On était à
Week-end démoniaque à Poleymieux

Depuis 9 ans déjà, le nain de jardin de Poleymieux s’installe dans les collines verdoyantes de la route de la glande, pour un week-end complètement démoniaque. Au programme : un festival haut en couleur qui mélange harmonieusement musique, nature et authenticité. Un cadre idéal pour s’évader le temps d’un week-end ! 

Le nain, le démon et ses suppôts

Après deux heures de trajet et quelques péripéties sur la route (dont nous taierons les détails !), c’est avec hâte et plein de bonne humeur que nous nous sommes retrouvés en plein cœur du massif du Mont d’Or. Et qui dit « massif » dit forcément terrain abrupt et accidenté. C’était donc un week-end non seulement musical mais aussi sportif qui nous attendait ! 

En arrivant sur le festival, on note tout de suite l’effort qui a été fait au niveau de la déco. Le temps de faire la queue, deux arrosoirs géants nous déversent la programmation du week-end (comme si la pluie ne suffisait pas !). Passés les barrages de contrôle (+1 pour l’équipe de sécurité qui était vraiment arrangeante et très agréable) nous découvrons trois énormes chapiteaux aux noms plutôt évocateurs : La Ruche, la Bass Cour et la Fourmilière. De la paille, des palettes, des enrouleurs de câbles et des carottes géantes sont disposés çà et là dans le festival pour créer des espaces de détente où les festivaliers peuvent chiller ou somnoler quelques minutes. Le nain du Démon d’Or partage aussi son jardin secret, en dévoilant ses plus beaux sous-vêtements : des soutiens-gorge aux caleçons à fleurs en passant par les paires de chaussettes de l’oncle Albert. Voilà de quoi satisfaire les festivaliers qui auraient oublié leurs affaires !

Et parce que le festival va au bout de ses idées, il nous propose des suppôts en guise de tickets pour consommer. C’est donc après un bon fou rire que nous nous rendons à la marmite.  Un des bénévoles nous explique qu’il ne faut surtout pas les confondre avec les fameux « suppositoires »…En réalité, ils désignent des gens supposés être possédés du démon ou avoir passé un pacte avec lui ! Nous sommes donc les suppôts de Satan ce week-end !

Un vendredi sous le signe du reggae/roots

Quand nous arrivons sur le site, Lee scratch Pery a déjà entamé son set sous le chapiteau de La Ruche. Le groupe nous livre un reggae instrumental d’une très bonne facture. Lee Pery se donne à fond, jusqu’à en perdre ses paroles. Il se lance dans des impros plus ou moins bancales, mais le groupe derrière assure le live au millimètre. Et puis on le pardonne, l’homme a quand même plus de 75ans ! 

Puis c’est au tour de Sebastian Sturm d’envouter le public de La Ruche avec un set qui sent bon le rhum et la ganja. La foule se dandine dans tous les sens et reprend en chœur les refrains.

A la Bass Cour, le line up a été modifié. Shock One ayant annulé son live pour des problèmes d’acouphène, ce sont le Lyonnais Mc Fly et le GRENOBLOIS (pardon!) Jayh Mo'Fire qui le remplacent. Les deux acolytes retournent le chapiteau en se livrant à un back to back de Drum&Bass survolté (5 tracks chacun). La Bass Cour prend alors des airs de club londonien. Puis c’est Bar 9 qui reprend les platines et nous balance un set dubstep de fou furieux ! L’anglais nous fait rire avec sa dégaine d’ado et ses lunettes installées au bout du nez. Mais au diable les apparences, Bar 9 nous envoie ses plus gros tubes, Midnight, Piano tune ou encore Kickstarts et ça fonctionne ! Le concert se termine en booty shake géant avec la reprise de Major Lazer Watch out for this. La Bass Cour n’a jamais aussi bien porté son nom que ce soir. On en aura mangé du gras et il faudra éliminer tout ça demain !

Samedi pluvieux, samedi heureux

Comme dans tout bon camping de festival qui se respecte, on se fait réveiller en douceur par nos voisins qui hurlent « apéroooooooooo.... » depuis 6h du matin ! La fameuse pluie éparse que Météo France nous annonçait est bien présente. Elle est d’ailleurs plus abondante qu’éparse, mais il en faut plus pour nous décourager. D’ailleurs, le camping prend les airs d’un épisode de Mc Gyver ce matin. L’objectif : monter un abri de fortune en un temps record pour pouvoir siroter son p’tit Picon au sec. Parce que les 2 secondes c’est bien mais faut pas trop en abuser. Autre fait notoire : pour les amateurs de sensations fortes, le terrain très pentu du camping offrait de belles glissades, désirées ou non. Une bonne tranche de rigolade, à vos risques et périls bien entendu. 

14h, il est temps de se bouger un peu. On se déplace tranquillement vers le village festif, un mini festival situé au beau milieu de la « forêt enchantier ». L’endroit est calme et reposant, l’ambiance est décontract'.  Au programme, concerts acoustiques, battles de hip hop, théâtre d’improvisation pour les uns, chill-out pour les autres.

Parmi les ateliers proposés, on nous invite à venir chanter le morceau officiel du Démon d’Or en langue des signes. On se contentera  d’observer (notre capacité à coordonner nos mains en rythme étant proche du néant en ce lendemain de première soirée) ! On retiendra tout de même que festoyer en langue des signes c’est un peu le « ça farte » de Brice de Nice mais avec les deux mains… Qui sait, ça peut toujours servir en festival ! 

Pendant ce temps, le camping est rythmé par le boom bus red bull où s’enchainent les sélecta reggae, techno minimale et dubstep. A 17h, c’est l’heure du battle d’Ipod. Le principe est simple. Trois équipes munies de leurs baladeurs Mp3 s’affrontent à grands coups de tubes dévastateurs. Chaque équipe bénéficie de 5 minutes pour balancer 5 tracks. Le public hurle pour élire le grand vainqueur. Les limites n’existent plus. On passe de NTM à la chenille, de Shaggy à I like to move it, de Zouk Machine à Star Wars… Un bon moment de détente et de rigolade ! 

Un samedi soir explosif

Après ce moment décalé, on se dirige sur le site du festival. La Fine Equipe démarre son live sous La Ruche. De loin, on pourrait les comparer aux C2C et autre Birdy Nam Nam… Pourtant le registre est assez différent. La recette mélangeant hip-hop, electro, soul, funk et sample vintage fonctionne à la perfection. Le live est léché, l’ambiance est là, le public est réceptif, on est bien. 

De l’autre côté du festival on entend les basses vrombissantes de Brain Damage. Martin, seul rescapé du groupe, nous livre une dub session à grand coup de basse steppa. Les ondes se propagent dans toute la Bass Cour, et ça remue des fesses jusqu’au poulailler (la régie du chapiteau). Martin achève son set en apothéose avec une track boostée à 160 bpm à la limite de la tribe. On se croirait presque à Cambrai avec notre treillis et notre crête, en train de danser dans la boue devant le mur de son. Le public en redemande mais Martin s’arrêtera là pour ce soir.  

Tout le monde se déplace rapidement vers la grande scène pour le show d’Ebony Bones. L’afro anglaise déboule accompagnée de ses deux batteurs à tête de…cheval ! Ce soir c’est la config’ soundsystem qui nous est proposée. La diva est aux machines tandis que les deux cavaliers bourrinent leur batterie. Au fur et à mesure que le concert avance, le chapiteau se décoince et bouge au rythme des tubes 90’s remixés à grand coup de beat techno. Le live est surprenant ! Les chevaux font le taf, ça balance !

Puis le tant attendu Popof fait son apparition. Dès le début, il annonce la couleur et nous envoie sa techno minimale en pleine face. Le chapiteau se transforme en dancefloor géant. Le public est chaud bouillant, on est à Ibiza. Popof clôture cette soirée en beauté avec un set envoutant, rompant définitivement avec l’étiquette Heretik. Cerise sur le gâteau, un feu d’artifice surprise éclate au-dessus de nos têtes. 

On conclue cette soirée à la Bass Cour avec Congo Natty, un des monuments de la ragga-jungle. Les animaux de la Bass Cour s’en donnent à cœur joie pendant que Congo agite frénétiquement son briquet. Malgré une sélecta à la hauteur de nos espérances le mix de Mister Natty laisse, quant à lui, sérieusement à désirer. Les morceaux sont passés les uns à la suite des autres sans aucune transition et c’est sans parler des pull-up à chaque début de chanson. Mais peu importe, la vibe est là, les bénévoles sont tout sourire, le public est conquis.

Un dimanche qui sent bon les vacances 

En ce dimanche matin, c’est la chaleur intenable de la tente qui nous réveille aux aurores. Le soleil est de la partie et ça fait du bien ! Depuis le camping on entend déjà les balances de Dub Invaders. Cette fois-ci, c’est avec nos chapeaux et nos lunettes de soleil que nous nous rendons sur le festival. Les compères de High Tone ont investi La Ruche  avec leur sound system homemade.

C’est avec leurs dubplates cosmiques et la vibe tonique de Joe Pilgrim que nous terminons ce week-end. Le soleil donne un petit air de plage au site. Les festivaliers sont allongés profitant de chaque rayon, seuls les doigts de pieds bougent au rythme des skanks. Les bénévoles sont relaxes et profitent de ce moment de tranquillité pour se reposer. C’est l’heure pour nous de chasser les démons et de retrouver nos terres.

 

Côté concerts

La découverte : 
Ebony Bones : Son live surprenant et enivrant nous a tous mis sur le c**. On est pressé de revoir la diva dans sa formation live.

La confirmation : 
Popof : Certains diront qu’il se clubinise, nous on dira qu’il se bonifie avec le temps !

La déception : 
Congo Natty : Trop de pull-up tue le pull-up ! 

Côté festival 

On a aimé :

-    Le cadre et l’âme du festival
-    Sa taille humaine 
-    Les activités proposées durant la journée (boom bus et village festif)
-    La bonne humeur des bénévoles, des artistes et du public
-    Le  peu d’attente à l’entrée, au bar ainsi qu’aux toilettes 
-    Le feu d’artifice surprise

On a moins aimé :

-    Faire le dahu tout le week-end dans ce terrain arpenté (mais c’est aussi ce qui fait le charme du festival !)  
-    Les toilettes du camping pas très intimes (un bout de tissu en guise de porte)
-    L’annulation de ShockOne, même si les remplaçants ont assuré (on va lui envoyer des boules quies pour ses prochains concerts)

La conclusion

L’ambiance détendue et conviviale du festival participe largement à la réussite de l’événement. Les festivaliers sont conquis et semblent même être apaisés par cet univers champêtre et magique. Côté sonore, c’était parfait. Une belle programmation satisfaisant un maximum de personnes. Un bel esprit d’équipe s’est fait ressentir parmi les bénévoles, merci à eux ! Nous reviendrons sans hésiter passer un nouveau pacte avec Satan l’an prochain.