On était à
Lollapalooza Berlin, premier atterrissage réussi

USA, Brésil, Chilie, Argentine… Initié par Perry Farrel, leader du groupe Jane’s Addiction, dans les années 90, le Lollapalooza débarque à Berlin pour sa première version Européenne. Au milieu des 90.000 festivaliers, on vous raconte notre premier Lolla dans le cadre aussi surprenant qu’original de l’ancien aéroport Tempelhof.

Jour 1. 16h, premiers pas sur le tarmac

Notre baptême du Lollapalooza démarre dans les transports berlinois. Installé sur le tarmac de l’ancien aéroport Tempelhof, heureusement pour nous fermé en 2008, le festival est en plein Berlin, à quelques station de U-Bahn, centre « touristique » de la ville. Plus notre destination approche, plus le métro se remplit de festivaliers, bière à la main pour la plupart. On n'est pas en Allemagne pour rien ! L’entrée se fait assez rapidement, avec une vingtaine de minutes d’attente pour se faire poser le bracelet aux couleurs de l’événement. On découvre très vite le tarmac de l’aéroport réaménagé en festival. Il est tôt mais le public est déjà bien présent, venu profiter au maximum de ce samedi après-midi ensoleillé. Les 4 scènes sont toutes alignées le long du Terminal, allant de la plus petite, la Perry's Stage à la plus grande, la Main Stage 1. En passant devant la Main Stage 2 on découvre le rock de Mighty Oaks. Mal organisé dans notre planning on a raté Everything Everything et The 2 Bears. Dommage pour nous.

17h45, Parov Stelar pour l’apéro

En chemin pour la Main Stage 1, la très grande scène du festival tout au bout du site, on s’arrête pour recharger nos bracelets. Le festival utilise le paiement dématérialisé avec une puce directement intégrée au bracelet. Histoire de vérifier que tout fonctionne bien de ce côté, et aussi du côté des tireuses, on en profite pour goûter notre première bière allemande. A 4,5€ les 40 cl avec 1€ de consigne pour le gobelet, c'est honnête. Pas question de se faire de l’argent de poche en "trouvant" des gobelets consignés, pour récupérer la caution il faut ramener le verre avec un jeton donné lors du paiement. Malins ces allemands ! Sur la grande scène, équivalente à la grande scène du Sziget en terme de taille, c’est The Parov Stelar Band (photo) qui balance son électro swing. Rien n’a changé pour le groupe déjà croisé à plusieurs reprises, le show est dansant, agréable et nous met en forme en cette fin d’après-midi sous la chaleur berlinoise. Un peu plus loin, l'Alternative Stage chill au rythme des Hot Chip  pour un show certes moins "grand public" que le dj autrichien et son crew, mais tout aussi qualitatif. 

19h06, l’enfer des files d’attentes

Pour une première en Europe, le Lollapalooza a décidé de nous en mettre plein la vue, que ce soit dans l’aménagement du site ou dans son programme plutôt bien fourni. On enchaîne les concerts en passant d'une scène à l'autre comme des gamins dans un magasin de jouets. Après un passage sur FFS, et un concert un peu mou du genou malgré les tubes de Franz Ferdinand et le chanteur de Sparks omniprésent, on se dirige vers la Perry’s Stage, scène au nom du créateur du festival. A l’inverse des trois autres scènes, montées de toute pièce, la Perry’s se sert du batiment de l’aéroport comme structure. On y croise les deux Digitalism pour un live électro punchy devant quelques centaines de festivaliers venus manger un peu de techno. Arrive ensuite le moment tant redouté : l’envie d’aller aux toilettes. Et à en croire les files d’attente devant toutes les toilettes du site (photo), on n'est pas les seuls parmi les 45.000 festivaliers du jour à avoir une envie pressante. Commence alors une attente très longue, voir interminable avant d'atteindre le graal: les toilettes chimiques du festival. L'organisation n’avait peut-être pas réalisé qu’en Allemagne plus qu’ailleurs, consommation de bière et envie d’aller aux toilettes vont de paire.

20h35, Boys Noize et Skrillex allument le feu

Enfermée au milieu de containeurs, à l’entrée du site, la Perry’s Stage est la scène la plus agréable du festival, mais souvent la plus vide. C’est encore le cas au moment du set de Dog Blood (Skrillex et Boys Noize). Le public allemand, lui, a fait son choix, c’est devant Deichkind qu’il s’est réuni sur la Main Stage 2. La curiosité nous pousse à y jeter un oeil, et on se retrouve face un show surprenante, melant éléctro et hip hop à la façon de Die Antwoord, l'accent teuton en plus. Le public est venu en masse, les Deichkind sont de véritables stars dans le pays et ça se voit ! On part quand même avant la fin histoire de voir ce que donne le duo Boys Noize-Skrillex sur scène (photo). La non plus nous ne sommes pas déçu, le show oscille entre techno puissante à la Boys Noize et show EDM comme le fait trop souvent Skrillex. Ça reste efficace, les flammes et les lazers sont de sortie, tout comme Skrillex qui passera une partie du set sur la table des platines pendant que ses tubes Scary Monster and Nice Sprites et First of The Year résonnent.

22h55, Mackelmore raconte sa vie

La température est descendue d’un cran dans l’aéropot, à l’inverse de l’ambiance. Sur le chemin vers la grande scène on hésite à faire une pause repas dans un des dizaines de stands présents, mais la queue est comparable à celle des toilettes, et on passe notre tour pour aujourd’hui. Au milieu d’une foule nombreuse, mais pas si compacte, on arrive devant la tête d’affiche du weekend pour leur seule date en Europe cet été : Mackelmore & Ryan Lewis (photo). Dès le deuxième titre, le beau gosse de Seattle nous balance Thrift Shop repris en cœur par le public avant d’enchainer les titres de son premier album avec justesse. Le show passe vite, Mackelmore semble heureux de partager ce moment avec le public berlinois, il en profite d’ailleurs pour nous raconter sa vie entre chaque morceau : de la naissance de son enfant à sa visite de la capitale allemande, rien ne semble l’arrêter quand il commence à nous conter ses histoires. Un peu long, mais peu importe, le rappeur a l’air sincère et fait chavirer le public sur ses morceaux Dance et Cant Hold Us.

A 23h, le show se termine et le son est coupé sur le festival. Les allées se vident, bien trop tôt à notre goût, mais c’est le jeu quand on est dans un festival en pleine ville. De toute façon, les afters ne manquent pas dans la capitale Allemande.

Jour 2. 15h30, concerts, mais pas seulement

Deuxième et déjà dernier jour à Tempelhof pour le Lolla. Depuis midi les scènes raisonnent, de notre côté on profite du début d’aprem pour se promener dans les allées pendant qu’on entend au loin le concert des deux rappeurs Run The Jewels. On découvre le Lolla Fun Fair (photo), un espace dédié aux jeux et aux activités en tout genre : du chamboule tout à la création de chapeaux de fleurs en passant par une scène d’art de rue et des jeux de société géant. Le festival souhaite proposer autre chose qu’une programmation musicale, un pari réussi quand on voit le monde qui navigue dans cet espace.

17h45, le Crystal fighters express

Avec 45.000 festivaliers par jour, le Lollapalooza se veut aussi, à sa mesure, être un festival militant. Entre deux scènes on y trouve un petit espace fait de chalets de bois dédié à la sensibilisation des festivaliers pour une société "plus verte". Plusieurs associations y sont représentées, comme partout ailleurs sur le festival, le public répond présent. Sur la Alternative Stage, troisième scène du festival dédiée à un programme moins "mainstream", on attend avec impatience Crystal Fighters (photo). Le groupe arrivera avec 45 minutes de retard, mais avec un show bien huilé et efficace pour un mix de leur deux albums. Follow, I Love London, Plage, leurs morceaux les plus connus y passent tous entre deux lancés de ballons. Le groupe reste une bête de scène, emmené par son charismatique chanteur désormais coiffé d’un crête. Débuté très en retard, le show prend fin au bout de 45 minutes. Dommage le public en aurait bien repris une petite dose !

19h35, Lolla en famille

Cette deuxième et dernière journée nous fait moins "rêver" en terme de programmation, même si l’affiche reste bien fournie. On en profite donc pour visiter les moindres recoins de l’événement. On y croise beaucoup de famille : la formule s’y prête très bien avec des concerts entre 12h et 23h. Un espace est même dédié aux enfants, le Kidzapalooza, sorte de mini festival reservé aux moins de 14 ans. Avec sa scène, sa programmation musicale, ses jeux pour tous les âges, ses terrains de sport et son skatepark, le lieu fait à la fois le bonheur des enfants, mais aussi des parents qui peuvent profiter pleinement de leur festival. Curieux, on passera voir un bout du show de Sam Smith sur la grande scène. Pas convaincu à la base par les titres du chanteur, on ne l’est pas plus à la sortie d’un concert bien trop calme à notre gout, même lorsqu’il joue Latch, son titre avec Disclosure et Stay With, accompagné en coeur par le public.

20h50, Dada Life comme en boite de nuit

La nuit est tombée sur Berlin et elle est arrivée avec un concert que le public allemand attend : Seed. La Main Stage 2 est remplie devant le groupe de reggae/ ska de Berlin. Sur scène, ils sont nombreux, une bonne dizaine, à jouer leurs morceaux. Là aussi, une belle découverte pour nous, novices du reggae allemand que nous sommes. Attirés par les lasers de la Perry’s Stage on se dirige vers le show de Dada Life. On remarque au passage que les problèmes de queue pour les toilettes sont résolus, le festival a su être réactif aux problèmes de la veille. Idem pour les stands de nourriture, l'attente est presque inexistante à deux heures de la fermeture. Au choix le festival propose pizza, pattes, plat de nouille asiatique, raclette, crêpes, burger, bouffe bio, saucisse. Le choix est large et les prix vont de 3 à 10€.

Sur la plus petite des scènes donc, les Dada Life (photo) balancent de l’EDM et le show propose en un seul concert tous les clichés possbile du style : des montés toutes identiques, des conféttis, des flammes, des distributons de goodies, des lasers et de la fumée. Beaucoup de fumée. Pas étonnant de retrouver un des maitres du style dans la foulée, Martin Garrix, qu’on prendra soin d’éviter. Dommage que la techno allemande ne soit pas plus mise à l’honneur dans la programmation, quand on connait l’histoire de la ville avec cette musique.

22h20, Muse conclu, Tame Impala régale

L’événement de la soirée se passe sur la grande scène. Pour le dernier concert, Muse (photo) a les commandes et le public est venu en masse. Le groupe attaque avec Psycho, enchaîne avec Supermassive Black Hole et The Handler. Le show est puissant, Matthew Bellamy assure, et le public est conquis. Après Plug In Baby on laisse la foule avec Muse et on rejoint quelques milliers de festivalier devant Tame Impala. Le set des 5 australiens est planant, ils distribuent de l’amour sur scène, on est ravi de finir le festival avec eux et leur superbe morceau aux sonorités "Beattles" Apocalypse Dreams, des étoiles pleins les yeux. Les riffs de Muse concluent au loin la première édition du Lollapalooza pendant qu’on passe les derniers euros de notre bracelet dans une dernière pinte. Il est tôt pour terminer un festival et les deux jours nous ont semblé bien court, même si on se dirige vers la sortie heureux d’avoir fait partie des premiers festivaliers à découvrir le Lolla en Europe.

Le Bilan

Côté concerts :

Le travail bien fait
Mackelmore & Ryan Lewis, ils assurent et semblent partager le moment avec le public

Les gars surs
Crystal Fighters, même en formule expresse ça envoie

La découverte made in Germany
Deichkind, on va se faire la discographie et être plus assidu la prochaine fois

La bonne collaboration
Dog Blood, Boys Noize et Skrillex se complètent bien, l’un mix, l’autre fait le show

Le bon live
Digitalism, dommage qu’on ne les voit pas plus souvent

Le show pouet pouet
Dada Life, et encore, on a pas vu Martin Garrix

Côté festival :

On a aimé :

- Le lieu, se retrouver dans un si bel aéroport, ça envoie
Le choix dans les stands de nourriture,
La réactivité des équipes pour réduire les queues aux toilettes,
Toutes les activités proposées en dehors des concerts,
Le bracelet comme moyen de paiment, impossible de le perdre
La charte graphique omniprésente, ça fait du bien de voir que l'affiche est déclinée sur place

On a moins aimé :

- Les queues, interminable que ce soit pour les toilettes ou la restauration le premier jour
Le prix des billets, 69€ la journée, 139 les deux jours : cherchez l’erreur
L’heure de fin, un samedi soir à 23h on en redemande !
L’EDM un peu trop présente, à Berlin on attend mieux côté éléctro que la facilité radiophonique

Conclusion

Avec 90.000 festivaliers sur deux jours, la première édition du Lollapalooza est forcément une réussite, le plaçant directement parmi les plus grands rendez-vous Européens. Rares sont les festivals qui peuvent se vanter d’avoir fait un "sold-out" dès la première année, tout en proposant un événement abouti, à la fois en terme de programmation et d'organisation. Dans un aéroport transformé mais à peine utilisé à 10%, on se dit qu’avec le Lolla tout est possible et que rien ne les arrêtera. Confirmation en 2016 ? Le rendez-vous est pris.

Récit & photos: Q. Thomé, Gregoire Masson.
Photo Mackelmore: 
Crédit : Louise Wessbecher