Interviews
Gaspard Royant : “Quand j’ai vu Retour vers le futur, ça m’a flingué le cerveau”

“I wanna be cool, like Marty McFly !”. Ce refrain, Gaspard Royant l’a traîné sur les routes de France et d’ailleurs une bonne partie de l’année dernière. On a rencontré le rockeur aux cheveux gominés pour parler de son parcours, de voyage dans le passé et bien sûr, de festivals.

Tous les Festivals : Quand t’as commencé à jouer à Paris, est-ce que ça a été facile de trouver des dates ?

Gaspard Royant : C’était facile, mais en même temps, je jouais entre le bar et la porte des toilettes. C’est très formateur, il n’y a pas d’artifice. Les gens, si tu les intéresses pas, ils te regardent pas. Après tu te retrouves avec un batteur et un bassiste, t’as l’impression d’être au stade de France ! La grande histoire du rock est faite de ces apprentissages, ce côté “tu démarres tout en bas, et t’apprends le boulot sur le tas”.

C’est quoi ton meilleur souvenir de festival, en tant que spectateur pour le coup ?

J’ai grandi en Haute-Savoie, au bord du Lac Léman. En face on voyait Nyon, où se déroule le Paléo Festival. Quand j’ai eu 15 ans, ma mère m’a laissé y aller une semaine, avec deux potes. On a pris le bateau, on a traversé le lac et on est arrivés avec nos sacs de couchage. C’était incroyable, je me suis retrouvé à pogoter sur scène ! A la fin de la semaine, j’avais les cheveux verts et bleus, j’avais vécu l’expérience à fond. (Rires.) Cette année-là, le festival se terminait par un invité surprise. Et là, un mec monte sur scène et nous dit: “Mesdames et messieurs, je vous présente Bob Dylan.” Moi qui avais 15 ans et étais en plein dedans, c’était génial.

Et en tant qu’artiste, t’aimes faire des festivals ?

Je suis toujours content de rencontrer d’autres artistes, parce que mon parcours fait que je n’en ai pas beaucoup côtoyé et du coup j’ai pas l’impression d’appartenir à une famille musicale. En festival, on est tous au même endroit, ça fait des occasions de rencontres très sympas. En plus, on se retrouve face à un public qui ne nous connaît pas forcément, qui ne vient pas pour nous, et c’est toujours sympa d’essayer de les convaincre.

Est-ce qu’il y a une région plus réceptive que d’autres ?

Je tiens à dire que le Nord est particulièrement génial. C’est marrant parce que culturellement et visuellement, c’est ce qui se rapproche le plus de l’Angleterre chez nous, et ça se sent. Il y a une vraie scène rock, un vrai esprit rock, et un vrai public pour ça.

Toi qui es imprégné de la culture britannique et américaine, est-ce que t’aimerais tourner aux Etats-Unis ?

Bien sûr, mais c’est compliqué. Beaucoup de groupes le font pour dire qu’ils l’ont fait, ils perdent de l’argent, et au final ils jouent devant trois pelés et un tondu. J’aimerais le faire un jour, mais j’aimerais le faire bien.

Le refrain de ton tube est “I wanna be cool, like Marty McFly”. Pourquoi l’avoir choisi, lui ?

Il fait partie de mes héros d’enfance. Quand j’ai vu “Retour vers le futur”, ça m’a flingué le cerveau. Ce refrain résume assez bien mon adolescence : je voulais être lui, je voulais vivre comme lui, c’est une chanson qui m’est venue très simplement.

Et du coup, si tu pouvais être lui, il y a quelque chose que t’aimerais changer dans le passé ?

Aucun musicien te l’avouera, mais je pense que n’importe quel mec qui fait de la musique rêve de revenir quelques années avant l’éclosion des Beatles, et de sortir une ou deux chansons genre “Please please me” ou “Love me do”, pour voir s’il arrive à avoir le même succès. (Rires)

Est-ce que tu penses un jour ajouter un message politique à ta musique ?

Je ne l’exclus pas, mais je n’ai pas non plus envie de faire de la chanson contestataire. Je trouve que les grandes chansons dont on se souvient quand on a envie d’évoquer la liberté, la fraternité, etc. ne sont pas des chansons contestataires, ce sont juste de belles chansons. Après, c’est vrai que la situation qu’on vit en ce moment est quand même très préoccupante, et que mes nouvelles chansons reflètent sans doute un peu plus ça. Mais j’ai pas l’impression que c’est un tournant contestataire, c’est juste l’humeur dans laquelle ça me met.

Pour revenir sur les festivals, est-ce qu’il y en a un que t’aimerais absolument faire ?

Il y en a plein. Déjà bien sûr, en Suisse, le Paléo festival de Nyon. En France, j’adore les Eurockéennes de Belfort. Rock en Seine, j’y avais joué tout seul en découverte et j’aimerais y retourner avec mes musiciens. A l’étranger, on a été gâtés, mais j’aimerais faire The Great Escape à Brighton, et aussi des festivals en Allemagne, où il y a vraiment un super public.

Et pour la suite, cette année ?

On commence à avoir des dates qui tombent pour le printemps, on va se remettre un peu à tourner. Notre dernier album est sorti en avril dernier, on a beaucoup tourné de l’été à l’hiver. Là c’est bien que les choses se calment un peu, ça me permet de travailler un peu sur les nouvelles chansons. Quand les beaux jours vont revenir, j’espère qu’on va pouvoir faire quelques festivals.

Propos recueillis par Liv Audigane
Photo de couverture pa Nico M. 

Gaspard Royant sera en concert au Trabendo (Paris) le 3 février, au Silex (Auxerre) le 15 avril.