On était à
Douve Blanche, un week-end relai, château, techno

Un festival qui veut faire cohabiter le temps de deux soirées les jeunes filles à couronnes de fleurs et les vilains garçons prêts à en découdre devant les enceintes ? Pari tenu. La Douve Blanche initié par le label Animal Records/Animal Kitchen en est à sa quatrième édition et ne compte pas s’arrêter là. Egreville, son château, ses douves, son bar à huître, on vous dit tout.

Vendredi 6 juillet. Jour 1. 18h15, On est en demi(s)

Le festival s’ouvre avec la victoire de la France, le match est bien sûr retransmis dans le petit camping en face des douves : deux écrans avec chaises longues à proximité du bar. Le camping se remplit lui peu à peu au fil des arrivées, ralenties par les grèves. A signaler la réactivité des organisateurs : horaires communiquées, navettes adaptées. La Douve Blanche, c’est d’abord un lieu. Un château du XIIe siècle qui voit ses douves se gorger tous les premiers weekends de juillet. L’arrivée sur le site est magique, l’accueil impeccable, on est hors du temps. Cette année on payera en écu (1 écu = 1 euro) pour se sentir un peu plus près de la vie de château.

23h35, Delusion entre chien et loup

FORM a ouvert le bal pop, Howlin Jaws a secoué un peu tout ça mais c’est Isaac Delusion qui l’emmène très haut. Pas de folies dans la présence scénique mais une voix reconnaissable depuis le fond du camping : on nous a raconté des courses de montage de tentes des derniers arrivants pour ne pas rater la reprise de Couleur menthe à l’eau. La tête d’affiche de la soirée tient ses promesses musicalement parlant. Les plus malheureux se rattraperont avec les synthés d’Ambeyance. La Douve s’illumine dans la nuit. Cette année la grande scène est décorée par des rails de lumière en métal, pour un effet plus industriel et techno. 

00h45, Douve in the MIDDLE

C’est l’heure pour nous de flâner en découvrant les stands de cette année. On reste ébahis par la montée en gamme et la diversité de l’offre pour manger d’année en année. C’est là l’identité du festival, qui tient aussi bien à vos oreilles qu’à votre taux de glycémie. Le poulet frit à la coréenne nous met en joie (8 écus), l’offre burger veggie fait plaisir aux copains végé (10 écus), tout le monde sans exception y trouve son bonheur. Une bouchée dans le burger du voisin, une tortilla dans le guacamole aux œufs de truite (superbe) de l’autre, les vrais copains savent partager. On est également servis par MIDDLE (photo), qui nous régale d’un set house allumé par une scénographie de qualité. Le pauvre est quand même coupé dans son set - pas au milieu non plus - pour laisser la place à Randomer.

02h23, de la techno à l’acid house il n’y a qu’un DJ

Si on osait croire dans ce cadre bucolique, avec son bar à vins (et bar à cidre!), qu’il s’agissait d’un festival de gentils garçons, là on entre dans le dur. La house de Randomer est riche et brutale, mais on ne sait pas s’il n’ose pas lâcher les chevaux ou s’il veut faire plaisir à tout le monde. Set inégal, on reste sur notre faim. Simo Cell nous offre le dessert de cette soirée, une acid house maîtrisée avec parfois des écarts dancehall. Si si, on vous jure.

Samedi 7 juillet. Jour 2. 12h00, chaude matinée d’été au camping

Après trois éditions l’organisation est maintenant bien rodée. L’attente à la douche est plus qu'honnête même si l’eau reste bien froide, les bénévoles assurent tout, du barbecue à la propreté des toilettes en passant par la remise en place des lettres géantes. C’est devenu une tradition à la Douve. Chacun émerge à son rythme, ambiance chill, transat et badminton. Le Club Limo sur la scène du camping réveille les couches-tard (les “douveurs”) de la veille en douceur.

16h15, on lézarde au soleil

C’est l’heure à laquelle Territory (photo) prend ses marques. Et même si tout le monde est encore un peu endolori par les balances hardcore de 9h du matin, un petit groupe d’irréductibles, dont nous faisons partie, prend place pour un concert rock sous un soleil brûlant. Une très bonne surprise malgré la chaleur et le manque d’ombre. Puis on fait une pause bière, shopping, magie ou tatouage pour les moins sensibles et on se laisse glisser dans l’après-midi guidés par la pop sensuelle de Soleil Bleu. C’est le concert du pianiste de LAAKE, électro teinté de note classique, mélange de piano et de techno à la Aufgang qui marque le début de notre seconde soirée dans les douves.

18h15  “Toi quand je t’ai vu, j’me suis dit pourquoi pas vivre tout nu”

Le moment fédérateur du festival se forge sur la petite scène (du chenil) pendant le concert de Miel de Montagne (photo), duo au sourire en coin et aux cheveux long qui nous a donné envie de faire des câlins. Pourquoi pas s’impose naturellement comme l’hymne du festival. La soirée arrive, délicieuse, dans cette ambiance techno-bohème. L’ambiance est plus détendue et festive que la veille, on retrouve avec Miel de Montagne l’esprit de la Douve Blanche, à la fois kitch et classe. Il faut le dire aussi, très parisien!

20h50, OUAI STÉPHANE!

Le paroxysme de l’ambiance “Douve” sera pendant le set de Ouai Stéphane (photo), petit malin dans la mise en scène, gros monstre dans le son. Avec son maillot de l’équipe de France sur le dos il sait faire plaisir et remporte une standing ovation à la Douve. Une petite foule en délire scande “et 1, et 2 et 3 STÉPHANE”, “STÉPHANE PRÉSIDENT” alors qu’il est obligé à contre coeur de laisser la place à l’artiste suivant. On le retrouvera au cœur de la nuit en train de déplacer les lettres du festival à l’entrée des douves. Petit malin on vous disait.

21h55, les hooligans de la Douve

Alors que l’on regardait la Sbornaïa lutter avec la Croatie jusqu’aux prolongations, on apprend que c’est FAIRE (photo) qui est en train de rejouer le coup des hooligans russes à Marseille. «Laisse le match, ils sont en train de tout casser !». On se dépêche et on arrive juste pour voir le claviériste frapper son synthé. Le ton est donné, l’ambiance sera au punk. On repasse se chercher une bière artisanale, pour tenir et observer ces petits enfants de Daniel Darc. On conclut les majeurs levés, un beau moment.

22h30, un début de nuit américaine et l’apothéose electro

Si FAIRE appartient à la Gaule Wave des années 2010, la programmation nous oblige à faire le grand écart en enchaînant avec le duo hip hop FastLanes. On est habitués à la Douve. C’est que le groupe d’Américains renforcé par le Dj français produit un son efficace qui nous rappelle qu’en matière de hip hop ce sera toujours vers le Nouveau Continent qu’il faudra regarder. Au moins l’Europe peut elle se consoler avec l’électro. Et c’est le Norvégien Diskobeistet puis le Français Bamao Yendé (photo) qui nous portent sur deux sets electro éclectique, teinté de rythmes brésiliens, caribéens et africains. Les plus vicieux attendront les sets de Maze et DJP Moore pour se finir. Ils ont été servis. Jusqu’à 7h30 du matin...

Dimanche 9 juillet. Jour 3. 11h02, sous le soleil exactement

On remballe tranquillement les tentes en écoutant le cours de beatbox de Vocal Grammatics, instructif et vraiment très bien amené. Un dernier tour et on part en croisant une dernière fois le maître des lieux, figure de proue du festival, toujours enclin à discuter avec les festivaliers en promenant son chien. On profite même de son vide-dressing mis en place pour les fashionistas. On a croisé DJ Diskobeistet repartir avec une chemise et le sourire. Du coup nous aussi.

Le bilan

Côté concert

La bonne surprise
Ouai Stéphane Ouai Stéphane, c’est comme si tu découvrais que ton pote avait un talent caché. 

L’instant chaleur
Miel de Montagne, le seul groupe à réussir à te faire danser un slow avec un inconnu en 2018. 

Les enragés
Faire, parce que les mini-marcels et les pat’ d’eph ça peut être violent.

Le mix electro
Simo Cell, qui a réussi à TOUT passer, un pari risqué à 6h du matin.

Côté festival

On a aimé :
- Le bar du camping. Idéal pour faire des connaissances et kiffer son petit son du matin avec un café.
- La Burrata, ok 8 écus mais servie avec le sourire.
- Le Chatelain. Parce qu’on est reparti avec sa veste de chasse.
- Les palets bretons en face de la grande scène, pour une petite partie à l’improviste à 3h du matin.
- Les toilettes, qui n’étaient pas sèches mais en dur cette année et FRANCHEMENT  pour la propreté il y a pas mieux

On a moins aimé :
- Les prix en général: 7 écus la pinte sans compter la consigne (1 écu) pas excessif, mais pas donné non plus. 10 écus les burgers et 8 écus pour des petits en-cas. Il fallait s’attendre à manger pour des prix parisiens, Animal Record/Animal Kitchen revendique justement une expérience à la fois musicale et mais aussi gourmande. Le label s’occupe de tout les stands food et propose des menus/produits élaborés.
- Les consignes verres, parfois remboursées, parfois non, notamment les verres de vins....
- Le nombre de navettes et l’organisation pour les payer (6 euros l’aller-retour, l’an dernier c’était 4)
- Deux regrets : Toujours pas le courage de se faire la bourriche d'huîtres. Pas d’occasion non plus de tester les chichas toutes prêtes au camping.... L’année prochaine donc !

Infos pratiques

Prix boissons
8 euros la pinte avec consigne

Prix nourriture
Comptez plus de 12 euros pour un menu burger avec patate douce, 8 euros pour un sandwich avec viande au BBQ.

Transports
En voiture, possibilité de se garer sur la place du marché à Egreville et dans les environs. En train, depuis la gare de Souppes - Château-Landon (Transilien R) puis la navette du festival jusqu’à Egreville (3 euros le trajet, 6 euros l’aller-retour).

Conclusion

La Douve Blanche est un micro festival né en 2015 qui avait, à sa création, pour objectif d’être à taille humaine et conviviale mais surtout d’apporter une touche qualitative à l'expérience des festivaliers. Le temps d’un weekend, on se sent appartenir à une petite communauté de châtelains privilégiés dans le cadre magnifique qu’est le château d’Egreville. L'expérience est toujours aussi agréable: le camping ombragé par les arbres, les coins et recoins aménagés et décorés partout autour des douves, de l’espace pour danser comme pour chiller au soleil et une offre gastronomique au poil. Après 4 ans et quelques améliorations notables l’esprit de la Douve reste le même et c’est tant mieux! On revient l’année prochaine vous raconter la suite avec plaisir.

Un récit d’Anaïs Mastrorelli, Thibaut François et Fanny Salmon
Photos d’Anaïs Mastrorelli