On était à
L'imaginarium festival prend du galon

Nul besoin de partir sur la côte pour se dépayser en ce week-end de Pentecôte. Loin du sable fin, on a passé deux jours à L'Imaginarium Festival à Margny les Compiègne sur les terres picardes. Pas de coups de soleil à l'arrivée mais quelques coups de cœur pour la troisième édition d'un festival qui prend sereinement son essor.

Jour 1. 16h30, Premiers pas dans l'arène

On débarque sur les lieux après avoir fait un peu de tourisme dans les environs. Pas vraiment pour le plaisir de s’émerveiller des paysages picards mais parce que la signalisation du festival est pour le moins insuffisante. On finit tout de même par trouver le site et on entend les premiers riffs de guitare depuis le parking qui est tout proche. L'entrée se fait rapidement et en douceur malgré des fouilles minutieuses, vigipirate oblige. Une petite distribution de bonbons plus tard, on pénètre sur le site qui est déjà bien rempli et on file créditer nos bracelets cosmo'pay et faire un petit tour des stands et du village associatif. On sirotera nos premiers verres devant le rap des belges de La Smala dont le flow et l'énergie sont parfaits pour débuter cette orgie musicale.

19h50, Lilly mène la danse

Avant de retrouver la tête d'affiche de ce samedi, nous partons découvrir la deuxième scène, la SG Arena sous le chapiteau. Située derrière la Mainstage lors des éditions précédentes, cette scène est désormais placée à côté, ce qui a pour avantage de recentrer le festival. Autre point appréciable dans le chapiteau, on y danse sur du gravier ce qui évite de patauger dans la boue après deux concerts. On y découvre le français Broken Back. Accompagné d'un batteur, les sonorités electro-folk de ses chansons portées par sa voix profonde séduisent le public et s'avèrent être une parfaite mise en jambes pour ce qui nous attend sur la grande scène, la fameuse Lilly Wood and the Prick. Malgré la taille remarquable de cette scène, il ne faut pas longtemps au groupe français dont la réputation en festival n'est plus à faire pour rameuter la foule. On se délecte de l’énergie de la chanteuse qui accompagne le coucher du soleil de ses plus grands tubes, au plus grand plaisir des festivaliers.

21h57, FKJ, la French Touch à tout

Pas le temps de souffler et de profiter de l'espace chill pour le moment, les concerts s’enchaînent vite et bien. On fonce donc de nouveau à la SG Arena pour découvrir Fresh Kiwi Juice aka FKJ dont tout le monde dit le plus grand bien, en atteste la foule qui se rue sous le chapiteau. Trois pianos, deux guitares et même un saxophone sur la scène et pourtant un seul prodige pour mener sa performance d'une main de maître. Mêlant titres connus, improvisations et reprises de Selah sue ou Lianne La Havas, l'artiste propose une ambiance jazz hip hop en jouant de tous les instruments. On se demande même s'il ne gère pas les lumières entre deux chansons tellement il est à l'aise. On note d'ailleurs que les installations lumières, à la SG Arena comme à la grande scène sont impressionnantes. Après plus d'une heure de show en soliste, on hurle au génie pour accompagner la sortie d'un artiste qu'on a déjà hâte de revoir cet été !

00h10, Para One, une fois, pas deux

Malgré un choix restreint de food trucks pour rassasier les festivaliers, l'attente reste raisonnable ce soir et on se restaure donc devant le concert d'Hyphen Hyphen qui retourne la grande scène et est à deux doigts de nous retourner les estomacs tellement ça saute et hurle de partout. Après avoir fait monter les bénévoles de l'UTC sur scène- l'association de l'Université de Technologie de Compiègne qui organise ce festival- le groupe français conclut cette soirée sur la Mainstage et laisse une foule surchauffée rejoindre le chapiteau pour une fin de soirée plus électronique. On s'installe alors devant Para One dans un chapiteau encore bien rempli. Le DJ propose une musique électronique très variée, oscillant entre techno minimal, house UK et electronica, mais ratisse un peu large et on a du mal à se mettre dans le set. A cette heure de la journée, il en faut quand même un peu plus pour nous garder en vie et cette performance sans relief aura raison de nos dernières forces. On grille un joker en partant avant Canblaster, on prendra notre revanche demain.

Jour 2.12h50, Camping Pump Up the Gym

Beaucoup d'activités sont proposées pour réveiller les campeurs après une nuit bien fraîche. Dès 10h30, les premières basses résonnent déjà sur une scène dédiée au camping qui ne met pas longtemps à trouver ses premiers aficionados. Pour les plus courageux, une session zumba est offerte pour un décrassage actif pendant que d'autres profitent d'un terrain de volley sous les premiers rayons de soleil. Comme nous, beaucoup se contentent d'observer ces débauches d'énergie et de chiller dans l'herbe un café à la main servi au stand restauration du camping. Un vrai bon début de journée en festival, même si c'est déjà la dernière.

16h30, Session Yo momma !

A l'image de ce qu'on a pu observer au camping ce matin, on retrouve une pléthore d'animations sur le festival cet après midi. Entre autres classiques fanfare ou bubble foot, une activité rap contenders (photo) prend place sur une estrade au centre du village associatif. La foule venue en masse se délecte des joutes verbales qui prennent des allures de slam. L'idée originale séduit le public qui réagit aux punchlines corrosives que s'échangent les candidats. Seul bémol, on entend pas toujours les participants, la faute à une puissance sonore qui a du mal à concurrencer le groupe de métal de The Harts Industry qui joue sur la grande scène. On termine cette fin d'après midi aux accents rock en écoutant les refrains catchy de The Last Train posé à l'espace chill avec de vrais morceaux de canapés dedans.

19h10, Set et Match haut la main

Les festivaliers sont encore plus nombreux aujourd'hui, et cela se voit aux longues files d'attentes devant les portes du chapiteau qui s’apprête à accueillir les Montpellierains de Set et Match (photo). L'impatience d'une foule relativement jeune semble énorme et la scène se remplit en quelques minutes. Ambiance survoltée avant le début du concert, il ne fallait pas compter sur le trio de rappeur pour la faire retomber ! Ils retournent le public à chaque morceau de leur album Cosy Cosy Bang Bang. On les avait vu aux Eurockeennes l'été dernier, et l'ampleur prise par ce groupe en un an est impressionnante. Leur statut a bien changé et ils le prouvent en proposant le concert le plus chaud du festival. On décide de reprendre des forces en se restaurant pendant que Naâman joue sur la Mainstage, mais l’afflux supplémentaire de festivaliers ce dimanche a fait doubler les files d'attentes aux food trucks, et on attend 1h15 pour une pizza. Heureusement que les festivaliers sont autorisés à rentrer de la nourriture sur le site, sinon on attendrait peut être toujours notre pizza...

23h20, Synapson, peut mieux faire

On a raté le début de The Geek X VRV pour une histoire de Regina - pas très royal en plus - mais on a quand le même le temps de rallier SG Arena pour voir la fin du duo qui propose un style glitch hop transportant la foule à coup de beats scintillants et de jeux de lumières saccadés. On en prend plein les yeux et les oreilles et on ressort fin prêt pour assister au live de la machine à tubes Synapson (photo). Les deux DJ français sont accompagnés du chanteur et guitariste Sirius Trema et de la chanteuse Tessa B. Belle scénographie et aucun problème pour jouer leurs plus gros succès, les deux artistes semblent moins à l'aise pour s'adresser à la foule et l'ensemble manque de liant. Sans doute faut-il leur laisser un peu de temps pour travailler leur jeu de scène et apprivoiser le public festivalier. Comme la veille, la fin de soirée au chapiteau se veut plus électronique avec Darius et Alesia et les festivaliers répondront présents jusqu'au bout de cette dernière nuit.

Le Bilan

Côté scène

La claque
FKJ, la french touch toutes options.

La valeur sûre
Lilly Wood and the Prick, solide et robuste à la fois.

La bête de scène
Hyphen Hyphen, toujours Hyphen à fond.

La déception
Synapson, le troisième trimestre sera déterminant.

Côté festival

On a aimé :
les distributions de bonbons
les nombreuses activités proposées
le gravier pour éviter la boue
la possibilité de rentrer de la nourriture

On n'a moins aimé :
le manque de signalisation pour rejoindre le festival
un choix toujours limité de restauration sur place
le thème astronaute pas assez mis en avant

Conclusion

Ambiance conviviale, organisation sérieuse et programmation alléchante, l'Imaginarium répond à tous les codes du bon festival de sa catégorie. Après seulement trois éditions, ce festival n'a pas perdu son temps et se bonifie avec l'âge. De quoi lui promettre un avenir radieux et préférer une fois de plus sa cure de jouvence aux stations balnéaires pour la pentecôte de l'année prochaine.

Récit et photos : Vincent Maniey avec Elodie Quesado