle ton cerveau, Robert !
Avant tout il faut reconnaître que la tactique mise en place par l'adversaire est efficace, drôle et bien organisée. Mais chaque dispositif comporte des failles que l'on n'hésitera pas à exploiter, respect de l'adversaire oblige.
Tout d'abord, une astucieuse combinaison de statistiques permet à nos détracteurs de déduire qu'en moyenne, un joueur de foot par équipe s'est dégourdi les jambes en festival l'été dernier. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y aurait donc un footballeur par club qui dispose de la curiosité nécessaire pour sortir de son microcosme physico-tactico-péno. Il faut lui reconnaître un courage rare dans son milieu pour oser mettre le pied dans un monde totalement inconnu de la plupart de ses partenaires : la culture.
Courageux mais pas fou pour autant, il reste dans sa zone de confort, se parant de ses plus beaux apparats entre autre lunettes plaqué-or-ronce de noyer pour rester incognito et s'éviter de devenir la risée du vestiaire, catalogué comme « l'intello de l'équipe », sous prétexte qu'il aspire à une autre culture musicale que Jul à fond dans sa Porsche Cayenne. Fort à parier qu'il reçoit une oreille plus attentive quand il se déplace en festival chaque été, même sans aller jusqu'au camping.
Les deux pieds décollés et les mains en l'air
Autre argument avancé à la limite du hors-jeu, il semblerait que la dramaturgie d'un festival n'est rien comparé à l'impalpable suspense d'un Lorient – Angers.
On s'étonne alors du nombre record de festivals organisés en Bretagne, une région pourtant depuis si longtemps labellisée « Terre de Football ». Se pourrait-il alors que le public, las d'un énième 0-0, préfère revoir pour la troisième fois Danny Brillant plutôt qu'une nouvelle saison de Jimmy Briand ? Profitons encore d'une défense mal alignée pour parler taux de remplissage. Là encore, le public semble avoir choisi son camp, et il répond davantage présent à un concert de Zaz les pieds dans la boue plutôt que sur un siège exposé plein Sud au Stade Matmut Atlantique de Bordeaux.
Les Vieilles Charrettes
Autre secteur du jeu où les festivals de l'Hexagone ont une longueur d'avance sur leurs homologues en crampons, c'est le rayonnement sur la scène européenne. Le secteur événementiel français demeure l'un des plus dynamiques du continent, et en constante expansion avec ça, n'en déplaise à Jean Mi Aulas et ses comparses. Oui les festivals français Dream Bigger, mais ils le font vraiment. Pas besoin de se gargariser d'un super cru de festival en 93 et hors de question de devoir aller danser dans les plus gros festivals allemands ou espagnols quand les choses deviennent sérieuses. Désolé, mais on ne parle pas ici de l'attractivité de la ligue 1, digne d'un meuble Conforama en kit..
Allez les verres !
Énième tacle par derrière, on réduit les festivaliers à de simples fanfaronneurs éméchés à longueur de journée. Sans doute fanfaronnent-ils car ils peuvent encore se délecter d’onéreux, mais appréciables, verres de bière, un luxe dont doivent désormais se passer les supporters de football au sein des stades, resté dans l'abus. A quoi bon se doter d'un « formidable outil » pour y boire un Vittel fraise quand on peut siroter un 'ti punch en toute liberté sur un terrain, certes accidenté, mais tellement plus convivial ? Quand bien même l'exaltation donne lieu à des mœurs plus dissolues, le respect reste au cœur du game. Nul besoin de tendre des filets de protection entre l'enceinte droite et l'enceinte gauche, on traite nos hooligans pogoteurs avec davantage de considération.
Pour l'Amour du Maillot
Ultime acte d'anti-jeu, on nous fait croire que rien ne vaut l'odeur chargée en phéromones d'un maillot classé collector. Si on est en droit de préférer les effluves crasses du polyester, il y a fort à parier que vous susciterez davantage le dialogue et l'échanges d'anecdotes cocasses si vous arborez un t-shirt du Hellfest. A l'inverse, votre maillot vintage à l'effigie d'une ex-vedette qui enchaîne désormais les une-deux entre fast food et Prozac ne provoquera que méfiance et regard en coin de la part de vos congénères. Quid des extrémistes du flocage prêts à sacraliser leur maillot d'un KIKI N°9 ? Aussi, si on peut reconnaître que les graphistes des t-shirts collectors des festivals ne sont pas toujours aussi inspirés que notre ZZ national, au moins ils n'admettent pas qu'un bon vieux logo « Mutuelle du Soleil » vienne piétiner la charte graphique. Les festivaliers ont des principes, et ils n'ont pas besoin de se les floquer sur l'épaule pour s'en souvenir. Et s'ils préfèrent glisser sur le ventre plutôt que sur les genoux, l'important reste de célébrer.
On est fair-play, allez jeter un oeil à l'article de So Foot, il est très drôle !