On était à
Imaginarium Festival, des évolutions mais un ADN inchangé depuis dix ans

Présents depuis la première édition, nous ne voulions pas rater le dixième anniversaire de l’imaginarium Festival à Margny-lès-Compiègne même pour une seule journée. Sous un soleil radieux qui tranche avec la tempête de l’an dernier, nous avons profité de la quinzaine d’artistes issus de tous les horizons. Bien rodée, l’organisation de l’Imaginarium a de nouveau montré son professionnalisme et son sens de l’innovation pour faire de cette grande célébration, une réussite. Revivons cette journée sur les terres picardes.

Jour 1. Samedi 27 mai, 17h48, 10 ans, mi-temps, changement de côté 

L’entrée dans le festival est toujours très fluide depuis l’apparition l’an dernier de deux files ; l’une pour les détenteurs d’un pass camping et l’autre pour les pass sans. Sur site, on remarque une modification majeure : changement de côté pour le village associatif qui prend la place de l'ex-chapiteau, l’espace d’herbe (photo) convient en effet mieux aux activités sportives (molkky, volleyball, corn hole, spike ball, course sur structure gonflable). Face à la Silver stage (Mainstage), on profite du concert d’Olympe Chabert tout en se faisant maquiller pour la soirée ou en comparant la puissance de notre cri à celui de divers animaux sur le stand de Greenpeace. Bon courage pour dépasser le singe hurleur et ses 140 décibels ! Tourné vers l’inclusivité, l’éco-responsabilité, la dépense d’énergie et la soif d’apprendre avec des conférences sur l’ensemble de ces sujets, le village associatif porte haut les valeurs humanistes de l’Imaginarium festival. On regrettera juste sa fermeture légèrement trop tôt (19h30) alors que le soleil se couchait quelques heures plus tard. On aurait aimé avoir eu le temps d’immortaliser l’instant présent dans le photomaton décoré à la main par l’équipe du festival ou de discuter plus longuement avec les jeunes engagés dans des projets associatifs.

19h16, il fait soif un peu  

Un détour par les stands restauration pour regarder l’offre assez riche proposée et nous foulons le gravier devant la nouvelle scène de taille moyenne baptisée la Dream Machine qui offre une scénographie assez simple avec un écran vertical rectangulaire en son centre, quelques plantes, des lyres et un système son satisfaisant (photo). On peut en mesurer la qualité lors du concert d’Entropie, quatuor de pop rock parisien. Nous passons au bar qui fait face à la scène pour prendre une traditionnelle Delirium Tremens. Pas de soft présents sur les affichettes, alors qu'il était pourtant possible d’en obtenir auprès des barmen. Nous nous rabattons sur les désoiffeurs et sur le bar à eau gratuit bien utile pour épancher notre soif en ce début de soirée. On passe un rapide coup d’oeil et d’oreille à la troisième scène dont l’architecture n’a pas bougé avant de repartir devant la Silver stage pour découvrir en live un artiste dont on a beaucoup entendu parler ces derniers mois : Bomel. 

21h19, Bomelinho 

Finir porté par le public et acclamé à tout rompre par les festivaliers l’obligeant à un ultime rappel, voici comment résumer l’effet Bomel sur l’Imaginarium Festival (photo). Pendant 1h30, le frenchie débordant d’énergie assure son live nu-disco / house. Avec des morceaux comme Carnaval ou All around, il fait danser le public et nous partage ses talents tant au piano qu’au djembé et même au keytar. La foule fait corps avec l’artiste qui n’hésite pas à jouer avec elle pour faire monter la température. Entre pas de danse endiablés, mains en l’air et reprise en chœur de certains refrains, l’ambiance ne retombe pas à l’image d’une fête carnavalesque. Toute cette dépense d’énergie nous a donné faim et nous optons pour un plat léger : une poutine avec saucisse (11,50 €) que nous dégustons devant le début du concert de Winterzuko. 

00h07, mauvaises langues et belles mélodies

Après le premier morceau, on décide de laisser une chance au rappeur validé par Orelsan. Au second on quitte finalement la scène. Au-delà du fait que le rap défendu par Winterzuko n’est pas du tout notre style, l’artiste ne fait pas d’effort d’articulation et on saisit à peine le sens des paroles. Avec son Dj et ses autres comparses, le rappeur parisien n’arrive pas à nous embarquer dans son univers fait de références à la pop culture. On se poste donc devant la Cosmodocks. Malheureusement, là aussi la musique urbaine ne nous convainc pas du tout. Vocoder, morceaux sans relief, on regrette le choix artistique de l’organisation d’avoir mis face à face des artistes urbains sans autre option de style musical. Nous prenons notre mal en patience en discutant avec quelques festivaliers qui comme nous n’accrochent pas à la proposition musicale de cet horaire. Les minutes sont longues mais le public continue d’affluer pour la tête d’affiche de la soirée qui est venu accompagné d’un des producteurs de TheWeeknd, Prince 85.  Muet mais bien présent, Kavinsky propose un live d’une petite heure où il revient sur ses grands succès comme Roadgame et les titres de son dernier album Reborn. On admire surtout la scénographie très dark du dj dont on ne voit parfois que les yeux grâce à des diodes rouges dans ses lunettes noires. Sous les coups de minuit, avec une belle demi-lune, retentit la mélodie planante de Nightcall. Le refrain est chanté a capella par les festivaliers (photo) ce qui donne un beau moment de communion qui amène Kavinsky d’habitude timide à se lâcher et venir faire quelques moonwalk ou à prendre la pose pour les photographes. 

01h14, prise de responsabilités, festivaliers sensibilisés, réussites à l’arrivée

Nous passons quelques minutes devant Paloma Colombe après avoir pris un délicieux prison cake (gâteau au citron avec glaçage au chocolat blanc). Pas emballés par la prestation de la Dj, nous prenons finalement la sortie du festival. Avant de passer les portes, nous sommes arrêtés par un bénévole qui nous demande comment nous comptons regagner notre domicile. Il nous propose de faire un éthylotest si nous rentrons en voiture ou d’opter pour la navette qui relie le site du festival à la gare de Compiègne. S’il y’a bien un point sur lequel le festival montre l’exemple, c’est bien celui de la prévention. Des messages préventifs pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles étaient diffusés sur les écrans des scènes, un numéro spécial avait été mis en place, des pancartes de prévention étaient placardées dans le festival dont une dès l’entrée au Tigre, un soft était aussi offert aux SAM (photo). En matière d’éco-responsabilité, l’Imaginarium est également un exemple à suivre. Il a d’ailleurs le label ECOFEST et celui du syndicat mixte du département de l’Oise. Si les cendriers à dilemme (ex : Kavinsky ou cave à whisky), les récupérateurs d’éco-cup, la distribution de protections auditives et le recyclarium sont des incontournables du festival, la possibilité de troquer un vêtement ainsi que la présence d’un stand pour parler de sujets comme la consommation d’alcool ou de la prévention contre les IST/MST contribuent à faire de l’Imaginarium , une safe place et un lieu où les questions de développement durable sont traitées avec sérieux. Là se trouve aussi l’attractivité et explique pour partie la permanence dix ans après d’un festival créé et géré de A à Z par des étudiants de l’Université de technologie de Compiègne et de l’École supérieure de chimie organique et minérale.

Le Bilan

Côté concert : 

Le bout-en-train

Bomel, avec lui c’est carnaval partout où il passe, il met une ambiance de folie et peut réveiller un public et l’emmener dans son univers artistique.

Celui qu’on ne comprend pas 

Winterzuko, on n’a pas du tout accroché à sa proposition musicale, un show pas bien calibré et surtout incompréhensible au niveau des paroles, un concert de moindre qualité qu’une écoute de l’artiste sur les plateformes de streaming, on passe sans regrets.

Le pilier 

Kavinsky, un live à la scénographie très dark et des sonorités électroniques qu’on a peu l’habitude d’entendre, le producteur français a tenu son rang de tête d’affiche de la soirée. 

Côté festival :

On a aimé : 

- La réorganisation du festival avec le changement de côté pour le village associatif

- L’engagement du festival en matière de prévention et d’éco-responsabilité

- L’apparition d’une nouvelle scène extérieure : la Dream Machine

- La décoration fait main par l’équipe du festival 

On a moins aimé : 

- Le grand espace vide laissé derrière le bar de la mainstage 

- Le choix artistique de programmer des artistes urbains en même temps sur la Dream machine et la Cosmodocks entre 22h et 23h15. 

- Découvrir après le festival s’être fait facturer plusieurs fois la consigne au bar alors qu’on avait bien l’éco-cup

Infos pratiques :

Prix des boissons (30 cl) : 

Environ 4,5 € pour une Delirium Tremens, une Cosmix (bière pêche, mangue, cactus) ou un verre de vin / 1€ de consigne pour l’éco-cup

Prix de la nourriture :

Environ 11 € en moyenne, présence de nombreux food-trucks (poutine, burritos, burgers, pâtes, cookies, kurtos)

Transports :

En train 40 minutes depuis Paris, arrivée gare de Compiègne,
En voiture à 1h00 de Paris et à 1h30 de Lille via l’A1.
En bus : navettes vers le Tigre et depuis le Tigre du début à la fin du festival (départ/arrivée gare de Compiègne).

Prix du festival (hors frais de billetterie) :

Pass 1 jour : 39,50 € (avec camping 45,50 €) / Pass 2 jours avec camping : 69,50 €

Conclusion 

En près de dix ans, l’Imaginarium festival a évolué dans le bon sens et avec son temps. Prenant en compte les problématiques de prévention et de développement durable, le festival estudiantin s’est imposé comme le rendez-vous incontournable du weekend de Pentecôte. Tirant les enseignements des retours des festivaliers et des artistes, les organisateurs pourtant différents ont chaque année trouvé des innovations pour rendre plus accessible le site, plus fluide la circulation à l’intérieur de celui-ci, plus animé… Ayant accueilli cette année 7 000 festivaliers, l’Imaginarium festival peut se targuer d’avoir réussi à fidéliser son public autour d’artistes confirmés et émergents. Si Kavinsky a ravi les amateurs de musique électronique, la pop rock d’Entropie et le flow de Jasem ont conquis les festivaliers. Porté par une organisation dynamique, l’Imaginarium festival est toujours un bon moment sans prise de tête et où on a le bonheur de voir les artistes se mêler à la foule pour suivre les concerts. Prochaine édition, les 18 et 19 mai 2024. 

Récit et photos : Alban et Alizée Sauty