On était à
Paris Summer Jam, premier essai transformé

A l’annonce du premier Paris Summer Jam en début d’année, les articles sur « la guerre » des géants opposant AEG et le festival Rock en Seine à Live Nation et son nouvel événement ont été nombreux. Force est de constater que l’affiche proposée était au niveau d’un France – Nouvelle-Zélande version coupe du monde 2011 dans le nouveau temple du rugby francilien. Retour sur un match de haut niveau.

Vendredi 24 août ; 18h, La meilleure attaque, c’est la Défense

L’ouverture des portes s’est faite autour de 16h avec des djs en introduction et le groupe de rap américain Brockhampton pour démarrer la soirée. De notre côté, c’est quelques heures plus tard que l’on arrive devant la toute nouvelle Paris la Défense Arena au cœur du quartier d’affaire du même nom. Inaugurée en octobre 2017 avec 3 concerts des Rolling Stones, la plus grande salle d’Europe est avant tout le stade résident du Racing 92. Beaucoup de monde autour de la salle, mais une fluidité parfaite pour entrer dans l’arène, les festivaliers suivant des signalétiques de couleurs en fonction de leur placement. On suivra le violet : direction la fosse après une fouille minutieuse mais rapide.

19h10, IAM, échauffement sans claquage

Arrivée tardive oblige, les premiers pas sur la pelouse, recouverte d’un sol en plastique pour l’occasion, se font aux premiers sons de micro d’IAM (photo). Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à avoir raté le début des hostilités, en ce vendredi soir la salle semble bien vide et nous n’avons aucun mal à nous retrouver à quelques mètres de la scène. Les marseillais qui fêtent les 20 ans du plus célèbre de leurs albums « l’école du micro d’argent » sont fidèles à eux-mêmes. Tels des Frédéric Michalak des grands soirs répétant leurs plus beaux gestes, Akhenaton, Shurik’n et les autres enchaînent les tubes qui ont fait leur succès. « Je danse le MIA », « Petit-frère » ou « Né sous la même étoile ». Les titres raisonnent dans l’enceinte devant un public dispersé mais vraisemblablement conquis. Un show parfaitement maitrisé, un peu trop peut-être : comme souvent il manque quelque chose au set pour lui donner le grain de folie d’un Crunch en tournoi des VI nations.

20h, derniers réglages avant le coup d’envoi

L’immense salle est très bien équipée, aussi bien en son et lumière qu’en bars et points de restauration pour les spectateurs. En fosse des bars éphémères sont installés avec comme produit unique des bières Heineken de 40cl à 7€. Pas le choix, ça fera l’affaire. Pour les sportifs n’ayant pas le courage d’aller dans les travées de l’aréna, des livreurs de pizzas proposent des reines à 12€ en fosse. Habile. Pour les autres : burger, frites et hot dog sont sur la feuille de match. Pendant le changement de plateau une grande battle de danse chauffe le public animé par Vicelow du Saïan Supa Crew. A chaque « mi-temps » les Teams Elite Squad et Ghetto Style s’affrontent et sont départagés par le vote du public.

20h45, Pharrell et N.E.R.D marquent les premiers points

La salle s’est remplie mais le gradin supérieur reste fermé et le public est peu nombreux derrière la régie placée au niveau de la ligne médiane. Peu importe pour Pharrell Williams et N.E.R.D (photo) qui font leur unique date en France cette année, c’est le moment de foutre le feu ! Les tubes du dernier album se mêlent aux classiques « Rock Star » ou « She Wants to Move », agrémentés de medley ou défilent « Get Lucky » et « Seven Nation Army ». Une heure de show c’est court, mais celle-ci est intense et on peut voir tout le plaisir du groupe d’être à nouveau réuni et de le faire partager. Chaud comme un Chabal pendant un Haka, Pharrell tente à plusieurs reprises de séparer la foule pour lancer des Mosh Pit : enchainement de mêlée écroulée dans les 22 ! C'est rock, c'est funk, ça groove, on ne s'arrête pas de danser pendant 60 minutes. On vient de prendre notre première gifle de la soirée, on va avoir besoin d’une pause avant la deuxième mi-temps.

23h, Kendrick Lamar, meilleur marqueur du tournoi

Après 45 minutes de pause, le sommet de la soirée démarre avec l’entrée de Kendrick Lamar (photo) sur scène. Fan du rappeur, c’est pour nous la deuxième fois qu’on est face au prix Pulitzer 2018 après son passage à Bercy en février dernier. Pas de round d’observation, « DNA » lance le combat devant une salle qui s’est enfin densifiée. Cette fois-ci les musiciens sont sur scène, sur les côtés quand même, laissant toute la place à la star de la soirée devant un écran gigantesque. Tour à tour Kendrick alterne les plaquages avec les titre de DAMN, « Element », « Loyalty », « Love » et ses classiques « King Kunta », « Backseat Freestyle »… Avant de conclure sur un mémorable « All Right » et « Humble » chanté par le public. Kendrick pose un raffut sur le hip hop et vient de passer 15 essais en 1h30. Kenny a plus de punchline que Bernard Laporte : le talent tout simplement.

Le bilan

Côté concerts

Il écrase même les All Blacks
Kendrick Lamar, le meilleur concert hip hop de la décennie

A l’aise comme Jonny Wilkinson 
N.E.R.D, un retour au top

Côté festival

On a aimé 

- Paris la Défense Arena : un superbe outil
- Les toilettes : il y en a une par personne non ?
- La fluidité pour arriver, rentrer, consommer
- Le son : parfaitement réglé et ce n’est pas peu dire pour du hip hop où on est souvent déçu

On a moins aimé

- Aucune identité festival autour et dans la salle. La soirée ressemble à une simple succession de concerts, ni plus ni moins
- Les prix : du billet à la bière ça fait mal à la fin de l’été

Infos pratiques

Prix de la bière : 7€ les 40cl de Heineken
Prix de la nourriture : 12€ la pizza reine, 4€ le paquet de pop-corn
Prix de festival : de 50€ en fosse à 100€ en carré or
Transports : Ligne 1 du métro, Transilien L ou RER A quand il sera ré-ouvert

Conclusion

En moins d’un an, Paris la Défense Arena a déjà accueilli quelques légendes : Mick Jagger lors du concert des Stones, Dan Carter avec le Racing, Stephane Guivarc’h pour les 20 ans de la coupe du monde 98. Ce week-end, une de plus est venue s’ajouter en la personne de Kendrick Lamar. L’américain a probablement livré un des plus beaux concerts de ces dernières années, tous styles confondus. Avec un programme quasi parfait pour les amateurs de hip hop et des artistes qui assurent l’ambiance, la première édition du Paris Summer Jam est globalement une réussite. Reste que cette immense salle de 40.000 personnes était loin de faire le plein et qu’on a du mal à repérer une identité festival à l'événement: il s’apparente à une simple soirée avec 4 concerts. Le premier match est validé, on attend maintenant de voir la composition de la prochaine édition.

 

Récit et photos: Quentin Thomé