On était à
Le Jardin du Michel, un changement de potager réussi

Cette 13ème édition du “JDM” s’annonçait particulière : cette année le site du festival déménageait, ce qui nous a mis encore plus l’eau à la bouche. Cap sur Toul pour deux jours de fête avec au programme de ce premier week-end de juin : de la bonne humeur, de la pluie, un peu de gadoue et un grand parterre d’artistes.

 Jour 1. 18H44, Toul monde chez le Michel

Contrairement à l’édition 2016, pas de grosses intempéries pour notre arrivée, et c’est sans souci que nous garons notre bolide sur un parking pas (encore) trop boueux. Autre bonne nouvelle : on est juste à côté du camping. C’est donc assez rapidement que nous passons la sécurité et plantons notre tente dans un camping déjà bien rempli. Sans plus attendre nous nous mettons en marche vers le JDM situé non loin de notre campement, pour découvrir avec hâte ce que le nouveau site nous réserve et voir ce que le Michel y a semé. Une dizaine de minutes plus tard nous y voilà enfin. Fini les champs de Bulligny, place à un site tout en longueur, bordé d’arbres, ceinturé d’eau, avec les remparts et la majestueuse Cathédrale de Toul en toile de fond. On n’a pas encore eu le temps de déambuler partout mais au premier abord on peut dire que ça a de la gueule, malgré une déco un peu légère.

19h37, beatbox et fast-food

A peine le temps d’apercevoir la fin de Ginger McCurly sur la petite scène du JDM, montée sur l’eau, on fait un bref tour des stands et on se dirige vers la grande scène pour voir les 4 beatboxeurs de Berywam (photo). Pas d’instruments, c’est simplement armés de leur bouche et de leur micro que ce collectif  met l’ambiance avec un répertoire très vaste : Eminem, Shakira, Beyoncé, Coolio et même…Christophe Maé. Tout y passe, ils sont vraiment doués les gaillards, ils n’ont pas volé leur place de Champion de France de beatbox. On profite de la prestation d’Amoure pour chercher de quoi nous sustenter. Notre choix se porte sur un sandwich saucisse-crudité. Pas mauvais mais rien d’exceptionnel non plus. De nouveaux stands de nourriture comme ceux proposant du chili et du couscous ont fait leur apparition mais on déplore l’absence de celui des spécialités africaines qui avait fait notre bonheur l’année dernière : adieu poulet mafé et autres bananes plantains…RIP Africa Miam.

21h42, place au sale 

Pas de quoi cependant entacher notre joie à l’idée de retrouver Little Big (photo) sur la grande scène. Comme on s’en doutait, les russes envoient du bois : de la bonne grosse techno, accompagnée d’une visu délirante représentant des clowns démoniaques, des licornes, des gros majeurs en l’air et des gros zizis, agrémentée de belles déclarations d’amour de la part du groupe au public français telles que : « je vais te péter la rondelle ». On est fans. Tout aussi subtil, Lorenzo enchaîne sur la petite scène du JDM et le public, majoritairement jeune est réceptif aux punchlines décalées et sales de l’artiste qui s’est fait connaître sur Youtube via son personnage de rappeur et notamment avec son freestyle (prononcé « fristile ») du sale  qu’il interprètera cinq fois de suite…c’est beaucoup, surtout quand on repense à Little Big qui n’a même pas chanté son tube Everyday I’m drinking. En tout cas on ne peut rester indifférent face à Lorenzo, on aime ou on aime pas.

00h32, la nuit est chaude, elle est sauvage

La  grande scène s’apprête à accueillir 3 h d’electro non stop avec Jabberwocky, 2 Many DJs et Feder. Avant d’attaquer cette Nuit Sauvage comme l’a dénommé le JDM sur son programme nous décidons de boire un coup. Après un passage au stand des vins toulois, seule véritable spécialité lorraine présente sur le festival, on profite pour glander un peu dans l’herbe. Il faut dire qu’il n y a pas grand-chose d’autre à faire entre les concerts,  la cabane du Michel, scène alternative l'an dernier, étant totalement absente de ce nouveau site. Après avoir entendu de loin l’electro envoûtante de Jabberwocky, on apprécie le concert un peu plus énergique des belges de 2 Many DJs qui fait doucement monter la température avant l’arrivée de Feder qui s’occupe de conclure cette première soirée avec un set composé de ses propres hits radios mais aussi de ceux d’autres artistes. On reste un peu mitigé, on aurait préféré une petite graine de folie supplémentaire de la part du DJ pour son concert dans le Jardin Du Michel. On retourne donc sur le camping quelques minutes avant la fin du show et on en profite pour bavarder et partager des bières avec nos voisins de tente jusqu’au bout de la nuit (photo)

Jour 2. 11h03 ça glisse au pays du Michel

 A peine remis de notre courte nuit que nous voici en place pour admirer le concours de ventriglisse (photo), beaucoup moins boueux que l’année dernière. Normal nous n’avons pas encore eu de pluie ! Mais ne parlons pas trop vite. Par la même occasion nous observons les différentes nouveautés présentes au camping cette année : bar, restauration, stand de batteries pour recharger les téléphones … et surtout l’épicerie du Michel en partenariat avec une célèbre grande surface qui permet d’avoir accès à un grand nombre de produits utiles à tout campeur qui se respecte. Cela va du sac de couchage aux canettes de bière (fraiches en plus si on demande) en passant par le dentifrice. C’est bien pratique surtout que les tarifs proposés ne sont pas excessifs. Comme sur le site du festival, on paye avec la fameuse carte Mastermich. Par rapport à l’édition précédente, les bénévoles semblent plus à l’aise avec le système du cashless, nous aussi et c’est tant mieux.

17h42, rockabilly et hipster barbu

Une petite sieste plus tard et nous voici déjà sur le festival : on constate que la sécurité est encore plus renforcée cette année. Les événements récents n’y sont sûrement pas pour rien, d’où les longues files d’attente pour rentrer sur le site la veille. Arrivés tôt nous n’avons aucun problème pour circuler sur le site (photo) et nous diriger vers le premier concert du samedi celui de Gun Saloon Especial. Un bon petit groupe de rockabilly, idéal pour démarrer la journée. L’ambiance est bon enfant, des mecs du public crient « à poil » et ça pogotte gentiment. On enchaîne avec Bambou, groupe de rock teinté d’electro et on s’assied sur les hauteurs de la pente d’herbe qui surplombe la petite scène à la manière d’un amphithéâtre, avec la « fosse » au milieu. Cette scène sur l’eau a décidément beaucoup de charme, il y a une telle proximité avec le public que l’on pourrait presque toucher les artistes, dans ce cas présent on a envie de tirer sur la barbe du claviériste, portant une chemise et des lunettes de hipster, mais on se contentera juste de passer un bon moment.

19h31, j’ai le rap qui se dilate et de l’amour pour Holy Two

Voici l’heure d’un grand nom du rap US le groupe Dilated Peoples. DJ Babu nous met directement dans l’ambiance avec du bon son de rap old-school pour nous faire patienter avant l’arrivée sur scène des 2 rappeurs Evidence et Rakaa. Le premier est très bavard et communique énormément avec les festivaliers, la barrière de la langue n’a pas l’air de le déranger, le public non plus. Un public qui paraît d’ailleurs un peu plus diversifié que le vendredi. Il y a une bonne atmosphère pendant le concert et on se plait à bouger la tête sur les sons du groupe californien malgré la pluie qui s’intensifie. Nous dégustons par la suite un bon chili con carne sous un arbre, pour se protéger un peu des gouttes qui commencent à être très nombreuses (photo) puis nous allons écouter Holy Two. On apprécie beaucoup les sonorités electro-pop du groupe, et on tombe amoureux, non seulement de la voix de la chanteuse mais aussi de leur veste argentée avec un effet aluminium.

21h21, il est pas frais ton Pete

Une rockstar bourrée sur scène ça n’étonne pas grand monde, et quand il s’agit de Peter Doherty (photo), ça n’étonne plus personne. Le rockeur fait une belle entrée en tenue complètement débraillée, jette de la bière sur les festivaliers, chante la main dans la poche en essayant de ne pas s’emmêler dans le fil du micro, joue de l’harmonica, picole et baragouine de temps en temps quelques mots en français…on comprend rien mais au moins il est présent, son charisme et sa voix assurent le spectacle et la sauce prend comme par magie. Mention spéciale quand même aux musiciens qui accompagnent le chanteur et qui doivent supporter cet enfant terrible du rock. Les intempéries ne cessant pas, le spectacle proposé par la compagnie Underclouds mêlant sonorités et funambulisme n’aura pas lieu. Dommage, même si il y a une séance de rattrapage le lendemain. On rejoint donc la grande scène pour l’autre tête d’affiche de ce soir : Matmatah. 12 ans depuis leur dernier passage au JDM, le devant de la scène est bondé, le public est venu en masse pour le groupe breton, qui interprètera un répertoire alternant nouvelles et anciennes chansons. On n’est pas déçu du résultat et ce n’est pas le petit problème technique de 5 minutes en début de concert et la pluie battante qui vont venir gâcher le plaisir qu'on vit pendant les 1h20 de concert.

00h42, fin de soirée électrique et boueuse

C’est complètement trempés que nous prenons la direction d’un stand afin de prendre un café pour tenter de nous réchauffer un peu, on observe au passage le mouvement de la foule, qui a su braver la pluie pour le concert de Matmatah mais qui n’a pas le courage de rester pour les deux concerts qui suivent. Heureusement une poignée d’irréductibles festivaliers, dont nous faisons partie, reste. Ca aurait été dommage de manquer la prestation des deux membres à bonnet et lunettes noires de French Fuze. Leur musique est atypique, composée d’extraits de bruits du quotidien, de pub, de synthé, à laquelle s’ajoutent des sessions de trombone et de beat-box. Les festivaliers, dont la plupart sont vêtus de k-ways et de ponchos sont conquis. Excellente mise en bouche avant le dernier concert de cette soirée et également le dernier concert de notre week-end. En effet, pour des raisons familiales nous ne pourrons malheureusement pas assister à la journée du dimanche, à notre grand dédain. Autant dire que l’on se défoule comme il faut sur la techno bien bourrine des québécois de Black Tiger Sex Machine qui remercie maintes et maintes fois le public d’être resté malgré les conditions climatiques assez médiocres il faut bien le dire. Au vu de la gadoue près de la grande scène (photo) on ne regrette pas d’avoir déplacé notre véhicule à proximité du festival, on part de Toul en pensant très fort à ceux qui vont assister aux concerts de Tryo, Giedré ou Sum 41 dimanche et à ceux qui galèreront pour se désembourber du parking du camping après les concerts.

Le bilan

Côté concert

Le son qui tabasse et qui déboîte
Little Big, une prestation déjantée comme on les aime

Les ambianceurs de fin de soirée
French Fuze & Black Tiger Sex Machine, malgré la pluie ils nous ont fait danser jusqu’au bout de la nuit, c’est eux la vraie Nuit Sauvage

Le moment love
Holy Two, on a trop envie de faire des bisous à son voisin quand on les écoute

La rockstar bourrée
Peter Doherty, même saoul il assure

Le retour en arrière
Matmatah, quel kiff d’entendre l’Apologie en live !

Côté festival

On a aimé :
- Le nouveau cadre, tout en longueur, entouré d’eau, parsemé d’arbres et sublimé par les remparts et la Cathédrale de Toul
- La nouvelle petite scène montée sur l’eau, qui possède un charme fou
- Pouvoir passer d’une scène à une autre sans manquer un seul concert
- L’apparition de nouveaux stands et de la nourriture à des prix très raisonnables
- Les bénévoles souriants en toutes circonstances
- L’épicerie du Michel présente sur le camping, une très bonne idée pour ceux qui ont la flemme de faire les courses avant

On a moins aimé :
- Le manque de déco et le côté moins aéré du nouveau site, il manque une identité visuelle au Michel
- Le manque d’activités à faire en dehors des concerts
- Le choix limité de bières et de spécialités lorraines
- Attente trop longue aux entrées, notamment pour les filles

Conclusion 

Bonne récolte pour cette édition 2017 : 17 000 festivaliers sont venus pendre la crémaillère à Toul. Le pari semblait risqué - un changement de site n’est jamais évident - mais l’organisation a su tirer profit de cette contrainte en faisant évoluer le JDM sans pour autant qu’il perde toute son identité. Bien sûr il y aura toujours les nostalgiques du site de Bulligny, mais il faut laisser une chance à ce nouveau cadre qui ne manque pas d’atouts. Reste maintenant à voir si le JDM va continuer sur cette voie… on prend rendez-vous l’année prochaine !

Un récit de Josselin Thomas et Fanny Frémy
Photos de Josselin Thomas