On était à
Woodstower, jusqu'au bout de l'été

Dernier week-end d’août, aux portes de Lyon, on pose nos valises au Grand Parc Miribel Jonage : à notre tour de découvrir le festival Woodstower. On vous raconte notre expérience de la 19ème édition, ou du moins notre recette maison pour profiter d’un dernier festival en plein air cet été.

Jour 1. Vendredi 25 août. 19h55, dans la prairie tu marcheras

Le report 2016 du Woodstower promettait un bol d’air frais, mais c’est par une marche dans la chaleur depuis le parking que débute notre weekend au Grand Parc Miribel, après 40 minutes de voiture depuis Lyon. Le festival occupe un espace de prairies sèches, au sein d’un site naturel gigantesque de 2200 hectares de forêts, de lacs et de plages. Le caractère très ramassé spatialement du festival, avec quatre scènes réparties aux quatre coins de la prairie, permet de prendre ses repères très facilement et donne un sentiment de convivialité d’emblée.

20h15, ton gobelet consigné tu rempliras

Une fois nos euros convertis en token, on fait le tour des snacks alignés au centre de la prairie. Ce sera riz et accras à 8 tokens - jetons qui servent de monnaie - pour nous avec du vin rouge à 3 tokens en gobelet consigné, deux puis trois hot-dog pour le camarade avec de l’eau vendue 2 tokens. A côté de nous sur les bancs de pique-nique, un couple s’attable avec des “spätziflettes”, des pâtes alsaciennes au reblochon. Venus de Dijon par goût pour le mélange de musique et de théâtre de rue, ils ont planté leur tente dans le camping gratuit.

20h40, un comportement écologiquement responsable tu auras

Que faire ensuite de notre assiette compostable ? Aller la broyer en pédalant - ou en regardant les autres pédaler - au stand de vélobroyeur. Le tout au son de Radio Kaizman, le groupe qui ouvre les concerts mais auquel on ne prête qu'une oreille lointaine. Plus largement le festival nous incite à adopter un comportement responsable avec les doubles poubelles de tri réparties partout sur le site. De la sensibilisation écologique mais aussi des stands de prévention à la drogue et des animations théâtrales parsèment la prairie. On continue notre tour de découvertes dans un site pas encore du tout saturé; on s’arrête devant une guérite toute pimpante ambiancée par deux comédiennes qui offrent des shots à la gagnante d’un bras de fer féminin (photo).

21h20, à l’Eglise de Stepologie tu te convertiras

Mais l’Eglise de Stepologie nous attire irrésistiblement vers la “Nicolas Stage”, la nouvelle scène 2017 dédiée aux performances surprenantes. Trois comédiens tournant en dérision le culte du corps par le fitness (photo), nous distribuent des missels stepologiques pour chanter en choeur : “il existe un monde où le chagrin est en prison, où tout le monde est en short”. Après un échauffement des jambes “pour cramer la peau d’orange” et une choré de step, le trio passe parmi nous pour recueillir le denier du step et nous stepifier avec la sueur de Michael MacStep, patron de l’Eglise “podophile”. Sueur de ses pieds qui promet de “repousser les rides et les ridules”, bien sûr. On éclate de rire non stop, carrément conquis par ce trio dénommé Acid Kostik.

22h40, pour te balancer dans les airs tu patienteras

Notre déambulation nous amène du reggae de Jahneration, sur la scène principale du Chapiteau, jusqu’aux synthétiseurs années 90 trop minimalistes pour nous du duo Agar Agar, sur la scène électro située à l’extrémité du site et intitulée “le Woodsfloor”. Au centre de la prairie, la tyrolienne, une nouveauté 2017 gratuite, connaît un succès fou. La file d’attente pour gravir la tour et s’élancer dans les airs ne désemplit pas.

23h30, de l'électro lumineuse en pleine nuit tu savoureras

Notre équipe de choc connait sa première division : les uns étant partis écouter Demi Portion sur la “Scène Saint-Denis”, la scène dédiée au rap français, on se faufile près du crash barrière de la scène électro, “le Woodsfloor”, pour découvrir Clément Bazin. Le DJ joue sur des steel drum, les tambours d’acier des Caraïbes (photo). Une rangée gay-friendly agglutinée devant la scène lui lance des “Clément tu es beau!”. Nous c’est son mélange electro et organique - avec les sonorités tropicales du steel drum - que l’on trouve chaud et réconfortant.

01h10, toujours partante pour une découverte tu resteras

On tenait à rester écouter la techno froide d’Arnaud Rebotini mais on se fait entrainer vers le Chapiteau pour découvrir The Blaze, un duo français qui a émergé en 2017. Cette scène contient la plus grande jauge et elle est remplie, les filles sont même hissées sur les épaules de leurs copains. Bonne découverte finalement que cette électro mélodieuse, sur laquelle on quitte le site pour rentrer à Lyon, en laissant des fatigués déjà derrière nous (photo).

Jour 2. Samedi 26 août. 20h15, un tour operator efficace tu choisiras

Notre deuxième soirée débute par les arts de rue. Comment voyager immobile, en ultra low cost et en 8 minutes ? L’agence Tourista Voyages nous propose un pack complet : on choisit une destination, on prend la pose devant un fond vert pour une photo de voyage fictive et on est coachés pour inventer des anecdotes de voyage destinées à mentir à ses collègues ou à Pôle Emploi. Taux de satisfaction? 128% nous garantit le patron (photo).

20h40, des copeaux de bois tu jetteras

Hasard ou coïncidence, la Tourista se trouve juste à côté des WC... Des toilettes sèches, “les trônes de bois” dans lesquels on jette des copeaux de bois pour économiser l’eau. La ressource est en effet préservée par le Grand Parc qui alimente toute la métropole lyonnaise en eau potable. Aucun point d’eau sur le site… la fois prochaine on emportera notre gel pour les mains. Pendant ce temps, les The Closh - version déglinguée de The Clash - battent le rappel avant de commencer leur show dans leur camion-spectacle (photo).

21h40, le coin romantique face au lac tu trouveras

Le spot paisible dans l’enceinte du festival ? Ici face au lac où passent les cygnes (photo). Tout près de la “Nicolas Stage” où le groupe Corine distille sa pop disco années 80. Du kitsch, des minauderies de la chanteuse à la crinière peroxydée et des textes gentiment sucrés : “J’aime la plongée en eaux profondes, j’aime le chocolat noir intense infini, j’aime la crème solaire, son onctuosité”.

22h10, entre electro et pop ta marche te guidera

On reprend notre déambulation vers “le Woodsfloor”, où un producteur lyonnais, Seth XVI, chante tout en retenue sur de l'électro, hélas desservie par un réglage des basses bien trop lourd. On poursuit vers le Chapiteau (photo) qui fait le plein pour la voix d’ange du chanteur de Isaac Delusion. Cela fait deux ans qu’on les avait vus dans un festival et on retrouve ici leur électro pop planante.

23h00, du DJ set que tu attendais, à fond tu profiteras

Mais la star de notre festival se trouve au “Woodsfloor”, plongé dans l’obscurité et les vapeurs d’herbe : Romare, le DJ anglais, est de loin au-dessus de tout le reste. Sans un mot il déroule une heure de set dont l'intelligence et la fluidité des enchaînements nous captivent. Son électro enveloppante à base de samples de voix se mêle aux instrumentations live d’un percussionniste et d’un saxophoniste/guitariste/flûtiste. A une heure du matin, après un peu de house dansante du DJ Mézigue, on laisse le reste de la nuit aux fêtards ou à celles qui font des pauses (photo) et on repart vers le parking.

Jour 3 . Dimanche 27 août. 16h15, à chiller tu t’autoriseras

Dimanche, c’est la journée gratuite du festival. Il fait 34 degrés, la plage ambiancée par le festival fait le plein (photo), on n’a vraiment pas l’impression que l’été tire à sa fin. Dans l’enceinte du festival en revanche beaucoup moins de monde que les deux soirs précédents, le public est plus familial, plutôt des jeunes couples avec enfants. On s’assied au pied d’un arbre au “Woodsfloor” pour profiter de l’afro disco jouée par le DJ James Stewart. Ca tombe bien, on adore ce style de sons et on joue à reconnaître quelques titres comme celui du groupe Konono n°1.

17h30, grâce à du rap improbable, le sourire tu auras

Journée gratuite mais pas pour autant au rabais musicalement : on reste dans l’afro avec le rap ghanéen de Ata Kak (photo). Du rap années 90 par un chanteur au collier de barbe blanche et au sourire contagieux, un bassiste et deux claviers. Le Chapiteau est loin d’être rempli, c’est dommage... Mais les présents leur réservent un accueil chaleureux et font voler la poussière en dansant. Sans même savoir qu’on assiste là à quelque chose d’improbable : la tournée d’un vieux Ghanéen auteur d’une seule cassette éditée à 50 exemplaires dans les années 90 et exhumée récemment.

19h30, à la fin du weekend de penser tu éviteras

De l’afro de qualité encore pour clôturer le festival sous le Chapiteau avec The Bongo Hop, tandis qu’on écluse nos tokens en verres de vin au bar. Le plaisir est immédiat à l’écoute de leurs rythmiques afrobeat et de leurs compositions afro caribéennes. Le groupe nous paraît rodé et solide, mené par un trompettiste entouré d’un saxophoniste, d’un batteur, d’un percussionniste, d’un pianiste et d’une chanteuse (photo). Après une heure de concert, il faut s’y résoudre : Woodstower 2017 s’achève.

Le bilan

Côté concerts

Le grand éclat de rire

L’excellent trio de performers Acid Kostik et leur show “Lève toi et Step !”

Le jeune DJ français à suivre

Clément Bazin seul en scène pour créer de l'électro mâtinée de sonorités de steel drum

La confirmation de notre coup de coeur electro

Romare le DJ anglais ici en full live band qui déroule un set de haut niveau

La découverte afro caribéenne réjouissante

The Bongo Hop, le groupe rôdé de six musiciens aux compositions imparables

Côté festival

On a aimé :

- Les incitations à adopter un comportement responsable en termes écologiques (gobelets consignés, assiettes compostables, poubelles de tri sur tout le site, vélobroyeur).
- L’accessibilité à la fois tarifaire avec une journée gratuite le dimanche et un camping gratuit, et en termes de transports avec les navettes mises en place.
- Le mélange arts de rue / musique pour faire du site un petit village où déambuler agréablement.
- La communication béton (timeline en avance, conseils pratiques sur le site web, programmes distribués sur place).

On a moins aimé :

- La mise en lumière du “Woodsfloor”, la scène électro, que l’on a trouvé complètement ratée.
- Le manque d’éclairage sur le trajet vers le parking voitures.

Conclusion

Outre une organisation pro, une extension sur trois journées cette année et une fréquentation globalement satisfaisante grâce au soleil, on salue le mélange arts de rue - musique ainsi que les actions de sensibilisation écologique. Woodstower paraît en pleine forme pour aborder ses 20 ans l’an prochain. Le rendez-vous est pris en tout cas.

Récit et photos Alice Leclercq