On était à
La brûlante Nuit de l’Erdre

Traditionnellement le repaire des lycéens entre le bac et ses résultats, la Nuit de l’Erdre se défend plutôt bien niveau affiche. Cette année, ce sont Sting, Die Antwoord ou Charlie Winston qui ont débarqué dans la région nantaise, pour un festival à guichet fermé depuis la première fois de son existence. Retour sur une quête de musique et d’ombre, par 32 degrés.

Jour 1. 18h30, Canicule: 1 - Josef Salvat: 0

A notre arrivée sur le site une petite foule se trémousse devant la plus grande scène alors que le thermomètre bat encore des records. L’australien Josef Salvat ne réussit pas à convaincre les festivaliers de quitter le peu d’ombre qu’ils ont trouvé sous les arbres, malgré un français parfait pour présenter ses chansons. Sa voix douce ne parvient pas à entraîner la foule avec lui sur la reprise de Diamons de Rihanna, titre qui l’a rendu célèbre. Dommage pour l’artiste qui a pourtant une voix magnifique et est tout bonnement adorable, même avec peu de festivaliers devant lui.

19h30, La faune de la Nuit de l’Erdre

Après ce passage sur le festival on va faire un tour au camping pour tâter l’ambiance. Premier point: il est loin. Très loin. Compter vingt minutes de marche du site du festival à la “zone nuit”. Sur place, on retrouve la tranche d’âge qui était totalement absente de la foule des concerts, c’est-à-dire entre 23 et 35 ans. L’apéro bat son plein sous des tonnelles installées par l’organisation, permettant d’organiser les tentes en petits ilôts.  On retourne tranquillement sur le site des concerts pour Charlie Winston, croisant des courageux en costume une pièce. Oui, en peluche !

20h30, Charlie Winston secoue la foule

C’est dans un costume entièrement violet que Charlie Winston débarque sur scène, en terrain conquis. Alors que la foule tâtillonnait pour venir voir Josef Salvat, là elle y va carrément, à grands renforts d’approbations et d’applaudissements. De la part du chanteur, on sent un style qui arrive à maturité, moins dans le blues qu’il y a quelques années. Son dernier album, un peu mélancolique, a même des petites teintes d’électro, qu’on retrouver sur scène. Une évolution délicate, et qui rend son live vraiment agréable.

21h52, Rival Sons, de loin



La très longue file d’attente pour récupérer les tickets boissons/nourriture ne nous permet pas vraiment de profiter des quatre rockeurs bien énervés. Dommage, car on ne peut s’empêcher de tendre l’oreille en entendant le set bien énervé de Rival Sons (photo), entre blues et rock’n’roll. Pouce levé pour l’intro “Le Bon, la Brute et le truand”, et Jay Buchanan qui donne tout, tout, tout, hurlant et se trémoussant partout. Niveau tarif la bière est à 2,40€, pareil pour les frites et sandwichs classiques. C'est plus qu'honnête ! Rien de bien révolutionnaire dans l'offre à part un bar à bières fines, plutôt sympa.

22h50, La surprise du Sting barbu



Et non, ce n’est pas BigFoot qui a débarqué à la Nuit de l’Erdre, mais bien Sting, avec une barbe qui a fait hausser quelques sourcils. La surprise passée, Gordon Matthew Thomas Sumner (oui, vous aurez appris le vrai nom de Sting aujourd’hui) enchaîne les titres de The Police, pour le grand bonheur de la foule, soyons honnête. Parce que Roxanne reprise en choeur par une petite dizaine de milliers de personnes, ça fait toujours un petit quelque chose. Sur 15 chansons, l’Anglais en a fait 9 de The Police, et a même fait un petit clin d’oeil en reprenant America de Simon & Garfunkel, en ce 4 juillet.

0h20, Un petit Twin Atlantic et au lit



Les interprètes de Brothers & Sisters, qui ont beaucoup tourné ces derniers mois, subissent l’exode post-Sting vers les parkings et la pause ravitaillement avant la fin de soirée. Dommage pour les petits Ecossais de Twin Atlantic, qui assurent un set propre et énergique. La soirée s’arrête là pour nous aussi, avec une grosse pensée pour Madeon, le gars du coin, qu’on aurait bien aimé voir.

Jour 2. 21h40, Chinese Man sur le pouce



Tout en digérant le fait d’avoir loupé Kaiser Chiefs par contrainte professionnelle (en fait non, ce n’est toujours pas digéré), et après un Biga*Ranx qui s’est bien mieux débrouillé que Josef Salvat pour ambiancer le public, on attrape un sandwich kebab pour se caler devant la main stage, en prévision de Die Antwoord. On suit Chinese Man d'une oreille distraite. Le groupe fait sauter le public  avec ses sons hip hop éléctro jazzy c’est rafraîchissant, l'ambiance est déjà un cran au dessus comparé à la veille.

22h50, Dans les starting blocks pour Die Antwoord

Die Antwoord, c’est un autre univers. Que ce soient les pupilles entièrement noires de Yo-Landi, la coupe de Ninja ou le masque de DJ Hi-Tek, le bizarre est omniprésent. Le malaise passe rapidement, et on plonge à coeur joie dans ce monde complètement taré. Le trio chauffe le public comme personne, faisant monter et descendre la tension en maîtres. Bonus: le moment de mignonitude absolue quand une petite fille avec un gros casque audio rose fait son apparition sur scène, que l’on suppose être la progéniture de Ninja et Yolandie.

0h20, Fin de festival sur fond de Birth of Joy

On quitte la Nuit de l’Erdre sur Birth of joy, après un dernier passage dans la zone restauration. L’avantage de la petite taille du site est que, même si on est occupé à autre chose, on entend quand même très bien tous les sets. Pour revenir à Birth of joy, le groupe mérite le détour, déjà parce qu’ils se réclament du rock psychédélique, et que c’est plutôt rare en festival. Ils ne subissent pas la tranche horaire comme Twin Atlantic la veille, le public étant moins familial pour le dernier jour, et plus déterminé à danser jusqu’au bout de la nuit. Ils font bien sautiller, et méritent une gommette verte.

Côté concert 

La bête de scène 
Die Antwoord, plongé dans un autre univers avec leur musique bizarroïde.

Le coup de coeur du public
Charlie Winston et ses musiciens en bleu de travail, adorés de la foule.

Le mythe
Sting, parce qu’entendre Roxanne en live, c’est une petite fierté.

Côté festival 

On a aimé :
Le mini-zeppelin La Nuit de l’Erdre
La mascotte chimpanzé
Le Breizh Cola à 1,20€

On a moins aimé :
Le manque d'espaces ombragés
Le cocktail détonnant chaleur/bière pas chère/origan qui rend les gens pas très gentils
Des indications pas assez claires des parkings au site du festival

Conclusion

On a déjà lu ça mille fois, mais la Nuit de l’Erdre a su s’imposer au fil des années. Ce n’est désormais plus le petit festival où les lycéens viennent fêter la fin du bac, mais un événement pro, bien huilé. La petite scène du début s’est aussi dédoublée, et chaque année la programmation impose le respect le plaçant parmi les grands de l'été. A une prochaine, sans aucun doute !

 

Récit de Liv Audigane
Photos de Liv Audigane, Nicolas Patault (Die Antwoord, Ambiance nuit)