On était à
Panoramas : les pieds dans la boue, la tête dans le son

On y était l’année dernière, on a décidé d’y retourner cette année. Dans les profondeurs de la Bretagne, sur le site de Langolvas à côté de Morlaix, Panoramas propose deux salles et un chapiteau en extérieur. Blindé de caissons de basses et de boules à facettes, voilà le festival prêt à mettre vos genoux à l’amende.

Jour 1. 20h30, la marche vers la Sainte Basse

Après une petite heure d’attente sous la pluie et un vent à vous décorner les boeufs, on monte dans la navette, direction Panoramas. Après une petite installation sommaire dans un coin du parking - on a préféré garder les six euros de camping pour notre stock de bières -, nous voilà prêts pour aller guincher : on marche donc vers l’entrée, tout comme les onze mille festivaliers qui fouleront le sol de Lango ce soir-là.

21h15, mise en bouche, toute en douceur

Après un demi à deux euros cinquante, c’est par Don Rimini (photo) qu’on commence notre immersion dans le festival. De la techno crémeuse et délicate, qui cadre bien avec les lumières roses et les cinq boules à facettes géantes du Grand Club. On est un peu surpris par la moyenne d’âge, entre 16 et 20 ans, mais cela donne tout son sens au surnom affectueux donné au public par le staff du festival : “les kids”.

22h10, le Club, entre grands écrans et infra-basses

On voulait absolument voir Blutch (photo). On a donc préféré laisser de côté Salut C’est Cool et découvrir le producteur Morlaisien. Bon choix ! Du goût, de la subtilité, on danse pendant une heure, réconfortés par ces sonorités doucement entêtantes. Ca fait du bien après s’être pris le vent du cru dans la gueule toute la fin d’après-midi. On file investir quatre euros dans un petit casse-croûte : du pain, du chèvre chaud, de la tomate. Ok, on est prêts pour la suite.

23h14, Panoramas, un festival éclectique

La pause estomac terminée, on file devant Kaytranada (photo). Qui vient du Canada, juste au cas où vous n’auriez pas compris le pourquoi du comment de son pseudo. Nous on a toujours pas compris ce qu’on s’est mangé : il navigue entre Trap, Future Bass, Deep House et puis tiens, « Premier Gaou » de Magic System en plein milieu du bazar, pour la déconne. Son set est complètement pété, on se tape des barres à chaque transition, ce mec est insondable et laisse une grosse trace dans nos esprits.

0h04, le moment drum’n’bass

On sort du Grand Club pour aller au Sésame voir Noisia (photo) : de la grosse Neurofunk lourde et violente comme on l’aime. Le trajet pourrait être plus agréable, une bonne partie du public a les pupilles complètement éclatées, court et bouscule sans faire attention. Certains vivent visiblement leur premier festival ; les petits débardeurs - il fait 5 degrés - nous font à la fois sourire et jeter un oeil inquiet vers le pôle secours/prévention.

Jour 2. 15h47 : la rencontre

On se balade entre le parking et le camping quand on se fait alpaguer. “MIREILLE !” nous crie un autochtone. Il y a erreur mais pas grave, on nous invite à boire des bières sur une table de camping installée au beau milieu du passage. On se fait une petite partie de pétanque pour marquer le coup, petite photo de famille puis pour célébrer cette nouvelle amitié on file tous ensemble se ravitailler en bière au Leclerc, à dix minutes de marche du site.

16h25, gadoue-party sur le parking

Au retour, on passe par un parking digne des rave-party les plus boueuses. On se marre et on plaint ceux qui se sont déjà embourbés, ça sera dur de repartir. On va manger un morceau à la tente : à côté de nous, les coffres ouverts diffusent de la grosse Techno, du Dub, du Reggae, et même du Hardcore. C’est clair, on est en Bretagne, même si on note quand même quelques rayons de soleil aléatoires.

00h44, c’est le moment d’en découdre

Après un début de soirée à savourer les joies du parking puis une petite sieste, on rate Superpoze et Brodinski, mais qu’à cela ne tienne, on arrive pile poil devant ce qu’on attendait plutôt impatiemment : les trois compères de Mod3rn et leur live de deux heures. C’est net, ici on est pas là pour déconner : ils sortent l’artillerie lourde, de la grosse techno de hangar avec la tôle qui menace de décoller à chaque kick.

02h20, Laurent Garnier, le retour

On avait vu Laurent Garnier (photo) en 2007 au même endroit, en trio avec saxophone et claviers. Cette année il est tout seul, la salle est archi-pleine : c’est furieux, le daron de la techno française est égal à lui-même, vivant sa musique autant que son public. Les lumières sont folles, la palanquée de lyres, lasers et projecteurs divers ricoche sur les cinq boules à facettes géantes et cadre complètement avec la folie du Grand Club. On valse comme des petits fous pendant une petite demi-heure seulement car on ne veut pas rater notre rendez-vous avec Max Cooper.

02h54, l’amitié franco-allemande a de beaux jours devant elle

On peste un peu contre un choix aussi drastique, mais dès qu’on entre dans le Sésame, on remercie Panoramas : la salle est clairsemée, Max Cooper (photo) a un grand sourire, le public aussi. On vit une heure et demie authentique, le show lumières est minimaliste, la musique oscille entre mélodies mélancoliques et passages plus rythmiques, c’est à la fois brut et élégant ; une fois le show terminé, nos jambes le sont aussi, et on s’en va décéder dans la tente.

Côté concerts

L’énigme
Kaytranada, insondable entité venue d’outre-Atlantique.

Le feu tranquille
Blutch, sa casquette, son goût.

La moissonneuse-batteuse
Mod3rn, ces gars-là ne sont pas venus pour faire du tourisme.

La baffe
Max Cooper, un Panzer enrobé de crème vanille.

Côté festival

On a aimé :
- Le public du samedi, plus précautionneux et humain que le vendredi.
- L’éclectisme du vendredi.
- La proximité des trois salles.
- La proximité du Lidl et du Leclerc pour faire des courses au besoin.
- Le stand café et petit déjeuner gratuit à la gare de Morlaix le dimanche matin.

On a moins aimé :
- Le comportement des festivaliers du vendredi.
- Les abus de petites pilules et leurs conséquences.
- Le ticket de navette à 2 euros valable une seule journée.
- Laurent Garnier et Max Cooper sur le même créneau horaire.
- Le camping trop petit : 6000 places pour 26000 festivaliers.

Conclusion 

11000 personnes vendredi, 15000 samedi : carton plein pour cette édition. Panoramas surfe sur la vague électronique sans trop de prise de risque sur la programmation certes, mais en pratiquant des prix relativement honnêtes, tant au niveau des places que du bar. Si vous êtes une tête en musiques électroniques et que vous cherchez un évènement pointu de chez pointu, abstenez-vous : en revanche, si vous cherchez un festival éclectique pour faire la fête tout en vous initiant à l’électro, vous pouvez déjà prendre votre ticket pour l’année prochaine !