On était à
Let It Roll, la base de la drum

Ce week end s'est déroulé la huitième édition du Let It Roll Festival, le rendez vous incontournable des amateurs de drum and bass qui se retrouvaient cette année sur un nouveau site à quelques kilomètres de Prague. On vous raconte nos trois jours dans le plus grand festival de drum au monde.

Jour 0, Before et culture à Prague

Arrivé en avion pour s'éviter la dizaine d'heure de voiture pour se rendre en République Tchèque, on atterrit en début de soirée et avec un jour d'avance dans la capitale. Les premiers festivaliers croisés dans l'avion se rendent pour la plupart en train directement au camping du festival ouvert depuis ce mercredi. Pour nous ce sera visite nocturne de la ville sur les bords de la Vltava. Mais loin d'occulter complètement la musique, on passe prendre la température au club, voir limite squat, Storm qui accueille le before officiel du Let It Roll. Les premières tracks et les premières bières nous mettent dans l'ambiance du week end et on a hâte de commencer les choses sérieuses.

Jour 1. 17h02. Arrivée sur le nouveau site

Si de nombreux trains permettent de rallier Prague à la base aérienne militaire de Milovice, les derniers kilomètres à pied de la gare vers l'entrée relèvent de la course d'orientation. La signalisation quasi inexistante fait régner un chaos parmi les festivaliers qui parviennent tout de même à se rendre aux guichets pour y découvrir une file d'attente impressionnante. L'endroit paraît tout de même gigantesque et les scènes visibles au loin, dont une main stage encore en construction, font retentir les premières basses.

20h30, Un label par scène

Une fois notre tente enfin posée on découvre les différentes stages en commençant par Snookey (photo) sur la Factory qui met à l’honneur le label Eatbrain. Les festivaliers se calent sur les beats de l'artiste local qui nous propose une parfaite entrée en matière avec une neuro made in Republique Tchèque. On fait le tour du propriétaire et force est de constater que le thème geek est bien mis en avant sur la plupart du site, si ce n'est certains endroits, notamment la zone Underworld, qui propose trois petites scènes sans décor délaissées par les artistes reconnus. On finit avec L33 sur la Factory stage et on rejoint le label Metalheadz installé sur la Madhouse où des robots géants en polystyrène nous accueillent pour D-Bridges.

23h30, D-bridge à l'expérience

Le label historique s'offre une pointure de la drum and bass, le britannique D-bridge (photo). Son mix très deep et tribales s'enchaine sur une bass line effrénée jusqu'au titre phare True Romance, malgré un pain à la première tentative du drop. On reste dans la même lignée avec le boss de Metalheadz Goldie avant de filer pour la fin de Telekinesis pour un son qui tabasse un peu plus. S'enchaîneront les très bons sets de Maztec et de Lenzman pour finir sur un back to back d'exception entre Mindscape et Jade jusqu'au lever de soleil. On rentre épuisé et vidé à notre tente mais impatients de découvrir la main stage le lendemain.

Jour 2. 14h00. Le Let It Roll prend feu

On vient tôt au festival après un réveil en sueur dans la tente. On s'aère sur le bitume central de la base où on retrouve les pompiers venus nous rafraîchir à grands coups de lance à incendies (photo). Les festivaliers essayent tant bien que mal de résister à la chaleur et ce n'est pas chose aisée à cause des faibles points d'eau sur le festival. De même, la tente chill-out est assez petite et le chill village complètement inexistant à part trois bancs en plein soleil. On va truster l'ombre dans les chapiteaux Shredder et Laboratory mais le son techno est beaucoup trop fort et les scènes sont tellement proches que le son ne profite à personne.

17h45, Ride and bikinis

Il est peut être difficile de se reposer au Let It Roll, mais il est tout aussi difficile de s'y ennuyer grâce aux très nombreuses activités proposées. Pêle-mêle, on trouve sur la grande esplanade à l'entrée un stand de wake board, de bumper football (du foot dans des bulles géantes), de graffitis et même des workshops avec des artistes invités tels que Icicle dans la Madhouse. On prend aussi le temps de chercher des bouchons d'oreilles car les sound system sont parfois trop puissants, mais il s'avère très compliqué d'en trouver ! La Croix Rouge sait à peine de quoi il s'agit ! On finit par en acheter dans le seul petit stand qui en possède et qu'un festivalier nous a indiqué. Nous voilà donc fin prêt pour découvrir la main stage avec Etherwood

21h01, Etherwood aux commandes

Aux sons d'une liquid parfaitement distillée tout en profondeur par l'artiste d'Hospital Records, Etherwood (photo), on découvre une grande scène avec les écrans inactifs impressionnante et parfaitement en raccord avec le thème du festival. S'en suit l'opening show avec feu d'artifice qui met en route la scénographie complète de la main stage. On nous avait vanté celui des éditions précédentes mais comme l'ensemble des festivaliers, on ressort très déçu d'un show court et sans envergure. Pas de temps à perdre, on fonce à Ivy Lab pour rester dans l'ambiance deep. Halogenix nous régale d'une drum and bass bien propre au trio des producteurs Britanniques. On aurait d'ailleurs aimé voir la team au complet pour que ce set soit parfait.

01h42, Mefjus en puissance

On passe notre soirée à alterner entre les 3 scènes principales qui sont relativement proches. On retourne donc sur la grande scène pour écouter quelques bangers avec DC Breaks et on fait le chemin inverse pour le set de Black Sun Empire plus radical avec des basslines destructurées comme ils savent le faire. Par contre on rate Enei et les échos qu'on en a, nous le font regretter amèrement ! On achève notre soirée devant l'australien Mejfus (photo) qui nous régale d'un set très technique et puissant. On rentrera encore aux aurores pour cette deuxième soirée, prêt à en découdre pour le dernier round.

Jour 3. 13h54, J'en veux Joe, j'en veux

Comme à notre habitude ce week end, on bouge vite sur le festival après le réveil. Il fait encore chaud ce dimanche et le camping n'a pas d'arbre pour se mettre à l'ombre. Heureusement le festival n'est pas loin et les stands de bouffe sont de bien meilleure qualité à l'intérieur. On y trouve de tout, de l'incontournable pizza jusqu'aux spécialités locales à des prix plus que raisonnables. Vous y trouverez votre bonheur pour moins de 5€.

20h45, Apero liquid again

Comme hier, on choisit la grande scène pour commencer la soirée avec un mix liquid parfait d’Hybrid Minds (photo) pour se remettre en jambes. On ne reste pas pour le deuxième opening show mais nous nous dirigeons sur la liquid de Spectrasoul à la Madhouse. Le set manque un peu de dynamique mais les basses du system Function One de la scène nous ravissent. S’en suit le live de Icicle avec des problèmes techniques au début et un manque de puissance sonore. On ne reste que trois tracks et partons pour voir Original Sin sur la Factory. L'Anglais nous propose un mix liquid jump-up qui lance définitivement notre dernière soirée sur les chapeaux de roues.

00h10, Andy & Cie

On se dirige vers la grande scène pour assister au concert d'une des références de la scène drum, Andy C (photo). Comme toujours, l'artiste propose un gros set qui alterne entre bangers et dubplates inconnus de tous. On part après le début du set de Noisia pour rejoindre DJ hype à la factory pour un set old school percutant. Beaucoup de grosses têtes d'affiches ce soir, trop sans doute pour toutes les voir et on rate donc Wilkinson et Audio entre autres.

03h13, AMC remplaçant de luxe

Resté à la factory pour voir le set de Break, on apprend qu'il a été remplacé par AMC au pied levé. Loin d'être déçu, on se retrouve devant une prestation solide de l'Anglais qui enchaîne les tracks à la minute sans nous laisser le temps de respirer. On passera devant Friction pour son deuxième set de la soirée à la Madhouse. Mais impossible de rester plus de 10 min tellement le son est fort. Pour notre dernier concert, on s'offre A-Cray sur la Main Stage soutenu par tous les artistes précédents restés sur scène pour danser avec nous jusqu'à l'aube.

Le Bilan

Coté scène

La finesse
Ivy Lab, c’est deep et tribal, on adore.

Le cassage de jambe
Original sin, jump up et liquide fonctionnent très bien.

L’apéro liquid
Hybrid Minds sait lancer une soirée.

La valeur sûre
Andy C, mix efficace de bangers et dubplates.

Le lever de soleil énervé
Jade B2B Mindscape, au top pour nous garder les oreilles ouvertes.

La déception
Icicle, long au démarrage, on voulait voir un live percutant.

Le jeune talent
L33, puissant et impressionnant 

Coté festival     

On a aimé :
Le guide du festival donné à l’entrée
La qualité des sounds system et les rappels de son
Les activités proposées l’après-midi
Les prix cheap : 1€80 la pinte et à manger pour 4€
La line up par label
La scénographie des trois scènes principales : Main Stage, Factory, Mad house

On a moins aimé :
Une signalétique quasi-inexistante
Les douches collectives : débit au compte-gouttes et pudiques s’abstenir
Un opening show trop court et décevant comparé à celui de l’an dernier
L’accueil parfois très froid des Tchèques aux stands
Le manque d’espace chill out et à l’ombre
Le manque de bouchons d'oreille, le sonotone à 40 ans non merci !

Conclusion

Pour notre premier festival uniquement consacré à la drum and bass, on en a eu pour notre grade. Désormais installé sur sa base militaire de Milovice , le Let it roll festival a tout pour faire grossir les rangs de son public avec un site à la hauteur de ses ambitions. Si l'organisation gagnerait à être améliorée cela ne fait aucun doute que le public a déjà fait du festival son favori pour un week end à 175 bpm.


Un récit de David Beltramelli et Vincent Maniey
Photos de
David Beltramelli