On était à
Mama Festival, l'excursion musicale parisienne

Pendant trois jours, le MaMA a squatté les salles parisiennes de Montmartre et Pigalle pour proposer un véritable marathon : 120 concerts dans 12 salles, sans compter la cinquantaine de conférence en journée. Retour sur trois jours de musique rafraîchissante dans la capitale

Jour 1. 20h12, Pigalle et Montmartre sur les startings blocks

Après avoir récupéré notre bracelet dans un algeco au milieu du terre-plein du grand boulevard, les concerts peuvent commencer. 12 salles sont en ordre de marche, parmi lesquelles la Cigale, la Machine du Moulin Rouge ou le bus Palladium. Notre soirée débute par le reggae italien de Mellow Mood à la Boule Noire, plutôt sympa. La soirée du label M’A Prod continuera avec Big Red & DJ Vadim, ainsi que Harrison Stafford, leader du groupe Groundation.

Au Divan du Monde, Pfel & Greem (photo) ont pris les commande. On retrouve un set très efficace, proche de ce qu’ils pouvaient faire avec Beat Torrent ou C2C, parfois facile, parfois intelligent. Le jeux de lumière composé de trois carrés est lui superbe et envahit parfaitement la salle grâce à ses lasers intégrés. L’ambiance est à la fête avec ce medley hip hop-électro dans une salle remplie, mais loin d’être blindée. Même si l’étage est exclusivement réservé aux “pros”, on y passera une bonne partie du show, profitant du manque de vigilance de la sécurité pour s’y faufiler.

23h26, la pause reggae des familles

A peine quelques mètres à l’extérieur et nous voilà à la Cigale. Si ce n’est le Centre Barabara, la plupart des salles sont à moins de 10 minutes les unes des autres. Une tête connue squatte la scène. Croisé notamment au Bout du Monde l’an dernier, le petit gars tout frêle Biga Ranx (photo) balance un flow reggae ravageur au milieu de la fosse devant une salle à moitié pleine.

On se permet une petite bière dans un bar complètement vide juste à côté. L’ambiance n’est pas forcément à la sortie tardive ce soir dans le quartier. Direction la Chaufferie, la petite salle dans les sous-sol de la Machine du Moulin Rouge. Murs bleus, couvertures de survie dans les tables, le décor est planté. Nusky & Vaty tentent d’allumer la quarantaine de festivaliers présents dans la salle. On sera un peu plus convaincu par Throes + The Shine au Backstage, leur dégaine affriolante et leur envie d’en découdre avec le peu de spectateurs.

00h12, derrière les platines

Ce soir la programmation du Backstage a de la gueule, même si le lieu est loin de faire rêver: une salle aux allures de boite des années 90, avec ses espaces assis en mode VIP, mais pourtant vide. Sans parler des tarifs des consommation et de l'amabilité de ses serveurs. C’est devant le set de Dj Fly & Dj Netik (photo) qu’on s’installe. La salle est là aussi presque vide, mais ca n’empêche pas les 2 djs de montrer tout leur savoir faire aux platines. Comme à Marseille pour Marsatac, ils assurent et feront vraisemblablement partis des djs présent sur les scènes cet été.

Mais pas le temps de traîner, les 4 gars de Cotton Claw nous attendent à la Chaufferie de la Machine du Moulin Rouge. L’horaire tardive n’a pas attiré les foules, et c’est bien dommage. Les 4 beatmakers sont au milieu de la salle en configuration Boiler Room et balancent un set dark mais dynamique. Un vrai moment de plaisir conclut par une initiation aux machines: pendant quelques minutes le public a été invité à “jouer” et “tripoter” les machines du groupe.

Jour 2. 20h32, de Paris à Antananarivo

Before à la Fourmi : l’ambiance est chaleureuse. C’est l’un des endroits prisés par les festivaliers et les pros présents au Mama. C’est juste à côté, à la Cigale, avec le rappeur Youssoupha (photo) que la soirée commence. Un show tranquille, pas transcendant, où le rappeur n’oublie pas de rappeler, un peu trop, que l’on est aussi là pour fêter les 10 ans du label Believe.

Passage ensuite par la Boule Noire, où on en profite pour se prendre une pinte, c’est d’ailleurs ici qu’est la bière la moins chère des salles du festival. Sur scène c’est The Dizzy Brains qui tiennent la maison : de vrais rockeurs débarqués de Madagascar, découvert aux Transmusicales il y a un an. Ils parlent français, parlent de cul, gueule torse nue et envoie le bouzin avec du riff de guitare. C’est sale et ça fait du bien !

21h47, quand les machines ronflent

Le thème de la soirée est définitivement aux 10 ans de Believe. Pour l’occasion Birdy Nam Nam (photo) présente son live et son nouvel album à la Cigale. Sans dj Pone, le trio se défend plutôt bien avec toujours autant de talents aux platines. Un set idéal pour se déchaîner et danser, ce qui ne déplait pas au public très jeune venu pour l’occasion. On retrouve aussi l’éternel nonchalance de Little Mike, au centre du groupe qui enchaîne les clopes à la Kavinsky.

Le reste de notre soirée sera une succession de monté et descente d’escaliers entre la grande salle de la Machine du Moulin Rouge, ouverte uniquement ce soir, et la Chaufferie. Après une set de Douchka, c’est devant la techno grasse de Feymann qu’on passera notre fin de soirée, avant que Jacques et Joachim Pastor ne concluent cet anniversaire.

Jour 3. 14h15, Les pros au rendez-vous

Le MaMA c’est avant tout un festival où les professionnels se rencontrent. Organisateurs de festivals, tourneurs, promoteurs, prestataires, artistes, médias… Tout le monde y est et pendant trois jours, les rendez-vous s’enchaînent. L’Elysée Montmartre de nouveau disponible cette année, beaucoup s’y donne rendez-vous pour échanger, discuter, négocier. En marge de ces rencontres des conférences sont organisées dès 10h du matin au Trianon, au centre Barbara et à l’Elysée Montmartre. En se promenant au Trianon, on est une nouvelle fois séduit par le programme MaMA Invent. En collaboration avec l’Irma, le festival offre une vitrine aux outils et concepts innovants de la filière du spectacle à travers 3 thématiques: solutions et prestations pour les artistes, solutions et prestations pour le spectacle vivant, solutions et prestations pour le business et la promotion. L’occasion de découvrir les outils de demain.

21h12, tu veux vraiment payer ta pinte 8 balles ?

La pluie a clairement pris ses quartiers ce vendredi. Premier rendez-vous pour ce dernier soir avec les trois gars de la Fine Equipe (photo). Ambiance feutrée pour quelques mouvements de hanches, avec une Cigale toujours clairsemée. Le festival a décidément du mal à attirer les foules.

Pas l’envie pour nous de courir dans tous les sens : on laisse de côté Samba de la Muerte, Buvette et 3somesisters. Comme l’an dernier, on se pose au Comédie Café, endroit pas forcément accueillant au départ où tournent en boucle sur le télé le Multiplex Ligue 2 de football. Mais la pinte est à 3,5€, deux fois moins chères que dans les salles, et la patronne plutot sympa. Le Mama, c’est aussi l’occasion de découvrir le quartier et ses petites pépites cachées.

01h12, Les hispters tombent le masque

Direction ensuite le Bus Palladium : pas grand monde assiste à la performance de Denis the Night and the Panic Party, pourtant énergique, complexe et efficace. Le concert est parfois brouillon pour ce groupe italien à la grande marge de progression. Retour ensuite à la Chaufferie, pour assister bien seuls à la performance du DJ Ganz.

Le clou du spectacle est au Divan du Monde. Lorsqu’on passe les portes, la salle est déjà pleine. France Gall, Sexion d’Assaut, Stromae, nous voilà au coeur de la soirée French Connexion, rattachée ce soir au festival. Peu de gens ont l’air de faire partie des festivaliers, et on nous demande même pourquoi nous avons un bracelet. La bière à pris 1€ pour grimper à 8, et les hipsters se révèlent au grand jour en dansant sur tous ces tubes qui passeraient crème au Macumba de nos régions. Ca danse, ça chante, le sourire est sur les lèvres, voilà de quoi finir notre festival jusqu’à 6h du matin.

Le Bilan

Côté concerts

La perf’
Birdy Nam Nam, rien n’a bougé ou presque

La découverte rock
The Dizzy Brains, l’énergie rugissante venue de Madagascar

Les gars sûrs
Cotton Claw, jamais déçu

La belle promesse
Denis the Night and The Panic Party, des italiens prometteurs

Côté festival

On a aimé

- Un sentiment de liberté devant l’accès à toutes ces salles
- Un prix plus qu’abordable pour les 3 soirées et les 120 concerts
- Du choix dans les concerts, et de la diversité musicale, avec cette année quelques “têtes d’affiche” en plus

On a moins aimé

- Un son parfois trop fort, surtout sur les function one du Bus Palladium
- Les tarifs des consommations des salles parisiennes
- Trop peu de festivaliers comparé au nombre de pro dans les salles
- Aucun “coeur” du festival où se retrouver pendant les concerts, à l’inverse des journées.

Conclusion

Le festival semble grandir au fil des années, notamment auprès du public professionnel. Il a cependant du mal à se trouver un vrai public de festivaliers, et les salles paraissent souvent bien vides. Pourtant, la formule reste plus qu’alléchante et accessible pour ceux qui s’y aventurent.