On était à
Trois jours au coeur de la fournaise Garorock

Il a fait chaud, très chaud à Marmande. La capitale de la tomate dans le Lot et Garonne accueillait la 19ème édition de Garorock. 80 000 festivaliers débarquent le temps d’un weekend : trois énormes scènes et une programmation éclectique. On vous raconte nos trois jours de festival sous un soleil de plomb. 

Jour 1, 19h42 l’informatique, c’est pas automatique

Arrivée en voiture sous un soleil à se faire cuire un oeuf sur le front, on enfile tentes et bagpacks pour entamer le chemin menant au festival. Il vaut mieux être en forme pour ces vingt bonnes minutes de marche depuis le parking jusqu’au site. Mais une mauvaise surprise nous attend à l’entrée : une foule de festivaliers reste bloquée devant l’entrée à cause d’une panne informatique. Le bug durera quand même plus d’une heure, et bon gré mal gré on attend, on s’assoit, on papote, on pic-nic et on fait connaissance. Les gens râlent un peu mais restent calmes. On prend pas mal de retard sur le programme, le temps de trouver une place sur le camping, d’installer nos maisons en toiles et de souffler deux secondes. La conséquence est fâcheuse : on rate complètement le show tant espéré de Christine and the Queens, et on l’a un peu mauvaise.

00h16, Die Antwoord au talent

Après ce début malheureux, on marche dix minutes pour arriver sur le site des concerts et on s’échauffe pour l’entrée en scène de Die Antwoord (photo). Est-il encore besoin de préciser que ce groupe a du talent? Une énergie de dingue, de la danse, du boom boom, du spectacle, on se régale. La température est tombée, mais le volcan de festivaliers explose grâce à la voix de souris de Yo-Landi et le flow de Ninja. On oublie les problèmes de l’arrivée, et là tout de suite, on exulte! On est loin de la scène, la foule est bien trop dense mais on ne rate rien du spectacle grâce à l’écran géant placé entre la scène de la Garonne et la scène de la plaine, les deux grosses scènes du festival.

03h06, fin de soirée tranquille

On danse encore un peu au son de N’to mais la fatigue du voyage se fait sentir. On s’assoit sur le côté de la scène Trec et de sa foule, un peu éloignée des deux scènes principales mais non moins imposante, et on profite quand même du son tout en se rafraîchissant avec une pinte de kro à 5€, 6 avec la consigne du verre. On ne bougera plus beaucoup jusqu’à 4h du mat’ environ - digestion oblige - et on se dirigera doucement vers la sortie tout en visitant les stands de fringues, chapeaux, bijoux et autres babioles colorées. On se perd ensuite un peu dans le camping mais on retrouve finalement nos tentes, on se boit une dernière mousse en faisant le point sur la soirée, qui a surtout était portée par le duo sud-africains.

Jour 2, 13h réveil en douceur

La matinée est nuageuse, ce qui permet de dormir sans trop asphyxié sous la tente, un sacré avantage quand on s’est couché à 5h. Le réveil se fait donc tout en douceur pour notre plus grand bonheur. On va faire un tour dans les environs : les activités proposées sont nombreuses, entre le tournoi de foot, la scène du camping qui enchaîne les sets, et les nombreux stands de ravitaillement de nourriture comme de boisson. Il y a même un point où l’on peut recharger son smartphone pour les plus accrocs de la 3G. On décide de se frayer un chemin jusqu’aux douches individuelles. Après une heure d’attente, devant la file qu’il reste encore, on abandonne. Bon, pas de douche en festival, rien de bien méchant ! On fera une toilette de chat au robinet. Les points d’eau sont nombreux sur le camping et heureusement, avec des températures avoisinant les 30 degrés, il faut s’hydrater !

19h31, soleil et poussière

Les concerts reprennent sous une chaleur d’enfer : peu de gens se sont placés devant la scène où joue Fakear, qui produit un set propre et gentillet. Dur d’aller en plein soleil … on aurait bien envie de montrer un peu de soutien aux artistes mais la chaleur est étouffante. L’ensemble des festivaliers se partagent davantage les zones d’ombre, où la température est déjà plus acceptable. On a faim, on est séduit par un délicieux hot dog à 4€ pièce, ça cale et c’est bon. Beaucoup de festivaliers se dirige vers le stand d’une banque bien connue des agriculteurs, qui a la vraie bonne idée du weekend: en échange d’un sondage, le stand offre des chapeaux. Une initiative qui a fait chuter grandement le nombre d’insolations. On va ensuite télécharger quelques euros sur nos bracelets, devenu notre moyen de paiement dématérialisé du festival. Après Papillons de Nuit et le Hellfest, Garorock s’y met aussi. On ne l’a pas fait dès le premier jour, pas très rassurés par le bug informatique. Mais tout étant rentré dans l’ordre, il faut avouer que ce système est très pratique ! On sera même remboursé des quelques euros qui nous restent à la fin.

21h08, Jump! Jump!

Tandis que la soirée avance, la température redescend et nous permet petit à petit de sortir d’une torpeur tenace. On est bien évidemment devant Chinese Man qui réveille les foules: un concert énergique, avec quand même un petit coup de mou au milieu du public. The Do enchaine avec un concert assez calme, ce qui fait une transition plutôt bizarre après le gros son électro. On attendait surtout Alt-J (photo) : direction le tout devant la scène pour réserver les places et profiter malgré nous d’un bain de foule. Le groupe arrive et le plaisir des gens autour de nous est perceptible avec hurlements de joie et sourires de tous. Mais le son n’est pas terrible, et on se sent frusté à ne pas entendre leur timbre de voix si particulier, bien vite couvert pas des basses beaucoup trop présente. On entendra tout de même le leader s’adresse au public dans un français impeccable, on fond de bonheur!

01h49, à la fraîche

La fraîcheur tombe vraiment vers 23h et malgré la chaleur de l’après midi, il faut prévoir un bon pull pour ne pas se faire piéger par le froid et la fatigue. Ou alors avoir une excellente endurance pour danser plusieurs heures d’affilées. On se rhabille donc car la soirée est loin d’être finie! Après la douceur d’Alt-J, on part sur de l’électro beaucoup plus punchie avec Siriusmodeselektor. Le public est toujours là, mais on sent la fatigue s’abattre sur les festivaliers : certains font des siestes, voire s’endorment carrément à même le sol, dans la poussière et les détritus qui jonchent le sol. Pas un seul éco-cup n’est au sol : le sentiment écolo des festivaliers relève plus de l’intérêt monétaire que de l’amour de la nature. Une grosse pensée pour les bénévoles qui auront à ramasser le tout. On attend le concert de Buraka Som Sistema (photo) à 3h du matin pour dépenser jusqu’à la dernière goutte d’énergie, puis on se traîne jusqu’au camping pour se glisser dans les duvets.

Jour 3, 10h38 ça cogne déjà

C’est bien les flammes du soleil qui viennent nous sortir de notre sommeil pour ce troisième et dernier jour de festival. Pas un cumulus en vu et une température qui ne cesse de grimper. On retente la douche : on se rend cette fois en tong avec nos serviettes et gel douche à l’un des point d’eau qui longe le camping. Loin d’être les seuls à avoir concocter cette idée de génie, on décide de se rabattre sur les douches classiques pour une douche en maillot de bain et pieds nus dans la gadoue. L’eau froide réveille et nous incite à nous promener - à l’ombre encore et toujours - sur le camping. On assiste au concours de la tente la plus originale organisé par Red Bull, puis on se lance dans une petite partie de pétanque avec des toulousains sympathiques. Les pompiers sont là pour rafraîchir les festivaliers avec leur lance à incendie, on reprend donc une deuxième douche froide, tout habillé cette fois. On est d’attaque pour se rendre vers 17h sur le site des scènes. 

17h53, déjà au sec

Les concerts reprennent dès 17h15 avec Massilia Sound System mais la chaleur toujours assomante et omniprésente nous retient à l’ombre bienfaitrice. Le groupe assure quand même un show bien péchu à grand renfort de litres d’eau. Il y a aujourd’hui une brise qui parvient à disperser la poussière en suspension dans l’air ambiant, ce qui rend l’air bien plus respirable au milieu de la foule. Même si un nombre important n’était là que pour deux soirs, d’autres festivaliers sont arrivés aussi pour la dernière manche.

19h15, une pluie de tête d'affiche

Le festival a battu un nouveau record de fréquentation cette année, et les têtes d’affiches étaient parfaitement réparties dans le weekend. Brigitte nous offre alors un concert groovy et glamour à la fois, avec des conditions sonores optimales pour apprécier leurs deux voix qui s’accordent à merveille. La suite sera plus calme, beaucoup plus calme : Angus & Julia Stone auront plutôt tendance à nous renvoyer dans les bras de morphée sur la scène Garonne. On fait une longue pause pour se désaltéré en houblon, avant d’aller profiter du rock des familles d'Archive, un groupe qui tient ses promesses sur scène. Le clou du spectacle sera le du show ultra pro de la techno Paul Kalkbrenner, l'évolution pokémon de Moby. Un mix très calibré de A à Z, et fédérateur jusqu'à très loin dans la foule. 

02h16, After de folie au camping

Les concerts sont finis sur le site, on rentre donc sur le camping pour la dernière nuit à Marmande. On s’aperçoit que la fête continue : les festivaliers semblent frustrés par l’heure de fin des concerts en ce dimanche, et on entend donc raisonner aux quatre coins du lieu des percussions plus ou moins amateur, style batucada. Les plus motivés se sont emparés des poubelles pour nous faire danser comme des diables jusqu’au bout de la nuit. On est fatigué mais l’ambiance est telle que l’on ne peut s’empêcher de se trémousser encore et de rire et chanter avec tout le monde. On va se coucher à 7h du matin pour trois bien trop courtes heures de sommeil. Le lundi est là et il faut ranger les affaires, et réussir à se motiver très très fort pour retourner au parking. Les 20 minutes de marches au soleil sont fatales, il faut malgré tout reprendre la route.

Le Bilan

Côté scène

La valeur sûre
Die Antwoord, ça fait un moment que ces OVNIS tournent mais ils ont la pêche comme au premier jour.

La bonne surprise
Siriusmodeselektor, un contexte parfait pour découvrir ce groupe qui envoie du paté sur scène!

Le truc qui bouge moins
Angus et Julia Stone, avec un ou deux bon cafés sinon on s’endort.

Les jolies voix
Brigitte, quand le son est bien réglé, un pur bonheur à écouter.

Côté festival

On a aimé :
Tous les groupes à l’heure! Sur les scènes, l’orga est millimétrée.
Les prix boissons et bouffes, il y en a pour tous les budgets, pas besoin de se ruiner
Les nombreux points d’eau sur le camping, et même encore plus l’année prochaine si possible!

On n'a moins aimé :
La chaleur beaucoup trop présente qui pesait sur notre motivation
L’orga du premier jour, vu le prix des pass, attendre une heure et demie bloqué à l’entrée, ça rend un peu amer
La poussière!! Un coup de jet de lance incendie à 16h permettrait d’améliorer considérablement la qualité de l’air, pour les artistes comme les festivaliers
- L
a sécu, avec des gens aussi aimables qu’une porte de prison

Conclusion

Avec une programmation qui donne envie de se découper en trois pour ne rien rater, le festival Garorock a encore frappé très fort. On sent qu’il est dans la volonté des organisateurs de jouer dans la cour des grands, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’avec des festivaliers venant de toute la France, et même d’Angleterre ou d’Espagne, la réputation de cet événement ne cesse de grandir. Malgré un gros couac dès le premier jour, on repart très fatigué mais ravi du weekend au bord de la Garonne.

Un récit de Solenne Guellier
Photos par la team de La Clef : Arthur Bresset, Nicolas Jacquemin, Cassandra Coldeboeuf et Arnaud André