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Schoolwave : le festival Grec qui donne la parole aux jeunes

Rencontre avec Christos Ioannis : professeur de physique dans un lycée, initiateur du festival Schoolwave en Grèce, lancé depuis 2004. 

Il voulait faire de l’athlétisme mais sa mère lui disait : « Concentre-toi d’abord sur tes études ». Le jeune lycéen Christos écouta les conseils maternels, et n’eut jamais le temps de courir les pistes. Devenu professeur de physique, il se mobilise avec deux de ses anciens élèves, Babis et Kostas, avec une idée très simple : donner la place qu’elle mérite à la parole des lycéens. Autour d’un frappé, sur une petite place calme et ensoleillée sous l’Acropole d’Athènes, Christos nous explique : « De 13 à 18 ans, l’adolescent a énormément de colère en lui, il n’aime pas l’école, c’est chiant et il n’a pas la parole. Il ne voit pas que sa présence compte à l’école. ». 

D’abord le journal Schooligans pour libérer la parole lycéenne 

De ce constat nait le magazine Schooligans en 2004, avec la volonté de faire parler ces lycéens qui ne peuvent pas s'exprimer dans leurs établissements. « En classe, on parle toujours de physique, de math … mais jamais de choses qui se passent juste à côté de nous. Nous avions besoin d’un journal pour ça, écrit dans un langage qu’utilise les jeunes ». D’abord publié au sein du lycée, le succès est immédiat, et la publication devient nationale. Dix huit numéros, et jusqu’à 100 000 exemplaires ont été publiés depuis, comme supplément de grands quotidiens tous les 4 mois. Des interviews décalées, avec le président ou le maire d’Athènes, font le succès du journal. Arrêté en 2008, Schooligans reprendra du service cet été dans le Journal des Rédacteurs, journal autogéré de 800 salariés à Athènes.

Schoolwave, un festival international de groupe lycéens

Mais le professeur Ioannis ne s’arrête pas là. La même année – et avec les mêmes complices - que Schooligans, il crée la Schoolwave. Elle déferle tous les mois de juillet depuis 9 ans à Athènes. L’idée est de réunir des groupes de musique de lycéens. Toujours avec la même force à la clé, faire s’exprimer les jeunes. « C’est ce qui nous prend le plus de temps » confie Christos. En 2004, elle réunissait seulement 21 groupes de lycéens d’Athènes. Mais là aussi, c’est le succès immédiat. L’année suivante, 200 groupes viennent de toute la Grèce, et en 2006, le festival devient international, avec des groupes français, anglais ou suisses. « Nous faisons des auditions avec des professionnels pour sélectionner les groupes, ce concept est unique en Europe, nous en sommes très fiers », explique Christos.

Le festival accueille plus de 10 000 participants sur trois jours : un ticket jour à 5€, et 10€ pour le pass 3 jours. « Nous avons réussi à glaner de l’argent de sponsors, environ 1 millions d’euros, car nous avons aussi invité des groupes grecs connus à jouer » explique le professeur de physique. Aucune compétition entre les lycées, simplement des textes à gueuler et des rifs de guitare à jouer, sans aucune censure. 

La dernière édition a eu lieu comme d’habitude en juillet, et les auditions pour sélectionner les groupes ont débuté quelques mois avant. Cette année il a été décidé d’ouvrir les scènes aux groupes universitaires. Jusqu’où peut aller la vague Schoolwave ? « Notre but est de réaliser des tournées en Europe, à Paris, Londres, espère Christos. Nous faisons déjà des concerts dans toute la Grèce ». Question d’organisation sans doute, malgré tous les bénévoles, il ne reste que quatre ou cinq à travailler réellement pour l’association. 

Une chose est sûre, Christos a réussi son coup. Aujourd’hui, tout le monde a grandi. Babis est devenu professeur à son tour, Kostas avocat. Mais le jeune Christos n’oublie pas de rappeler au « vieux » professeur qu’il s’imaginerait bien - entre deux tubes à essai - courir le 100 mètres aux prochains Jeux Olympiques. 

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Morgan Canda avec The Parthenon Post