On était à
Nuits de Champagne, la symphonie nocturne

Depuis plusieurs années, le festival des Nuits de Champagne fait la fierté de Troyes. Un invité d’honneur, Pascal Obispo, un Grand Choral de 800 choristes, et de nombreux concerts voulus comme unique pendant une semaine dans toute la ville . On vous raconte nos quelques soirées.  

Lundi 24 octobre. Jour 1. 19h30, Troyes en ébullition

Arrivées dans le centre-ville de Troyes, le cœur du bouchon grouille de voitures qui cherchent à se garer. Les publics se dirigent ensuite vers les différentes salles de concerts : dans les rues on ressent une bonne ambiance, les gens se croisent et on entend des « Salut, tu vas voir quoi ce soir ? Ok ! On se retrouve aux afters alors ». Ca, c’est le début des Nuits de Champagne ! Bon, comme tous les ans, aucune restauration n’est proposée sur place, donc on file rapidement au fast-food, qui se situe entre deux salles. Le début des concerts est prévu pour 20h30, ce soir c’est Asaf Avidan et Christophe qui partagent l’affiche.

20h36, Asaf en toute simplicité

La salle est totalement assise pour ce concert à guichet fermé : nous attendons Asaf Avidan (photo), un peu perdues nous ne savons pas trop où nous placer. Au final, nous avons droit à deux places assises. Lumière jaunie, le voilà, seul sur cette grande scène avec aucun décor et zéro musicien, il est les musiciens. Il nous propose un nouveau concept, en acoustique, seul avec quelques guitares et une batterie électrique. Première chanson, premier frisson. Il enchaîne ses nouvelles chansons, dans un style assez bluegrass, le public est calme et attentif. Le jeu de lumière qui est réalisé sur lui et sur scène, permet de combler le vide, et le rendu est sympa. Après cinq ou six chansons, il s’octroie une pause pour nous expliquer sa nouvelle démarche artistique, puis il enchaîne sur le son connu de tous : Reckoning song. La salle se réchauffe d’un coup, les gens restent pour autant assis, mais ils chantent tous en cœur le refrain de celle-ci. On retrouve donc un Asaf sans triche ni artifice.

21h15, les deux actes de Christophe  

Sorties du concert d’Asaf Avidan quelques chansons avant la fin, nous traversons le boulevard qui sépare les deux salles, pour aller au concert de Christophe (photo). Arrivées dans le Théâtre le concert était commencé depuis à peine 15 min. Il explique alors à son public que le concert se déroulera en deux parties, d’abord l’intégralité de son nouvel album « Les Vestiges du Chaos », puis les classiques. Venu avec six musiciens, un côté rock-électro en ressort, le résultat est surprenant, surtout à cet âge ! Vient enfin le temps des classiques, assis au piano, seul, il demande à son public ce qu’il a envie d’entendre. « Les mots bleus », « succès fou » … Il les enchaîne tous, « Aline » clôturera le show.

22h50, l’after du lundi

Les afters se sont des concerts gratuits qui se déroulent tous les soirs, dans une petite salle de Troyes. Cette année pour pouvoir y rentrer il faut un billet de concert de la soirée. Les afters sont un métissage du public des différents concerts qui ont pu avoir lieu en début de soirée.  Pour ce premier soir : le groupe Bei-Jing (photo) est à l’affiche. Quatre mecs qui sentent le cuir, qui tapent du pied et qui hochent la tête, font déferler une vague de pop-rock/new-wave dans cette petite salle de la Chapelle Argence. Les assoiffés se retrouvent au fond de la salle, où un petit bar se tient avec : softs, bière et bien évidemment du champagne, il faut compter 3€ pour une bière et 6€ la coupe. Ce sera soft à siroter ce soir devant quelques chansons, avant de rentrer chez nous, pour être en forme pour la soirée de demain.

Mardi 25 octobre. Jour 2. 20h18, le retour gagnant

Arrivées dans la salle de l’espace Argence, nous nous frayons un chemin vers la scène. La salle est bondée : des jeunes, des moins jeunes, le public est vraiment varié. Nous sommes surprises nous nous attendions à voir que des teenagers ! A 20h30, première partie avec Ya-Ourt, un jeune artiste de la région, un voice-maker que nous avons déjà vu plusieurs fois. Comme d’habitude il chauffe la salle, seul avec sa machine, il nous transporte du rock au reggae en passant par l’électro, un bel artiste en devenir. Les trois filles de LEJ (photo) débarquent ensuite sur scène avec leur reprise de Get Lucky des Daft Punk. C’est parti ! C’est seulement après leurs deux premiers titres qu’elles se permettent un intermède pour discuter avec le public : elles ont fait leur première scène ici, il y a trois ans avec le groupe Tryo après un concours gagné. On ressent l’émotion de leur retour. Pour la suite, enchaînement de tous leurs mash-up pour un show qui avance sans répit. En plus d’avoir une jolie présence sur scène, elles ont de belles voix et sont de très bonnes musiciennes, ce que nous pourrions craindre en live. Aucune ne fait de l’ombre aux autres, elles sont complémentaires. Leur reprise de « Seine-Saint-Denis Style » conclut le concert. Après plus de 30 min d’attente avant de pouvoir sortir, car une seule petite sortie et une foule qui se bouscule, c’est aussi la fin de soirée pour nous.

Mercredi 26 octobre. Jour 3, une dernière pour Louise Attaque

Nous arrivons devant le Cube pour nous garer, ce qui se trouve être moins galère que pour les deux jours précédents. Nous passons les agents de sécurité : ouverture du sac et palpation obligatoires. Le Hall du Cube est blindé, le bar se trouve juste dans l’entrée, ce qui n’est pas très pratique pour circuler et surtout aller dans la salle. A 21h, ils sont là, sur scène : Gaëtan Roussel est au micro, souriant, mais le concert ne commence pas. Il passe 15 minutes à remercier son équipe, en demandant au public, pas encore très chaud, de les applaudir toujours plus fort. Comme pour toutes ses autres dates, Ton invitation lance le concert de Louise Attaque. Cela fonctionne, le public est satisfait. Même si les grands classiques de leur légendaire premier album fait bouger et chanter le public, on pouvait sur les autres titres entendre les gens se plaindre, souffler, dire que c’était long… Mais bon, lorsque le violon se met à vibrer, la magie du groupe opère facilement. Chaleur pas possible, bar fermé pendant le concert, on décide de prendre la tangente avant la fin

22h30, ça bulle à la chapelle Argence

Le bar du Cube étant fermé direction, le bar de la hapelle Argence, on se retrouve entre amis autour d’une « coupette » de bon champagne. Ensuite direction les after, salle de la Chapelle Argence, où se déroule un concert de Deep-Dubstep proposé par Dubtribu Records. Collectif londonien composé de 4 djs, mais ce soir seuls 3 sont présents. Ambiance calfeutrée, peu de monde… forcément nous sommes mercredi soir, la plupart des gens travaillent le lendemain. Pareil pour nous d’ailleurs.

Jeudi 27 octobre. Jour 4, le spectacle des nuits

Michaël Gregorio n’est pas encore arrivé que le public rigole déjà, nous y compris, grâce à une vidéo. Il arrive sur scène en mode hologramme tel un show à l’américaine. C’est lancé pour 2h de spectacle. Au bout des 3 premières chansons, le public pleure de rire, on entend des «  oh mon Dieu, la voix », « il est vraiment fort ». Il passe de la chanson française au rock anglais, aux musiques des années 90. Au final, le public de tout âge y trouve son compte. Après son passage dans le public avec son « tour-bus », il termine son spectacle, avec un magnifique slam dans le public et en toute sincérité il le remercie fortement. Un superbe spectacle !

23h02, ça sent la fête aux afters

Les after de ce soir sont plus vivants que ceux que nous avons pu faire les autres soirs. Le groupe rémois, REMO, composé d’un clarinettiste, un pianiste et un dj nous invite sur des sons jazzy-dub. Le public un peu timide s’immisce quand même sur la piste. Ça fait plaisir à voir ! Les différents publics venus aux nuits ce soir se retrouvent pour se déhancher.

Le Bilan

Côté concert

La perf
Michael Gregorio, un don du ciel

La déception
Louise Attaque, des longueurs à n’en plus finir

La surprise
LEJ, la tornade du 9.3

Côté festival

On a aimé :
- La diversité de la programmation : tout le monde y trouve son compte, de la chanson française, du rap, de l'électro, du rock...
- Le mélange des publics lors des afters

On a moins aimé :
- Le manque d'accessibilité des bars, peu indiqués et fermés pendant les concerts.
- Un manque d’organisation pour les sorties de concerts
- Le prix des places, allant en moyenne de 35€ à 45€ pour un seul concert.  

Conclusion

D’année en année, la programmation s’améliore et s’élargit de plus en plus aux musiques actuelles, ce qui attire un public plus jeune. Cependant les Nuits de Champagne reste un festival élitiste avec des prix d’entrée élevés, ce qui n’empêche pas les salles d’être pleines tous les ans.

Un récit de Mathilde Legrand
Crédits Photos : José-Alexandre Garandel (Asaf Avidan), Clément Gardiennet (Beijing), Alice Daguze (LEJ), Mathilde Legrand