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Egalité femmes-hommes dans les festivals : le CNM dévoile son étude

Le Centre National de la Musique a publié une première étude sur la visibilité des femmes dans les festivals de musique. Une première étape dans sa feuille de route en faveur de l'égalité femmes-hommes pour le CNM qui va conditionner ses aides financières au respect d’un protocole de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Le tout nouveau Centre National de la Musique, créé en 2020 et qui prend la suite du Centre national de la chanson, des variétés et du jazz en fusionnant entre autres le Bureau Export, l'IRMA, et le Fonds pour la création musicale, dévoile ses première lignes stratégiques hors crise du Covid. Parmi celles-ci, l'égalité femmes-hommes est une des cause prioritaires pour les années à venir, en résonnance avec le statut de "grande cause nationale" déclarée par le Président de la République. Première étape pour les équipes du CNM "objectiver des données, confirmer - ou infirmer - ce qui relève encore trop souvent de l'intuition" comme l'explique Jean-Philippe Thiellay, Président du Centre national de la musique.

En partenariat avec l'Ecole des médias et du numérique de la Sorbonne et avec la mission Diversité-Egalité du Ministère de la Culture, le CNM a donc mené et publié une première étude sur "la visibilité des femmes dans les festivals de musique" sous la direction de Joëlle Farchy. Basée sur l'année 2019, l'étude observe un échantillon de 100 festivals de toute la France et a permis de mettre à jour une présence des femmes encore trop minoritaire et des problèmes structurels quant à la place des femmes dans la musique en général, même si une évolution chez les jeunes invite à l'optimisme. Comme l'explique le CNM, au delà des résultats, l'étude soulève des question de méthodologie. Si le relevé des programmations est une étape simple, le CNM a notement utilisé la base de données de l'agenda Tous les Festivals pour analyser les programmations, l'identification des artistes et des membres d'un groupe, surtout les moins connus, reste une démarche particulièrement délicate.

A noter que l'étude se base sur un pannel de festivals de musiques actuelles (90%), mais aussi de musiques classiques (10%). On observe pour les musiques actuelles que sur les 3590 représentations englobant 5416 musiciens, seules 14% sont des femmes, et sur les 927 groupes que cela représente, 88% sont majoritairement masculins, 5% sont majoritairement féminin et 7% paritaires.

Ces chiffres confirment par ailleurs les problèmes structurels à résoudre en amont. Plus simple à chiffrer dans les musiques classiques, la part des femmes restent minoraite comme dans les orchestre nationaux supérieurs de Lyon et Paris ou les femmes ne reprséentent que 26% des membres des ensembles. Un motif d'espoir cependant, puisque dans les musiques actuelles, entre 2015 et 2019, 21% des individus appartenant à des entités artistiques ayant réalisé leur première sortie sont des femmes, alors que la moyenne était de 14% auparavant. Cela reste évidemment bien insuffisant.

Cette étude, à retrouver en détail sur le site internet du CNM, nous dévoile également que la majorité des festivals ont programmé entre 10 et 20% de femmes en 2019, comme Garorock, Musilac, Papillons de Nuit, Jazz à Vienne, Art Rock, le Cabaret Vert, Lollapalooza, les Vieilles Charrues ou Marsatac. Le No Logo, le Hellfest ou le Motocultor ont eux accueillis moins de 5% de femmes, quand les Transmusicales, Terres du Son, le Printemps de Bourges et les Francofolies ont programmé entre 20 et 30% de femmes. Ce qui permet de tirer des grandes lignes par styles musicaux : les femmes sont le plus représentées dans les musiques francophones (19%), le jazz et les musiques électroniques (15%) et le sont le moins dans le reggae (6%) et le metal (10%).

Cette étude n'est donc que la première pierre du CNM sur le sujet. La stratégie de Centre national de la Musique s'articule autour de 4 axes : observer-informer, concerter, accompagner et soutenir-inciter. Ce dernier volet fait déjà état d'une enveloppe de 1 milion d'euros dédiée aux structures développant des projets spécifiques sur le sujet. Le conseil d'administration du CNM a d'ailleurs approuvé le fait que l'établissement conditionne désormais ses aides financières à la mise en oeuvre et au respect du protocole de lutte contre le harcélement sexiste et les violences sexuelles rédigé par le centre.

Image de couverture : CNM