On était à
Main Square, quand les festivaliers s’emparent de la citadelle

Une fois de plus, la citadelle d’Arras a vibré au rythme du Main Square Festival. Si la pluie était annoncée quelques jours auparavant, la bonne humeur des 125.000 festivaliers aura réussi à faire venir le beau temps. Entre surprises, folies et petites déceptions nous vous racontons nos trois jours au coeur de la citadelle.

Jour 1. 20h45, l’heure est aux retrouvailles

C’est au son de Biffy Clyro que nous faisons notre entrée au Main Square. Nous reprenons vite nos marques au coeur de la citadelle d’Arras. La Main stage se dresse devant nous tandis que la Greenroom se trouve toujours sur sa droite. Les deux scènes sont séparées par les stands : kebab, nachos, frites et hamburgers nous font déjà saliver. Malgré tout, le festival manque de décoration à notre goût : même si le cadre est enchanteur, seuls quelques lampions viennent orner l’entre deux scènes. Quoi qu’il en soit la citadelle est déjà bien remplie et les festivaliers sont au rendez-vous.

22h30, une voix en or pour un show puissant

L’une des têtes d’affiche de cette édition était sans nul doute System of a Down ou SOAD pour les intimes. Les fans de la première heure sont bien présents et les t-shirts du groupe défilent sous nos yeux. Et quelle claque ! La prestance scénique et la voix d’or de Serj Tankian nous prennent aux tripes dès les premières secondes. D’ailleurs, il ne faut pas plus de temps pour que le groupe lance l’un de ses morceaux phares Prison Song. Et c’est pendant plus d’une heure que le public hoche la tête au son de titres comme Toxicity, Chop Suey, BYOB, Lost in Hollywood, Sugar et tant d’autres ! Les pogos vont bon train jusque dans les derniers rangs. Pas une seconde de blanc entre chaque titre : SOAD en live c’est intensif ! Le public reprend en choeur Lonely day. C’est une performance sans fausse note, comme au Download, qui nous a bien fait frissonner.

01h17, renaissance sur Second Lives

Ce n’est que la troisième fois en quelques mois que nous voyons en concert Vitalic, dans le cadre de son ODC Tour allant de pair avec son dernier album, Voyager. La setlist est la même qu’à Solidays, le concert dans sa globalité aussi. Mais l’ensemble est toujours aussi efficace, à même de faire bouger les foules. La déferlante de jeux de lumières et la débandade d’effets visuels cumulées au volume élevé font irrémédiablement vibrer les fessiers, et hocher les têtes, perpétuant une ambiance tout aussi excellente, bien que très différente de celle du concert précédent. Une véritable piste de danse se crée au milieu de la foule où la danse du “n’importe quoi” est fortement pratiquée ! Vitalic confirme et prouve qu’on peut le voir et le revoir sans jamais s’en lasser, que ce soit dans une salle ou en plein air. Assurément un grand de la musique électronique.    

02h12, en déroute sur la Greenroom

Et c’est toujours en dansant dans un bain de foule que nous concluons cette soirée devant la Greenroom. Immédiatement après l’élégance électro de Vitalic et le live prodigieux de SOAD, le set d’Above and Beyond sonne malheureusement too much et dénote un peu par rapport aux concerts vus sur la Main Stage toute la journée, essentiellement placée sous le signe du rock. Là où les versions studio d’A&B sont un pur plaisir, cette performance ne leur rend à notre sens pas complètement justice. La fatigue jouant peut-être, la trance progressive du groupe tombe sur le moment dans nos oreilles comme dans celles de sourds. Au vu du planning, le moment de la programmation n’était peut-être pas le mieux choisi.

Jour 2. 18h15, come a little closer !

C’est toujours sous un magnifique soleil que se déroule notre deuxième jour au Main Square. Il est facile de se rendre sur la Main stage comme s’il était encore trop tôt pour les festivaliers. Nous loupons le groupe The G. Les deux frères corses remplacent les islandais de Kaleo malheureusement contraints d’annuler pour raisons médicales. Si le public du Main Square ne dansera pas sur le célèbre titre Way down we go, nous avons entendu dire que les Français n’avaient rien à leur envier. Pour l’heure, Cage the Elephant (photo) nous attend sur la Main Stage. Il y a peu de festivaliers, il faut dire que Rag’n’ Bone Man s'apprête à jouer sur l’autre scène. Peu importe ! Nous sommes au premier rang lorsque Matt Shultz déboule sur scène. Comme transcendé, son déhanché n’a rien à envier à celui de Mick Jagger. Le public est immobile et il faut aller au milieu pour trouver des danseurs et pour que l’ambiance monte enfin. Le chanteur tente un petit slam dans la foule beaucoup trop rapidement interrompu à notre goût avant de quitter la scène. A la fin du concert, on aura même la chance de repartir avec l’une des baguettes du groupe rattrapée au vol.

19h30, quand la soul britannique rencontre Makeba

C’est avec des étoiles plein les yeux donc que nous prenons place dans l’herbe. La jeune toulousaine Jain ne va pas tarder tandis que le géant de la soul britannique Rag’n’Bone Man transcende les foules avec son désormais célébrissime titre Human sur la Greenroom. Sa voix somptueuse se suffit à elle-même et sa prestance nous porte. Nous assistons à un beau moment de communion entre un artiste entier et son public ! Une complicité que Jain ne tarde pas non plus à instaurer sur l’autre scène. Malgré une légère gamelle qui nous aura fait sourire la jeune femme déchaîne la foule par sa bonne humeur communicative. Une foule qui prend part au show en reprenant son célèbre titre Come. La bonne humeur est de mise et nous sommes agréablement surpris de reconnaître le générique d’Inspecteur Gadget sur lequel nous nous déhanchons.

21h00, nachos et pogos

Ce samedi est particulièrement chargé en concerts et les va-et-viens entre la Main Stage et la Greenroom nous ont donnés faim ! Notre coeur penche alors pour les Nachos Grande que nous propose un vendeur masqué bien sympathique ! Même si les prix nous paraissent élevés (7 euros une simple crêpe au fromage et au jambon…), il y a de quoi manger et boire au Main Square. Nous trouvons près de la Greenroom un stand de bonbons et un autre de pizzas. Non loin de là, le stand Beer Factory - invention des festivals sponsorisés par Heineken, comme au Download et à Solidays - offre même une frite pour une bière achetée. Mais c’est au bar metal qu’il y a un large choix de bières, et une très bonne ambiance en passant. Cependant, pas une minute à perdre et c’est devant Vald que nous décidons de nous restaurer. En moins de quelques secondes le public bondit au rythme de Bonjour, Selfie ou encore Eurotrap sur laquelle il finit en beauté. Les pogos s’enchaînent et l’artiste ne perd pas une opportunité de booster la foule en transe.

22h00, on est tous des ninjas

Rassasiés et pris d’une furieuse envie de danser c’est devant la Main Stage que nous trouvons notre bonheur. En effet, les deux sud-africains déjantés de Die Antwoord ont commencé leur show. C’est donc au rythme de musiques endiablées que nous nous frayons un chemin dans la foule. Yolandi et Ninja n’ont pas fini de nous régaler ! Le chanteur qui n’a pas froid aux yeux n’hésite pas à faire tomber le bas une ou deux fois tandis que son accolyte Yolandi se trémousse avec les danseuses. Les images en fond participent à ce show hypnotique. I fink u freaky, Pitbull Terrier ou encore Baby’s on Fire font littéralement bondir le public du Main Square. Le duo termine sur scène main dans la main alors que les paroles de la chanson défilent en fond permettant un karaoké sympathique. Il ne leur reste plus qu’à finir sur Enter the Ninja avant de nous dire au revoir.

23h15, When I say Major you say Lazer !

Major Lazer est là et nous avons le droit à un “ça va les biloutes ?”  C’est pendant plus d’une heure que nous nous laissons porter au son de grand titres comme Watch Out For This. Ajoutez à cela quatre danseuses fort dénudées qui accompagnent le trio sur ce show pourtant bien maîtrisé. Puis, une fois n'est pas coutume, c’est dans sa bulle gonflable transparente que Diplo va encore une fois courir sur les mains tendues du public tel un hamster. Nous sommes pris dans un mouvement de foule orchestré par le groupe dans une ambiance bon enfant : des flèches de droite à gauche nous indiquent la marche à suivre sur les écrans. Pas moyen de se louper.
Le groupe français Dirtyphonics aura la lourde tâche de jouer après ce show. Et c’est donc sur des sonorités dubstep que nous finissons ce marathon de concerts du samedi. 

Jour 3. 16h18, bière amère devant Spoon

Après nous être remis de nos émotions de la veille, nous nous avançons vers la Greenroom pour assister au concert de Spoon. Petit couac cependant : le sacro-saint bracelet cashless, de plus en plus présent en festival ne fonctionne plus au bar. Envie d’une Despe Lime pour faire passer la chaleur ? Pas aujourd'hui ! On nous avance tout simplement que ce n’est pas le premier bracelet à défaillir, et nous sommes invités à en reprendre un nouveau au guichet cashless. Toutefois tout l’argent stocké sur le premier bracelet est perdu, sans possibilité de le transférer. Notre bière a un goût amer. Heureusement, la performance de Spoon fait passer le tout, avec un concert énergique et diablement efficace. Un vrai petit succès pour entamer ce dimanche ensoleillé. 

17h42, en quête des citrons sur la Greenroom

Après le concert de Spoon, nous nous ruons aux barrières pour être aux premières loges du spectacle des américains The Lemon Twigs (photo). En douceur, nous pénétrons dans l’univers rock vintage et si atypique du groupe, tout en classe et en sobriété. Nous nous laissons impressionner par le blouson de cuir de la bassiste qui doit l’étouffer en cette chaleur, par les cheveux lisses et soyeux du chanteur, ainsi que par l’énergie vivifiante du claviériste. Mine de rien, le monde des Lemon Twigs n’est pas seulement auditif : il est aussi visuel. Et le tout passe par les pantalons en pattes d’eph’. 

18h52, circonspects devant La Femme

Nous migrons difficilement vers la Main Stage, avec notre nouvelle obsession en main : les santos nachos au cheddar fondu à 6,50€. C’est que cette année encore, le passage d’une scène à l’autre est compliqué à négocier : l’espace intermédiaire est beaucoup trop serré et les festivaliers sont nombreux. Le prix de cet effort ? Le concert de La Femme sur la scène principale. Et quelle désillusion que ce dernier ! Le tout manque de folie, d’énergie, de mouvement : le rendu est un peu fade et trop peu inspiré à notre goût. Le public arrageois n’était peut-être pas lui non plus au taquet. On sent aisément que la plupart des personnes présentes sont venues pour Radiohead et uniquement pour Radiohead, et n’ont donc que faire du reste de la programmation. Dommage !

19h20, une bonne séance d'échauffement des familles avec les Naive New Beaters

L’accent hilarant de David Boring et les chorégraphies de ses Naive New Beaters (photo), dont les costumes ressemblent à s’y méprendre à des pyjamas, séduisent un public pourtant fort timide. Le chanteur doit en effet régulièrement faire signe au public d’applaudir davantage ou de crier plus fort pendant toute la première moitié du concert mais viennent ensuite l’hystérie, les pogos, et le crowdsurfing de quelques fans qui se laissent aller. L’ensemble se conclut en apothéose avec Run Away, dans une ambiance de folie, à mille lieues de ce que l’on pouvait ressentir lors des premières minutes. Un joli tour de force de ce groupe qui gagne décidément à être connu.

21h03, une Greenroom désertée devant Thylacine

Comme on pouvait s’en douter, les trois-quarts des personnes venues pour Radiohead sont parties camper très tôt devant la Main Stage, boycottant ainsi Thylacine (photo) et son show électrisant sur la Greenroom. Dommage, car ils auront loupé une performance électrisante matinée de sonorités enregistrées depuis le Transsibérien à bord duquel le jeune prodige français de l’électro a composé son dernier album. Déchaîné, celui que l’on avait rencontré il y a deux ans balance ses morceaux avec une aisance et une décontraction sillant parfaitement avec sa maîtrise du saxophone, dont il assure le jeu. Pour notre part, entre attendre les bras croisés la bande de Thom Yorke et nous déhancher sur le rythme du Transsibérien, le choix fut vite fait, et certainement pas regretté.

23h12, un clou du spectacle en demi-teinte

Dire que Radiohead (photo) était attendu comme le messie au Main Square Festival tiendrait de l’euphémisme. Nous nous frayons un chemin dans cette foule. Un festivalier nous passe un savon car nous “écrasons” ses chaussures. Les basses beaucoup trop fortes étouffent la voix du chanteur, et les écrans sur le côté diffusent des images trop peu claires pour les spectateurs éloignés de la scène qui ne peuvent donc absolument rien voir en raison de l’affluence conséquente. Déçus, certains s’en vont prématurément. D’autres s’assoient tandis que de notre côté les festivaliers discutent comme à la terrasse d’un café. Certains morceaux comme No Surprises ou encore Paranoid Android nous hérissent le poil malgré tout. Radiohead a joué presque 2h30. Presque, car le groupe est en effet arrivé en retard, pour repartir en avance. L’indignation se lit sur le visage et se sent dans les paroles de bon nombre de festivaliers à la toute fin du concert. Certains d’entre eux restent sur place, figés, attendant un rappel qui ne vint jamais. À peine le dernier morceau achevé que les techniciens remballent déjà le matériel. Un final au goût amer pour certains, l’apothéose pour d’autres.

Le bilan

Côté concerts

La barre de rire
Naive New Beaters, accent barré pour groupe déjanté.

Le petit chouchou
Cage The Elephant, pour le show de danse de Matt Shultz !

Le concert qui nous a le plus remué
Die Antwoord, et ses sonorités entraînantes !

Le petit coup de mou
Radiohead, grand groupe, certes, mais un concert sans saveur.

Côté festival

On a aimé :
- Une programmation rock et efficace
- La bonne humeur des bénévoles.
- Un lieu exceptionnel, mais un décor assez pauvre

On a moins aimé :
- Le cashless, pas sans faille
- Les difficultés pour circuler entre les deux scènes.
- Le prix élevé des boissons et nourriture à certains stands.
- Les quelques remarques d’un public qui oublie parfois les principes d’un festival.

Conclusion

Encore une fois, le Main Square s’impose comme un événement sur lequel compter grâce à son affiche variée et à ses têtes d’affiche qui ont su ravir le plus grand nombre, même si les prix restent élevés et les difficultés de circuler perturbent un peu le bon déroulement du festival. N’empêche : 2017 est l’année du succès pour le Main Square qui bat son record de fréquentation avec 125.000 festivaliers sur trois jours, preuve que l’engouement autour de cet événement musical n’est pas prêt de s’arrêter.

Récit et photos de Lorena Caniaux et Hugo Nikolov