On était à
Rolling Saône, une dixième édition qui sonne juste

Pendant le week-end de l'ascension, la ville de Gray en Franche-Comté a vécu au rythme du Rolling Saône, festival à la programmation à la fois éclectique et populaire, qui fête déjà sa dixième édition. L'occasion pour nous de faire un tour en Haute-Saône. Retour sur trois jours où beau temps, fête et bonne humeur étaient au rendez-vous.

Jour 1. 16h43, premier pas au Rolling Saône

Nous n’avons aucun souci pour accéder au festival qui se situe au beau milieu de la ville de Gray, non loin de la Saône. Le cadre est sympa, le soleil est de la partie : ça s’annonce plutôt bien. Même si une petite galère nous attend pour nous garer, car il n’est précisé nulle part qu’il faille se rendre sur le site du festival pour obtenir une autorisation pour stationner son véhicule sur le camping municipal, réquisitionné pour le Rolling Saône.

Le temps de s’installer et nous arrivons sur le site où se trouve les deux scènes face à face, sous les Halles. Pour commencer, pas de Magic System en vu. C’est Boulevards des airs qui a la lourde tâche de remplacer le groupe ivoirien, dont le batteur est malheureusement décédé la semaine passée. Leurs chansons festives font le job et lancent parfaitement les hostilités. Nous partons un peu avant la fin pour déguster une frite à la cancoillotte, la spécialité fromagère régionale puis nous filons voir Last Train. Le groupe de rock originaire de Mulhouse propose un rock à l'ancienne en se donnant vraiment à fond. Nous, on valide.

21h02, Rolling Saône, un festival au « gray » des flows

Vient le tour de Youssoupha, la tête d'affiche de cette première soirée. Le rappeur est content d’être là et ça se voit. Il enchaîne ses tubes et communique beaucoup avec le public. La foule est conquise par le flow de l’artiste, tout semble impeccable, même si la qualité du son empêche la compréhension de toutes les paroles. On profite de la prestation « électro-métalleuse » de Sidilarsen en fond pour aller se boire quelques bières. Déception quand à la variété de bières proposées, c’est simple il n y a aucune bière du coin. Seule la multinationale houblonneuse alsacienne est présente. Paraitrait-il qu’une bière locale sera présente pour les prochaines éditions. Espérons.

23h16, court, court petit poney

C’est à Pony Pony Run Run de clôturer cette première journée de festival. Le groupe nous offre un bon set électro-pop et un show dynamique qui passe très bien. Mention particulière à la chemise à fleurs du chanteur qu’on ne pouvait pas louper. Après le concert, nous retournons au camping en à peine une dizaine de minutes. De plus, le Rolling Saône est en pleine ville et de nombreux commerces, bars et restaurants se trouvent sur le chemin. Pratique. On se pose un peu devant notre tente et on découvre le gros sound system improvisée par notre voisinage. Ca tabasse pas mal et ça va durer toute la nuit : le ronron habituelle de nos nuits en festival

Jour 2. 16H47, barbeuk, hardcore et chocoillotte

Quelle joie d’avoir la possibilité de faire des barbeuks sur le camping ! De vrais barbecues sont à disposition des festivaliers, ainsi que des toilettes et des douches. Nous sommes sur un camping intercommunal, réquisitionné spécialement pour le festival. C’est limite du luxe. Le cadre est très agréable, très convivial, le personnel de sécurité et de l’entretien ne sont pas prises de tête, rien à redire. On aperçoit des tables de ping-pong et des jeux pour les enfants … mais nous préférons nous concentrer sur l’activité primordiale de tout festivalier qui se respecte : l’apéro !

L’occasion de taper la discute avec les voisins, de boire du pontarlier (l’alcool anisé local), et de déguster d’autres mets francs-comtois : saucisse de morteau, morbier, et plus surprenant, de la chocoillotte. Un mix improbable entre de la cancoillotte et du chocolat, qui quelque part fait écho aux différents genres musicaux que l’on peut entendre sur tout le camping. De mémoire de festivaliers, on n’avait encore jamais entendu Garou, Céline Dion, Gradur, France Gall et du Speedcore en même temps.

18h51, parking sur la Saône

Nous arrivons pour le concert de Blacko l'ex-membre du groupe de rap Sniper qui répand son reggae et sa « good vibe » sur Rolling Saône. Une large partie du public accroche à l’univers de l’artiste, de notre côté on s’échappera au bout de quelques chansons pour parcourir un peu l’ensemble du site. On regrette que celui-ci prenne place en plein milieu d’un énorme parking, et que le cadre ne soit pas aussi sympa que peut l’être le camping. Le festival s’appelle Rolling Saône et malheureusement pas une vue sur celle-ci. Le seul moyen serait de quitter le site en direction du centre mais hélas toute sortie est définitive. Embêtant.

C’est aussi le moment pour reprendre des forces avec des frites cancoillottes ou les classiques sandwichs aux saucisses, merguez, lards…rien de très original. C’est d’autant plus frustrant que la Franche-Comté regorge de produits gastronomiques de qualité qui aurait pu être mis en valeur. A l’entrée du festival, on trouve quelques stands : des maquillages pour les enfants, la boutique du Rolling Saône, un stand de prévention et un autre où l’on peut se faire photographier en groupe. Sympa, mais là-aussi on fait le tour assez vite.

21h02, it’s time to dance !

Après avoir fait l’impasse de The Fat Badgers, nous voici devant The Shoes. Le groupe rémois délivre une bonne prestation et une mise en scène assez bien foutue, avec une visu qui reprend et détourne les images de la pop culture. On passe un bon moment. Un ami nous fera remarquer qu’aucun drapeau breton n’est encore en vu. Etrange… Enchaînement avec Hyphen Hyphen, le groupe révélation scène des Victoires de la musique. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec une énergie pareille, ils méritent amplement cette récompense. La chanteuse bouge dans tous les sens et les autres membres assurent aussi le spectacle, bref l’un des meilleurs concerts du festival.

Quelques bières plus tard et c'est l'heure de Birdy Nam Nam, habitués des festivals. Un show bien rodé permettant de clôturer ce vendredi comme il se doit ! Même sans DJ Pone ça tient la route. Retour au campement pour boire l’apéro, reprendre des forces, faire le tour du camping, écouter quelques notes d'accordéon puis nous coucher avec toujours le gros sound system du voisin en guise de berceuse.

Jour 3, 17h46, les Francs-Comtois à l’honneur

Après un réveil tardif, un barbecue, des bières et quelques airs de cornemuse - qui parviennent à peine à couvrir les classiques beuglements des jeunes festivaliers réclamant l'apéro - on se dirige vers le festival pour le premier concert de ce samedi. Il s’agit The Rising Sun : on ne connaissait rien de ces quatre jeunes originaires de Besançon, mais une belle claque s’offre en écoutant ce groupe qui alterne rock, blues, jazz et funk. Quelle classe et quelle présence sur scène. Une belle découverte.

Hormis la mise en avant des talents locaux, le Rolling Saône se veut avant tout populaire et familial, cela se ressent dans la programmation. C’est ainsi qu’énormément de personnes se ruent pour voir se produire Lilian Renaud, originaire de la région et qui joue pour la première fois dans un festival. Un énième gagnant d’une émission de télé-crochet qui fait de la Chanson Française, ça semble séduire énormément de monde mais ce n'est pas notre cas. On tente de se frayer un chemin parmi les fans hystériques pour voguer à d’autres occupations plus importantes à nos yeux : comme siroter des bières et parler avec des bénévoles.

20h01, Alfred Massaï & LEJ : deux scènes, deux ambiances

Nous allons ensuite voir ce que donne le concert du chanteur Alfred Massaï. Nous n’avons aucun mal à accéder au devant de la scène tellement les Halles se sont dépeuplées après le concert de Lilian Renaud. Les gens préfèrent aller se restaurer, boire des coups ou encore d’attendre le concert suivant qui débute dans moins d’une heure juste sur la scène en face...c'est bien dommage ! Car Massaï et ses musiciens proposent un set bien sympathique composé de chansons françaises et de quelques sonorités rock bien senties.

LEJ fait son entrée. Pour sa première tournée de festivals, le groupe issu de Seine-Saint-Denis joue ses reprises connues sur le web ainsi que 2 morceaux originaux. C'est sympathique, un brin répétitif même si c'est l'occasion d'entendre un bout de Magic system, en leur absence c'est toujours ca de pris ! Ce concept de reprises, clairement on accroche ou pas, mais la foule accroche, principalement composée d’ados, d’enfants et leurs parents. Nous sommes plus mitigés de notre côté, et sans dénigrer leur talent on préférera attendre leur premier album de compositions originales pour mieux les juger .

23h17, final en apothéose pour le Rolling Saône 

Apres une ambiance assez familiale, on assiste à une fin de soirée et de festoche complètement électro. On passera vite sur Tom Tyger, DJ français en vogue venu réveiller la fin du festival. Encore faut-il aimer l’ambiance boîte de nuit…ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Pendant ce concert on se penche plutôt sur le réel potentiel du lieu du festival et des deux scènes situées sous les Halles l’une en face de l’autre. On imagine des choses comme des battles de rap ou de dj entre les deux scènes… bon, on part peut-être un peu loin dans nos délires, la fatigue sans doute. Pour nous réveiller et conclure en beauté ce festival, on peut compter sur la plus grosse tête d’affiche du festival : Martin Solveig. Le concert du DJ est à notre sens le meilleur du festival. Entre nouveautés et hits plus anciens, on a été agréablement surpris de voir un mec en tournée mondiale, qui a une date calée entre deux concerts à Dubaï et Las Vegas mettre autant de cœur à l’ouvrage à Gray, petit ville de 6000 habitants. Vraiment Respect !

On quitte le festival sur cette excellente note et nous faisons un ultime tour au camping, très bref car l'un de nous est à terre, la fatigue, l'alcool et les nuits fraîches ont eu raison de lui. Nous reprendront la route demain matin. Nous nous couchons donc en écoutant nos voisins qui diffusent du Ghetto Millionnaire d'un côté et de la High Tribe de l'autre…un mélange toujours aussi subtil. Nous partons tôt le dimanche, le camping est silencieux, on croit entendre des cerfs bramaient au loin mais ce sont juste les quelques irréductibles encore debout qui crient leur amour au dieu sound system. C’est beau, on en a la larme à l’œil.

Le bilan 

Côté concerts

La claque
Martin Solveig, le mec a prouvé que c’était bel et bien lui le patron samedi soir

Les bêtes de scène
Hyphen Hyphen et leur énergie débordante, ils n’ont pas volé leur victoire de la musique

La découverte
The Rising Sun, leur présence et leur classe sur scène nous ont bluffé

La confirmation
Youssoupha, un concert de bon rap français à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer

L’enfant star du pays
Lilian Renaud, pas vraiment à notre goût mais au succès non démenti

Côté festival

On a aimé :
- Le côté familial et convivial
- Une programmation à la fois populaire, éclectique et accessible
- Tout à proximité : stands, scènes, camping, commerces, centre-ville…
- La bonne humeur des bénévoles, des personnels de l’entretien et de la sécurité
- Les frites à la cancoillotte
- L’ambiance et le cadre du camping

On n'a moins aimé :
- Le cadre du site du festival qui manque un peu de charme
- Le manque de diversité de stands : peu de choix et peu de produits locaux
- La galère pour se garer

Conclusion 

Le Rolling Saône est idéal pour débuter la saison des festivals. Un bon petit festival qui a accueilli 16 000 spectateurs au cours de ces trois jours. L’atmosphère conviviale du festival faisait face à une programmation variée et accessible. Les quelques bémols ne viennent en rien entacher notre avis, pour un festival qui a l’ambition de ne pas se reposer sur ses acquis. Un bon moyen de s’échauffer sans trop se ruiner avant l’arrivée du mastodon de la région, les Eurockéennes de Belfort.  

Reportage et photos : Josselin Thomas et Vincent Lepoix