On était à
Nu Forms festival : drum’n bass forestière en Autriche

Il était une fois un festival drum and bass perdu dans les montagnes autrichiennes, petit par la taille mais grand par la programmation et qui offrait un cadre des plus accueillants à ses festivaliers. On est encore un peu dans les nuages, on en profite pour vous raconter nos trois jours au Nu Forms.

Jour 1. 16h30, arrivée tout confort

Pas très motivé pour se manger une dizaine d'heures de voiture, on a préféré le confort des deux heures d'avion depuis Paris pour se rendre à Vienne. Arrivé dès le mercredi, on en a profité pour visiter un peu la capitale autrichienne. Départ le lendemain pour le festival, et en Uber s'il vous plaît. On avait prévu de s'y rendre en train, mais d'autres festivaliers nous indiquent qu'on peut partager un Uber pour 65 euros grâce à un code promo du festival, on n'hésite pas très longtemps. Mieux, après 1h de route, le chauffeur nous dépose carrément dans le camping déjà bien rempli, entre le long du chemin pour ceux qui veulent du calme, et dans la forêt pour ceux qui veulent du son. Aucun contrôle à l'entrée donc les festivaliers en profitent pour rentrer des sound systems entiers avec groupes électrogènes! Ça commence fort !

20h02, festival petit mais costaud

Si l'on peut rentrer avec une mainstage dans le camping, c'est une autre histoire pour rentrer sur le festival. La fouille à l'entrée est très minutieuse, au point qu'on se fait prendre nos verres consignés pourtant achetés sur le camping. Pas très cool, on sent les mecs de la sécurité un peu tendus en ce début de festival et pas vraiment briefés sur les consignes, car on a pu les rentrer le lendemain... . On se prend une première pinte à 4€50, tarif honnête comparé à la France mais on s'attendait quand même à mieux. Toujours est-il qu'on découvre le festival qui paraît petit mais bien pensé. Seul regret, on découvre une grande scène impressionnante mais vide, aucun concert prévu dessus ce soir, ce qui est dommage.

00h00, l'Autriche aux manettes

Installés devant la scène Future Beatz, on est prêt. Les artistes autrichiens sont à l'affiche pour le premier soir, avec TC et Fourward en tête de file. La foule est dense devant TC qui prend des risques qui s'avèrent souvent payants. Un vrai bon DJ qui n'hésite pas à dropper un titre pour mieux y revenir et qui évite la surenchère de bangers. En bref, un set pas conventionnel mais qui fait son effet sur un public gardé à température par MC Daxta. On remarque d'ailleurs que chaque artiste est accompagné d'un MC. On avait peur que ça fasse beaucoup, mais ils n'en font pas trop et ça marche bien. On finit la soirée en traînant un peu après le set de Fourward, faut essayer de garder du jus pour la programmation délirante qui s'étale sur les deux jours suivants.

Jour 2. 13h00, Chill & Sun & Bass

Première nuit au festival, et le bilan est plutôt mitigé. Plutôt heureux d'être sous les arbres et de ne pas se réveiller en sueur dans la tente mais on a quand même eu le hardcore des voisins comme sonnerie de réveil à 7h du mat. Pour se remettre sur pied on prend notre petit déj au Wiesen Village, l'espace chill du camping. Il fait déjà chaud, donc on préfère se poser à l'ombre dans l'herbe que sur les palettes au soleil. Dès 14h00, la scène Sun & Bass située au bout du Wiesen Village balance les premières vibes. Les plus impatients vont se poser devant le son, d'autres profitent des activités proposées par l'orga, entre autres freesbees et jeux de raquette.

17h00, Etherwood tutoie les cimes

On découvre enfin la Mainframe, la grande scène, avec Etherwood, la première tête d'affiche du festival. Comme on avait pu l'apercevoir hier, cette scène est gigantesque et c'est d'ailleurs autour d'elle que s'organise le site. Elle n'est pas encore remplie devant cet artiste liquid par excellence, qui nous offre pourtant un set bien plus varié qu'au Let It Roll l'an passé. Il débute son set par son banger Souvenirs mais ne se contente pas de ses habituelles tracks très voicy. Le producteur anglais ratisse large et distille une ambiance parfaite pour lancer une série de concerts qui s'annonce riche en émotions au vue du line up.

20h12, LSB comme à la maison

Les artistes de renom s'enchaînent sur toutes les scènes et il nous faut faire beaucoup de choix en ce vendredi. On a quand même été voir nos chouchous d'Ivy Lab à la Future Beatz en début de soirée. Pour une fois, c'est Stray qui représente le trio et son set est majoritairement Future Hip Hop avec des tracks de leur dernier EP Fortuna et quelques dubplates de demain. On est ravi, même si on est gourmand et qu'on voulait aussi entendre un peu de leur deep magique dont ils ont le secret. Après avoir vu les sets deep et puissants d’Enei et Break avec DLR, on revient donc au camping pour voir la fin de Technimatic et le set de LSB. Son style deep/liquid et la taille très réduite de la scène Sun & Bass donnent une atmosphère très conviviale, comme si le DJ jouait dans le jardin. Un moment privilégié du festival.

23h01, la Mainframe est remplie

On quitte la petite scène du camping pour revenir sur une Mainframe blindée à craquer, le contraste est total. Mais la foule ne s'est pas trompée en s'installant devant Calyx and Teebee qui retourne la stage à chaque track, notamment False Alarm, issue de leur dernier EP 1x1. C'est Noisia qui prend ensuite les manettes, autant dire que la scène ne désemplie pas. Il faut noter qu'avec l'ouverture de la grande scène, il y a nettement plus de monde aujourd'hui. Thys est le seul membre du trio néerlandais sur scène, il est assez rare de les voir réunis de toutes façons. Il n'a en tous cas pas besoin d'aide pour enchaîner les bangers dans un style neuro inimitable.

03h00, Delta Heavy puis au lit

Pas le temps de souffler, et à peine le temps de manger une pomme de terre bacon à 5€ devant le set un peu au ralenti d’Ed Rush et Optical. L'aspect pratique de la Future Beatz , qui n'est pas très grande il faut bien le reconnaître, c'est qu'on peut voir les concerts depuis les tables devant les stands de bouffe. Pratique pour ne pas en perdre une miette, et accessoirement souffler un peu sans pour autant zapper un concert. On poursuit avec Mefjus et Emperor qui déroulent un set à 4 mains fantastique et ultra dynamique avant que Delta Heavy n'ait raison de nos dernières forces grâce à un set très technique et varié, sans trop de dancefloor contrairement à ce qu’on attendait. Il nous offre un des meilleurs sets du week end, comme quoi tout vient à qui sait attendre.

Jour 3. 14h00, il ira loin ce petit

La chaleur monte encore d'un cran ce samedi, et visiblement les voisins ont décidé de régler le volume en fonction du mercure. Pas de quoi entamer notre bonne humeur, mais on décide quand même d'aller se rafraîchir avec une bonne douche. Ça tombe bien l'eau des douches est à 2°C, et payante avec ça (1€). L'organisation autour des douches n'est vraiment pas terrible, ça va pas nous réconcilier avec l'hygiène en festival tout ça ! Retour à l'essentiel devant Changing Faces au Wiesen Village qui fait l'unanimité avec son set, mais soulève le débat autour de son âge. Le gamin paraît à peine faire 15 ans, mais on s'aperçoit après vérification qu'il en a 20. Toujours est-il qu'il régale tous les festivaliers, entre ceux qui siestent à l'ombre et ceux qui s'essaient aux ateliers et master-class graffiti du jour.

17h00 Dbridge, un vrai régal

Grand écart total, on passe de la jeunesse de Changing Faces à la sagesse du maître Dbridge sur la Mainframe. Il fait encore trop chaud pour danser donc on en profite pour manger un bout. Rien à redire en ce qui concerne l’offre et les prix pratiqués, on mange bien pour 5€, que ce soit sur le site ou au Wiesen Village où les food trucks assurent le service. Les végétariens ne sont pas en reste, et il y en a même pour ceux qui ne mangent que liquide avec un bar à cocktail dans le festival. Dbridges assure la digestion avec un mix pointu tout en infra-bass qui ravi les aficionados. On a même l’occasion de faire une BA avec l’asso de Sea Shepherd qui récolte les éco-cups pour sauver des baleines, c’est easy et on adore l’idée.

20h00, Jubei déclenche la foudre

Retour au camping à quelques encablures du site pour assister au set de Jubei, un tonton de la drum qui écume la scène drum and bass depuis ses balbutiements. Pas étonnant donc de voir deux autres références, Goldie et Dbridges, tailler la bavette derrière le DJ. Son set deep est tout simplement parfait, tellement parfait qu’il déclenche la colère du ciel avec tout le package pluie et foudre. Les éclairs assurent la scéno  et nos danses sous la pluie ressemblent à des transes cheyennes. On finit quand même par retrouver la raison et on va s’abriter à la Mainframe où joue Subfocus avant le set d’Andy C. Beaucoup de DJs sont là pour voir le set du producteur emblématique de Ram records. Son set est efficace comme d'habitude mais ne nous fait pas trembler, beaucoup trop dancefloor et EDM à notre goût, on aurait aimé un peu plus d’originalité.

02h00, Bad Company, l’amour des mauvaises fréquentations

Beaucoup de changements dans la programmation ce samedi et très peu, pour ne pas dire aucune information donnée au public mise à part sur facebook. Andy C joue sur le créneau de Wilkinson, et Bad Company à la place de The Upbeats. Moyen niveau orga, mais on s’en sort bien car cela nous permet de voir le set de Bad Company composé de 4 pointures de la drum, à savoir Dbridge, Maldini, Fresh et Vegas. Le quatuor nous régale d’exclus de papa et se paye même le luxe de s’offrir Goldie comme MC, qui en profite pour égratigner les sets de Subfocus et d’Andy C. On s’en serait voulu de rater leur prestation mais on aurait évité les 35 pull ups pendant le set. On finira le festival avec la neuro de State of Mind et le mix sur Ipad de Current Value, déjà dans le future.

Le bilan

Côté concerts

La découverte locale
TC, l’audace à l’autrichienne.

La perf’
LSB, le mec bien, beau et bon.

L’ambiance pluvieuse
Jubei, deep in the rain.

Les papas
Bad Company, de retour et sûrement mois cher que les Insus.

Coups de coeur
Delta Heavy, gros mix et plein de surprises dans la selecta, et Break et Enei, dark, puissant et beau à la fois.

Proche de la retraite
Andy C, attention patron, la concurrence arrive vite.

La déception
Ed Rush & Optical, un peu endormis derrière les platines.

Côté festival

On a aimé :
- L
e cadre avec les montagnes autrichiennes, au dessus c’est le soleil.
- L
es chiottes en dur, c’est tellement plus confort.
Le camping gratuit avec sa micro scène type boiler-room.
- L
es gobelets pour sauver les baleines, quelle bonne idée.
Tous les sound-systems sonorisés en Funktion One.
Le chapiteau de la main-stage impressionnant et atypique.
Le sol de la main-stage en pavés de bois, pratique et graphique !
L'organisation local et l’absence des gros sponsors habituels.

On a moins aimé :
- L
es sound systems Hardcore des campeurs, une enceinte portable aurait peut être suffit non ?
- L
es consignes à l’entrée qui changent d’un jour à l’autre.
- Les changements de programmation non annoncés.
- L
e manque d’activités fun au village.

Conclusion

Pour sa première version sous cette nouvelle appellation, le Nu Forms mérite clairement son AOP. Fort d’un cadre exceptionnel et d’une programmation démente, ce festival n’en oublie pas pour autant un critère essentiel à la réussite de ce type d’évènement : la convivialité. Malgré sa taille réduite, le Nu Forms a tout pour s’imposer comme un grand rassemblement de la scène drum and bass en Europe, et c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Récit et photos : David Beltramelli et Vincent Maniey