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Vitalic : «Il faut aller choper assez rapidement le festivalier qui ne te connaît pas»

C’est une grosse année pour Vitalic. Après l'album, Voyager, sorti début 2017, le DJ français est de retour sur les scènes des festivals européens pour offrir un show coloré et cosmique. Son live est une expérience poétique complète, aussi visuelle qu’auditive. Entre deux concerts à Musilac, nous avons pris le temps de rencontrer Pascal Arbez-Nicolas de son vrai nom, pour parler taf mais surtout festivals.

Tous Les Festivals : Te revoilà à Musilac après un passage remarqué en 2011. Cette date t’avait-elle marquée ?

Vitalic : C’était un peu l’inconnu et j’avais adoré. Je suis passé après Cali qui a dépassé d’une demi-heure car il ne voulait pas quitter la scène.

Peux-tu nous parler de ton dernier album, “Voyager”, très thématisé ?

Le thème de l’album, c’est le voyage, le voyage cosmique. C’est un mot un peu rigolo mais je n’ai pas trouvé mieux. C’est un retour à ce que je faisais à la base, c’est à dire une sorte de disco un peu revisitée, avec beaucoup de synthétiseurs. Au tout début, il y avait du rock, mais là, je n’avais pas envie de faire quelque chose de rock. C’est donc très cosmique, très solaire.

Très solaire, c’est une bonne expression pour refléter la scénographie justement. C’est un défi de représenter tout ça sur scène ?

A chaque fois, quand je dois refaire une scénographie, c’est un peu comme un livre, j’ai toujours peur de ne pas trouver le truc super. Le show est très puissant car comme on peut faire des formes à l’infini, avec la structure que j’ai sur scène, on arrive sans trop de difficultés à coller avec le morceau, à raconter une histoire de manière scénique. Le but est de ne pas rester à quelque chose qui clignote, même si je l’ai fait et que j’adore ça. Comme l’album était pas mal sur la poésie, c’était bien de pouvoir trouver un outil qui permette de raconter ça.

Ce soir, il y a du vent. J’espère qu’il ne va pas se lever plus car la scénographie y  est sensible. Pour la sécurité, s'il y a trop de vent, je pense qu’on pourra pas jouer comme d’habitude. On peut arrêter par exemple la scénographie en plein live, en remontant les lumières autour de moi et les stopper. Tout est synchronisé par des machines, mais il y a toujours deux personnes qui ont la main. L’une ne me quitte jamais des yeux, et a un bouton pour arrêter la scénographie. Il appuie sur son bouton en cas de danger pour tout arrêter. L’autre peut prendre la main sur les ordinateurs pour s’adapter au vent et à ce genre de choses.

On a justement vu ce show aux Solidays, qui est effectivement très coloré…

J’ai adoré les Solidays ! Le public y est vraiment spécial, je ne peux pas dire pourquoi. C’est un mélange un peu particulier, qui vient de partout, qui fait l’ambiance là-bas.

C’est un challenge de jouer en festival ?

Oui, comme ce soir. C’est un challenge déjà technique. Les scènes sont côte à côte, il faut pouvoir les monter en un temps record. Après, le public ne te connaît pas forcément, c’est sûr. Il faut aller choper assez rapidement le festivalier qui ne te connaît pas, aller le prendre en tenaille. Après, j’ai quand même une petite réputation live en France maintenant.

Le 2 décembre, il y a le Zénith de Paris qui arrive. Est-ce différent de jouer en festival et dans des salles ?

En salle, le public connaît tout par coeur de A à Z. Cela ne veut pas dire qu’il est gagné d’avance, mais c’est un public très connaisseur de tout ce que j’ai pu faire depuis le début. Je vais être moins sur la séduction instantanée par rapport à un festival, et je vais plus me poser et explorer des choses que je ne peux pas faire en festival, comme jouer les morceaux les plus calmes ou les morceaux à atmosphère. Il y a des attentes du public connaisseur qui sait directement ce que je vais changer dans les morceaux. Ce n’est pas forcément plus facile. Un public acquis n’existe pas, de toute façon. C’est deux exercices vraiment différents, les deux sont bien.

Est-ce différent de jouer à l’étranger ?

Tout dépend. Par exemple, j’ai moins de public en Allemagne. Je suis souvent une découverte pour tout le monde. J’étais à Dour le 13 juillet, c’était la folie furieuse, vraiment.

Revenons à ton nouvel album, on a un peu de mal à te catégoriser… Est-ce que ça vient de tes influences ?

Ça tient au fait que j’ai des périodes, et que je n’ai pas envie de faire trois fois le même disque en électro. Généralement, les mecs trouvent un sillon et le creusent. Moi, j’ai des périodes, parfois très disco-punk, parfois très disco-cosmique, parfois très rock. Quand j’ai découvert Iggy Pop and the Stooges, j’étais à fond, et ça s’entend dans ma musique. Je trouve ça marrant de ne pas savoir ce que l’on va trouver dans mon prochain album.
Il y a un vocabulaire pour chaque album. C’est comme un conteur, les voix célèbres, comme Jean Rochefort, qui raconte des histoires différentes, mais c’est toujours avec sa façon à lui de raconter. Et c’est un peu comme ça que je travaille.

On a une nouvelle scène électronique en France, comme par exemple Kungs ou Petit Biscuit, qui jouent tous les deux ici demain (16 juillet, ndlr). Qu’est ce que tu en penses ?

Heureusement qu’il y a des nouveaux, ce serait triste s’il n’y avait que des vieux ! J’aime bien Petit Biscuit. C’est sexy, c’est léger, c’est agréable à écouter.

Propos recueillis par Sébastien Martinez