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Face au Coronavirus, naissance des 'festivals de chambre'

Depuis son apparition dans la province du Wuhan en Chine en décembre dernier, le COVID-19 de la famille des coronavirus s'est avéré être non seulement un danger sanitaire pouvant aller jusqu'au décès, mais aussi un fléau social et économique très important. En Chine, où les mesures pour stopper l'épidémie mettent plus de 50 millions de personnes à l'arrêt dont de nombreux artistes et musiciens, on voit apparaître des concerts et des festivals de chambre pour combattre la morosité ambiante et les huis-clos résidentiels sans fin. 

Alors que la France vient d'annoncer une interdiction des évènements de plus de 5 000 personnes, provoquant l'annulation du Marathon de Paris, le carnaval d'Annecy et probablement des festivals de musique dépassant cette jauge, en Chine la quarantaine mise en place fin janvier est totale et stricte. Les procédures sont claires et mettent plus de 50 millions de personnes à l'arrêt, ralentissant l'économie du pays, les échanges internationaux et touristiques et surtout, rendant les échanges sociaux quasiment inexistants. La Chine n'a pas vu un évènement de musique live depuis janvier. Pour palier à cette misère culturelle et sociale, de nombreux artistes et "festivaliers" ont trouvé des alternatives. 

De manière générale, la vie s'est dématerialisée dans le réseau informatique, que ce soit avec le télétravail, les séances de sport, les enseignements scolaires ou, ici avec des concerts en live sur les réseaux comme TikTok, Kuaishou ou BiliBili, un réseau social chinois centré sur les animes, les mangas et les jeux-vidéos. Tout un chacun peut s'emparer de cette pratique en live de la musique, et les maisons de disque, les salles de concerts et les producteurs ont suivis rapidement le mouvement.  Le 9 février par exemple, c'est 1,2 millions de visiteurs sur TikTok qui assistaient à la "cloud rave" du club One Third. Pour les gros club comme le pékinois, les bénéfices de la soirée sont suppérieurs à ceux générés habituellement en présence des clubbers. 

Le phénomène, devenu viral, est allé jusqu'à reproduire aussi des festivals en réseau. La plateforme Bili Bili a travaillé avec le festival Strawberry Music, un évènement en Chine, pour crééer les "Stay At Home Strawberry Concert Series", qui prenaient la forme d'un festival tous les jours de 16h à 22h du 4 au 8 février avec la rediffusion de plus de 70 concerts enregistrés sur le festival ainsi que quelques lives d'artistes... filmés dans leur vie quotidienne. Avec le réseau social, les "festivaliers de chambre" peuvent interagir entre eux avec des commentaires et des réactions qui apparaissent sur l'écran durant la rediffusion donnant ainsi l'impression d'une communauté. 

Le réseau social Bili Bili a créé son propre festival, le Bedroom Online Cloud Music Festival, littéralement, le festival de musique de chambre en ligne. Une autre plateforme, Kuaishou a travaillé avec Taihe Music, label et distributeur roi en Chine, pour mettre en place un festival d'une semaine complète avec des live d'artistes sans interruption. Si ce "clubbing de chambre" permet au fan de musique de ne pas perdre leur passion, c'est surtout un moyen de tuer le temps qui semble s'être arrêté depuis le nouvel an lunaire pour de nombreux chinois.