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Norberg Festival : à la pointe des musiques électroniques depuis 15 ans

En Suède, loin de l’agitation de Stockholm et du tourisme côtier, un petit groupe de passionnés organise depuis 2001 un des festivals de musique électronique les plus pointus du continent. Bienvenue à Norberg.

En France, ce que les festivals de musique électronique programment se cantonne bien souvent à la Techno, au Dubstep, à la Psytrance ou à la Drum’n’bass ; des genres bien définis, relativement accessibles par un public large, qui associe la musique électronique à une seule chose : danser.

Mais, comme dans le Jazz ou le Rock, il existe bien des façons de jouer, bien des façons d’écouter et de concevoir cette musique. Parmi certains albums explorant des univers sonores jusqu’alors inconnus, on pourra citer Draft 7.30 d’Autechre, ou Selected Ambient Works d’Aphex Twin, ou encore Cautella de Richard Devine. Ces trois albums sont, à n’en pas douter, des influences majeures pour les créateurs du Norberg Festival.

En effet, entre Venetian Snares, Kid606, Monolake (aka Robert Henke, co-créateur du logiciel de production musicale Ableton Live), Lustmord (le papa du Dark Ambient, une trentaine d’albums studios et les bandes-son du jeu « Far Cry Instincts » et du film « Underworld » à son actif), Murcof, Fennesz (partie du fer de lance de l’expérimental depuis 1997), c’est l’Histoire de la synthèse sonore qui foule la Suède de ses grands pieds depuis quinze ans.

Comme nous aimons la contininuité historique, nous pourrions presque vous laisser deviner le site sur lequel se déroule ce festival. Après un fort désaffecté en Croatie et une usine abandonnée au Danemark, c’est donc… oui ! Une ancienne mine suédoise - en réalité tout un ancien site industriel - qui accueille, le temps de quelques jours, un éventail de sonorités synthétiques des plus cosmopolites.

L’occasion de découvrir en profondeur la culture électronique

Mais Mimerlaven, ce n’est pas qu’une mine. Le site compte une multitude de lieux de spectacle, pour de multiples performances, des fois oscillant vers la musique rythmique, d’autres vers l’expérience acousmatique pure. La culture électronique accorde néanmoins une large place à la musique dansante. C'est dans la 303 Tent - du nom du mythique synthétiseur TB-303, construit par Roland entre 1982 et 1983 - que vous trouverez les sons les plus Acid de l’évènement et où vous pourrez vous défouler dans un univers aux sonorités plus terre-à-terre. Si vous aimez la hauteur, c’est dans la Mimer Tower, toute en béton, que vous pourrez écouter certains des artistes les moins inconnus ; tandis que la Kraftwerk Stage, comme son nom l’indique, vous plonge dans le monde du rétro-futurisme.

Dans le cas où tout cela vous donne envie de triturer de la machine et de découvrir ce qu’on ressent quand on manipule ce genre de sonorités, vous pourrez faire une petite pause et vous rendre à la Really Open Stage, dans laquelle une dizaine de machines sont branchées en permanence, et accessibles par qui veut ! De plus, depuis l’édition 2014 qui célébrait les 15 ans du festival, cette scène a reçu nombre de cadeaux des fabricants les plus réputés d’instruments électroniques. Vous pourrez donc poser vos doigts sur les dernières nouveautés de Roland, d’Elektron ou de Teenage Electronics, entourés de personnes qui connaissent intimement cet univers et qui sauront sans nul doute vous transmettre la passion de l’oscillateur.

Cette année, on aurait pu croire qu’après la fête des 15 ans ce serait un peu plus calme. Mais non, au contraire. Du 30 juillet au 1er août, le festival présentera une belle programmation. Max Cooper, Bintus ainsi que Perc représenteront l’avant-garde technoïde : tandis que des artistes plus calmes comme Alva Göransson, Klara Lewis et Drömfakulteten se chargeront d’explorer vos synapses à l’aide de synthétiseurs et de boîtes à rythmes bien entendu, mais aussi de violoncelles, saxophones ou autres instruments fait maison. Je vous entends déjà : « - chouette, on fera la nouba jusqu’à dimanche ! » Hé non. Le site étant entouré de résidences, le couvre-feu traditionnel est à 15h le samedi. Cependant, il est arrivé à nos oreilles qu’en 2014, des incursions musicales ont été entendues dans la forêt environnante tout le week-end… Nuit comprise.

Pour 1200 couronnes (environ 130 euros), vous entrez dans le royaume de la synthèse sonore, et pourrez vous immerger dans tous les aspects de cette culture, son passé, son présent, et on n’en doute pas, son futur. Le public étant encore quasi-exclusivement Scandinave, peut-être que quelques mots de Suédois vous seront utiles pour avoir quelques repères une fois sur place ; mais si, comme Kant, vous pensez que la musique est la langue des émotions, vous trouverez certainement les mots bien superflus.

 

Informations & réservations : norbergfestival.com

Photo de couverture par Felix Swensson pour noisey.vice.com