On était à
We Love Green : l’ode au printemps

We Love Green, le festival hippie’pster dédié à la nature, au bon son et le tout en pleine ville, ouvre le bal des festivals d’été parisiens. Un endroit pour découvrir, apprendre, rencontrer et profiter : nous avons passé deux jours de petits scouts écolos au Parc de Bagatelle.

Jour 1, 16h30, Bienvenue dans le monde vert des bisounours

Décidément, l’ouverture de We Love Green cette année avait tout pour séduire. Nous traversons le Parc de Bagatelle verdoyant du 16e arrondissement parisien par un soleil radieux au son des paons qui se pavanent sur les lieux et l’entrée se fait sans encombres malgré les prédictions des mauvaises langues qui nous avaient mises en garde contre de longues queues. On est accueilli sur place par des ours polaires et des filles aux couronnes de fleurs. Le temps de prendre possession des lieux et nous voilà devant la grande scène où débute le concert d’Allah Las (photo), les surfeurs californiens à qui il manquerait un peu de voix et de peps.

19h22, des instants on ne peut plus hippie

Après avoir patienté un long moment avant d’obtenir une précieuse pinte de Heineken à 7€, on décide de se poser dans l’herbe devant Seun Kuti, le beau saxophoniste nigérien et son orchestre aux mille instruments africains qui ne manque pas de nous faire secouer nos corps sous le soleil. Le musicien profite de l’instant pour pousser un coup de gueule contre les méfaits de Monsanto. Sur ces belles paroles, nous changeons radicalement d’ambiance et rentrons dans un monde plus électronique avec le live de Shlomo (photo) sur la scène dance, un havre de paix musical entouré d’arbres qui ne manquent pas de donner du caractère au festival. On avait plus l’habitude de ses DJ sets et il peine à nous convaincre avec une prestation somme toute assez molle.

20h16, et tu chantes, chantes, chantes

Nous partons donc chercher l’aventure ailleurs et on tombe très rapidement sur the place to be du weekend : le stand de karaoké. Ca passe de Nirvana à Céline Dion et ça casse la voix comme s’il fallait convaincre Nikos Aliagas. Juste à côté nous découvrons le stand de vinyls, mais malheureusement, aucun disque des artistes se produisant ce weekend mis à part Christine and the Queens, il s’agit principalement des invendus du Disquaire Day. Notre banquier se réjouit. Un peu déçus, nous partons voir ce qu’Hanni El Khatib (photo), qui se produit sur la grande scène, a dans le ventre et nous oublions vite les regrets : du riff, de l’énergie, des sourires…. Ca fait du bien de fermer les yeux et se laisser emporter devant un joli coucher du soleil alors que 70% du public du festival fait la queue devant le stand à burgers du Camion Qui Fume.

21h34, quand Paris se refroidit

Mais un festival à Paris n’en serait pas un sans les festivalières qui grillent la priorité aux toilettes et des visages ébahis devant l’invention du fameux pot de sciure des toilettes écolo qu’on a pourtant appris à quasiment vénérer ailleurs. Nous loupons donc le début du concert tant attendu de Django Django (photo). La foule s’est quelque peu refroidi, et les écossais doivent travailler dur sur leurs instruments pour réchauffer les esprits devant la disparition de l’astre solaire : ils réussisent à atteindre l’ébullition et un certain tonnerre d’applaudissements bien mérité. C’est là qu’on joue très mal nos cartes et qu’on décide bêtement de chercher de quoi réconforter nos estomacs sensibles : 50min pour un boudin et quelques croustillantes frites au stand de la famille Rochefort. L’attente nous aura tout de même permis de nous faire quelques francs camarades de bataille avec lesquels nous partagerons nos barquettes cher payées tout en participant à un effrené concours de blagues sur les tirades quelque peu agaçantes de Christine and The Queens et ses éternels “Oh toi, mon public” au loin.

23h57, la potion magique de Kreuzberg

On aurait presque été tenté de quitter les lieux mais heureusement nous trouvons encore de l’énergie au fond de notre boudin pour nous rendre sur la scène dancefloor qui nous fera radicalement changer d’avis. Nous découvrons donc enfin le duo Siriusmodeselektor (photo) dans toute leur splendeur et énergie berlinoise, et soudain nos jambes ne tiennent plus en place malgré nous. Le public est très en forme et le son nickel, on aurait aimé que ça dure encore des heures et des heures. Opération cramer le boudin : accomplie. La sortie du festival se fait elle aussi tout en douceur et dans la chanson et au vu de l’attente devant les navettes gratuites à disposition des festivaliers et de notre reboost allemand, c’est au petit trot que nous regagnons le métro non sans nous maudire au bout du chemin d’avoir opté pour ce moyen de transport rustique.

Jour 2, 14h20, Mowgli Berger dans sa jungle euphorique

Le pieds toujours un peu engourdis depuis la veille, nous faisons moins les malins en cette 2e journée et choisissons la fabuleuse navette qui nous emmène du métro jusqu’aux portes du festival. Le grand soleil du samedi a fait place aux nuages grisâtres et au vent intrusif mais à aucun moment l’acharnement météorologique ne cassera vraiment l’ambiance, bien au contraire ! On presse un peu le pas pour nous rendre de suite sur la grande scène et re-découvrir Flavien Berger (photo), que nous avions déjà croisé aux Nouvelle(s) Scène(s), dans un tout autre contexte et devant un public bien plus important. Cette fois-ci, l’artiste-musicien à la folle chevelure expérimente avec un spectacle assez différent mêlant ses sonorités envoûtantes mais toujours aussi entraînantes à des visuels hypnotisants qui collent parfaitement au cadre naturel. On adopte.

16h06, l’éco découverte dominicale

En nous promenant entre les différentes installations artistiques et écologiques du festival nous découvrons des petites idées qui ne manquent pas de génie : des vélos statiques permettant de recharger son portable (photo), un barbier vous refait une beauté, une friperie pour casser sa tirelire, des stands de maquillage et une grande distribution de glaces gratuites. Ce qui est certain c’est qu’ici on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. Malheureusement, nombre de stands repas ont déjà été dévalisés par des festivaliers affamés et certains fermeront même définitivement quelques heures plus tard. On ne va pas se plaindre, on a quand même réussi à décrocher un super burger au poulet au fameux food truck le Réfectoire mais la pluie ayant décidé de se foutre de nos gueules en quelque mesure, c’est serrés contre un tronc d’arbre que nous essayerons de sauver notre bun de l'inondation assurée. La météo aura aussi imposé le dress code de la journée : si tu n’avais pas sorti ton ciré jaune breton et les fameuses baskets de Stan qui vont bien, tu n’avais rien capté à la vie.

17h31, “ça va si je fais ça ?”

Après avoir regardé de loin le concert sans trop de surprises mais relativement efficace de Citizens ! sur la grande scène, nous découvrons la douceur incarnée qui réside dans la voix et le tapotement d’un synthé rouge de la frêle petite anglaise Låpsley. Toute de noir vétue et bien qu’elle arrive à inviter un petit rayon de soleil d’entre les épais nuages, on a quelque peu de mal à rester vraiment concentrés sur la performance. En recherche de notre “boum boum” quotidien nous tombons sur le B2B de Roman Flügel et Barnt (photo). Ils activent bien le public mais restent tous les deux quelque peu timides sur scène, cherchant l’approbation du public à chaque lancement de son et peinent à réellement nous emporter. Ambiance sunday party dans la fosse, ça danse en même temps que ça papote et que ça textote. OKLM frère.

19h10, on en deviendrait presque vegan

On nous avait conseillé de faire un tour sur la grande scène sur les coups de 18h et on découvre José Gonzales, suédois comme ne le dit pas son nom, et dont vous avez déjà certainement entendu les douces mélodies dans des films “roadtrip” comme Walter Mitty. Le brun ténébreux et sa guitare suiciteront même un standing ovation alors qu’ils font revenir le soleil sur la pelouse de Bagatelle. Moment de détente du dimanche, rosé en main, parapluie dans l’autre. Mais We Love Green est aussi un festival qui s’engage à sensibiliser ses visiteurs aux conséquences du réchauffement climatique. La scène Think Tank installée à l’entrée du festival propose une riche programmation de débats, conférences et projections de films portant sur le sujet en amont de la COP21 de fin d’année. Nous avons immédiatement été attirés par le débat avec Paul Watson, le pirate des mers so vegan rock et fondateur de l’ONG Seashepherd, vouée à la cause de la protection maritime. A suivre, lire et relire (notamment pour ses blagues sur Kim Kardashian, just sayin’).

20h45, des radis, de la pluie et Daniel Avery !

Nous n’aurions quasiment pas eu besoin de quitter les lieux pour profiter du live de Joey Bada$$ tellement ça balance fort sur la grande scène. Du bootyshake, des mains en l’air, des paroles fleuries addressées à la police et un snap, les concerts du rappeur brooklynois c’est toujours des spectacles à l’américaine. Et parce qu’ici on peut passer du tout au tout, notre prochaine étape sera le stand de La Ruche Qui Dit Oui, entreprise collaborative qui permet d’acheter ses produits directement aux producteurs de sa région et qui nous fournira un petit panier pic-nic (photo), de quoi tenir jusqu’au dernier concert sans remords écologiques. Et ça tombe bien parce que Daniel Avery invoquera par la suite le tonnerre des dieux en faisant tomber des trombes d’eau du ciel devant son set électrique. Plus il pleut, plus la foule crie fort et atteint le nirvana. Tout comme notre gobelet de bière qui est comme par magie instantanément coupé à l’eau.

22h07, "Un jour je serai le meilleur rockeur !"

On n’aura pas eu besoin de bouger pour le concert qui suit sur la même scène mais c’est doucement mais surement qu’on est compressés contre nos voisins trempés telles de vraies braves sardines et envahis par une armée de parapluies qui cachent toute possibilité de vue de la scène. A notre grande déception, le DJ set qu’on attendait depuis longtemps, celui de Nicolas Jaar, sera pour nous une relative déception. Un son pas tout à fait à la hauteur, un live qui ne part jamais assez fort et des moments mystico-envoûtants qui ne durent pas assez longtemps, on regrette un peu son ancien projet plus minimal, Darkside. Sortir de la dense foule ne fut pas une mince affaire mais nous sommes récompensés par une grande scène relativement vide pour le dernier concert, et certainement le meilleur de tous, Ratatat (photo). On peut danser dans les flaques tels des démons de la pluie pendant plus d’une heure avant de rentrer, mouillés jusqu’aux os mais heureux comme des dauphins.

Côté concerts

La claque
Ratatat, deux fantastiques hommes-orchestre qui font planer

La découverte
José Gonzales, le beau gosse à la gratte qui a plus d’un tour dans son sac

La déception
Nicolas Jaar, on en avait beaucoup trop attendu, on a été beaucoup trop déçu

La valeur sûre
Daniel Avery, le mec qui saurait faire danser le public d’un tournoi de bridge

Côté festival

On a aimé :
Les conférences et projections au Think Tank, on a appris et on est repartis (encore) plus conscients…
Une orga à l’écoute : de belles améliorations d’organisation le deuxième jour !
Un environnement dépaysant, verdoyant et agréable, aux portes de Paris.
Les produits pour se laver les mains so bio, so écolo qui sentent la lavande. Le bonheur est partout.

On a moins aimé :
Les prix en général : 7€ la pinte, 10€ le repas moyen, un festival pas pour toutes les bourses
Au final assez peu de choix de bouffe vegan / végetarienne (mais BEAUCOUP moins de queue pour ces stands, il faut le souligner !)
Trop de stands commerciaux : Ugg, Ben & Jerry’s, Microsoft, Exod, Kiehl’s…
Le monsieur au selfie stick. C’est non.

Conclusion  

Un festival avec une belle promesse d’union et de communion autour d’une cause à laquelle chacun peut se rallier tout en restant très ouvert d’esprit musical mais pas forcément ouvert à toutes les bourses. Malheureusement, fort est de constater un désequilibre évident dans la programmation du festival entre le premier et le deuxième jour… Tout était misé sur ce dernier qui aura aussi été le jour pluvieux.